Crottes en grottes 571

Crottes en grottes 571

27 juillet 2022 carrières diverses Spéléologie 0

Crottes en grottes      571

Que voici un titre appétissant ! S’il est bien des sujets fort rarement abordés dans les colonnes des sites spéléologiques et subterranologiques, celui des comportements anthropiques relatifs à leurs déjections organiques en est un !
Ces produits excrémentiels que nous produisons inévitablement, de notre vivant au moins, ne soulèvent guère de problèmes particuliers lorsqu’ils sont émis de façon isolée dans des biotopes où les chaînes de décomposition des cycles de la matière sont complètes.
Ils constituent alors une nutrition directe de certains éléments biologiques coprophages du vivant, et/ou des engrais naturels favorisant les développements végétaux notamment.
Les choses se compliquent lorsque ces déjections sont collectives et massives, concentrées, mais ce ne sera pas le sujet ici.

En revanche, ce dont il est question, c’est de ces déchets susceptibles d’être déposés, fût-ce à petites doses,  dans des milieux où de telles chaînes biologiques cycliques n’existent pas et ne peuvent exister sinon très partiellement.
C’est que, au-delà des désagréments flagrants que nos déjections peuvent causer à autrui (Pollution visuelle, olfactive, sol glissant…), en sus des problèmes hygiéniques divers et de l’irrespect (voire mépris) des lieux, de leurs hôtes naturels et des visiteurs, leur impact sur l’équilibre physico-chimique n’est pas négligeable. Et peut même devenir important dans le cas des cavités très fréquentées.

Dès que l’on s’est éloigné des zones d’entrée des cavités, les chaînes de décompositions sont de plus en plus incomplètes voire deviennent inexistantes, car il va leur manquer des champignons, des algues, et surtout des bactéries qui initient les recyclages.

Notre bonne urine, que certaines personnes vont jusqu’à boire régulièrement, et que nous produisons à raison de 500 grammes pour 5 à 6 heures d’activité sportive, en buvant régulièrement, délivre 5 g. de Chlorure de Sodium, 1 g. de Phosphates, 10 g. d’ Urée, 1,5 g d’Acides organiques, ammoniaque et autres dérivés nitrés…et ce pour 1/2 litre d’urine.  ( environ 1, 5 l/jour est produit en moyenne pour un être humain moyen et moyennement actif…)
Quant aux fèces, à raison de 100 à 150 g. pour 16 h d’activité digestive puis métabolique moyenne, elles représentent des milliards de bactéries, en majorité mortes ou qui mourront après avoir formé des spores de résistance, d’espèces normalement absentes de ces milieux.
On y ajoute des phénols, des indols, des coprostérols, de la stercobiline, divers débris organiques complexes, végétaux ou anormaux, plus ou moins digérés, des sels minéraux, (dont phosphates de calcium ou de magnésium, carbonates de calcium ou de fer…
Mais aussi des gaz…dioxyde de carbone, azote et hydrogène, méthane, hydrogène sulfuré,…dont la présence dans les cavités n’est pas sans importance, selon leurs volumes et conformations.
La plupart de ces composés ne sont pas biodégradables dans les grottes et souterrains ou carrières, ou bien, ne le sont que partiellement, et leurs produits de dégradation peuvent être tout aussi toxiques.

En premier lieu, on peut essayer de vider sa vessie avant d’entrer sous terre, et si l’incursion n’excède pas quelques heures, le besoin d’uriner ne se fera pas sentir avant de ressortir…sauf dans quelques cas pathologiques!
S’il survient peu avant cette sortie, on peut aussi essayer de se retenir un peu…une fois n’étant pas coutume !
Pour le cas de sortie durable ou si la précaution n’a pu être prise…
Un premier raisonnement, applicable pour l’urine, peut être que la dilution (quand elle est possible) limite fortement les effets potentiellement délétères.
Il va donc s’agir ici de relâcher l’urine dans une eau courante ou dans des vasques les plus volumineuses possible.
En l’absence d’eau pour diluer voire emporter l’urine, on peut essayer d’en répartir l’épandage en évitant de la concentrer là où d’autres humains seront tentés d’en faire autant (genre petit coin sympathique abrité des regards).
On peut faire encore mieux si on est bien sensibilisé(e) à cette question, en urinant dans une petite bouteille 50cl à large goulot préventivement embarquée (1/personne) et qu’il faudra ressortir ou vider dans beaucoup d’eau présente ailleurs.

Pour les dames, cette formule n’est envisageable qu’en utilisant une « urinette » bien connue des grimpeuses au long cours.
Pas toujours commode d’utilisation il est vrai…ça dépend beaucoup de l’habillement et un peu de sa morphologie personnelle.
En ce qui concerne la défécation, il nous paraît indispensable d’être bien plus prévoyant et exigeant que précédemment.
Bien sûr que pouvoir vider son rectum peu avant la sortie sous terre est un atout majeur, qui, généralement, offre 20 à 30 heures de tranquillité en moyenne.
Quand ça n’est pas le cas, que l’envie survient, que se retenir n’apparaît pas envisageable ou pas assez longtemps, il va falloir déposer ses petits « colombins » dans un sac plastique disposé à cet effet (et donc à prévoir…). Ce sac, suffisamment résistant, sera soigneusement replié et occulté, élastique en sus, et prudemment enveloppé dans un second sac ou dans une petite boîte hermétique (elle aussi emportée en prévision).

Quand ce double emballage est réalisé sérieusement, il n’y a ni « accident » ni fuite malodorante à craindre.
Si la sortie n’est pas une traversée, et si la surprise est intervenue à l’aller, ce conditionnement peut très bien être laissé là en attente de reprise au retour…masse en moins à porter et risque d’ennui d’autant plus réduit !
Bien évidemment, les accessoires cellulosiques associés à cette défécation sont logés dans le premier sac avec les fèces .
La méthode consistant à mimer le processus appliqué aux crottes de chien, avec un petit sac noir tenu sur la main et que l’on retourne après empoignement de l’étron est applicable mais…il ne faut pas avoir de selles trop molles voire fluides. Et là aussi le double-emballage est de rigueur !

Enfin, pour les incursions de plusieurs jours, on peut aussi être encore plus préventif.
Il suffit en effet de ne pas consommer d’aliments sources de résidus intestinaux durant les 2 à 3 jours précédents…et de n’emporter que ça sous terre pour s’alimenter…il va se produire une défécation peu avant cette sortie, puis 2, 3 voire 4 jours sans besoin d’aller « à la selle », ce qui résout le problème puisqu’il n’existera pas !

Régime alimentaire sans résidu (indicatif)
  • Légumes : aucun (ni cuits – ni crus)
  • Fruits : cuits seulement : pomme, poire, pêche
  • Viandes : oui si peu grasse (jambon, viande séchée, par ex.)
  • Poissons : Oui.
  • Œufs : Oui.
  • Farineux : riz blanc, pâtes blanches, polenta, semoule, farine, pommes de terre, biscottes, zwiebacks, pain blanc grillé

Tout a une limite… -:) !
Si la sortie dure encore davantage, emporter des aliments du même type réduira considérablement le nombre des épisodes de défécation.

On le voit donc, pour peu d’être conscient des conséquences des déjections humaines abandonnées sous terre, peu d’efforts et peu de matériel suffisent à les réduire considérablement.
Ça vaut la peine d’y réfléchir et d’agir pertinemment !

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