L’eau des grottes et carrières 466

L’eau des grottes et carrières 466

22 novembre 2021 carrières diverses Spéléologie 0

L’eau des grottes et carrières     466

L’eau pure des chimistes, H2O, n’existe quasiment pas dans la nature, ou bien de façon extrêmement éphémère.
Quand bien même existerait-elle en abondance qu’elle ne serait pas durablement potable pour un être humain.
Une minéralisation minimale est en effet nécessaire pour une consommation régulière.
Une question récurrente est-celle de la potabilité des eaux rencontrées sous terre, en grotte, en carrière, en souterrain, dans l’hypothèse où on déciderait de s’en contenter aux fins de se débarrasser du portage de 1, 2, 3…litres d’eau par personne, pour de longues sorties notamment.
La question se pose aussi pour des bivouacs plus confortables impliquant des cuissons d’aliments

Hélas, si on aimerait répondre que cette belle eau cristalline chantant dans les grottes peut être bue sans souci, la réalité est souvent différente.
Si les cavités haut perchées, loin de toute activité humaine (dont l’élevage) offrent sans doute une eau peu polluée et peu infectée, la plupart des autres recèlent des eaux « impures » au sens sanitaire…pourquoi, comment ?

 

 

1) Par ce qui vient de l’extérieur

  • Par les animaux d’élevage, principalement les moutons, arrosant la surface des sols de leurs déjections, lesquelles sont dissoutes par les pluies et neiges et sont transportées, parfois sur de très longues distances, sans être filtrées par quoi que ce soit (sables, roche microporeuses…)
  • Par les pratiques agricoles d’amendement des sols, que ce soit à base d’éléments naturels (fumier, lisiers…) ou de substances articicielles, notamment les engrais et « pesticides ».
  • Par les décharges, officielles ou sauvages, qui peuvent amener dans les sols puis dans les sous-sols d’innombrables substances dot certaines peuvent être très toxiques (Métaux lourds par exemple)
  • Par les rejets d’égouts n’allant pas jusqu’à des stations d’épuration, sachant que même ce qui ressort de ces stations reste polluant.

2) Par ce qui vent de l’intérieur

  • par les déjections d’animaux souterrains ou semi-souterrains dont les Chiroptères
  • Par de multiples déchets de diverses nature, issus de produits et objets  apportés et consommés puis abandonnés par l’Homme
  • Par les déjections des visiteuses et visiteurs
  • Par une vie plus ou moins microscopique des eaux et des boues
  • Par la mise en suspension ou en solution de diverses particules minérales contenues dans les roches (dont l’argile)

La somme de toutes ces origines potentielles de pollution donne à réfléchir avant de se rassasier avec cette bonne et belle eau…bien que, dans le mnde réel, on ne les trouve quasiment jamais rassemblées…ouf !

Alors quel meilleur parti tirer de cette manne liquide vitale quand on n’a pas ou plus le choix, et/ou quand on séjourne plusieurs jours sous terre ?
Voici quelques pistes et conseils…si l’on doit y puiser sa boisson ou son eau de cuisson.

– Toujours avoir un contenant potentiel (bouteille PET d’un demi-litre par exemple) pour stocker ce que l’on puise, et pour le transporter notamment dans les parties où il n’y aura rien à puiser !
– Puiser dans les eaux les moins troubles possible (ça paraît évident, mais…)
– Quand on en a la chance et qu’on peut identifier le phénomène, utiliser l’eau de condensation…quasi-purifiée, mais voir remarque ci-dessus, une telle eau ne doit pas être bue en quantité…et sans manger, de préférence des choses salées, le sel se dissolvant aisément et transformant cette eau « distillée » en eau « minérale »…
– Disposer d’un filtre en céramique ou fibres de verres + charbon actif ou équivalent, porosité 0,1 micron si on veut vraiment éliminer un maximum d’gents pathogènes et impuretés dissoutes. Mais ça n’enlèvera pas tout !
– Se doter d’un tubule de 40 ou 50 cm qui peut permettre de sucer de l’eau prisonnière dans de petits interstices ou des micro-gours
– Si chauffage, l’ébullition (longue et difficile à obtenir parfois…) élimine aussi pas mal de risques d’être infecté.

Exemple d’analyse bactériologique effectuée il y a 30 ans…déjà pas brillant !

Le taux est rapporté à 100 ml en première colonne (colibacilles), et pour 50 ml en seconde colonne, toutes bactéries confondues…et ça dépasse souvent plus de 1000…soit 20 au millilitre !

Si on détaille un peu les polluants potentiels (impossible d’en faire une liste exhaustive !), on peut discerner : (extrait de Lenntech )

« Polluants »naturels:  Les eaux souterraines, en se déplaçant dans les strates diverses peuvent dissoudre ou seulement transporter divers éléments tels le magnésium, le calcium, le sodium, des chlorures, des sulfates… pour les plus courants mais aussi tels l’arsenic, le bore, le sélénium, ou encore plomb, cuivre, fer…

 

 

polluants agricoles : Tous les pesticides, les engrais, les herbicides et les déjections animalières.
Ceci survient soit pas l’épandage plus ou moins dosé, le débordement des engrais et des pesticides pendant la manipulation, l’écoulement du chargement et le lavage des pulvérisateurs de pesticide ou de tout autre équipement d’application, utilisation de produit chimique…toutes ces eaux très polluées vont pouvoir s’écouler vers les cavités souterraines.

Le stockage des produits chimiques agricoles non sécurisé par des réceptacles, près de voies d’eaux souterraines, telles que les puits, les trous d’évier naturel, les pertes, est susceptible d’être concentré par les précipitations et de provoquer une contamination.

Pollution industrielle: Les industries de fabrication et de secteur tertiaire ont des demandes élevées en eau pour les procédés de refroidissement, de traitement ou de nettoyage… la pollution des eaux souterraines se produit quand l’eau utilisée est retournée au cycle hydrologique.
Du fait du transport et du stockage de matières employées dans la fabrication, le traitement, et la construction, une partie de ce matériel peut être perdue par débordement, par fuite, ou par mauvaise manipulation. Certaines entreprises, habituellement sans accès aux réseaux d’égouts, déversent dans les eaux souterraines peu profondes par des fosses ou des puisards secs.
Les pratiques en matière de disposition d’eau usagée de certains types d’entreprises, telles que des stations service d’automobile, fabricants de composant électrique ou de machine, processeurs de photo, sont particulièrement concernés parce que les déchets qu’ils génèrent sont susceptibles de contenir des produits chimiques toxiques.

 

Les autres sources industrielles de contamination incluent: le nettoyage des réservoirs ou la pulvérisation d’équipement sur la terre, l’évacuation de déchets dans les systèmes septiques ou les puits secs, et le stockage de matériaux dangereux dans des secteurs découverts ou dans les secteurs qui n’ont pas des garnitures avec des drains ou des bassins de captation.
D’autre part, les souterrains et les réservoirs de stockage contenant des produits pétroliers, des acides, des dissolvants ou des produits chimiques peuvent avoir des fuites dus à la corrosion, à des défauts, à des problèmes dans les installations,…
L’exploitation du carburant et des minerais non-combustibles peut créer une contamination des eaux souterraines.
Les problèmes proviennent du processus d’extraction lui-même, de l’élimination des déchets, et du traitement des minerais et des déchets qu’il crée.

Pollution résidentielle:

Les systèmes résidentiels d’eau usagée peuvent être une source de différents types de contaminants, y compris des bactéries, des virus, des nitrates, et des composés organiques. Les puits utilisés pour l’évacuation des eaux domestiques usagées (les systèmes septiques, puisards, puits de drainage pour l’écoulement de précipitations exceptionnelles, puits de recharge d’eaux souterraines) sont particulièrement concernés par la qualité des eaux souterraines s’ils sont placés près des puits d’eau potable.

Le stockage incorrect ou l’évacuation de produits chimiques ménagers tels que les peintures, les détergents synthétiques, les dissolvants, les huiles, les médicaments, les désinfectants, les produits chimiques de piscine, les pesticides, les batteries, l’essence et le carburant diesel peut mener à la contamination des eaux souterraines.

Lorsque de tels produits sont entreposés dans les garages ou les sous-sols, le nettoyage des plancher, les flaques et les inondations peuvent introduire de tels contaminants dans les eaux souterraines. Lorsqu’ils sont jetés dans les poubelles des particuliers, ces produits seront éventuellement introduits dans les eaux souterraines si les déchetteries ne sont pas équipées pour traiter les matériaux dangereux.
De même, les déchets vidés ou enterrés dans la terre peuvent souiller les sols et s’écouler dans les eaux souterraines.

On n’oubliera pas tout ce que le « jardinage » peut représenter en termes d’apports chimiques regrettables, ainsi que les traitements des voies municipales.

On le voit, hormis quelques zones du territoire éloignées de toutes ces sources nuisibles, notamment en altitude, l’eau des grottes est menacée.
Certes, la plupart des éléments inorganiques qu’elles peuvent contenir ne peuvent réellement être toxiques qu’en cas d’ingestion régulière et soutenue, les doses absorbées restant très faibles.

 

 

Pour ce qui est des éléments organiques, le risque est plus grand, c’est pourquoi il faut éviter de boire ces eaux, surtout dans les cavités de plaine, de faible altitude, et/ou les cavités peu profondes et/ou surmontées d’une faible couche de roches.
Et si c’est prévisible, opter pour l’emploi de filtres, voire de pilules désinfectantes…même si le risque d’être infecté reste faible à très faible.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *