Les longes en corde en via ferrata 796

Les longes en corde en via ferrata 796

7 mai 2025 Non classé 0

Les longes en corde en via ferrata       796

Cet article ne traite que des longes en corde, autrement dit de longes non commerciales actuelles.
Il ne traite ni des absorbeurs/dissipateurs adaptés à l’usage de ces longes,  ni des cuissards.

Il ne traite pas des longes en corde en « V », très anciennes, faites d’un seul brin de corde passant dans un dissipateur à friction et relié, à chaque extrêmité,  à un connecteur.
Ce dispositif impliquait de n’utiliser qu’une longe à la fois, la longe libre servant de brin freineur.
Mais ce brin était trop court pour éviter une force choc restant considérable au regard de la résistance des matériels utilisés et celle du corps humain. Ou alors il fallait des bras de longe trop longs !

Les longes de corde en « Y » sont alors apparues, puis ont presque disparu, bien à tort, à notre avis.
Si existe des raisons prétendument bonnes de leur quasi éradication elles ne sont bonnes que prises dans un contexte et des conditions d’usage(s) bien précis, qui conviennent au plus grand nombre sans doute, mais n’ont pas une valeur universelle et permanente.
On parle bien ici, a priori, de longe avec dissipateur.

Une longe de corde en « Y » est constituée d’un premier brin d’environ 3 m, en corde de 9 ou 10 ou 11 mm  selon la corpulence de l’utilisatrice ou utilisateur, de 40 à 100 kg.
Ce brin est relié à un mousqueton de type « K » par un noeud de Capucin, avec un bout de brin mort de 12 cm soigneusement plaqué et scotché, après plusieurs mises en tension du noeud.
A une distance variant selon l’allonge brachiale de l’usager(ère) un noeud en huit est confectionné, et environ 10 cm plus loin, le brin de réserve est faufilé dans un dissipateur à friction, de type Kisa (par exemple)
A son autre extrêmité, qui doit laisser de 1,2 à 2 m de brin, selon le déclenchement voulu et/ou le freinage souhaité ( déclenchement facile pour personnes « légères », freinage plus fort pour personnes « lourdes »), on réalise une ganse serrée, que l’on bloque en traversant les deux parties de corde avec une double bride en fil de cuivre de 2,5 mm², puis serré à l’aide d’adhésif. (cela évite un gros noeud encombrant)

Ceci constitue l’élément sécuritaire principal.

 

L’élément secondaire (mais néanmoins très important !!!) est un second brin de corde d’environ 1,5 m, qui va lui aussi porter un mousqueton « K » et, à l’autre extrêmité, venir former un noeud de huit double sur le brin précédent, par tricotage.
Le brin mort de ce tricotage est plaqué et serré contre le brin principal et scotché, ils forment un tronc commun de 10 cm environ qui peut participer à l’amortissement.
On gère cela de sorte qu »il y ait une différence de longueur entre les deux bras de longe, de 5 à 10 cm.
Outre une utilité pratique à cette différence de longueur, il y a une importance sécuritaire, car avec des bras égaux une chute sur les deux bras crochetés ne bénéficierait plus que d’un amortissement deux fois plus dur sur la longueur de corde de ces bras entre-noeuds…
Tous noeuds bien serrés, la longe double en « Y » est prête.

Une amélioration appréciable est apportée si on a choisi deux mousquetons de couleurs bien différentes, et que les rubans adhésifs recouvrant les brins « morts » sont eux aussi de ces couleurs. (exemple : rouge et bleu)
Pouvoir facilement distinguer la « courte » de la « longue », la première de la seconde, facilite l’apprentissage, soutient la pédagogie, rationalise les manoeuvres, évite les entortillements des longes.
Le dissipateur ET le brin de réserve sont connectés au pontet ou au MAVC avec des maillons rapides distincts.

 

Passons alors aux bons usages de cette longe double…
Vu ce qui s’observe sur les parcours, qu’il s’agisse de personnes autonomes ou de personnes en groupe qu’un seul moniteur (même « secondé ») ne peut matériellement pas superviser tous individuellement, ce qui suit peut se révéler utile voire salvateur…
1) Durant la période de non usage (approche ou éloignement, ou passages intermédiaires randonnés, ou repos en lieu non exposé), ne pas laisser les bras de longe traîner ou pendouiller. Les crocher sur les anneaux de porte-matériel, ou bien l’un dans l’autre, dans le dos, en ceinturant le corps.
Outre le risque de s’empêtrer dedans, voire trébucher, de faire traîner les mousquetons dans du sable, de la boue, de se coincer dans des arbustes ou des fissures de roche,  il y a danger potentiel pour les autres personnes en cas de rotation et/ou de large balancement …les longes peuvent devenir des « bolas » traumatisantes !

2) Dès lors qu’il y a un câble, au moins un bras de longe doit y être mousquetonné. Y crocheter les deux est souvent préférable.

3) le mousquetonnage s’opère par en-dessous le câble dans les parties horizontales ou presque, ce qui permet de mieux contrôler instantanément la bonne fermeture du doigt, et évite le choc (dont l’ouverture inopinée ou une dégradation possibles) de ce doigt contre la paroi en cas de chute.

4) Dans les parties verticales ou très pentues, les mousquetons doivent être positionnés croisés, le câble entre les deux doigts donc, les doigts opposés vers l’extérieur de préférence.

5) Dans ces mêmes parties, à la montée, on mousquetonne le bras supérieur sur la section supérieure au-dessus de la tête, dès que possible. Ceci peut réduire la hauteur d’une éventuelle chute de plus de 2 m…c’est considérable !
Dès que possible, donc, de préférence, le bras long en premier.

6) Dans ces mêmes parties, à la descente, c’est l’inverse, on démousquetonne le bras supérieur au dernier moment possible.
Dernier moment possible, donc, de préférence, le bras court en premier.

7) Pour passer un obstacle de câble (amarrage, élément technique, personne arrêtée…) passer un bras après l’autre, ne jamais décrocheter les deux bras simultanément

8) Ne jamais être longé à plusieurs (c’est à dire dès qu’on n’est plus seul(e)) sur un même segment de câble.

9) Ne pas rester longé(e) à l’aplomb d’un passage vertical où se trouve encore une personne qui ne soit pas déjà longée au-dessus…risque de suraccident en cas de chute.

10) Sur pont de singes à trois brins, positionner une longe de chaque côté (formant donc un grand « V », même si la longe est dite « en Y » !)

11) Veiller à ne pas entortiller les longes ensemble, pour cela, toujours passer le même bras en premier, ce qui suppose d’identifier ledit bras.

12) Ne pas hésiter à utiliser un des bras pour se reposer, en s’accrochant au barreau un peu plus haut, à une barre, à une poignée, à une queue de cochon, plutôt qu’avec la longette, c’est un des avantages des longes en corde.

13) La longette, dès qu’elle est censée servir, doit rester libre au pontet ou au MAVC, pour être immédiatement prête à l’emploi. Cet emploi est en effet fréquemment nécessaire dans des situations « tendues », et plus son usage est aisé et rapide, mieux on se porte ! Par ailleurs, crocheter et décrocheter cette longette peut s’avérer très énergivore dans les passages inconfortables, et l’aide d’un(e) équipier(ère) souvent bienvenue quand la fatigue s’accroit excessivement…d’où l’intérêt d’avoir cet accessoire prêt à l’usage, manipulable d’une seule main coopératrice par une personne suivant ou précédant.
On se trouve là dans un cas où être deux sur un même segment de câble est ponctuellement autorisé.

14) Sauf spécification explicite contraire, au départ d’une tyrolienne, crocheter la longette à la poulie et un des bras de longe sur le câble porteur, en arrière de la poulie.

15) Lorsqu’une tyrolienne est constituée de deux câbles, l’un porteur, l’autre en sécurité parallèle, crocheter ces deux câbles avec chacun des bras. S’ils sont trop éloignés l’un de l’autre, créant alors un frottement préjudiciable à une descente normale, rallonger le bras destiné au câble non porteur (sangle pédalière, ou 2 ou 3  mousquetons, ou dégaine…).

16) En l’absence de longette (oubliée au départ, perdue en manipulation, mousqueton défaillant…) et si nécessaire, elle peut être compensée par une chaîne de 3 ou 4 mousquetons (en avoir au moins un à grande ouverture), ou par le bras court de longe replié, connecté au pontet,  un mousqueton étant crocheté au « pli » de la ganse ainsi formée. Usage plus délicat que celui de la longette !

17) Changer la corde de longe tous les deux ans si usage régulier soutenu, trois ans si usage régulier occasionnel, cinq ans si usage plus rare, tout de suite en rentrant si corde dégradée (usure par frottement, gonflement, blessure par caillou…) ou si elle a déjà retenu un choc de chute. Ne pas « faire durer » bêtement pour 10 euros de corde neuve, c’est quand même une assurance-vie.

18) Si on a besoin de ses deux mains libres pour quelque activité que ce soit, se longer ferme, soit avec la longette soit avec un des bras de longe…se stabiliser est équilibrateur, donc reposant et sécurisant. Penser qu’un(e) équipier(ère)  peut venir nous déstabiliser par un mouvement  malencontreux, ou qu’une ou deux guêpes peuvent voleter dans le coin… basculer ou chuter, même de la seule longueur d’un bras de longe peut déjà faire très mal selon sur quoi et comment on se réceptionne, sans parler de ce que l’on tient dans les mains et qui sera probablement lâché, probablement perdu, potentiellement dangereux pour d’autres personnes qui seraient en aval et à l’aplomb…s’il n’y a pas une dragonne d’assurance en fonction.

19) Dans les parties de via ferrata qui s’assimilent plutôt à de la randonnée plus ou moins confortable, les pieds bien sur terre ou sur roc, il est tout à fait possible de ne crocheter qu’un bras sur le câble (on ne conseillera pas ici de ne rien crocheter ou de se contenter de tenir le câble à la main…) MAIS à une condition sine qua non : tenir le mousqueton libre dans la main prête à crocheter plus loin. Et bien sûr, ne décrocheter le bras en fonction qu’après avoir crocheté l’autre, et tenir à nouveau le mousqueton libre toujours en main. Ceci, soigneusement maîtrisé, divise par deux le nombre de manipulations, donc réduit d’autant la fatigue et le temps écoulé, ce qui peut se révéler fort avantageux dans le cadre des longues vie ferrate, et/ou si on est un peu « à la bourre » par rapport à la tombée de la nuit ou parceque pluie et/ou orage se profilent à l’horizon, ou encore parcequ’il fait très chaud ou très froid, ou qu’on n’a plus d’eau depuis un certain temps, ou qu’un besoin d’aller aux toilettes se fait urgent…etc !

20) Ce qui précède peut aussi être mis en oeuvre dans les segments sub-horizontaux, même exposés, selon la maîtrise du via-ferratiste, mais il apparaît alors que tenir le mousqueton libre en permanence dans une main peut devenir compliqué voire impossible. dans ce cas le gain de fatigue et de temps se réduit sérieusement, et mis en face du risque d’accident (grave) sensiblement accru, mieux vaut s’abstenir, même si c’est théoriquement « faisable ».

Il faut relativiser la valeur du facteur de chute, la valeur de la force choc, les risque et conséquences potentielles d’accidents, si tous les conseils précédents sont respectés. En effet, dans un tronçon vertical de 3 mètres de col de cygne à col de cygne, s’appliquer à crocheter la longe supérieure dès que possible (à la montée) va faire qu’en cas d’échec et de dévissage la hauteur de chute ne dépassera pas… 3 m. (au lieu de 4,2 m si on fait l’inverse)
Cette chute minimalisée grâce aux bons gestes, donnera un facteur théorique de … 4,3 ( 3 m : 0,7 m de longe d’amortissement avant freinage) mais le freinage se déclenche bien avant que la résistance de la corde (divisée presque par deux à cause des noeuds) soit atteinte, et réduisant fortement la force choc. Il s’y ajoute un amortissement lié au cuissard d’une part, et aux parties corporelles d’autre part, difficile à calculer, mais pas négligeable cependant.  
Statistiquement, on remarque que les accidents graves ou mortels, outre leur très grande rareté, ne sont jamais imputés à des rupture de corde, de sangle, de cuissard, de dissipateur…  ce qui rassure quant à la fiabilité de ce matériel.
De fait, les chutes sur longes en passage vertical en conditions réelles sont quasi-inconnues, à la différence des « blocages » pour cause de fatigue excessive, de vertige incapacitant, de conditions météorologiques trop défavorables…bref, des causes étrangères au matériel utilisé. 
Les morts connues sont systématiquement en lien avec un mauvais comportement, volontaire ou non,  (oubli de longe, négligence ou inattention sur chemin de retour, pas de casque sous chute de pierres…) ou  défaillance physiologique, … regrettables évidemment, mais à bien distinguer des morts qui seraient causées par les matériels utilisés eux-mêmes.   

Toujours pour bien relativiser, voici un tableau des stistiques du Système National d’Observation de la Sécurité en Montagne

Pour 2023 en France :

Via ferrata : 1 seul mort…en 2023.
100 fois moins qu’en randonnée pédestre !
soit 0,015% des morts en milieu montagnard.

103 accidents en tout sur 9177 toutes activités confondues…. 1,1% !

Et cela malgré une fréquentation en constante augmentation…estimée à plus de 100 000 pratiquant(e)s régulier(ère)s.

Rappelons, pour le plaisir, que la première via ferrata « touristique » date déjà de 1843 en Autriche !
Développement notoire en France depuis 1988 seulement, mais très rapide développement ensuite.

Environ 120 à 180 parcours français ( tout dépend de comment on différencie les parcours !!!).

Donc, continuons à pratiquer en « bons pères de famille »  et dans « les règles de l’art » pour que cette activité de pleine nature formidable reste très longtemps LIBRE d’accès  encore presque partout, sans péage et sans plus d’obligations qu’il n’y en a déjà…

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