TGRLIFRA 3 C 784

TGRLIFRA 3 C 784

9 février 2025 Randonnée 0

TGRLIFRA  3  C         784

La TGRLIFRA  est la Très Grande Randonnée LIttorale FRAnçaise, une promenade pédestre de quelques milliers de kilomètres sur la côte manchoise puis atlantique, avec quelques particularités…

 

 

– le parcours suivi est préférentiellement et autant que possible, au plus près du flot, quel que soit le niveau de marée.

 

 

 

Bien entendu, il peut arriver que des structures artificielles interdisent tout passage pédestre, que la marée haute rende impossible un franchissement durant des heures, ou qu’un arrêté municipal, préfectoral, voire ministériel déclare un passage illégal.

 

 

– le randonneur, la randonneuse, sont autonomes,  sont donc indépendants de tout commerce, mais susceptibles de quémander de l’eau potable si aucune source ou fontaine n’est accessible durant leurs étapes. Bivouac systématique.

 

 

– L’impact écologique est réduit au maximum, donc pas deux véhicules pour les navettes…ouvertes à l’auto-stop ou transports en commun locaux, selon les cas

 

 

 

– Equipe de 1, 2, 3 ou 4 personnes au maximum.
– étapes calibrées à 25/30 km en moyenne, conditions rustiques, portage minimalisé.

 

 

 

Cette activité ne pouvant être menée en continu (estimation à 100 journées de la Belgique à l’Espagne) car nécessitant une trop importante disponibilité, elle est menée selon un séquençage chiffré, chaque séquence.

 

 

 

(Ici la troisième : 3 ) étant composée d’étapes lettrées… (Ici la troisième : C )
Les points kilométriques maritimes (PKM) sont comptés depuis la frontière belge, en suivant le trait de côte majeur.

 

 

Il peut donc y avoir des longueurs non parcourues à pied du fait d’obstacles incontournables.
Les parcours pédestres sont comptabilisés en kilomètres effectifs, (PK) qui diffèrent régulièrement des PKM du fait d’incursions dans les terres ou dans les villes et villages.

 

Etape  3C :  De  Brighton  à Mers-les-Bains    (PKM  206 à 224)   (9 ème étape générale)

C’est par moins 5 degrés extérieurs que le réveil a lieu, une heure plus tard que prévu du fait de l’absence de sonnerie et que la veille a été bien remplie ! On verra que ce décalage aura des conséquences…

 

 

 

Petit déjeuner rapide, sac bien préparé de la veille, et c’est le démarrage dans une nature toute blanchie, à perte de vue, en commençant par le complexe dunaire et sa dizaine de blockhaus semi-enterrés sur une bande de 300 m de largeur. PK 00,00.

 

 

Tout cela surplombé par un phare modeste de 32 mètres à éclats rouges reconstruit en béton et briques en 1951 car il avait été détruit en août 1944

 

 

 

Mais le signal originel était un feu fixe à charbon émettant la lumière à 9 m de hauteur seulement, qui fonctionnera de 1770 à 1797 rénové et surélevé à 27 m et éclairé par des lampes à huile et réflecteurs jusqu’en 1835.

 

 

Onze kilomètres de plage s’offrent alors, mais cette fois, avec un temps clément.
De ce fait il y a quelques promeneurs, coureurs, pêcheurs.

 

 

 

Sur cette longue étendue sableuse, à condition d’être à marée basse, une certaine animation est apportée par des bâches méandriques, et de nombreux écoulements plus ou moins laminaires qu’il faut franchir de diverses façons, en « talonnant », très bon pour les muscles jambiers,

 

en sautant comme un cabri, en rusant avec des sacs en plastique remontants, ce qui est efficace si le substrat est sableux ou vaseux, ou bien en décidant que les pieds mouillés pour la journée n’est pas un problème, ce qui est très discutable surtout par temps très froid…
.

 

Et, bon an, mal an, on arrive finalement assez vite à Ault. PK 11,00.
Si on est à marée haute ou presque, il n’y a plus de plage, mais un immense cordon de galets très fatigant voire traumatisant pour les chevilles et les genoux, talus barré par de très gros…

 

…épis en béton, espacés de 9 m environ, et on en compte bien  quand même… 80 ! Le premier situé au pied le l’amer sud de Cayeux, tour en 8 poutres de béton surmontée d’une croix de Saint-André tridimensionnelle, elle aussi reconstruite en 1951 après destruction en 1944… le signal originel datait de 1897 !

 

 

 

A noter que ce signal marque aussi le début d’un segment de plage naturiste de 1 km vers le sud, par tolérance municipale.
Si l’on veut éviter de marcher dans les galets, il ne reste qu’à gagner le haut du talus et suivre une piste carrossable en grande partie sur le tracé du GR120. Très exposé au vent et au soleil quand il y en a. Cette piste donne cependant des points de vue, notamment sur plusieurs étangs  en retrait des dunes, ce qui peut amener à choisir de partager l’itinéraire entre plage et talus. Le cordon de galets est d’origine naturelle, mais sa reconstitution régulière est entravée par plusieurs installations humaines qui ont modifié les courants côtiers. Les galets ont été exploités en masse pendant très longtemps, ils ne le sont plus qu’en quantité limitée, en arrière du cordon frontal, et avec obligation de remplacer les volumes prélevés par d’autres matériaux minéraux inertes.

 

Arriver sur Ault est marqué par l’apparition de lits et barres rocheuses blanches de la craie, constellées de silex sombres.
Plus la mer est haute et moins il persiste d’espaces sableux visibles.

 

 

La progression devient nettement plus intéressante, techniquement et sportivement. PK 12,00
Il convient de bien faire attention à là où on met les pieds, entre vilaines petites flaques d’eau traîtres, excroissances rocheuses qui font trébucher ou tordent les chevilles, et couverture algaire modeste mais fort glissante.
Il y a un jeu à chercher le « meilleur » passage, ce qui amène à zigzaguer.

 

On parvient alors à la zone méridionale de Ault, et là, commencent les falaises…
7 kilomètres…et jusqu’à 80 mètres de hauteur !
Le calcul mené bien avant le départ permettait de longer la falaise à pied sec durant la marée montante, quitte à passer tout près du pied de falaise ce qui est évidemment dangereux du fait de chutes de pierres, relativement fréquentes, voire d’effondrement, beaucoup plus rares mais évidemment beaucoup plus destructeurs !!!
Mais dans le créneau prévu, cela maintenait la marche de 50 à 150 mètres de recul.
C’est là que l’heure de retard matinale, temps auquel s’est ajouté celui de diverses photos, va être cher payée…

 

 

L’heure avançant, la mer avançait aussi !
La bande passante se rétrécissait d’autant, restant raisonnable, sauf à quelques endroits, et les déplacements n’étaient pas trop délicats, soit en usant des zones crayeuses presque plates, des plagettes éparpillées, soit en circulant de blocs de craie en blocs de craie bien logés dans des lits de galets sombres, ce qui est assez rapide mais implique un cheminement sinueux.
Divers creux et fissures abritent des moules, petites mais  en quantité !

 

 

A un endroit déjà connu à une époque où un week-end de préparation à la traversée de l’Islande avait été organisé, la mer avait rejoint le pan de falaise…PK 17,00
Il aurait pu être tenté de passer quand même en ôtant chaussures, chaussettes et pantalon, mais il était connu qu’un peu plus loin ce serait encore plus profond et avec des vagues remontantes…donc, décision d’attendre que le jusant s’achève puis que le reflux libère le passage, avec l’étale entre les deux…évidemment !

Le calcul donne alors  4 heures sur place.
Le marnage étant de 8 mètres, une élévation des eaux de 1,5 m durant ces deux dernières heures était à prévoir, donc un refuge à trouver au moins à cette limite. Mais, au vu des vagues de houle levées par le profil de l’estran, 2 mètres valaient mieux !

 

Voire 2,5 mètres pour les coups de houle potentiels.
Les endroits ne manquaient pas, situés au moins aussi haut, mais impliquaient de rester quatre heures à l’aplomb des abrupts, chutes de pierres possibles, d’autant qu’il y a eu deux coups de gel nocturnes et dégels diurnes…
L’option est alors de se réfugier dans une grotte, le risque d’emmurement étant extrêmement faible, et, comme déjà connue de nous, ce fut celle qui nous vit dormir là en 2003, une nuit formidable, bien installés sur des lits de galets internes, que la mer n’atteindra pas ce jour-là…mais pouvait atteindre à coefficient 110 et/ou bon vent d’Ouest, comme en témoignent les bidons flottants rejetés tout au fond !

 

 

Afin d’occuper un peu le temps, une dérisoire barrière de gros blocs de craie érodés fut installée, selon les calculs établis, juste pour voir leur exactitude (ou non !).
Déjeuner tranquille, puis exploration de la grotte, programme improvisé !

 

 

Cette visite réclama une désobstruction intermédiaire, pour faciliter le passage humain mais aussi celui de la lumière extérieure.
Le résultat fut de révéler une sympathique grotte marine de 25 mètres de longueur sur 1 à 3 de largeur et 0,5 à 6 m de hauteur.
Bien sûr, selon le remplissage de galets, la hauteur peut varier sensiblement !
Un talus de galets quasi-horizontal permet de se maintenir en hauteur, à coefficient 110, sauf si grosses vagues évidemment
Un balconnet à l’entrée offre un refuge encore plus haut…
Le fond  présente une hauteur de plafond qui permettrait de survivre même à marée très forte et houleuse; hors du flot ou en flottaison, et avec une réserve d’air largement suffisante  pour plusieurs personnes.

 

 

 

Néanmoins, il n’est pas utile de tenter l’expérience !!!  
Un relevé et une petite topographie seront alors réalisés.
Après 4 heures, donc, le reflux fut suffisant pour repartir, en jonglant un peu avec les vagues, et après avoir constaté que le positionnement calculé du muret « limite » était parfaitement pertinent : l’écume des  plus grosses vagues est venue au pied de la base… parfois, les mathématiques, ajoutées à un peu de pragmatisme, c’est utile !    
En deux kilomètres, voici le quai touristique de Mers-les-Bains, et, par ce dimanche ensoleillé, il y a un peu de monde…ce qui m’encourage pour le retour en auto-stop, bien qu’il soit déjà 17 heures… PK 19,00

 

 

 

La difficulté sera de gagner un point stratégique, ce qui va réclamer plus de deux kilomètres en pleine ville où « stopper » est presque vain. Mais une fois au rond-point où trônent une baigneuse et sa  cabine de bain en fibre de verre, il ne faudra que 5 minutes pour être pris dans une jeep d’époque par un ancien sauto-stoppeur de mai 68…ça aide !  PK 20,00
Il fera un bon détour pour poser à un second point stratégique, encore à 13 km du but et à nuit tombante déjà…

 

 

Route très peu fréquentée…mais, coup de chance, à la douzième voiture, un couple dans une berline grand luxe n’hésita pas, non  seulement à charger et embarquer, mais à me conduire au plus près possible de la voiture !!! (Ce qui n’était pas du tout leur destination !). Comme quoi les Gens du Nord savent vivre…
Il me revient alors quelques vers d’une chansonnette d’antan…

 

 

« Les gens du NordOnt dans leurs yeux le bleu Qui manque à leur décorLes gens du NordOnt dans le cœur le soleil Qu’ils n’ont pas dehors… »   (Enrico  Macias…1968, justement !)

Il ne restera plus qu’à trouver, en pleine nuit, quelqu’un enclin à passer un message à domicile, pour « rassurer », ce qui fut aussitôt fait que dit, et rouler 4 heures pour rentrer à domicile.

Etape de 20 km en PK
Séquence 3 de 84 km en PKM, 81 km en PK

 

 

 

(Grotte de Mers-Les-Bains) (25 m)

En bleu : marche littorale + urbaine (20 km)

Flèche rouge : Grotte de Mers-les-Bains

En noir, retour auto-stop (19 km)

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *