Petite journée à la Malatière 017

Petite journée à la Malatière 017

8 février 2018 Grottes Spéléologie 0

Sortie d’initiation et d’entretien à la Malatière ( Bournois, 25 )

La malatière est réputée pour sa vocation de grotte d’initiation, notamment du fait de très peu de verticalité et d’un concrétionnement assez généreux pour finalement peu d’efforts et de temps dès ses premiers hectomètres, cette cavité peut devenir une grotte « classique » qui se mérite et pas donnée à tout le monde selon les tronçons visités, et le regard parfois un peu dédaigneux des routards de la spéléo pourrait bien changer s’ils avaient à connaître l’itinéraire menant au bout du bout…les quelque 2300 m de développement supplémentaires gagnés ( parfois durement…) durant les derniers 20 ans supposant une bonne forme physique et un mental affirmé pour leur parcours!


En revanche, et malheureusement, sa réputation de grotte sale, dégradée, sur-pratiquée et…très glissante…n’est pas usurpée, et nos propres observations sur 30 ans ne font que confirmer un aggravation constante de cet état de fait.
C’est donc très bien informés de ce que l’on peut y trouver et de ce qu’on n’y trouvera plus jamais que nous y avons fait un petit retour, en reprise anticipée de printemps, mariant les chevronnés aux novices sans trop savoir jusqu’où on irait !
Un départ réussi vers 17 h 30 nous vit arriver près de notre dortoir préféré, en réalité une superbe
fontaine-lavoir classée , édifiée par l’architecte Jean-Charles Colombot en 1763. Ses bassins rectilignes d’une vingtaine de mètres s’achevant sur un petit édicule de source rappellant les toits à l’impériale des églises comtoises du XVIIIe siècle nous offrit ses déambulatoires couverts très accueillants, pavés de grès. Jeux pour enfants et table de ping-pong en prime, mais à 23 heures, en plein village, nous nous sommes abstenus !
( topo d’avant 1995).

Bercés par le flot d’exutoire, une bonne nuit de 7 heures nous mit d’attaque, et c’est vers 9 heures
Que les premiers touchaient terre au fond du puits d’entrée de 6 mètres.

Progression glissante donc dans la gigantesque galerie d’entrée, passage des deux premiers ressauts, tous deux cordés en fixe, puis la petite vire de la Cathédrale toujours majestueuse. Assez surprenants furent les trois Rhinolophes rencontrés à hauteur d’homme et même plus bas dans cette portion de cavité, le réseau Nord leur étant dédié et réservé par de bonnes grosses grilles…derrière lesquelles ils sont si tranquilles !

Nous passons la chatière historique donnant sur le corridor des stalagmites, puis le premier tronçon de boyau à quatre pattes, devenu très confortable depuis les secours de 1998 ( Spéléologue décédé suite à crise cardiaque) et 2004 ( blessé vertébral sur civière-coquille à passer ) pour atteindre la salle du célèbre pilier, avec Chauves-souris ! C’est là que survint le premier incident, avec glissade magistrale et réception à plat dos sur tubercule stalagmitique…Douleur vertébrale persistante restant cependant supportable par le valeureux héros.

Repartis dans la seconde galerie basse à ramper, passage des dalles, puis salle de la rivière suivie de l’ancienne chatière un petit peu sélective qui ne l’est plus…La malatière a en effet connu un spéléo-secours qui a dû agrandir certains passages.

La jolie salle qui suivait n’étant plus du tout ce qu’elle fut, maculée de toutes parts et saccagée, nous la passons rapidement…pour équiper la « grande » vire terreuse que nous franchissons aisément, suivi du boyau étroit du balcon, lui aussi passé sans difficulté même par le traumatisé du dos, qui souffre en silence ! La grande promenade du Métro permet de constater les navrantes et irrespectueuses dégradations, qui gagnent peu à peu du terrain, jusqu’à rejoindre le petit lac aujourd’hui bien rempli. Nous ignorons la main courante en place à main gauche pour franchir le petit ressaut broché et ses colonnades de sortie, toujours avec une relative facilité.

Traditionnellement, nous déjeunons dans ce magnifique espace de gours, de concrétions de tous côtés, confortablement installés, et, le froid ne tardant pas à nous rappeler que 10°C n’autorisent pas longtemps les spéléologues mouillés à faire la sieste sans frissonner, nous reprenons le voyage après une petite rencontre germano-franco-anglophone avec deux visiteurs qui nous précédaient, déjà sur le retour. Grand couloir, jolis passages d’ensemble concrétionnés formant obstacles partiels, laisses d’eau, cascade en sommeil, faux-pas équipé en fixe, second faux-pas, lui aussi équipé, et c’est le terminus des années 90, avec son énorme trou à ordures et chaux, le portoir de livre d’or à signer fixé sur le gros rocher de l’ancien bivouac de travail.


Avec une pensée pour les travailleurs de l’ombre de la malatière et leurs longues journées de besogne acharnée dans les gravillons terreux, nous parcourons le boyau d’accès au nouveau réseau « Sud » et y accédons rapidement.
La première petite salle, et son ensemble de gours étant restée à peu près propre, nous nous proposons d’aller plus loin…et là, comme attendu, la première chatière en U est en eau. Pas aussi pleine qu’on l’a déjà connue et franchie, mais pas franchissable sans apnée et immersion totale.
Par chance, il y reste encore trois seaux du bon côté, et nous avons apporté deux bidons-écopes, ce qui permettra de vider le tout en moins d’une demi-heure, et de passer (presque) au sec et sans gravillons gênants. La seconde n’étant qu’à demi pleine, nous la passons franco…avec un peu plus de baignade donc !

Puis, c’est la récompense…première jolie salle, à peu près respectée, et du plaisir pour les esthètes. Le petit laminoir suivant est un peu plus serré, mais la belle salle qui suit, bien qu’un peu salie, emporte l’admiration, notamment ses deux grandes lames plafonnières, et l’ensemble des draperies pré-gothique.

Les passages bas successifs et ce que permettent d’observer les salles suivantes permettra à chacun de faire la différence entre les deux premiers kilomètres de cavité vandalisée par des milliers de passages d’individus inattentifs voire inconscients, et les deux suivants, encore à peu près vierges d’agressions répétées ( bien que déjà victimes de quelques atteintes ).
Nous n’affronterons pas la série des chatières terreuses et boueuses qui suit, faute de temps et ne voulant pas abuser des efforts déjà importants consentis par les novice et/ou incidentés .

Le retour fut, comme toujours dans cette grotte de la malatière , beaucoup plus serein sauf pour l’une d’entre nous victime d’un faux mouvement dans un passage de chatière qui lui valut un traumatisme sérieux au coude, le rendant très douloureux et réduisant fortement l’usage du bras…d’où une progression plus lente, avec, en contrepartie, le développement d’une entraide de circonstance à laquelle tout le monde contribua selon ses moyens.

Retour au ciel avant la nuit, deux petits balanciers de remontée de puits final, et la petite troupe se retrouva autour de la remorque pour un joyeux déballage de matériels et de vêtements. Même pas froid ! A 19 heures, après une petite manœuvre d’extraction de la voiture de la zone de boue, c’était le retour. Grâce à la bonne Xsara et sa remorque, voyage confortable avec pause de luxe en aire de repos, comme à l’aller et , vers minuit trente, Villeparisis était là, sous nos pieds, avec ses égouts pour seul réseau souterrain…même pas visitable !
Tous contents, tous au lit !

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