Méthodes via-ferratistes alternatives 817
Méthodes via-ferratistes alternatives 817
Suite à la publication de l’article 816, plusieurs lectrices et lecteurs on préféré nous interpeler en direct plutôt que poser des commentaires, pour obtenir des précisions et/ou de confirmations quant aux méthodes de progression possibles en via ferrata.
Nous présentons ici une synthèse de ces échanges, qui inclut divers avis, donc des « pour » et des « contre » pour chaque option.
1) Méthode « soloïste »
C’est celle inspirée par les grimpeurs en solo intégral, c’est à dire sans aucune assurance autre qu’eux-mêmes !
Ce sont des grimpeurs émérites, avec un gros entraînement, une grande technique, beaucoup d’expérience(s), un physique souvent athlétique et un mental hors du commun.
Avec cette option, de tels phénomènes s’ennuiraient beaucoup ou s’amuseraient peu de temps dans une via ferrata, qui leur paraîtrait une sorte de jouet pour enfants
Mais la très grande majorité des via-ferratistes est très loin de ces profils, ce qui n’empêche pas certaines et certains de se lancer dans des voies, même difficiles voire très difficiles, sans aucun matériel autre que le casque (et encore…), et, éventuellement, des gants, exceptant alors les passages en tyrolienne.
Bien sûr, c’est souvent confortable et rapide, et même bien plus facile que d’avoir à longer/délonger sans arrêt, donc très tentant. Voire valorisant et même « jouissif » pour certaines et certains qui en reviennent heureux, heureuses, et sans aucun dommage.
Les « pour » arguent qu’en bonne santé et dans des conditions extérieures favorables, cette option est vraiment agréable, donne de plus fortes sensations, développe la volonté, le courage, la ténacité, la précision, la gestion des ressources, l’anticipation, l’autonomie, …et dispense de tout un attirail plus ou moins lourd et gênant.
Que, de plus, la progression est notoirement moins énergivore, donc moins fatigante, donc moins de risque de défaillance, mais aussi bien moins chronophage, donc là aussi moins fatigante, nécessitant moins d’eau, et permettant un rythme régulier.
Les « contre » admettent tous les arguments des « pour » comme recevables, mais leur oppose, bien sûr, l’absence de toute sécurité passive, et donc des risques considérables potentiels, dont risque de graves traumatismes avec séquelles lourdes, voire risque mortel. Opposent aussi une forme de contrainte à la progression, une tentation d’aller vite, plus vite, poussant à l’erreur, donc accidentogène, et une moindre appréciation tranquille du cadre naturel, et de tous ses constituants, minéraux, animaux ou végétaux, et même pouvant nuire à la convivialité humaine.
Dans le cadre du club S.J.V. la position est claire : absolument « contre »
Dans un cadre individuel libre ou collectif libre dit « amical », la position est de laisser chacun vivre ses expériences, en toute responsabilité adulte, bien conscient des risques aussi permanents qu’élevés !
2)Méthode « Câble »
C’est la méthode quasi universelle actuellement pratiquée, celle recommandée par une très large majorité de pratiquant(e)s et de professionnels du secteur, fabricants, distributeurs, loueurs, guides…et a priori imposée par les propriétaires et gestionnaires des sites, privés comme publics.
Les « pour » applaudissent des deux mains, même s’ils reconnaissent quelques arguments des « contre » !
Pour eux, la sécurité passe avant tout, et cette méthode leur en paraît incontestablement garante.
Ils doivent s’équiper au minimum d’un cuissard, d’une longe double à dissipation d’énergie et d’un casque.
Accessoirement, de gants, d’une longette (parfois obligatoire selon les voies) d’une poulie (idem)
Les « câbleux » doivent utiliser le câble en permanence, donc, en section « verticale » comme « horizontale », ce qui les amène à se longer et délonger autant de fois que de segments de câble, et même deux fois plus (puisque longe double)
Les « contre » ne contestent par l’argument sécuritaire apparemment très solide et permanent, mais le mitigent.
Ils mettent en avant que la sécurité est toute relative dans les sections « verticales », car une chute y causerait certainement beaucoup de traumatismes et/ou blessures avant l’arrêt total de cette chute, à cause des nombreux obstacles contondants qui seraient rencontrés durant cette chute. Qu’il s’agit donc d’une « fausse » sécurité donnée aux personnes qui ne réalisent pas cette réalité potentielle de graves atteintes à leur intégrité physique, même très bien longées !
Ils notent aussi que les très nombreuses manipulations sont autant de sources d’erreurs ou d’oublis, sont autant de gestes répétitifs qui peuvent être très fatigants dans les sections déversantes ou verticales, donc conduire à une forme d’épuisement, une efficience moindre, ou à des pertes de temps cumulatives qui peuvent finir par poser des problèmes.
Notamment, des encombrements sur les câbles, dont passages délicats, des gênes inter-groupes, des retards qui peuvent être préjudiciables à l’aboutissement de la voie, puis au déplacement terrestre du retour, si nuit tombante ou menaces météorologiques à l’horizon proche.
Dans le cadre du club S.J.V. la position est claire : résolument « pour » malgré les inconvénients qui, de fait, on pu tous être observés ici ou là à la faveur des diverses sorties.
Dans un cadre individuel libre ou collectif libre dit « amical », la position est de laisser chacun vivre ses expériences, et de juger par lui-même…rien n’empêchant d’ailleurs une sorte de mixage avec la méthode soloïste, car étant équipé pour la pratique « plus », on peut facilement passer à la méthode « moins », et inversement.
3) Méthode « Barbar »
Comme peut le laisser deviner le jeu phonétique, cette méthode a un côté « primaire ».
Primaire dans son processus, dans son application, mais pas du tout sur un plan sécuritaire, c’est même la plus sécuritaire de toutes.
Elles est mise en oeuvre depuis des décennies par certains randonneurs des vie ferrate d’antan (notamment italiennes) et par les spéléologues et subterranologues face à des vires, puits et cheminées, voire parois prééquipées de barreaux, de chaînes, de câbles ou cordes, permanents ou non. Car ces derniers n’ont pas de longes sur dissipateurs.
Leur matériel nécessite le cuissard, souvent complété par un torse, une longe double directe sans « absorbeur », une longette et un casque.
Gants et poulie en option selon les voies.
Leur mode de progression est simplissime, ils se crochètent sur tout ce qui est fiable et peut se crocheter, au plus court possible (sans tomber dans l’excès imbécile, évidemment), au fur et à mesure de leur progression.
En sections horizontales ou presque, le câble sera évidemment privilégié.
Les vrais « barbar » ne progressent qu’avec une seule longe crochetée la plupart du temps, tenant toujours l’autre en main prête à crocheter. En revanche ils crochètent les deux en cas de pause pour ne pas commettre d’erreur au redémarrage.
En sections verticales ou presque, ce seront les barreaux, les barres, les pediglias, les cols de cygne des câbles, les queues de cochon, les broches fermées à oeil libre. Crochètement alternatif des longes une par une.
Leur objectif est de réduire toute chute potentielle au minimum, c’est à dire la longueur d’une longe, restant donc en facteur de chute « 1 » même si leurs longes sont en corde dynamique.
Les « pour » n’y voient que des avantages sauf si une voie a été réalisée en minimisant le nombre de ces éléments crochetables, dite « voie pauvre en barreaux » ou « voie privilégiant les prises naturelles ».
Les « contre » regrettent que ces personnes contreviennent à la règlementation souvent affichée au départ des voies, imposant un système d' »absorption » d’énergie. Qu’elles donnent un mauvais exemple à celles et ceux qui utiliseraient ces longes directes en méthode « câble », par ignorance du très grave danger en cas de chute de facteur (très) supérieur à 2.
Ils observent aussi que ces manipulations barreau à barreau (ou support équivalent) peuvent un peu trop multiplier les efforts de passages de longes, dont accroître la fatigue, et surtout demandent nettement plus de temps, susceptible de gêner pas mal de monde.
Méthode qu’il serait opportun d’éviter dans les voies comportant beaucoup de verticales.
Dans le cadre du club S.J.V. la position est claire : devons être « contre »malgré les avantages qui, de fait, ont pu tous être observés ici ou là à la faveur des diverses sorties, par des éléments extérieurs au club, dépassés ou suivis sur site.
« Contre » parce que le statut du club ne lui permet pas d’être contrevenant aux directives affichées.
Dans un cadre individuel libre ou collectif libre dit « amical », la position est de laisser chacun vivre ses expériences, et de juger par lui-même…rien n’empêchant d’ailleurs une sorte de mixage avec la méthode soloïste, car étant équipé pour la pratique « plus », on peut facilement passer à la méthode « moins », et inversement.
Plusieurs membres du club lui préfèrent la méthode « Bibar ».
4) Méthode « Bibar »
Elle se rapproche fortement de la précédente, mais le crochètement est deux à trois fois moins fréquent car les pratiquant(e)s s’autorisent des chutes de facteur 0,1 à 1,9…donc moins de deux fois la longe utilisée.
Il s’agira presque toujours de passer la longe tous les deux barreaux (ou support équivalent)
Parfois, dans les vie ferrate suréquipées ou pensées pour des utilisations plus familiales avec personnes de petite taille, cela amène à crocheter tous les trois barreaux (ou support équivalent)…on pourrait alors parler de « tribar » !!!
Les positions respectives du club et de ses adhérents isolés sont les mêmes, ces derniers préférant ‘Bibar » à ‘Barbar » comme précédemment exprimé.
5) Méthode « mixte »
On pourrait l’appeler « Bibar-câble » !
Le principe est simple, il suffit de s’équiper en mode « câble » car qui peut le plus peut le moins.
On peut alors choisir, in situ, la méthode voulue en fonction des circonstances, du contexte, et de soi-même à l’instant « T ».
Cette méthode permet d’être sûr(e) de faire face à toutes les situations, notamment si on ne connaît pas suffisamment la voie et son équipement en barreaux et supports divers.
Elle évite aussi de se trouver confronté(e) à tel ou telle « responsable » ou « autorité » qui s’opposerait à l’absence de dissipateur d’énergie, avec divers ennuis à la clé, ne serait-ce que la compromission de la sortie.
Le processus monolonge crochetée, qui peut s’appliquer un peu partout et très souvent (sauf en « câble » sub-vertical) ne peut être mis en oeuvre qu’avec circonspection et méthodiquement, à déconseiller aux enfants et autres personnes « vulnérables » ou peu sûres d’elles-mêmes (Novices, par exemple). Rappel ici, en monolonge, la longe non crochetée doit être tenue en main en permanence, et, bien sûr, crochetée avant de décrochetér l’autre. Il convient de veiller à ce que ces longes de s’entortiillent entre elles, mais cela est vrai pour toutes les méthodes exposées dans cet article !
Voilà les réponses attendues par nos lectrices et lecteurs…il leur appartient de choisir en connaissance de cause, au mieux de leurs plaisir et intérêts.