L’auto-stop de navette 822
L’auto-stop de navette 822
Qu’il s’agisse de canoë, de kayak de mer, de randonnée linéaire, et sans aller et retour, il est récurrent de devoir organiser une navette de récupération et/ou de bouclage dans nos activités de pleine nature.
Il existe bien sûr la méthode basique d’utiliser deux véhicules pré-déterminés, l’un pour l’aller, l’autre pour le retour, ces deux véhicules n’étant d’ailleurs pas forcément des voitures.
Des autocars, des trains peuvent parfois permettre le bouclage, de même qu’emporter une trottinette électrique (emballage étanche) sur un canoë, ou encore déposer un vélo à l’arrivée pour aller rechercher la voiture au départ…etc.
L’idée de l’auto-stop de navette, est d’utiliser un véhicule automobile conduit et appartenant à des tiers, a priori inconnus, donc non pré-déterminés.
Il nous a paru utile de dérouler ci-après un ruban de conseils pour optimiser les chances d’être « chargé(e) et pouvoir opérer la navette complète dans les meilleures conditions.
Pour des facilités d’écriture, mais aussi pour des raisons réalistes, le texte va parler au masculin. Et même au singulier.
Réalistes, car personne d’une de nos équipes ne se permettrait de mettre une femme seule sur le bord de la route pour auto-stopper au bénéfice des autres, sauf peut-être si l’équipe ne comptai que des femmes et que l’une d’entre elles soit bien décidée à se lancer dans une telle entreprise.
En effet, bien que les statistiques des sites dédiés à cette pratique semblent attester que les autostoppeurs sont deux fois plus susceptibles d’être « ennuyés » que les autostoppeuses, et que, de fait, les incidents (voire accidents) connus paraissent extrêmement rares, tous sexes ethnies et âges confondus, personne parmi nous n’est prêt à assumer la responsabilité d’un tel incident s’il devait survenir à une personne qui n’aurait pas hérité du rôle de « navetteur » de par sa seule vraie et farouche volonté.
Or, depuis des années que cette méthode a été employée dans le club, nous n’avons jamais constaté qu’une telle vraie et farouche volonté ait émergé de nos rangs féminins… C’est pourquoi nous restons ici au masculin, mais, bien évidemment, tout peut être mis au féminin, car parfaitement possible sur le terrain du « stop », on en trouve de nombreux témoignages sur Internet.
Me voilà donc arrivé au terme de ma descente en canoë ou de mon longe-côte (voire raid) en kayak de mer, ou encore au bout de ma randonnée pédestre ou à raquettes…
Il va me falloir revenir à mon point de départ car je suis dans le cas où une boucle ou un aller et retour ne sont pas réalisables, ou tout simplement pas prévus, car pas voulus !
Pour cela, j’ai envisagé un retour « stop ». Et j’ai bien réfléchi à l’optimisation de ce retour…
- Je l’ai préparé soigneusement
D’une part j’ai étudié le ou les parcours routiers possibles, d’autre part j’ai une carte sous plastique, le papier étant souvent préférable au téléphone GPS, tellement plus facile à consulter « en grand » et à sortir et rentrer dans sa poche, tellement plus sûr aussi qu’un téléphone dont rien ne dit qu’il sera fonctionnel sur place, pour de multiples raisons.
Rien n’empêche d’avoir une carte « papier » ET un téléphone d’ailleurs…
J’ai de quoi écrire, papier, crayon, stylo… j’ai de quoi savoir l’heure qu’il est.
D’autre part, j’ai bien en tête les points suivants… 2 à 12. - J’ai prévu une tenue académiquement correcte, et visuellement efficace
C’est à dire des vêtements « neutres », sans loufoquerie ou orientation particulière, de quelque nature que ce soit.
Des vêtements propres, autant que faire se peut, d’aspect « décent », portés avec un minimum de maintien.
Pas de lunettes de soleil, pas de gants (sauf si les conditions atmosphériques le justifient pleinement)
Pas de chaussures sales, les nettoyer sérieusement autant que possible.
De préférence, je suis en jaune ou en blanc ou bleu vif…des couleurs plutôt claires et bien visibles.
J’évite les verts sombres, les rouges vifs, le noir, le marron, les gris…c’est à dire des couleurs souvent vues comme tristes et/ou agressives, ou « louches », même si tous ces préjugés sont bien regrettables.
Le rose et l’arc-en-ciel sur un homme peuvent aussi être sujets à interprétation voire provocation…
J’ai les mains propres, et si possible, je suis rasé. Si je suis barbu d’ordinaire, ce n’est pas problématique, mais ça peut être « impressionnant ». Ce qu’il faut éviter, si possible, c’est le « mal rasé de trois ou quatre jours ».
Je ne me couvre pas de vêtements « dissimulateurs »
Inversement, je n’ exhibe pas des éléments de valeur (montre, bijoux, veste de luxe…) - Je n’ai pas un sac à dos énorme, mais j’en ai un.
Je le choisis plutôt petit, mais pouvant contenir un récipient d’un litre d’eau, un petit duvet compact ( 800 grammes environ), un matelas pneumatique léger ( 700 grammes environ) quelques barres énergétiques, papiers d’identité, un petit peu d’argent, un vêtement de pluie compacté, une « petite laine » compacte, chaussettes , gants, bonnet de laine si c’est en saison froide. Une lampe frontale avec fonction « rouge ». De quoi écrire.
En effet, je ne sais pas si je devrai passer la nuit dehors ou non…ça peut arriver ! - J’ai prévu une pancarte, dans mon sac
Je l’ai préparée en plastique BLANC (plutôt que bout de carton marron à trouver sur place…peut-être) et j’ai prévu un marqueur effaçable NOIR dans mon sac. Dimensions préconisées : 15 x 50 cm environ.
Dessus j’indique en gros caractères le nom de la prochaine localité ou « VERS » avec nom de la localité importante qui suit. Il peut être judicieux de dessiner une émoticone souriante, en marge.
J’ai pris un chiffon à effacer…ma pancarte est ainsi à usages successifs. - Je me positionne intelligemment ET prudemment
Je veille à être bien visible, de loin, et à ne pas me mettre en danger sur le bord de la chaussée.
Je n’entrave en rien la circulation de tous véhicules, je ne masque pas les panneaux indicateurs.
Je cherche un poste qui est suivi de près (mais pas immédiatement) par un emplacement facilitant l’arrêt pour l’automobiliste, lui laissant le temps de freiner et se garer.
Je privilégie une zone routière où la vitesse est limitée, par des panneaux, des chicanes, des ralentisseurs.
Ou bien des endroits qui imposent le ralentissement préalable, voire l’arrêt (ronds-points, priorités, stops, feux tricolores…), et me place peu après.
Si je décide de me lancer dans le « stop actif » qui consiste à aborder de moi-même les gens, ce sera évidemment là où ils s’arrêtent d’eux-mêmes un certain temps (Feux tricolores, stations services…) A un « stop » routier, c’est plus difficile si la voiture est déjà succédée par une autre…sinon, pas le temps de parler !
Cette méthode requiert du tact, car ça peut être pris comme une agression, une impolitesse…etc. - Je ne fais pas de stop la nuit
C’est un postulat, mais bien sûr, cela peut arriver. Dans ce cas je me place dans une zone urbaine bien éclairée où on peut me dévisager. Je ne « stoppe » ailleurs que si je n’ai vraiment pas le choix, et si je marche, c’est avec une led rouge sur la tête, et toujours prêt à esquiver sur le bas-côté. - J’ai le sourire, je suis courtois.
Oui je l’ai, même si ça va mal, un sourire franc mais sans excès.
Je regarde l’automobiliste « dans les yeux » et dès qu’il ou elle est visible.
En plus de ma pancarte d’une main, je lève bien mon pouce de l’autre, le bras à l’horizontale, dynamique.
Je ne manifeste jamais mon dépit, voire mon mécontentement, encore moins de gestes ou paroles fortes irrespectueux vers quelqu’un qui ne s’est pas arrêté alors qu’il l’aurait pu. (Car c’est bien son droit quand même !)
D’une part ça n’arrange rien, d’autre part, un(e) automobiliste venant ensuite l’aura remarqué et désapprouvé, mais, mieux encore, il n’est pas rare qu’une voiture s’arrête bien plus loin et klaxonne (parce que pas eu le temps, ou la place sufisante ou le réflexe de s’arrêter immédiatement) mais encore, qu’une voiture aille faire demi-tour et revienne pour me « charger »…mais pas si j’ai été désagréable !!! (Ca se voit très bien dans les rétroviseurs…)
Si j’ai affaire à la police ou la gendarmerie, je me plie volontiers à leurs contrôles, demandes et conseils.
Sauf cas de force majeure, les Forces de l’ordre ne prennent jamais un auto-stoppeur, sauf motif légal (il faudrait être en contravention ou délit et ne pas pouvoir vétablir son identité par exemple) - Je suis immédiatement « chargeable ».
Mon sac est sur moi facile à ôter, de préférence, ou posé à mes pieds. Ne pas le dissimuler
Je ne suis pas en train de manger ou boire
Je me tiens debout face aux voitures ou 3/4 face
Je suis prêt à faire quelque pas précipités voire trotter pour aller converser avec l’automobiliste, en commençant par remercier pour cet arrêt.
Je n’essaie pas d’ouvrir la portière avant cette conversation et son accord
Je reste à une certaine distance de la vitre ouverte, je ne suis pas un colonisateur…
Je veille à mettre la ceinture de sécurité, sans attendre qu’on me le demande.
Je garde mon sac sur les genoux ou à mes pieds. - Je jauge l’automobiliste.
D’une part, je ne monte pas si je ne « sens » pas bien la personne, homme ou femme d’ailleurs.
J’évite les groupes de 3 ou 4 « copains » déjà ensemble, voire en goguette, surtout le soir tardif
Si j’ai un doute quant à la capacité à bien conduire (alcool, drogue, état nerveux marqué…) JE NE MONTE PAS
tout en restant diplomate pour ce refus.
Je ne monte pas avec une conductrice seule en tenue suggestive et/ou qui me fait des avances. (Conducteur non plus!)
Si cela n’apparaît qu’en route, je trouve une bonne raison pour descendre dès que possible…plus je vais attendre et tolérer, plus ce sera difficile. L’attitude et les paroles sont vite révélatrices, de même qu’un choix d’itinéraire « bizarre » qui ne va pas dans la direction voulue et affichée.
Si ça semble un peu coincer, téléphoner à quelqu’un pour dire où on est, et faire sortir de la (fausse) conversation la bonne raison de descendre au prochain village ou autre endroit proche (Pour le cas, un téléphone peut être utile, même s’il ne fonctionne pas d’ailleurs !!!) - Je dialogue
Il faut que j’amorce une conversation et estime rapidement si l’automobiliste est enclin à l’entretenir ou si ça le « gonfle ».
Je n’ hésite pas à parler de moi (modestement) et de ce que je fais ou l’on fait au présent (mon équipe et moi), où on va et pourquoi, etc.
Faire parler l’autre de lui (ou elle) si je sens que ça lui plaît.
Glisser des informations utiles, si je peux me faire conduire aussi loin que possible.
Bien souvent, on m’amènera plus loin que la destination précise initiale de l’automobiliste (détour, rallonge…), et si ce n’est pas trop loin, on m’amènera possiblement à destination exacte !
Au minimum, on me placera à un point favorable à la continuation de mon « stop ».
Mais je sais me taire ou ne parle que peu si je sens que je gêne à parler. Je sais écouter, aussi…
Je ne me lance pas dans des échanges polémiques, partisans, politiques, critiques…
Globalement je suis positif, optimiste sans excès, je délivre des messages ouverts, compréhensifs et bienveillants. - Je suis « philosophe » et pragmatique.
Le stop, c’est une école de patience, de « feeling », et on en apprend toujours.
Il y a des gens qui ne prennent jamais, par principe, par peur…d’autres qui prennent toujours sauf s’ils n’ont pas de place ou sont très pressés, et il y a les autres, les plus nombreux, les indécis, sur lesquels il faut parier car ceux qui prennent toujours sont assez rares !
Par principe et par pragmatisme, je m’imagine toujours à la place de l’automobiliste susceptible de me « charger », ou qui m’a « chargé », pour éviter beaucoup d’erreurs.
Si la circulation est intense, je me fais à l’idée que s’arrêter sera difficile voire impossible, je cherche un coin où la lenteur du trafic donnera à l’automobiliste le temps de voir, de réfléchir, de s’arrêter.
Si je suis à une croisée de chemins multiples, je me déplace vers celui qui va convenir le mieux
S’il pleut j’évite d’être trop mouillé (gros arbre, abri-bus…), soit je comprends que personne n’a envie de tremper ses sièges, soit je compte sur la « pitié » des gens pour le pauvre mec sous la pluie…C’est au choix !
A bord, je ne me plains de rien, je ne fais rien sans prévenir et/ou demander l’aval avant, je ne critique rien.
Si ça ne marche vraiment pas dehors, je change d’emplacement, et si ça ne marche toujours pas, je sais renoncer, momentanément du moins.
Je ne laisse jamais une expérience décevante me décontenancer, me décourager, et venir obérer les expériences réussies.
Je n’oublie pas que je suis souvent là pour revenir chercher les autres (en plus du matériel)…c’est donc une mission de service à leur égard ! - Je ne donne jamais d’argent
Sauf si c’était convenu avant de monter à bord ou décidé, à mon initiative, durant le trajet.
Il peut en effet être juste et pertinent de proposer une prise en charge partielle des frais de carburant, ou payer le péage s’il y a lieu, mais dans le cadre du stop de navette, c’est très rare.
Mais si rien n’était établi avant, et si ce n’est pas moi qui propose pendant, il n’y a rien à payer.
Par ailleurs, dans cette éventualité, n’avoir que des petits billets séparés dans des poches, et si besoin, ne sortir que celui nécessaire.
On peut considérer qu’au-delà de 50 ou 100 km de transport, on puisse proposer une indemnité symbolique (par exemple 10€/100 km), mais ça doit rester l’exception, dans l’esprit du « stop » de petite distance.
La plupart du temps, l’automobiliste refusera ou acceptera qu’on lui offre un café parvenu à destination.
Quand ce n’est pas lui (elle, c’est très rare) qui l’offrira, au final !!!
Ces conseils (voire recommandations !) se rapportent au « stop » de proximité, et adapté à la France ou pays limitrophes, la plupart sont transposables au « stop » de voyage, pour de grandes distances et dans d’autres pays ou continents, mais pas suffisants, car pour les voyages au long cours et/ou à l’étranger lointain les stratégies peuvent varier.
Par ailleurs, pour le « stop » à deux en copains, en copines, ou en couple, il y a aussi quelques variantes à observer.
Enfin, pour le « stop » solitaire féminin, volontariste, on recommande de visiter les quelques sites qui s’y rapportent, on y trouve des conseils complémentaires, des adresses d’échanges, des listes et des sites organisateurs.
Mais les « Bla-blacar », Rézopouce et autres, ne sont plus vraiment de l’auto-stop.
Ce dernier répond à un art de vivre (sauf si c’est sous la contrainte d’événements imprévus), il doit laisser la part à l’inconnu, l’imprévu, au hasard de la rencontre de deux personnes (au moins) celle qui demande à être transportée gratuitement et celle qui accepte de le faire. Dès lors qu’il y a un rendez-vous pré-établi, une entente préalable à distance, une négociation tarifaire, des informations identitaires croisées…on n’est plus dans l' »auto-stop ».
Ce qui n’enlève rien à l’intérêt de ces sites et organisations, mais c’est DIFFERENT.
Nous souhaitons à nos lectrices et lecteurs qui se lanceraient dans cet auto-stop authentique, pour leurs navettes d’activités ou leurs voyages, toute la chance, la patience et la réussite qu’ils mériteront !!!