La voie « ED » de la Roche du Mont d’Ornans…245

La voie « ED » de la Roche du Mont d’Ornans…245

5 novembre 2019 Via ferrata 0

La voie « ED » de la via ferrata du Mont d’Ornans 

Cette voie annexe de la via ferrata, équipée en 2005 ou 2006, sauf erreur, apporte un réel intérêt à qui a déjà pratiqué la voie classique plusieurs fois et dispose d’une expérience variée en tant que via-ferratiste.


Selon les sources les plus consultées, elles est cotée TD ou ED ou un mixage des deux niveaux. 
Si la voie classique est plus ou moins facile sur près de 500 mètres de câble, l’extension ne fait que 160 mètres environ.
Pour l’avoir parcourue plusieurs fois avec divers adhérents, le club SJV a considéré qu’il pouvait être utile à la communauté informelle des via-ferratistes de tous poils de consigner ses observations et conseils à son propos, et d’en donner un avis bien plus tempéré…

On commencera par dire que la cotation reste une valeur relative. Certains membres de SJV, pas spécialement costauds, et pas pratiquants férus, mais un peu techniciens quand même, ne l’ont pas trouvée plus que « difficile ».
Tous ceux qui l’ont tentée, éventuellement encadrés, l’ont franchie sans problème(s), ce qui ne signifie pas sans difficulté et surtout pas sans efforts sérieux quand même ! Mais sans problème(s).

Alors, que dire aux lectrices et lecteurs qui puisse les éclairer ?

  1. Disposer d’une longette, une vraie, c’est à dire d’environ 30 cm et indépendante de la longe double, non seulement est réputé obligatoire dans le règlement d’accès, mais est franchement prudent (Même si elle est dispensable pour quelques personnes très en forme et solides des bras)
  2. S’il fait beau, ensoleillé, chaud, disposer d’eau à boire paraît être aussi une sage précaution.
  3. Ne pas se lancer là-dedans seul(e) est peut-être aussi une bonne idée, surtout si c’est la première tentative.
  4. Avoir un téléphone sur soi, facilement extractible de la poche, et après avoir vérifié qu’il y a « du réseau » est aussi une précaution intéressante, même si, selon nous, cette voie n’est pas si terrible que ça. Mais ça peut servir à d’autres qui seraient mal en point !

    40 premiers mètres

  5. Ne pas l’entamer après avoir déjà parcouru la voie classique, c’est disposer d’un maximum d’énergie et de potentiel.
  6. Ne pas la tenter peu après en avoir déjà parcouru une autre peu avant est aussi une idée à caresser…
  7. Être et se sentir en bonne forme, bien dans sa tête, confiant(e).
  8. ne pas se lancer là-dedans s’il pleut ou menace sérieusement de pleuvoir (ou autre intempérie sévère) car pas mal d’endroits appellent des prises de pieds sur la roche même, et c’est assez souvent assez lisse et déversant.
  9. Eviter d’avoir un sac à dos volumineux, chargé inutilement, mal ajusté au corps…une simple petite gourde amarrée à la ceinture pourrait suffire !
  10. Il a été installé, après plusieurs incidents et interventions de secours, une collection de panneaux de mise en garde, sans doute utiles pour certaines personnes, mais qui créent une dramatisation à notre sens superflue. Les prendre avec sérieux, certes mais aussi objectivité. A nos yeux et à nos bras, cette voie n’est pas « ED ».

  11. Il a aussi été mis une petite voie d’essai-test  avant la voie elle-même, censée permettre aux essayeurs d’apprécier leurs moyens techniques et physiques avant de s’engager. Ce que l’on peut en dire, c’est que si le testeur ou la testeuse de passe pas ces quelques mètres de câble, c’est qu’effectivement il vaut mieux qu’il ou elle n’aille pas plus loin.
    Pour autant, il y a un effet pervers lorsque l’essai est concluant…car il pousse à s’engager cette fois, et ce n’est pas parce que l’on passe ces 10 mètres sans problème que les 150 à venir seront tout aussi bien  passés !  Il est en effet assez difficile pour un individu d’estimer l’effet cumulatif de sa fatigue probable et de son stress possible…dans une voie qui lui est encore inconnue.
    Qui plus est, on pourrait même dire que la part du capital musculaire dont on dispose au départ se trouve réduite par l’essai ! 10 m pour 150, c’est 6 ou 7 % dépensés !
  12. Les 40 premiers mètres ne sont pas plus difficiles, globalement, que les parties AD de la voie classique. L’affaire ne commence vraiment à devenir un peu sélective qu’après une petite poutre de bois.(la seconde)
  13. Si le pratiquant ou la pratiquante mesure moins de 1,6 m, la difficulté sera un peu accrue par endroits, les meilleures prises de pied  pouvant se trouver alors un peu trop éloignées du câble.
  14. Dès lors que l’usage de la longette est bien maîtrisé et généreusement mis en oeuvre, le « ED » et le « TD » ne sont plus que du « D », c’est ce qu’il faut bien retenir de cette expérience. Cette longette ne doit pas être considérée ici comme une annexe qu’on n’utilise qu’occasionnellement, en cas de pépin, mais bien comme un accessoire destiné à la progression autant que possible.
  15. Certains rares passages n’autorisent pas son utilisation, au risque d’avoir un effet inverse de celui escompté, ainsi que les rares et courts tronçons verticaux, il relève du bon sens de les repérer !
  16. Durant la centaine de mètres de câble que dure l’épreuve (!) jouer sur deux techniques posturales. L’une parie sur les jambes en essayant de se verticaliser le plus possible limitant ainsi au maximum l’effort des bras. L’autre parie sur les bras tendus lorsque la technique précédente n’est pas pertinente (dévers négatif marqué) car il vaut mieux se maintenir à bras tendus qu’à bras plié.
  17. Dans tous les cas, plus on fait travailler les bras au plus bas par rapport au cœur, et mieux la musculature s’en trouvera oxygénée et débarrassée du CO2 et autres déchets organiques issus de leur fonctionnement.
  18. Lorsque les bras commencent à renâcler marquer une pause stabilisée en effectuant 3 ou 4 cycles : bras tendus vers le ciel en serrant et desserrant les poings durant 10 secondes, puis bras pendants en pianotant des doigts durant 10 secondes. Soit une minute environ durant lesquelles on favorise la circulation sanguine pour nourrir, oxygéner, nettoyer les muscles tout en leur accordant un petit répit.
  19. De façon générale, lors de chaque arrêt, faire en sorte d’avoir un bras qui pend, en alternant.
  20. Le surplomb final, séparé du reste, en croisant la via classique qui peut alors servir d’échappatoire, reste donc facultatif. Il se franchit en fait assez facilement, moyennant, là encore, un minimum de technicité et l’usage intelligent de la longette. Ce surplomb dit « du Corbeau » peut aussi se franchir sans la longette, il convient seulement d’adopter une dynamique régulière bien enchaînée, car il n’y a que quelques mètres ! C’est le seul passage qui pourrait mériter « ED ».
  21. Cette petite voie (en longueur) a été pratiquée au sein de SJV par des quinquagénaires et sexagénaires dont plusieurs dames, par des adolescents et adolescentes de 14 à 17 ans et bien sûr quelques trentenaires et quadragénaires, femmes ou hommes, sans avoir rencontré, nous le répétons, de réelles difficultés…éventuellement avec  un « coup de main » par-ci par-là, seul le « Corbeau » ayant été délaissé, en fin de parcours, par une majorité.

  22. Aux fins de gagner en assurance pour les plus dubitatifs, avoir sur soi un descendeur en « huit » et faire transporter par un ou une plus à l’aise, une corde de 30 m en 8 ou 9 mm…si vraiment il devait y avoir un blocage, il suffirait d’amarrer cette corde sur une queue de cochon ou tout autre support fiable et d’effectuer une descente directe et immédiate au sol.
    Si la personne ne sait pas bien  utiliser ce descendeur, ou n’est plus en dispositions psychologiques pour assurer les manœuvres, il suffira de la « mouliner » du haut. Cette anticipation, pédagogiquement bien présentée, à l’avantage de rassurer…on sait que l’essai ne sera pas une catastrophe avec un hélitreuillage à la clé s’il devait y avoir défaillance majeure ! Qu’on peut sortir de là à tout moment, que le « syndrome du baudrier » ne sera pas pour soi.
  23. Si cette voie n’est pas faite pour tout le monde, il ne faut rien exagérer…non plus ! Mais la longette, oui, la longette, il faut l’avoir, même si on est « balaise » et que finalement on réussit sans elle.
  24. Vous êtes motivé(e), vous êtes « frais » ou « fraîche », c’est le matin, pas trop chaud, pas ou peu de monde, personne devant vous, vous avez quelques expériences dans des niveaux « D » et même « AD » seulement, vous avez du matériel homologué, un demi-litre d’eau, pas de sac gênant, vous êtes disons…trois, vous avez une condition physique correcte, sans trop de surpoids qui ne serait pas compensé par de bons bras solides, et surtout, vous disposez d’une bonne longette dont vous savez bien vous servir…vous pouvez y aller. Le téléphone ou la corde de secours de devraient pas être utiles !!!
  25. Quand vous la ferez la seconde fois, vous verrez…c’est difficile, pas plus, avec un peu de technicité.

La longettus, la longetta, la longettum…vous dis-je  !
 ...Il faut boire votre vin pur, et, pour épaissir votre sang qui est trop subtil, il faut manger de bon gros bœuf, de bon gros porc, de bon fromage de Hollande, du gruau et du riz, et des marrons et des oublies, pour coller et conglutiner. »…

 Molière, Le Malade imaginaire, III, 1, 

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