Sensibilisation au confinement 584

Sensibilisation au confinement 584

8 octobre 2022 Spéléologie 0

Sensibilisation au confinement     584

La formation des équipiers en spéléologie ne passe pas que par l’acquisition de l’autonomie sur corde, la manipulation et l’usage du matériel courant, et l’assimilation de quelques règles sécuritaires.
Bien d’autres compétences et adaptations sont nécessaires pour devenir pleinement opérationnel et surtout pour profiter pleinement de tout ce que cette activité peut apporter de bien et de bon quand les conditions et le contexte d’évolution sont optimisés.
Parmi les éléments favorisants, on compte la capacité à s’adapter voire à tirer parti de deux types de situations (éventuellement réunies) la progression en duo et la progression prolongée en milieu confiné.
La progression en duo rassemble trois principales « tensions ».
La première est celle de la dépendance binaire, le destin de chacun(e) étant étroitement lié à l’autre
La seconde est la responsabilité quasi-totale qui échoit à l’un(e) en cas de défaillance notoire de l’autre
La troisième est celle de la confiance absolue qui doit pouvoir exister de façon bilatérale et surtout doit persister du début à la fin.

La progression prolongée en milieu confiné, sans qu’il soit besoin que ce « confinement » soit extrême, introduit elle aussi des « tensions ».
L’une découle de ce que l’espace librement disponible est restreint sur une longue durée, ce qui peut créer une oppression.
Une autre de ce que la gestuelle et les postures sont imposées par la configuration des lieux…une diaclase de 30 cm de largeur sur 10 mètres de hauteur ne créant pas du tout les mêmes sensations et appréhensions qu’un laminoir de 10 m de largeur et 30  cm de hauteur !

Une troisième est amenée par l’éloignement croissant de la sortie (quand il n’y en a qu’une), qui, au bout d’un certain temps finit par tarauder l’esprit quand à la certitude de pouvoir revenir sur ses pas, ce qui est beaucoup plus rapide à venir dans la tête quand il y a une sensation de confinement que dans les grands espaces souterrains.

On peut ajouter une crainte accentuée de connaître une inondation, un effondrement, un éboulement, une hypoxie, de faire une mauvaise rencontre avec des animaux jugés indésirables,  ou encore une appréhension quant à la lenteur et aux difficultés d’un éventuel secours

C’est donc pour développer une sorte de test et une acclimatation à de tels contextes que nous expérimentons de  temps en temps une petite sortie de 8 kilomètres dans une cavité relativement étroite, de l’ordre de 1,6 m x 1,2 m, où l’on trouve de l’eau dont le niveau varie de zéro à 1,4 m, ce qui signifie avoir de l’eau un peu dans les bottes jusqu’à ne plus avoir que 20 cm d’air libre, voire un peu moins.
L’essai du jour n’a pas vu autant d’eau, heureusement, 30 cm au maximum par endroits.
La distance couverte fut de 7 km environ, en duo.
Il n’en est ressorti que des points positifs, quant aux attendus expérimentaux personnels.
A la faveur de cette petite incursion, on put observer, en prime :

  • de nombreux diptères morts accrochés aux parois, et recouverts d’une moisissure blanche
  • des coulées stalagmitiques de calcite encroûtante, plus ou, moins teintées d’oxydes de fer ou de manganèse
  • des stalactites « fistuleuses », de petite dimension
  • des « draperies » sommitales ou pariétales, décimétriques pour la plupart, denticulées diversement colorées
  • des concrétions boursouflées, dont beaucoup polluées de brun et de noir, d’origine organique
  • des concrétionnements développés dans l’eau, entartrant des parties basses des parois

 

  • des racines et radicelles pétrifiées
  • de nombreuses araignées sombres, localisées, peut-être Tégénaires des maisons ou Meta menardii
  • deux Staphylins noirs
  • de nombreuses radicelles aériennes, dont beaucoup ornées de toisons de fines gouttelettes d’eau
  • Quelques paysages scintillants de ces mêmes gouttelettes
  • la formation de nappes de calcite flottante

Une lucarne dont le franchissement implique quelques efforts et contorsions offrit un divertissement, suivi d’une petite échappée sur échelles fixes.

Cette promenade de 2 heures et demie, sans pause durable, nous amena à marcher souvent un peu courbés,  dans l’eau sur la boue, et permit de constater de notoires capacités à évoluer dans de telles configurations, préparant à de bonnes courses à venir.

 

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