La Carrière des Treuils 780
La Carrière des Treuils 780
A la faveur d’un petit comptage hivernal de Chiroptères, on a pu faire connaissance avec près de 600 m de galeries souterraines dont 500 pour la principale, qui se présente comme un tunnel rectiligne à faible pente.
Le reste compte quelques départs de galeries secondaires (mais qui furent importantes elles aussi) toutes volontairement et radicalement neutralisées, ce qui, comme régulièrement répété, est une erreur car interdisant tout contrôle ultérieur du comportement souterrain des exploitations.)
Néanmoins, 600 m de cavité restent encore d’un intérêt certain pour qui veut bien s’y pencher un peu et chercher quelques éléments de connaissances annexes, ce qui est le principe fondamental de la subterranologie.
Comme trrès souvent nous ne préciserons rien de la localisation de cette ancienne carrière et de ses accessoires, dont l’activité à cessé voici presque 50 années déjà…
L’entrée encore possible, bien que dans une zone interdite par arrêté municipal mais qui n’est publiquement signalé nulle part, par défaut d’affichage donc, reste très confidentielle, noyée dans un creux discret lui-même masqué et défendu par un fouillis végétal fourni et loin de tout accès facile.
Le prospecteur est récompensé de ses efforts de recherche et de progression tout terrain (très pentu et glissant, en l’occurrence) dès les premiers mètres, par la découverte d’un imposant treuil, ce dernier essentiellement voué à la descente de produits issus soit d’une carrière de gypse au coeur de la colline, soit d’une briquetterie installée en surface, environ 45 mètres au-dessus, et communiquant par un puits impressionnant.
La briquetterie utilisait des argiles ou des marnes très argileuses pour produire des briques pleines ou creuses ou alvéolées, moulées et séchées en « biscuits », à l’extérieur, près du haut de colline.
Comme les couches argileuses étaient surmontées de niveaux à meulière, cette dernière était aussi rentable, en tant que pierre de construction, et elle était acheminée par le haut du relief.
Les biscuits, descendus verticalement jusqu’à une galerie adjacente puis à la galerie principale, pouvaient alors être lentement acheminées dans des wagonnets sur rails (dont il reste encore des traverses) mus par des hommes ou des petits chevaux, cela jusqu’à mi-pente où s’ouvrait le tunnel.
Plus tard, un treuil interne remplaça les forces animales et humaines directes.
A la sortie du tunnel, un second treuil prenait le relais pour apporter soit le gypse, soit les biscuits, à une usine installée tout près d’une rivière, usine dotée d’un énorme four Hoffmann, dont le principe est d’être à feu continu tournant.
Là, les tuilles étaient progressivement enfournées, cuites puis refroidies, défournées, conditionnées et transportées par voie routière ou fluviale.
Cette usine pouvait produire environ 2 millions de briques par an.
Elle consommait 90 kilogrammes de charbon par tonne de briques produite
Revenons à la cavité, pour en apprécier ses particularités…
Le tunnel connaît des parties plus ou moins hautes ( de 1,2 à 2 m)et larges (de 2 à 3 m), toujours en voûte cintrée romane à de rares exceptions près où l’on peut observer des couches de gypse de seconde masse.
Ces dernières, comme très souvent, offrent des lits de gypse saccharoïde, ou en pied d’alouette alternés, et des sous-faces de ripple-marks.
Les voussures et les murs sont réalisés d’un même matériau sur des tronçons allant de 10 à 60 mètres.
On peut observer l’usage de briques alvéolées, de briques pleines, de blocs de gypse bruts ou grossièrement taillés.
Il n’y a pas de montage en pierres sèches.
L’appareillage peut être un mortier cimenteux très dur ou plutôt sableux assez friable, ou plâtreux, le plus souvent très soigné.
Le sol est marqué par les empreintes des traverses de voie ferrée, certaines encore en place, mais rien ne reste des rails.
Ce tunnel a été creusé en suivant la circulation d’un ruisseau actif, de sorte que ce dernier est canalisé en dessous la voie de circulation, et en son axe central. On trouve de nombreux « couvercles » protégeant le chenal, notamment en briques pleines. Quelques ouvertures permettent son observation et son écoute ! Mais elles sont autant de chausses-trapes si on n’y prend garde !
En quelques endroits, des infiltrations intermittentes ont créé des coulées de calcite et la formation de petite stalactites « fistuleuses », voire de draperies crénelées de quelques centimètres.
Du côté faunistique, on trouve les habituels lépidoptères (Tiphosa et Scoliopteryx) et mollusques ( Oxychillis et Limax) ou insectes (Tipulidés) et arachnides et crustacés isopodes (Cloportes).
Mais surtout des Chiroptères, peu nombreux au regard des dimensions de la cavité, mais sur un peu toute la longueur.
Vespertilions principalement, de diverses espèces, et Rhinolophes.
Les départs de galeries sus-citées exposent les séquelles de foudroiements ou d’effondrements mécaniquement provoqués, et, de ce fait, sont ruiniformes et menaçants. Ils peuvent héberger des chauves-souris, l’un d’eux présentant une zone d’abondantes déjections, susceptible d’avoir connu et de connaître une nurserie…
On peut remarquer une ancienne petite écurie à trois stalles, où les mangeoires de pierre sont restées intactes. Maçonneries de la porte et de deux fenêtres en briques pleines, en arcs surbaissés.
Quelques étroites embrasures ont contenu des poutres verticales dont la destination technique n’est pas établie.
A de très rares courts passages près, ce long tunnel est encore en très bon état de conservation et ne présente pas de risque notoire.
Quasiment aucun tag ni déchet sutr toute la longueur. Rares inscriptions, la plupart en voie d’effacement.