L’orage sur l’estran 821

L’orage sur l’estran 821

11 juillet 2025 Non classé Randonnée 0

L’orage sur l’estran          821

Comme tout randonneur, le marcheur sur l’estran peut être confronté à un orage, et avec le phénomène électrique qui l’accompagne potentiellement (c’est le cas de le dire…) : la foudre.
On y ajoute les précipitations liquides ou solides, c’est à dire pluie ou grêle, et même avec un peu ou beaucoup de vent en prime !
Selon le relief suivi et le cheminement choisi, la randonnée littorale va s’apparenter à une situation de plaine, une situation montagnarde, une situation de zone humide ou inondée, beaucoup plus rarement à une situation forestière.
Il est commode de dire que l’on peut se préserver de subir un orage en l’anticipant, moyennant une consultation régulière des bulletins météorologiques, bien sûr, mais le randonneur littoral ne peut pas toujours différer son projet, peut être soumis à d’autres facteurs contraignants, peut ne pas être en capacité de consulter les informations, et lesdites informations peuvent aussi être erronées ou trop imprécises… il lui arrivera donc d’être sous un orage, un jour ou l’autre, sans possibilité d’abri immédiat véritable.

Dans tous les cas, ne pas porter un parapluie s’il comporte une partie métallique vers le ciel ou une partie pointue, ne pas le tenir avec une main sur une partie métallique. Mais le mieux, c’est de ne pas utiliser cet accessoire ! (effet de pointe)
Pas de piolet, pas de bâtons de marche dirigés vers le ciel notamment pas verticaux portés sur le côté du sac…idéalement, ne pas les tenir à la main non plus…s’ils sont repliables, les enfermer dans le sac.

Pas de canne à pêche ni d’antenne d’appareil de communication qui seraient autant de pointes dangereuses.
Ne pas courir, ni marcher à grandes enjambées, ne pas créer de courant d’air spécifique sur soi ni s’installer dans un couloir venté.
Les blockhaus et assimilés sont de bonnes protections, mais rester loin des parois, et ne pas se placer dans des courants d’air entre ouvertures (décharges latérales)

En situation forestière, bien que peu probable, les précautions principales sont de ne pas s’abriter sous un arbre isolé des autres ou très proéminent, rester à au moins 2 mètres du tronc (donc ne pas s’y appuyer) et éviter de se placer sous les branches basses.
En situation de plaine, c’est à dire la plus probable, on le redit : ne pas courir, ni marcher à grandes enjambées, mais à petits pas.
Autant que possible, ne pas constituer un « effet de pointe » avec son corps qui dépasse du sol, soit en côtoyant des blocs rocheux de grande dimension sans les toucher, en maintenant une distance de quelques mètres ( 2 m minimum, une fois leur hauteur au maximum), soit en adoptant une position dite « du mouton », c’est à dire recroquevillé au sol sur les genoux et les coudes bras et jambes repliés sous soi, position pouvant être encore plus efficace en étant sous un ciré ou autre film ou textile plastique, et avec une couche isolante entre soi et le sol ( vêtements en plastique, sac à dos mis à plat, sacs poubelles…l’idée majeure étant d’être le moins proéminent possible et le moins conducteur d’électricité possible.
A défaut du « mouton », qui est bien sûr inconfortable si ça doit durer, la position à croupetons pieds joints tête baissée peut convenir.
A défaut, assis au sol en en étant isolé, tête basse contre les genoux et membres resserrés.
On peut aussi s’allonger au sol, bras et jambes serrés…ce qui n’est pas un problème si on a des vêtement de pluie efficaces. L’idée est ici de ne pas former deux points de contact au sol qui soient séparés, car cela peut créer un arc ou une boucle conductrice au travers du corps.
Si on doit rester debout, garder les deux pieds les plus proches possible pour éviter « l’effet de pas ».
Chercher à se positionner dans une partie creuse, une dépression de terrain, pas assis sur un bloc qui dépasse déjà du reste !
Ne pas se placer dans les rigoles, les chenaux, les flaques.

En situation « montagnarde », qui se rencontre dès qu’il y a des falaises, éviter absolument de former une « pointe » au sommet des hauteurs, comme pour la situation de plaine, en adoptant les mêmes parades.
Rechercher les segments d’itinéraire qui sont en creux (valleuses) sans toutefois se placer exactement au plus bas, surtout s’il y coule de l’eau. Ne pas s’asseoir au sol sans s’en isoler électriquement, rester recroquevillé, membres serrés.
S’il y a des anfractuosités dans les falaises, ne pas se coller aux parois, donc ne pas s’insérer dans des fissures, et si ce sont des grottes marines, se positionner au plus profond en restant à 1,5 ou 2m du fond, des parois, du plafond, autant que possible évidemment. L’objectif est de ne pas être en contact avec des surfaces mouillées voire ruisselantes et en être éloigné pour éviter la création d’un arc électrique avec elles.
Ne pas s’abriter sous de simples surplombs s’ils ne sont pas très hauts. Risque d’arc électrique entre le plafond et la tête…

Il existe une zone de plus faible risque de foudroiement au bas des falaises qui s’étend de 2 à 3 m du pied à une distance égale à la moitié de leur hauteur, ce qui crée donc une « bande » de protection relative…et s’il faut vraiment se déplacer c’est à l’intérieur de cette bande, à vitesse lente et à pas très court qu’on a intérêt à le faire.

En situation de zone humide ou inondable, on peut se retrouver comme sur un lac ou presque, c’est à dire une situation de plaine extrême, car le corps va constituer la principale et peut être unique « pointe »…pas d’arbres, pas de poteaux, pas de rochers qui dépassent, pas de creux marqués, le mieux et le plus prudent sera l’arrêt total, au plus près du sol, isolé au maximum, sans rien de métallique sur soi ou près de soi…et attendre patiemment que « ça se passe » !

La pluie est évidemment aggravante, en rendant potentiellement conducteurs des objets et le corps qui ne le sont pas ou seulement peu, d’ordinaire. Mais elle a aussi un inconvénient sérieux qui est de pouvoir provoquer un refroidissement voire une hypothermie, du fait de l’immobilité choisie pour éviter le foudroiement.
C’est pourquoi tous les familiers du littoral (et de la mer en général) préconisent de toujours avoir un vêtement de pluie efficace ET une « petite laine »…
La grêle, si elle ne « mouille » pas vraiment peut en revanche être un phénomène très violent dès que les grêlons ont une dimension respectable et une consistance « dure » (grêlons de glace pleine, transparente).
Jusqu’à 20 mm de diamètre, peu de danger même si ça peut être désagréable voire un peu douloureux, de 20 à 50, ecchymoses, douleurs vives, lésions voire petite fractures possibles si trop exposé (les doigts notamment). Au-delà de 50 mm (rarissime mais déjà vu jusqu’à 100 mm !) grave danger, risque mortel si exposé. Ca revient à une véritable lapidation !

Se protéger tête et nuque, notamment, peut devenir vital. Si abris « durs » possibles, il faudra trouver un compromis entre se protéger de la grêle et se protéger de la foudre…le cas des petits surplombs, très petites grottes, arbres isolés…sont des abris contre l’un mais des dangers quant à l’autre !
Sans abri immédiat, le « mouton » sera certainement la meilleure protection, le sac à dos vers le ciel avec la poche supérieure déployée au-dessus du cou et du crâne, les mains sur la nuque, tête  repliée, coudes serrés pour des grêlons petits à moyens.
Si on passe à de gros voire très gros grêlons, à croupetons serrés le sac à dos tenu au-dessus de la tête et des épaules en maintenant un espace d’amortissement , les bras serrés en dessous. C’est le sac qui prend les coups !

Un « ciré » un peu épais, voire doublé sera plus protecteur qu’un « k-way » et assimilés…mais aussi plus lourd et moins confortable, il faut choisir !
Au passage nous rappelons qu’il peut être très utile voire salvateur de doubler un sac à dos d’un sac poubelle solide 100 litres en bon état, par exemple…peut servir à vider le sac à dos sans exposer le contenu à des intempéries, du moins momentanément, évite que le contenu soit mouillé dans le sac à dos même, si pluies soutenues ou passage dans de l’eau, sert de flotteur si passage dans l’eau, peut servir d’isolant au sol, peut permettre d’utiliser le sac à dos comme protection une fois vidé du contenu, peut servir de vêtement de pluie de fortune en lui découpant une ouverture pour la tête, ou de sac « pied d’éléphant » pour jambes et fesses en station immobile prolongée, et diverses autres utilisations créatives… C’est franchement un bon accessoire polyvalent pour très peu de masse additionnelle et pas cher !

Enfin, rester un peu « zen », car la probabilité, en France, d’être gravement touché(e) par la foudre est de l’ordre de 1/100 000 à 1000 000 !

Or on dénombre environ 1000 000 coups de foudre annuel sur notre pays…
On ne dénombre donc qu’une centaine de personnes touchées par an dont 10% sont tuées (les vraies foudroyées) 80 % différemment bléssées (parfois très gravement) gardant plus ou moins des séquelles durables et qu’on appelle des « fulgurées », car non décédées. 10% s’en sortent avec plus de peur que de mal.
Les blessures sont surtout des brûlures, en sus des atteintes neurologiques, de chocs psychologiques, des surdités persistantes (bruit très fort et très proche), des lésions oculaires (effet lumineux très violent d’éclair ou de boule de feu).

Donc, c’est un risque bien réel, mais (très) peu probable, surtout si toutes les précautions précédemment délivrées sont mises en application autant que faire se peut.
On peut aussi relativiser en considérant que les orages à éclairs « verticaux » et foudre ne sont pas très étendus et se déplacent avec les nuages qui les génèrent, donc ne durent généralement pas bien longtemps au même endroit…ça laisse de l’espoir quand on est pris dessous !
Nous souhaitons donc à tout le monde d’échapper à ce méchant phénomène, (sauf si c’est voulu !), sans pour autant renoncer à toute activité de plein air dès qu’un orage paraît possible, pour ce qui est de la randonnée littorale.
C’est ennuyeux mais pas rhédibitoire…et même, certain(e)s aiment ça ! (En s’y étant bien préparé(e)s.)

C’est différent pour la randonnée de montagne et le via-ferratisme ou le canyonisme…le niveau de risque étant alors nettement plus élevé. Ca se discute en équipe…

 

 

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