Rivière et mer révillaises 751

Rivière et mer révillaises 751

6 septembre 2024 Canoë 0

Rivière et mer révillaises          751

Sous ce titre banal se trouve une sortie kayakiste originale, qui marie kayak de mer et kayak de rivière de classe I , avec des paysages fort agréables.
Le lieu d’élection est ici sur la commune de Réville, au nord-est du Cotentin.

 

 

La rivière choisie est la Saire fortre de 31 km de cours et dénivelant 130 mètres avec un débit non négligeable toute l’année…de sorte qu’elle a compté plus de 50 moulins !

 

 

Pour Autant il ne faut pas trop rêver, car on ne peut raisonnablement envisager sa navigation qu’à partir du village de Le Vast où l’altitude n’est déjà plus que de 30 mètres à peine, et encore est-il délicat de passer une section avoisinant une pisciculture…

 

C’est donc plutôt à partir de la ville de Anneville-en-Saire que l’on peut envisager une pratique sans trop de problèmes de conflit avec des propriétaires d’habitations ou avec les pêcheurs à la mouche, à condition d’éviter leurs jours et heures favoris.
Mais dans notre proposition, le montage de la sortie commence par la mer et finit avec elle, ce qui implique de remonter le cours d’eau jusqu’au pont d’Anneville (D 902) puis de le redescendre.

 

 

Ceci représente déjà 5500 m à remonter, autant à redescendre évidemment, avec quelques obstacles mineurs à franchir.
Pour le parcours maritime, le choix a porté sur une partie littorale agréablement diversifiée plutôt que longer une longue digue allant du Pont de Saire à Saint-Vaast-la-Hougue.
La mise à l’eau privilégiée est celle du Chemin de Courclais, croisant la Chasse Dranguet, car elle donne sur un estran immédiat toujours sableux, et il est généralement facile de garer une voiture à proximité.

 

De cet endroit, la distance minimale à couvrir pour atteindre le Pont de Saire est de 3800 m.
On ne peut parler que d’un minimum, car, selon le niveau de marée, et aussi selon la motivation des pagayeurs, une navigation sympathique peut être développée dans les rochers du Dranguet et de la Pointe de Saire, mais aussi peut être imposée pour les contourner complètement, ce qui amène cette fois à une distance approximative de 5300 m…

 

Donc, en résumé, la promenade ici proposée va compter entre 9300 m X 2  ( 18600) et 10800 m X 2 (21600).
Il est bien évidemment possible de réduire tout cela, soit en embarquant plus près du Pont de Saire, soit en réduisant la longueur de rivière parcourue, soit en prévoyant une navette pour un aller simple, qui sera à effectuer partir du Pont d’Anneville .

Restant sur la formule vécue, voici l’essentiel de son intérêt :

 

L’embarquement de la plage est très commode, et on choisit de déambuler un peu parmi les îlots en veillant bien à ne pas râcler sur les rochers car ils sont très « agressifs » pour les bateaux en polyéthylène réticulé que sont les nôtres.
On longe ensuite une très belle plage sur près d’un kilomètre pour aller contourner la Pointe de Saire et son petit phare, soit en passant dans la grande veine d’eau côtière (si niveau d’eau suffisant) soit en passant au large.
Puis, on navigue au plus court soit sur mer soit sur les méandres de  rivière, selon la marée.

 

Si la mer est descendue depuis quelques heures, le débit de la rivière peut être insuffisant pour la remonter, d’autant que le courant n’est pas négligeable.
Ce « longe-côte » de 2 km environ permet d’apprécier diverses grandes maisons.
Arrive alors un obstacle potentiel majeur : les portes de mer à fermeture/ouverture automatique en obéissant à la seule loi hydrodynamique…se ferment si le niveau de la mer excède celui de la rivière à son débouché, s’ouvrent dans le cas contraire !
Il est donc important de calculer son coup si on veut pouvoir passer ces portes en navigant, à l’aller comme au retour, ou si on accepte de devoir effectuer un portage peu facile. Ou bien ne rien calculer, et s’adapter en improvisant plus ou moins !

 

Si adaptation il doit y avoir, débarquement, embarquement et portage sont recommandés en rive droite de la Saire.
Vient alors le parcours en eau douce, qui révèle de charmants paysages bocagers au fil des doux méandres de cette rivière.
Ses rives sont abondamment fleuries, relativement hautes, ponctuées de passages abaissés pour l’approche de vaches et/ou chevaux que l’on rencontre fréquemment et avec plaisir, tous très curieux de voir passer des esquifs en ces lieux, ce qui est plutôt rare.

 

Beaucoup d’oiseaux sont généralement au rendez-vous, ainsi que des ragondins, et les poissons se manifestent d’un coup de queue, ça et là. Les insectes pullulent, dont les élégantes libellules et divers papillons.
La saire est rarement plus profonde que d’un mètre.
On s’approche alors du pont privé de la Ferme du Thot, en IPN et grosses planches, franchissable sans aucun problème, mais peu de fond.
On rencontre un peu plus loin d’anciennes piles d’un pont qui était peut-être le support d’une petite ligne ferroviaire locale.

 

Ce passage est marqué par un ex-poteau EDF en béton, couché en travers de la rivière, de sorte à maintenir un plus haut niveau d’eau dans le bief supérieur (Pêche et/ou abreuvoirs au fil de l’eau)
On peut le passer grâce à un petit écoulement latéral en rive droite, que le poteau ne barre pas.
Mais lors des marées hautes, la Saire ne s’écoule plus et se transforme en lac longiligne, son niveau montant alors et rendant ce seuil artificiel franchissable en navigation.

 

Puis le pont de pierre  dit « Du Gravier » de la D 328, lequel présente de nombreuses stalactites de quelques centimètres de longueur.
550 m plus en amont, voici une confluence. Le bras de droite est un chenal artificiel ancien qui alimentait un moulin excentré.
On peut remonter, mais ça ne permet pas le demi-tour sans descendre du bateau. Juste de quoi pagayer.
Parvenu aux bâtiments conservés, en 150 m environ, on peut se faufiler sous un pont peu après un lavoir au fil de l’eau, avec un petit seuil impliquant un court débarquement dans le lit. Il reste alors 350 m pour retrouver le bras principal.

 

Le bras de gauche, qui est donc le principal, amène à une seconde fourche à 250 m, avec un chenal encore plus petit que le précédent et servant de jonction d’équilibre avec le bras mineur du moulin. Il est navigable avec la pagaie verticale, et présente une passerelle artisanale qui ne peut être franchie qu’en débarquant/rembarquant…son intérêt est faible, selon nous.
Restant sur le cours principal, on arrive sur un large plan d’eau de plus de 200 m² flanqué d’une ancienne vanne de régulation.
Selon le niveau d’eau imposé ici, on régulait le débit envoyé au moulin.
Cet obstacle est franchissable avec un peu d’élan, sauf si la rivière est plus ou moins en crue.

A 20 mètres une seconde passerelle, puis, à 150 m, c’est la diffluence du chenal du moulin, on retrouve alors le débit entier de la Saire. Il reste un peu plus de 1500 m sans obstacle pour rallier le Pont d’Anneville.

Le retour est exactement l’inverse.
Attention en cas d’accès aux prés, voulu ou forcé, rester très prudent quant aux animaux qui s’y trouveraient.
Par ailleurs, attention à l’évolution (au sens large car c’est plutôt une involution !) de la loi 226-4 applicable depuis fécrier 2023, car nul n’a précisé ce que recouvrent les mots « matérialisé physiquement » dans ce texte ci-après reproduit.

 

 

Du petit panonceau au triple rang de barbelés, du pointillé de peinture au mur d’enceinte de 3 mètres, où commence la matérialisation physique du caractère privé et interdit d’accès d’un lieu quand ce n’est pas évident ?
Si la navigation est a priori autorisée, depuis la loi sur l’eau de 1992 (la circulation sur les cours d’eau des engins nautiques de loisir non motorisés s’effectue librement dans le respect des lois et règlements de police et des droits des riverains), il faut quand même s’assurer qu’il n’y a pas d’arrêté préfectoral qui interdise ou règlemente ponctuellement et localement la pratique et rester conscient que les berges et le lit du cours d’eau restent privés et a priori non accessibles sans autorisation sauf cas d’urgence avérés.

Article 226-4-3

Sans préjudice de l’application de l’article 226-4, dans le cas où le caractère privé du lieu est matérialisé physiquement, pénétrer sans autorisation dans la propriété privée rurale ou forestière d’autrui, sauf les cas où la loi le permet, constitue une contravention de la 4e classe.

En particulier, sur la Saire, cours de 1ère catégorie riche en truites, (mais aussi en saumon atlantique, anguille, chabot, vairon…) et bénéficiant d’un parcours de pêche (La mouche de Saire) et même d’un aménagement « handipêche » à Anneville, il convient d’éviter les dérangements créés aux pêcheurs…en choisissant jours et heures adéquats (se renseigner sur place : mairie, association).

Pour notre part, ce parcours a été réalisé de nombreuses fois sans jamais rencontrer un seul pêcheur en aval de Anneville, et sans aucun conflit avec les agriculteurs…mais en ayant adopté un code de conduite irréprochable (Pas d’incursion organisée sur les terres, pas d’approche des animaux, pas de cris, pas d’affouillement du lit de rivière, pas de pique-nique, pas de cueillette, aucun déchet abandonné même minuscule, pas de pêche bien sûr, et, si nécessité de passer sur une rive, action aussi discrète que rapide, pas de pratique nocturne….). En cas de rencontre inopinée, respect, calme, diplomatie…seraient à développer !

 

Prévoir 5 heures paraît raisonnable, pour l’aller et retour.
Comme toujours, ne pas se hasarder sur la Saire en cas de crue marquée, et du côté de la mer, appliquer les règles de sécurité classiques. Attention, selon le cheminement privilégié, l’horaire et le coefficient de marée, vous serez à moins de 300 m de la côte ou à plus de 1000 m ce qui signifie deux réglementations différentes et surtout deux dotations matérielles embarquées différentes.
Ci-contre, résumé de l’équipement exigible pour le cas d’éloignement au-delà de 300 m d’un abri (et moins de 3700 m).

Bonne promenade…et ci-après encore quelques photos représentatives…

 

 

 

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *