Codification subterranologique avancée 791

Codification subterranologique avancée 791

25 mars 2025 carrières diverses Spéléologie 0

Codification subterranologique avancée     791

L’exploration d’une carrière, est à distinguer d’une visite.
Une visite se déroule soit en ayant déjà la connaissance de la carrière, soit en disposant d’un plan fiable, soit en évoluant dans une exploitation aux galeries codifiées ou nomenclaturées…c’est à dire en étant « guidé(e)(s) ».
L’exploration se déroule dans l’inconnu, sans guidage préfiguré d’aucune sorte en jouant sur la mémoire des lieux, en usant d’un fil d’Ariane (qui doit être récupéré) ou en effectuant des marques (respectueuses des lieux) délébiles.
A partir de quoi la carrière sera codifiée et visitable sereinement par celles et ceux qui connaîtront la codification mise en place.

Dès que la carrière prend des dimensions importantes, kilométriques, et/ou présente une structure complexe avec de nombreux croisements, notamment s’ils n’ont pas une orientation organisée, la mémoire risque de faire défaut au bout d’un certain parcours, le fil d’Ariane se révéler très vite trop court, les marques difficiles à réaliser ou finissant par se contredire ou se mêler à des marques précédemment faites par d’autres…
De plus ces procédés sont souvent à usage unique, intransmissibles de façon fiable, instranscriptibles.
Il peut donc être intéressant et parfois nécessaire de codifier les galeries de façon rationnelle.
Cela présente l’avantage du guidage en premier lieu, mais aussi du repérage d’objets, de constituer une sécurité, et dispense de communiquer des masses de documents « papier » ou « numériques » dès lors que la base de la codification est connue et partagée.

Plusieurs bases sont possibles, leur choix dépend de la complexité de l’exploitation, mais aussi de la préférence des subterranologues.

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La codification la plus universelle et la plus connue reste celle utilisée dans nos villes et villages depuis des siècles, utilisant une nomenclature des galeries (impasses, ruelles, rues, passages, avenues, boulevards,…)  avec des noms arbitraitrement choisis ( personnages, dates historiques, noms géographiques, noms de fleurs, d’animaux, de choses…) ou, au contraire, très pertinemment choisis à partir de ce qui s’observe sur place, cela selon le choix des codificateurs.
Il suffit de noter son itinéraire dès le départ et de le refaire à l’envers…mais attention à ne rien omettre et à bien consigner si c’est « à droite » ou « à gauche » ou ‘tout droit »…etc.
Encore faut-il que personne de détruise voire modifie la nomenclature, et elle réclame beaucoup de temps à sa mise en place qui doit rester réversible (pas de peinture, de pochoir, de scellement, de gravure profonde…)

La codification à éviter et malheureusement le plus souvent rencontrée est le fléchage, plus ou moins discret et plus ou moins polluant, qui implique une grande vigilance dès que plusieurs fléchages ont été effectués, car il est difficile de savoir où mène le fléchage de « Bidule », celui de « Machin », celui de « Truc », est-ce vers un rendez-vous perdu quelque part, vers une sortie encore existante (mais ensuite disparue…), vers un objet remarquable…

 

 

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La multiplication de ces fléchages finit par être déroutante, en plus de polluer visuellement et chimiquement les lieux car souvent  à base de grosse peinture et en grandes dimensions, chaque codificateur ayant cherché à dominer les autres.

Enfin, les fléchages se contrarient souvent…ce qui peut être la cause d’errances très longues, en plus de créer du stress, voire des désaccords et même disputes entre équipiers….tout cela traduit en pertes de temps, et donc pertes d’autonomie (alimentation, boisson, éclairage, fatigue cumulée, refroidissement…).
Le nomenclaturage relève de l’odonymie, il peut avoir des avantages certains, notamment si le choix des noms est pertinent, révélateur de ce qui est typique, de ce qui est curieux, de ce qui est fragile, de ce qui est rare, instructif, honorifique, historique…
C’est pourquoi il vient souvent en doublure d’une autre codification, il apporte les « lettres » aux « chiffres » !!!

La proposition présente est une codification numérique simplifiée ou « avancée ».
Elle peut se réaliser selon trois méthodes à choisir à partir de la configuration de l’exploitation. (Mais il peut exister d’autres méthodes)
Et aussi selon sa préférence et ses objectifs.
Marquage par panonceaux légers amovibles, ou balises textiles fluorescentes, ou à la craie de couleur, ou autres supports discrets, non polluants, que l’on peut retirer le cas échéant.

1) Première méthode choisie ici : PERIMETRIQUE et tourne-à-gauche. Codification simplifiée.

On commence par parcourir la carrière en suivant toujours la paroi à main gauche (on pourrait aussi dire « tourne-à droite », toujours à main droite) et en effectuant le marquage toujours à gauche ( ou à droite si on suit toujours la paroi de droite)
Ceci va déterminer le périmètre maximal et la galerie N° 1
Ce périmètre fait vraiment le « tour » des lieux, amenant l’exploration à aller jusqu’au bout des plus petites impasses et de leurs éventuelles ramifications elles-mêmes en impasses, etc.
Cela va dessiner l’extension maximale de la carrière jusque dans ses moindres prolongements, d’issue en issue ( qu’il y en ait une ou plusieurs) et va constituer un tracé de très haute sécurité car quiconque va errer se trouvera tôt ou tard à marcher dans cette voie.
C’est là qu’intervient une seconde règle intangible, la marque « 1 » est toujours appliquée à gauche (parce qu’on a évolue à main gauche ici). Ceci est essentiel, car quiconque va trouver la galerie « 1 » saura qu’en la suivant toujours à la même main (droite ou gauche peu importe mais toujours à la même main) on aboutira forcément à une issue !
Pas forcément par le chemin le plus court, mais forcément à une issue.
Ce périmètre dessiné, tout ce qui reste à l’intérieur est à codifier.
Si on a affaire à une carrière rationalisée à galeries répétées plus ou moins orthogonales, le plus simple reste de coder les piliers en abscisses et ordonnées soit avec des couples de nombres, si galeries très nombreuses, soit avec des couples de lettres si moins de 26 (ou plus avec lettres grecques en sus de l’alphabet basique) galeries selon les deux axes ou encore des couples nombres/lettres, cette dernière formule souvent la meilleure pour ne pas s’embrouiller l’esprit.

Pour une carrière au creusement plus ou moins anarchique, la formule « tourne-à-gauche » (ou à droite) a fait ses preuves de simplicité et d’efficacité. Mais elle n’est pas la plus mathématiquement rationnelle.
Il suffit de reprendre la voie périmétrique, laquelle ne peut comporter que des galeries à droite car tout ce qui a pu être à sa gauche a forcément été arpenté et codifié « 1 ».
La première voie à droite sera chiffrée « 2 » et suivie toujours à main gauche.
Si elle n’est pas une impasse, elle se raccordera forcément à la voie « 1 », si elle est une impasse, elle y reviendra !
Ensuite on poursuit dans la voie « 1 » et on passe à la voie « 3 »…et ainsi de suite.
Quand on procède ainsi, il peut y avoir des départs sur la droite d’une voie, qu’on ne code pas tout de suite.
On va en effet d’abord épuiser tous les départs à droite de la voie « 1 ».
Puis on reprend la voie « 2 » et on recommence le manège « tourne-à-gauche » avec les mêmes principes.
Idem pour les voies « 3 », « 4 », « 5 »… jusqu’à avoir tout parcouru !
Bien veiller à toujours codifier à main gauche car cela permet de savoir dans quel sens de progression la galerie a été codifiée.
De ce fait, quand on « remonte » une galerie avec codification sur sa droite, on finit systématiquement par rejoindre une galerie au codage numériquement inférieur…pour, au final, se raccorder à la périphérique N°1…et gagner la sortie !

2) Seconde méthode choisie ici : LINEAIRE hiérarchisé. Codification complexe en arborescence.

On commence par privilégier une galerie selon son importance, ses dimensions, sa dotation ferroviaire et/ou électrique, son caractère distributif…censé déterminer une hiérarchie structurelle. A défaut la hiérarchie sera celle de l’ordre de la progression exploratrice.
On la codifie arbitrairement « 1 » pour la première. (« 2 » pour la seconde, etc.)
A la première voie à gauche, on va codifier 1.1 que l’on suit. A la première à gauche, on codifiera 1.1.1 etc.
A la première voie à droite, on va codifier 1.2 que l’on suit. A la première à droite , on codifiera 1.2.2 etc
On obtient alors une arborescence plus ou moins ramifiée selon la densité des galeries.
Une voie s’arrête sur un terminus (front de taille, mur bâti, grilles ou éboulement…)
En cas de fourche, de « T » la voie choisie comme majeure est la plus à gauche (choix arbitraire)
En cas de croisement, 3 voies ou plus à choisir la majeure est celle qui va « tout droit »
Cette codification est très lente, elle est aussi indispensablement méthodique.
Ne mettre que les impairs pour ce qui part à gauche et les pairs pour ce qui part à droite est une garantie supplémentaire de suivre un itinéraire « continu ».
Cette codification a l’avantage énorme de permettre une localisation très précise, et surtout de retrouver la sortie par l’itinéraire le plus sûr en passant systématiquement de la galerie au code le plus « élevé » à celle au code le moins « élevé ».
Par exemple, passer de 1.5.4.6.1 à 1.5.4.6 puis à 1.5.4 puis à 1.5 et enfin à « 1 » !!!
Cela  fonctionne en ayant codifié toujours à gauche, dont à suivre à main droite pour sortir.
Il est essentiel de bien séparer les chiffres (ou nombres à deux chiffres) par des points au risque d’introduire des confusions…
Une galerie 1.1.2.6   n’a rien à voir avec une galerie 11.2.6, par exemple.
Selon la densité des galeries, plusieurs voies majeures sont à déterminer.
Cela suppose généralement une première exploration générale pour avoir une vue d’ensemble et décider des voies à considérer comme majeures. Souvent les plus grandes et surtout les plus distributrices.
De ce fait, il y a possiblement des communications entre voie majeures, elles portent alors une double codification, chacune d’un côté.
Le vis-à vis de ces codes identifie immédiatement le caractère de communication de la voie mineure entre deux majeures.

3) Troisième méthode choisie ici : PLURI-SEGMENTEE. Codage individuel.

Le principe est de codifier chaque segment de galerie. Pour conserver une logique minimale, on tourne à droite systématiquement (choix arbitraire) . Le code grandit à chaque intersection
Il faut donc parcourir systématiquement chaque tronçon de galerie et lui affecter un code aux deux bouts, toujours marqué à droite (même choix arbitraire).
C’est le plus simple à réaliser, mais moins bon indicateur d’itinéraire à suivre.
Néanmoins il suffira quand même de passer d’un nombre de code supérieur à inférieur pour se rapprocher d’une issue.
Cette décroissance du chiffrage peut être irrégulière, parfois brutale…c’est selon le tracé de carrière et le parcours fait en codifiant.
Cette codification se marie parfaitement avec une nomenclature, et on se rapproche étroitement d’une odologie urbaine, chaque segment portant un nom différent.
Si ce nom se réfère à des particularités propres au segment, on en arrive à une codification très descriptive dont l’utilité n’échappera pas aux pédagogues, ni aux organisateurs de chasse au trésor, rallye, géocaching et autres activités d’éveil.

Bien entendu, il ne saurait être question de codifier ainsi toutes les carrières, gardant ainsi bon nombre d’entre elles dans leur dimension aventureuse…

 

 

Mais certaines le méritent car cela peut les valoriser, et même les protéger en limitant les dégradations, et en évitant divers problèmes voire accidents, car protégeant les visiteurs mais aussi l’accès aux cavités… en effet, plus il y a de « problèmes », et plus les propriétaires et les collectivités locales en condamnent les accès.
La lecture de cet article peut faire naître des initiatives constructives… Il ne faut en aucun cas perdre de vue que la subterranologie est une activité dangereuse, d’une part, et soumise à autorisation de la part des propriétaires.
Ces derniers, parfois difficiles à trouver, ne donnent que rarement ladite autorisation…il ne faut donc pas perdre de vue non plus que l’investigation non autorisée est constitutive du délit de violation de domicile (sauf si l’accès est une entrée « normale » sans obstacle physique).
Toute lectrice ou lecteur est donc ici bien informé(e) et n’entreprendrait donc une visite ou une exploration qu’en parfaite connaissance de cause des risques physiques et juridiques.
En cas de codification non autorisée, il peut s’ajouter le délit d’atteinte au bien d’autrui par dégradation mécanique ( perforation, grattage, gravure…) par pollution chimique et visuelle (peinture) par dépôt de déchets (pancartes, balises diverses)…
Au final, cela peut coûter assez cher en plus des désagréments procéduraux !
Il y a donc lieu de n’agir que dans le respect du droit, chercher le propriétaire et recueillir son accord avant toute chose.
Il peut même arriver, lorsque la carrière est réputée « saine », que la démarche initiale donne des idées de visite(s) organisées, à titre gracieux ou non, ou des idées de valorisation supplémentaires, artistiques par exemple
La codification, en ce qu’elle pousse à mener une exploration fine et exhaustive, donc révélatrice et valorisante, peut être inspiratrice de projets et fédératrice de divers acteurs autour de ces projets.
Les collectivités locales, notamment, et/ou leurs associations civiles, peuvent y voir divers intérêts culturels et sociaux, voire touristiques. Et même, parfois, un intérêt économique… (Mais il faut que le caractère « sain » de la carrière soit indiscutable, au moins dans les parties ouvertes à des visites).
Reste à trouver la « bonne » carrière !!!

 

 

 

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