Le recyclage d’automobile en spéléo 305

Le recyclage d’automobile en spéléo 305

23 mai 2020 Spéléologie 0

Le recyclage d’automobile en spéléo       305

Tout augmente, sauf les subventions aux clubs, à de rares exceptions près et sauf projet extraordinaire…ou relations privilégiées avec le bailleur… C’est ce que l’on entend souvent, et, hélas, vérifie souvent aussi !
Il peut en résulter un appauvrissement de la trésorerie, et dès lors, si l’on se refuse à augmenter les participations financières des adhérents, un club se doit de réaliser des économies là où elles peuvent l’être, sans toutefois altérer la qualité de son fonctionnement ni atteindre la sécurité des personnes durant ses pratiques.
Le matériel, notamment celui n’affectant aucunement cette sécurité, peut être mieux entretenu, réparé autant que faire se peut, et l’on peut orienter les achats vers des produits moins sophistiqués, beaucoup moins chers, sans qu’il en résulte de désagréments.
Quant au matériel directement en lien avec la sécurité, il y a aussi des économies possibles, mais, bien évidemment, elles ne peuvent être envisagées qu’avec circonspection.
Dans cet article, on en donne cinq exemples, volontairement issus d’un recyclage d’éléments automobiles.

  1. La ceinture de sécurité
    Cet élément est particulièrement fiable, sangle polyester d’une largeur moyenne de 50 mm, résistance nominale supérieure à 2500 daN. Il peut être recyclé en anneaux fermés avec noeud de sangle ( les petits bouts « dormants » soigneusement cerclés d’adhésif ) soit tel qu’il se présente soit replié et cousu, ramenant ainsi sa largeur à 23 mm environ.
    Il y a bien sûr des inconvénients, mais mineurs. Par exemple, le volume occupé dans le sac, la masse (100 grammes au mètre en moyenne), et la largeur de 50 mm qui ne permet pas tous les montages d’équipement. 
    Il n’y a pas de rentabilité à l’acheter neuve, environ 3 €/m…plus cher que des anneaux de sangles cousus CE !
    Leur utilisation sera majoritairement dans les départs de grotte, notamment sur les arbres et autres amarrages « naturels » extérieurs, de sorte à ne pas les trimbaler  trop longtemps.
    Si on a le moindre doute sur la résistance du produit, il suffit de ne pas l’utiliser en amarrage « vital », mais déchirer une telle sangle si son composant polyester n’a pas été dénaturé chimiquement (immersion dans du gazole par exemple) et si elle n’est pas fortement dégradée ( forte érosion , coupures…) est quasiment impossible.
    Si sa largeur initiale peut être un handicap sous la forme anneaux de sangle, elle devient au contraire un atout pour réaliser des harnais artisanaux, non pas cousus mais noués, selon un modèle anciennement prôné (comme harnais de dépannage) par d’éminents spéléologues (Marbach/Rocourt).
  2. Les ancrages fixes de ceinture de sécurité.

    Il s’agit des modèles en plaquette pliée, présentant un anneau de 20 mm d’un côté, et d’un trou de 12 mm de l’autre.
    Produites en acier cadmié, dans une tôle de 3 à 3,5 m, elles ont une résistance phénoménale de 3000 daN.
    Généralement garnies de 6 picots formés par poinçonnement, qui empêchent leur rotation une fois serrées.
    L’utilisation en tant que plaquette d’amarrage est sans problème sur des gougeons de 10 mm. 
    Pas pratiques pour y positionner deux mousquetons à la fois, comme certaines plaquettes modernes, et lourdes, forcément. Mais, là encore, si on ne les porte pas en nombre sur un long parcours, l’inconvénient est négligeable.
    En revanche, les utiliser avec des vis de 8 mm implique d’ajouter une rondelle. Rendre la vis imperdable nécessite un circlips large…du coup, ça limite l’usage à des amarrages fixes, de préférence (genre main courante de passage) ou à des amarrages secondaires et sur lesquels les efforts produits seront en cisaillement seulement et non en arrachement.

  3. Les ancrages mobiles des ceintures de sécurité

    Leur forme particulière les réserve à un usage avec les ceintures justement. L’évidement rectangulaire servant à l’ancrage ne peut pas être utilisé avec des vis de 8 mm. Mais cela reste possible sur les gougeons et chevillages de 10 ou 12 mm, c’est à dire, le plus souvent, pour des équipements extérieurs ou proches des entrées de cavités naturelles ou artificielles. Le boulonnage nécessite une rondelle large pour éviter un mauvais positionnement de l’écrou hexagonal.
    Afin d’éviter un frottement de la sangle contre la paroi, ces ancrages doivent être posés de sorte qu’il subsiste un espace de quelques millimètres au passage de la sangle, ou bien doivent être légèrement cintrés dans un étau (Quand ils ne le sont pas d’origine) pour que cet espace libre soit préservé, même en cas de pose sur une paroi uniformément plane.
  4. Les chambres à air.

    Bien sûr, elles deviennent rares, mais une seule permet déjà la confection de nombreux anneaux de caoutchouc, qui, selon le diamètre nominal, feront de très bons élastiques de bottes, toutes pointures !
    Ces anneaux trouvent aussi divers usages, selon l’ingéniosité des utilisateurs, que nous ne développerons pas ici.

  5. Les anneaux de remorquage
    Leur usage concerne les équipeurs de voies, car ils remplacent sans problème les broches à sceller.
    Les modèles courts ont l’intérêt de pouvoir être utilisés sur des structures artificielles d’entraînement en bois épais, grâce à deux écrous et rondelles.
    Ils peuvent aussi être utilisés dans un scellement, quitte à devoir leur ajouter une patte soudée.
    Les modèles longs sont évidemment destinés aux scellements, soit tels quels si scellement chimique, soit améliorés d’un ergot soudé ou d’un écrou soudé si scellement classique au ciment.
    On peut même les utiliser en équipement démontable, en scellant un écrou en profondeur avec un tube fin ajusté au corps de l’objet. Leur résistance est là encore bien au-delà des forces-chocs qu’un corps humain en chute libre peut leur faire subir.

    Malgré tout, on n’en fera pas des amarrages vitaux, même si leur fiabilité est indubitable, pour des questions juridiques en cas d’accident qui surviendrait (quand bien même il surviendrait sans que ces broches artisanales soient impliquées dans l’accident).
    Ils peuvent servir pour entraînement sur structures, en amarrages de confort, en amarrages de manœuvres techniques…

    Ce ne sont là que quelques exemples…il y a de nombreux bricoleurs parmi les spéléologues !
    Il faut accepter de sortir des sentiers battus, normes en tous genres, dogmes intégristes…
    L’air de rien, ce sont de petits euros ou dizaines d’euros qui s’additionnent…et à la fin de l’année, l’économie s’exprime en centaines d’euros pour un club actif, surtout s’il développe et entretient des structures d’entraînement locales, ce à quoi sont amenés pas mal de clubs de régions sans karst à proximité.
    Ajoutons que ce genre de détournement de destination d’objets divers, réutilisés tels quels ou recyclés est aussi une démarche écologique…les choses ayant ici une seconde vie.

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