Les lunules des Abalakov 404

Les lunules des Abalakov 404

25 mai 2021 Canyon Spéléologie 0

Les lunules des Abalakov             404

Les Frères Abalakov, notamment Vitali, physico-chimiste et alpiniste, inventèrent un appareil très novateur, le coinceur d’alpiniste,  puis un procédé d’amarrage « génial », la lunule glaciaire…En cela, il firent notoirement progresser l’alpinisme et le glaciérisme de haut niveau dans le monde entier.


Décédé en 1986 à 80 ans, Vitali ne connut pas l’usage étendu de cette « lunule » au canyonisme et au spéléisme (version la plus sportive de la spéléologie, qui est une pratique généraliste et diversifiée).
La lunule qui était donc à l’origine un canalicule formé par deux perforations confluentes dans la masse de glace, pour y passer une cordelette ou une élingue métallique destinée à l’amarrage des cordes, a été peu à peu adoptée par les alpinistes dans la roche, puis par les spéléistes et canyonistes.
Si, initialement, les perforations étaient réalisées dans de la glace à l’aide de broches creuses dentées, ce fut bien plus délicat dans du rocher, car nécessitait un perforateur et, a priori, sur batteries !
Avant de disposer de ces engins très utiles et efficaces, on n’utilisait donc que ce que la nature offrait de comparable…et qui permettait de passer un lien à travers la roche pleine.
Dans le domaine spéléologique, l’affaire est encore plus délicate en ce que le transport et l’usage des engins électriques et des lourdes batteries d’autant moins autonomes qu’il fait froid, sont des handicaps supplémentaires.
Dans celui des canyons, le milieu semi-aquatique implique pas mal de précautions pour le matériel !

double lunule horizontale

Une lunule  (ou un « Abalakov ») sera donc constituée d’une perforation canalisant un lien dans le cœur de la roche. Chaque fois qu’on peut y parvenir avec un seul trou traversant, c’est le mieux et le plus simple !
Sinon, ce sera seront deux trous qui se rencontrent…ça demande un peu d’expérience et une spatialisation !

lunule naturelle

Dans le principe, le lien sera fermé sur lui-même, mais des extensions du principe font que, dans certains cas, ce lien restera ouvert avec des nœuds bloquants à chaque extrémité.
Ca donne des lunules  dites en Delta , ou en « O », ou encore en « I » et même eu « U » !!!
Le lien à utiliser peut être une élingue en câble inoxydable, de la cordelette Dyneema, de la cordelette de 8 en polyester, ou de la corde de 9 à 11 mm par exemple.
Ces derniers produits nécessitent évidemment un contrôle attentif aux points d’usure et une surveillance dans le temps s’ils sont posés à demeure.
Les premiers produits n’échappent pas au contrôle non plus, mais sont moins sujets à dégradation rapide par l’usage répété.
Quels sont donc les avantages de ces lunules ?

 

Elles facilitent l’équipement une fois mises en place, peu sujettes aux dégradations naturelles dont les crues violentes en canyon.
Si elles sont conçues pour recevoir des liens indépendants, elles peuvent souvent être utilisées par passage direct de la corde.
Très sûres si bien réalisées par les ouvreurs de voies, et prix de revient très faible, les cordes réduites du club donnant des « chutes » qui trouvent ici un usage parfait.
Aucune pollution par ferrailles diverses et résines, pollution visuelle très réduite si les liens ne sont pas permanents.
Pas d’aspérités génératrices d’ecchymoses et contusions sur les parois…

 

Bien sûr, le principe de double amarrage aux points stratégiques de l’équipement doit être respecté, sauf si, de toute évidence un amarrage unique apparaît comme « irréprochable » !


On peut émettre quelques réserves voire reproches à cette technique…
– pour l’ouvreur de voie, c’est du matériel lourd qui est nécessaire au lieu d’un petit tamponnoir et des chevilles « spits ».
– si on ne connaît pas bien l’équipement ou sans topo-description il n’est pas toujours facile de découvrir où sont les lunules si pas équipées de liens permanents
– faire des trous partout peut amener à dégrader le site
– il faut être très vigilant quant à la qualité de la roche, notamment en spéléologie, les parties stalagmitiques n’étant pas très fiables. Les stalactites fortes et draperies épaisses le sont davantage, mais moins on les abîme et mieux on se porte…
– la jonction interne des deux trous dans la configuration en « Delta » crée une sorte d’éperon abrasif voire coupant, il est recommandé de le « limer » lors de sa création en y faisant circuler « frénétiquement » un petit câble de 6 ou 8 mm sous traction ! 

  • De même les orifices peuvent être abrasifs ou mordants, selon le positionnement du lien, il faut penser à les émousser.
  • les liens en place demandent à être vérifiés…et pour cela doivent pouvoir coulisser suffisamment pour pouvoir en contrôler toute leur longueur « masquée ».

 

 

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