TGRLIFRA 8 B 830

TGRLIFRA 8 B 830

2 septembre 2025 Randonnée 0

TGRLIFRA   8 B         830

 

La TGRLIFRA  est la Très Grande Randonnée LIttorale FRAnçaise, une promenade pédestre de quelques milliers de kilomètres sur la côte manchoise puis atlantique, avec quelques particularités…

 

 

 

– le parcours suivi est préférentiellement et autant que possible, au plus près du flot, quel que soit le niveau de marée.
Bien entendu, il peut arriver que des structures artificielles interdisent tout passage pédestre, ou que la marée rende impossible un franchissement durant des heures.

 

Ou encore, qu’un arrêté municipal, préfectoral, voire ministériel déclare un passage illégal.

– le randonneur, la randonneuse, sont autonomes,  sont donc indépendants de tout commerce, mais susceptibles de quémander de l’eau potable si aucune source ou fontaine n’est accessible durant leurs étapes. Bivouac systématique.

 

– L’impact écologique est réduit au maximum, donc pas deux véhicules pour les navettes…ouvertes à l’auto-stop ou transports en commun locaux, selon les cas
– Equipe de 1, 2, 3 ou 4 personnes au maximum.

– étapes calibrées à 25/30 km en moyenne, conditions rustiques, portage minimalisé.

 

Cette activité ne pouvant être menée en continu (estimation à 100 journées de la Belgique à l’Espagne) car nécessitant une trop importante disponibilité, elle est menée selon un séquençage chiffré, chaque séquence.
(Ici la huitième : 8 ) étant composée d’étapes lettrées… (Ici la deuxième : B )

 

 

Les points kilométriques maritimes (PKM) sont comptés depuis la Belgique, selon le trait de côte majeur.Il peut donc y avoir des longueurs non parcourues à pied du fait d’obstacles incon-tournables. Les parcours pédestres sont en kilomètres effectifs, (PK) qui diffèrent régulièrement des PKM du fait d’incursions dans les terres ou dans les villes et villages.

 

Etape N°23     8 B  : De Omonville la Rogue à Diélette    ( PKM  601  à   PKM   639  général) 

La séquence N° 8 a ceci de particulier qu’elle se déroule en trois étapes séparées de quelques jours et non pas contiguës.
Intégrée dans un séjour estival personnel, elle est réalisée en solo pour la partie pédestre.
La 8 B, de plus, est exonérée de retour en auto-stop, grâce à une navette automobile initiale.

 

Enfin, particularité supplémentaire, les horaires des marées de part et d’autre de la presqu’île du Cotentin connaissent un fort décalage, de l’ordre d’une heure, ce qui complique un peu la coordination…il y a inévitablement eu des tronçons impraticables sur l’estran, qui ont été réduits à leur minimum.

Le départ n’est pas très matinal, à la jetée du havre d’Omonville-la-Rogue.
Je démarre sur un talus de galets plats, qui longe la vague à une dizaine de mètres, rendant inutile de s’escrimer à fouler les galets ronds de l’estran disponible à cette heure. Cette structure, avec des intercalaires rocheux minimes et une mini-falaise de head ébouleux terreux-caillouteux, soutient les pas jusqu’à un ancien sémaphore, à la Pointe Jardeheu, PK 02,20.
A ce niveau de marée, ce site est contournable par l’estran, très rocheux.
Je poursuis, avec un décor constant, sur galets plats, toujours très proche de l’eau, puis plus rocheux, jusqu’à croiser le ruisseau de Sainte-Hélène, tunellisé au PK 04,60.
1000 mètres plus loin, après avoir côtoyé quelques blockhaus et rasé une petite mare à roseaux d’Omonville-la-Petite, je me heurte à une barre infranchissable autrement qu’à marée (plus) basse, celle de la Pointe du Nez.

 

 

Elle me contraint à remonter sur le GR 223 à garder 850 m avant de pouvoir redescendre sur la plagette de Port Racine, censé être le plus petit port français. PK 05,45
J’y découvre effectivement ce havre miniature ! Périmètre interne de 150 m, plus grande longueur libre de 50 m, surface totale de 13 ares pour 8 ares « utiles » aux  27 mouillages maximum autorisées.

 

Le port actuel est l’addition à une « vieille jetée » de 1874, d’une « nouvelle jetée » de 1888, avec une passe de 11 mètres. Les barques de pêcheurs sont amarrées à des aussières qui courent d’une jetée à l’autre à partir d’une bitte d’amarrage en bois et sont coulissantes. C’est un port d’échouage.

 

Réservé aux canots de moins de 5,50 m de long et de moins de 2 m de large.
Le titre de « plus petit port de France  » paraît  ici usurpé car Port Pignot de Fermanville ne compte que 19 mouillages, pour 13 ares aussi, 145 m de périmètre et 40 m pour plus grande longueur intérieure ! Bon…quels sont les critères de classement ?
Je repars pour la « tête » du Cotentin, soit 5 km marqués par 5 pointes ou nez, et de minuscules îlots, presque pour chacune et chacun, dont l’altitude varie entre 4 et 11  m, c’est à dire submersibles par intermittence quand la mer est grosse et à marée haute !
La progression est assez fatigante, mais on peut varier les difficultés et/ou les plaisirs en serrant le trait de côte essentiellement de sable graviers et galets, ou en serrant le flot exclusivement rocheux et très inégal.
La Pointe du Nez Cabot comporte une échancrure forte, impliquant un franchissement à marée basse ou avec baignade !

 

 

La Pointe de la Loge est elle aussi très rocheuse et délicate à passer sans se mouiller si la mer n’est pas basse
Voici alors le Sémaphore de La Hague, au PK 09,95.

 

 

 

Je continue en haut d’estran, sur une multitude de galets très plats et minces, jusqu’à la pointe de Goury où est implantée la Croix du Vendémiaire, face au phare de La Hague qui en est à 750 m au large et non pas sur la côte elle-même.
Cette croix marque le naufrage d’un sous-marin « Le Vendémiaire » en juin 1912, au large de Goury, et  qui fit 24 morts, suite à une collision majeure avec le cuirassé « Saint-Louis », avec 56 mètres de fond sous sa coque. Il s’agissait de manoeuvres militaire d’entraînement, le sous-marin était malencontreusement remonté en surface après un tir de torpille « à blanc » pour constater l’efficacité du tir ! Il fut cisaillé en deux par le cuirassé, et coula presque immédiatement. Pas de sauvetage possible, mer trop agitée, courants de raz trop violents…

 

 

 

Par ailleurs on est dans nune zone où une campagne de protection des gravelots est en cours pour freiner leur raréfaction.

Le Gravelot à collier interrompu est en effet un petit oiseau qui niche sur les plages océanes.  D’avril à mi-mai, cet oiseau fait ses pontes directement sur le sable, en haut de plage.

 

Cette stratégie, qui lui permet d’échapper aux prédateurs, est source de vulnérabilité : les œufs, qui se confondent avec le sable, sont exposés au piétinement et de nombreux nids sont détruits par inadvertance.
Donc…

  • Eviter le rejet de tout déchet puis les opérations de ramassage des déchets d’avril à juillet car cela perturbe la nidification…
  • Privilégier les zones à faible sensibilité pour le gravelot en sanctuarisant de larges tronçons de plage.
  • Ne pas marcher sur les dunes et hauts de plage

 

 

 

Je poursuis donc sur les rochers avec une mer déjà un peu haute à cause du décalage entre l’Est et l’Ouest de la presqu’île, et montante de surcroît.
J’espère atteindre la baie d’Ecalgrain, mais je ne dépasserai pas le Creux du Mauvais Argent, et devrai revenir en arrière jusqu’au Ruisseau d’Auderville pour remonter sur le GR 223.

 

 

Cela m’aura couté 2 km supplémentaires… PK 11 + 2 = 13,00 !
Je me promène donc en haut des falaises, pour gagner la fameuse baie, en profitant des belles vues panoramiques que permet cette situation élevée, car on passe tout de même à plus de 50 m d’altitude (Les Buttes, Pointe du Houpret), ce qui me console d’avoir dû abandonner l’estran.

 

 

Je retrouve ce dernier au PK 15,80, ces quelques kilomètres sur terrain « standard » ont en effet augmenté ma moyenne !
Magnifique baie que je traverse au pas de course, car la mer monte et je pressens que je ne passerai pas les difficultés les plus marquées avant les Grottes de Jobourg, car je connais déjà très bien ce tronçon de côte et ses secrets…piégeux !

 

De fait, je suis rapidement « empêché » par le promontoire de la Côte Soufflée, qui m’amène à revenir en arrière, pour rechercher un ex-chemin de traverse sans parvenir à le replacer dans les fourrés d’épineux, puis repartir en avant pour chercher un sentier de chêvre permettant de gravir pour ne pas avoir à revenir trop loin.
Cela coûtera 1600 m au lieu de 800 ! PK 17,40…

 

Il me faut alors redescendre dans l’Anse du Cul-Rond, par un sentier facile mais un peu exposé au vide, et la traverser pour réattaquer les rochers… Mais je n’irai pas plus loin que 800 mètres environ, bloqué par des franchissements trop périlleux quand la mer est trop haute, de plus en plus haute !

 

 

 

Très contrarié, je rebrousse chemin, et me laisse tenter par une ascension de la falaise herbeuse, pour essayer de rallier directement le GR du haut. Partant des rochers en hauteur ( environ 7 à 8 m d’altitude) il y a une 15 aine de mètres pour atteindre un vague replat.

 

 

 

 

Mais ce sont 15 m à 70 ° et tapissé d’une herbe enracinée dans un sol mince et meuble…bonnes prises de mains mais peu fiables !
Quant aux pieds, je ne peux que botter des pointes, en tâtonnant pour chercher des creux ou des bosses !
Parvenu à 12 ou 13 mètres, je découvre que les prises végétales plus solides escomptées sont faites de…petits ajoncs en boules ! Extrêmement piquants et peu enracinés. 
Comble de malheur, l’appareil photo m’échappe…sa chute stoppée dans un petit abrisseau.
Il apparaît évident que je vais devoir redescendre, et comme chacun sait, c’est souvent plus difficile que de grimper. 
Ca va se faire un peu à l’aveuglette, en récupérant l’appareil Pixpro au passage, pas bien vite…et c’est le retour aux rochers.

 

Pas mal de temps passé là…et pour rien, sinon un grand moment de « solitude » morale car un dévissage dans cette pente ne se serait pas soldé par de simples contusions, et l’isolement total excluait tout secours extérieur avant un éventuel survol en hélicoptère déclenché de nombreuses heures plus tard par des proches inquiets d’une heure de retour attendu de plus en plus tardive !

Mais c’est ici une part du risque, une part de l’aventure, sinon il faut rester dans un fauteuil de salon.

Pour autant, l’aventure ne se termine pas là, car il faut quand même revenir en arrière, et cette fois, le niveau de la mer s’est fortement élevé, et il va être très vite évident que passer dans l’eau sera inévitable.
Donc je passe au scénario semi-aquatique, qui consiste à enfermer tout ce qui craint l’eau dans un sac poubelle protégé par le sac à dos, bien fermé, qui sert de flotteur en plus de protéger les affaires. Bien assurer les lacets de chaussures à double noeud car il est très pénible de les voir délacées en pleine eau agitée. Ensuite, port de gants de caoutchouc, car l’eau est agitée…et donc va me bousculer contre les roches bardées de balanes griffantes, coupantes, écorchantes…
Ces mêmes roches dissuadent de se mettre tout nu pour préserver les vêtements, ce serait ressortir écorché un peu partout !

 

 

 

Après deux ou trois petits passages aquatiques modérés pour acclimatation, c’est le grand contournement d’un bloc géant, en me maintenant à la paroi et calant les pieds sur des blocs…seulement 40 mètres à passer, mais tortueux, où les flots tourniquent, vont et viennent anarchiquement…il y aura quelques petites griffures aux genoux !

 

Et me voilà revenu au Cul-Rond…je traverse l’anse, remonte le raidillon et retrouve le gabion de douanier ruiné qui marque le GR 223.
Cette escapade représente encore 1400 m…PK 18,80 et encore beaucoup de temps !

Bon an mal an, avec un genou qui saigne (peu mais ça se voit bien !) qui étonne les marcheurs tranquilles, je rejoins facilement le restaurant des grottes de Jobourg dit « Le Sémaphore », au PK 20,00 et à 113 mètres d’altitude.

 

Plusieurs cerfs-volistes sont en action au-dessus d’un pré, ce qui est toujours un agréable et joyeux spectacle !
Pour me consoler de n’avoir pas pu accéder aux fameuses grottes, bien que je les ai visitées déjà une dizaine de fois au moins, je découvre qu’il existe un point d’eau potable libre, annoncé  » A 200 m ».
L’arpenteur avait bu autre chose que de l’eau ou bien le planteur de panneau…car ce sera à 400 mètres dans la réalité !

 

 

De retour au Sémaphore, au PK 20,80, donc, il ne va plus me rester qu’à randonner perché jusqu’à Vauville, soit près de 10 km hors estran…
Sur ce chemin, je repèrerai la bien connue descente des Ratournettes PK 21,20 (pour remplacer celle des grottes complètement effondrée) en principe interdite,  la descente de l’Etablette, (casse-binette !) PK 21,40 ou PK 21,60,  celle de Pivette vers PK 23,00, de la Gravelette PK 23,60, descente de Courcoeur non repérée, descente de Perréval PK 25,20, pour trouver la grande descente de mise à l’eau des Moulinets ( terrain militaire) et l’exutoire des effluents de la centrale de retraitement de La hague, surmontés du grand bâtiment moderne de l’hôtel restaurant des Moulinets proche du barrage.
Tout cela est riche de ferraille, de béton, de barbelés, de plastique … c’est très vilain ! 
Ca contraste fortement avec un petit gabion encore en état, rencontré peu avant. Je suis au PK 25,80.
Il y a alors un escalier pour remonter sur l’épaulement naturel et le chemin mène à la descente d’Herquemoulin au PK 28,20.

 

Je me décide à tenter de revenir aux plages, en bénéficiant au passage d’un très bon chemin avec escalier, longeant le gros ruisseau qui serpente, cascade, gargouille, laissant penser à un petit canyon…

Parvenu à l’estran, je pars tout guilleret pour me faire coincer au premier promontoire, que je devine suivi d’autres encore plus avancés, et la mer monte toujours…Donc, pour la troisième fois, je dois rebrousser chemin, mais je ne regrette pas cette visite de gorge verdoyante.

 

Je reviens alors à la passerelle du ruisseau de Herquemoulin, PK 28,90.
C’est à la Plage de Vauville que je vais enfin retrouver le sable et la mer ! PK 31,50…il commence à se faire tard !
Au PK 32,60, après avoir côtoyé des jardins et des blockhaus, je trouve un camping animé, ce qui me permettra de rencontrer une bonne âme pour passer un SMS aux éventuels inquiets « à la maison », il est à peu près 20 heures.

Je pars alors pour 2500 mètres entre la réserve naturelle des Mares de Vauville, paysage étonnant, et l’immense plage.
A un point dit « Panorama du Calvaire », je pénètre dans la al Réserves des Dunes de Vauville, les Mielles… 6 km² d »un paysage quasi lunaire vu que le jour baisse très vite maintenant. 

 

 

On y trouve une végétation particulière, où tout se ressemble un peu, très mamelonné et sillonné de sentiers, et en pensant recroiser le GR quelque part, je vais zigzaguer et tourner presque en rond pour finalement y renoncer et décider de rester parallèle à la ligne de crête des dunes…bien m’en a pris car dans la réalité, ce fameux GR évite la zone dunaire en la contournant, je n’avais donc aucune chance de le trouver ! Mais tout ça représentera encore 4 km ! (Au moins)
Me voilà débarquant sur la plage de  Clairefontaine, au PK 35,50 (environ)

 

 

 

Là, un superbe « tout droit » et bien à plat  me permet d’aborder un petit domaine sit « Le fort » avec une entrée majestueuse pour le lieu, un beau porche de granite. PK 37,00…
La nuit s’approche !
Je contourne cette propriété, dérange un photographe animalier en action qui ne s’attendait pas à voir surgir un promeneur à cette heure-là, et peu après un ultime petit décrochement rocheux, c’est la dernière longueur avec les étoiles dans le ciel, voici le port de Diélette, au PK 38,40…mon véhicule est bien là avec ses quatre roues gonflées !!!
Après quelques petits détails de confort à régler, je découvre que seule la carte (en papier mince) n’avait pas été sauvegardée dans le sac poubelle…donc très imbibée…très difficile à déplier sans tout déchirer, mais j’y parviens juste assez pour la partie routière utile…Les Pieux, Bricquebec, Valognes, Quettehou, Réville…où j’arriverai vers 22 heures.

Petite journée bien remplie, 14 heures dont 1/2 heure de pauses cumulées, 1 bonne heure de route…soit 12 heures d’activité continuelle, un peu d’aventure, de quoi bien dormir à nouveau !

 

 

 

 

 

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