TGRLIFRA 9 B 846
TGRLIFRA 9 B 846


La TGRLIFRA est la Très Grande Randonnée LIttorale FRAnçaise, une promenade pédestre de quelques milliers de kilomètres sur la côte manchoise puis atlantique, avec quelques particularités…
– le parcours suivi est préférentiellement et autant que possible, au plus près du flot, quel que soit le niveau de marée.


Bien entendu, il peut arriver que des structures artificielles interdisent tout passage pédestre, ou que la marée rende impossible un franchissement durant des heures.
Ou encore, qu’un arrêté municipal, préfectoral, voire ministériel déclare un passage illégal.


– le randonneur, la randonneuse, sont autonomes, sont donc indépendants de tout commerce, mais susceptibles de quémander de l’eau potable si aucune source ou fontaine n’est accessible durant leurs étapes. Bivouac systématique.
– L’impact écologique est réduit au maximum, donc pas deux véhicules pour les navettes…ouvertes à l’auto-stop ou transports en commun locaux, selon les cas.


– Equipe de 1, 2, 3 ou 4 personnes au maximum.
– étapes calibrées à 25/35 km en moyenne, conditions rustiques, portage minimalisé.
Cette activité ne pouvant être menée en continu (estimation à 100 journées de la Belgique à l’Espagne) car nécessitant une trop importante disponibilité, elle est menée selon un séquençage chiffré, chaque séquence, (Ici la Neuvième : 9) étant composée d’étapes lettrées… (Ici la deuxième : B )


Les points kilométriques maritimes (PKM) sont comptés depuis la frontière belge, en suivant le trait de côte majeur. Il peut donc y avoir des longueurs non parcourues à pied du fait d’obstacles incontournables. Les parcours pédestres sont en kilomètres effectifs, (PK) qui diffèrent régulièrement des PKM du fait d’incursions dans les terres ou dans les villes et villages.
Etape N° 26 9 B : De la Pointe d’Agon à Saint-Jean-le-Thomas ( PKM 709 à PKM 747 général)


Lever matinal vers 6 heures, car il y a intérêt à profiter de la mer basse, soit pour passer les fleuves côtiers, soit pour franchir les secteurs rocheux, car cette fois il va y en avoir, contrairement à la veille !
Une nouvelle aube se dévoile, avec moins de vent que la veille.
Après 800 mètres sous la digue de Hauteville, c’est une vaste plage quasi-uniforme et miroitante qui s’offre au regard, et on distingue bien la masse émergente des bouchots et parcs à huîtres, qui, là aussi sont très étendus, sur une longueur de plus de 6 km et en moyenne 1 km de largeur
On imagine le niveau de production !
Au PK 06,40, je croise le premier fleuve, La Vanlée, de 15 km de cours, et dont le havre s’étale sur 500 mètres. Bien qu’à mer basse, ce petit fleuve s’étale largement, et c’est une traversée de 60 mètres que je vais faire, avec un « Déchaussé-Rechaussé »…et de l’eau au mollet.
je devine de loin que quelques curieux s’interrogent sur cette façon peu commune de procéder en saison froide.


Durant les trois kilomètres suivants, le paysage est monopolisé par les dunes à gauche et les bouchots à droite !
J’atteins alors l’entrée de Saint-Martin-de Bréhal. PK 09,40
Ce ne sont alors pas moins de 2 km de digue enrochée et surmontée de pans de béton que l’on doit suivre, heureusement à une certaine distance.
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Si les habitations sont plutôt confortables et bien entretenues, la plupart sont relativement « quelconques », peu de styles marqués, peu d’originalité
et, de plus, sont presque toutes closes. fenêtres et portes barricadées. Peu distrayant, donc !
4,5 km de plage encore, et j’atteins le milieu de Donville-les-bains, dernière ville avant Granville.


A partir de là, les rochers apparaissent et vont devenir dominants. La mer est à peu près à mi-marée montante, et, bien qu’à petit coefficient, ne va pas tarder à lécher le pied des falaises ce qui me bloquerait. PK 13,85.
Parvenu face au Casino, PK 15,00, après avoir supervisé une piscine littorale et longé de grands escaliers montant à la ville, j’ai deux kilomètres à faire dans les rochers, assez chaotiques et très anguleux, des schistes briovériens âgés de 500 à 600 millions d’années… très sombres et cassants.


Là où ils ont été érodés puis arrondis par le travail de la mer, ils deviennent plutôt glissants s’ils sont mouillés, et très glissants si une bio-pellicule de micro-algues s’est formée dessus. Une progression attentive est donc de mise, cependant que la mer monte…
Cela prendra un certain temps, mais je parviens à contourner le fameux Roc de Granville sans passer dans l’eau, et sans avoir à faire de la varrape !


Au final, je découvre que la rampe de remontée ancienne est fortement dégradée, et suis amené à gagner l’exutoire qui précède le grand môle portuaire, et l’issue est là…on monte sur la bosse du quai (avec un gentil graff rose !) et on atteint ce dernier avec une petite échelle fixe. PK 17,00.


De là commence un parcours péri-urbain, avec un atelier de réparation de bateaux classiques, où l’on sent le bois travaillé.
Plusieurs coques, mâts, roofs, et même un canoë « canadien » en acajou attendent-là qu’on leur donne une nouvelle santé voire jeunesse.
Les quais ne peuvent être longés que partiellement, vu l’emprise de plusieurs ateliers et bureaux.
J’y remarque de nombreux casiers très robustes qui semblent ne plus servir, et sont devenus partiellement des supports graphiques !
Je vois qu’il s’agit de dragues pour la récolte de praires…des engins hélas très destructeurs des fonds marins.


Je passe donc au plus vite ce tronçon urbain pour redescendre sur l’estran après 1400 m, ce qui reste raisonnable. PK 18,30
La mer montant toujours et ayant deux pointes encore à passer, je repousse le moment du déjeuner !
Il y a encore deux pêcheurs, ce qui signifie qu’un passage reste possible, avec ou sans se mouiller un peu.
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Pointe Gauthier puis Pointe de la Crête et son château perché…j’atteins Saint-Nicolas-Plage après avoir dépassé d’inesthétiques escaliers privés et leurs rampes rouillées…et frôlé une pancarte interdisant pêche et baignade !
Mais, réflexion faite, cette pancarte n’était là, et en attente, qu’au cas où une telle interdiction absolue viendrait à être nécessitée.
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Déjeuner au soleil qui est bien de retour malgré de gros nuages épars. PK 20,80
A la reprise, ce sont 7 km de plage rétrécie par la marée haute qui m’attendent, notamment à suivre la collection de propriétés privées de Saint-Pair .


Le second fleuve côtier apparaît au PK 21,30, il s’agit de la Saigne (ou Saigue), 11 km de cours et de faible débit (0,5 m3/seconde) ce qui permet de la passer sans déchausser, ni en mouillant les chaussures gr^pace à un seuil latéral artificiel.Cette petite rivière-fleuve émerge du village entre les maisons, dans un chenal étroit et sombre, différant fortement des émergences larges et naturelles des havres précédents.
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Peu après, une seconde piscine maritime apparaît. (La première étant à Granville).
S’ensuit 1 km de digue en enrochement, et là, soulagement…il n’y a pas de « remparts » en béton devant les maisons de Saint-Pair ! Ouf !
Encore 250 m et c’est le fleuve côtier Thar qu’il faut passer. Avec ses 24 km de cours et 1 m3/seconde, il est un peu plus « sérieux » que la Saigne.
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Mais son grand étalement permet de le passer en plusieurs bras et en marchant sur les talons… PK 22,55
Je retouve alors cette sorte de « corridor » paysager entre les vagues et pas moins de 5 km de digue et maisons sans discontinuer !
Cet alignement Jullouville-Carolles présente un enrochement très régulier et on échappe à nouveau aux murs de béton…Il va y avoir quelques maisons originales, avec en plus davantage de maisons séparées les unes des autres et plusieurs « de caractère ».
Cette après-midi, il y a un tout petit peu de monde , mais vraiment très peu ! La seule affluence sera incarnée par un groupe d’une vingtaine de longe-côtistes…soigneusement vêtus de néoprène ! PK 28,00


Je retouve alors l’estran rocheux avec la Pointe de Carolles qui marque le début des Falaises de Champeaux.
je ne pourrai en parcourir qu’un tiers, car la mer est encore trop haute pour la suite et je ne puis attendre une heure (voire davantage) sans risquer de gravement compromettre mes chances d’être pris en « stop », il est déjà près de 15 heures.


Je m’arrête au rocher du Sard, et recule pour m’engager sur un sentier de ravine où coule joyeusement un ruisseau. C’est le Crapot, 6 km de cours, dans la vallée dite « du Lude ». PK 29,30
Petite vallée très jolie, et qui l’est certainement encore plus au printemps, les feuilles vert tendre aux arbres !
On y trouve des genêts en fleur à la mi-novembre.
Cette vallée est aussi surnommée « Vallée des Peintres »…
Ci-après : L’Anse du Lude, Le Mont, La Cabane Vauban




Ce sentier s’accroche rapidement au GR 223, et, 1 km plus tard, on atteint la Cabane Vauban à 68 mètres d’altitude, et placée pour pouvoir surveiller les environs très éloignés. A cette hauteur, dans des conditions optimales, on peut en effet voir jusqu’à 30 km !


Donc, dans le cas présent, une vigie pouvait discerner le Mont Saint-Michel ( 13 km) la Pointe du Groin en Bretagne (20 km) les Îles Chausey, (24 km)…un point hautement stratégique donc ! PK 30,20..
C’est désormais sur le sentier que se poursuit l’aventure, bien tracé, agréable et donnant de nombreux points de vue.


Il passe près d’une seconde cabane de douaniers au PK 32,00, pour s’achever sur la D 911, à Saint-Jean-le-Thomas, au PK 32,70.
Curieusement, sur 500 mètres, j’aurai vu deux superbes vraies Coulemelles (Lepiota procera), un Bolet à chair jaune (Xerocomellus chrysenteron), un Bolet citron (Boletus edulis var. citrinus) qui est une variété très rare, à ne pas récolter, et une famille d’Agarics jaunissants (Agaricus xanthodermus). Bigre ! Plutôt riche le coin !!!


J’en ferai alors profiter un riverain qui s’est empressé d’aller chercher les coulemelles !
Bon…Ce n’est pas le tout, mais il faut « stopper », et je vois vite que la fréquence de passage est très faible…
Sur le point d’abandonner après 1/2 heure et six voitures, pour aller sur une autre départementale, un nouveau miracle s’accomplit : une dame sort de chez elle, et va justement dans ma direction et jusqu’à Granville…inespéré ! 13 km abattus…


Me voilà sorti d’un guêpier, mais pour tomber dans un autre…les routes que je comptais prendre sont toutes ponctuées de travaux publics, donc barrées, avec moult déviations, c’est très mauvais pour l’auto-stop !


Mais la chance était là ce jour-là, car je fus embarqué par un gentil paysagiste qui n’était pas à quelques kilomètres près et pris donc un itinéraire différent du sien habituel pour me déposer 19 km plus tard à un bon carrefour dans Quettreville-sur-Sienne…à peine 7 km de la voiture, à vol d’oiseau ! Au pire, une heure et demie à pied.


De là, encore chanceux, courte marche et peu d’attente pour être pris par une dame et son bébé de trois mois…et gagner encore 2,5 km à Hérenguerville.
Sans avoir à bouger beaucoup, toujours veinard, je suis pris par deux messieurs en congés qui m’amenèrent directement au Jumpy, en 5 km.. La boucle était bouclée ! Soit 33 km à pied et 40 en voiture.







Il me restait à repartir vers mon point de démarrage du lendemain, malgré toutes les déviations…
Ce fut dans Granville/Saint Pair que cela se corsa…heuresuement, une charmante opticienne (boutique censément fermeé à 18 h) m’accueillit pour m’orienter, puis un charmant mécanicien pour me réorienter… jusqu’à Sartilly.
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Plusieurs petites pauses « carte » furent alors nécessaires (mais sans détour) pour atteindre Genêts puis Saint-Léonard, village totalement désert et sans aucun commerce…hors-saison.
J’eus beaucoup de mal à trouver une maison éclairée pour parvenir à envoyer le conventionnel SMS du soir…
Il fallut encore un bon moment pour dénicher le départ du sentier d’accès à la mer, puis un lieu de parking autorisé malgré tous les panneaux restrictifs…et bandes jaunes au sol, et zone bleue, et places réservées, et pas de véhicules aménagés…un vrai jeu !
En bleu, marche littorale. 33 km. Autres couleurs, autostop. 40 Km.

