Séance d’initiation à la subterranologie (1) 749

Séance d’initiation à la subterranologie (1) 749

19 juillet 2024 Spéléologie 0

Séance d’initiation à la subterranologie      749

Comme indiqué dans plusieurs de nos articles, la subterranologie est une science, ou, plus exactement, un ensemble de sciences en ce qu’elle fait appel à diverses qualités du « scientifique », à des techniques et des processus propres aux démarches scientifiques, ce qui n’exclut pas du tout les aspects aventureux, sportifs, ludiques ou récréatifs, ni la dimension sociale, artistique, culturelle, littéraire et même poétique !
Pour autant, une approche pédagogique formatrice peut s’avérer nécessaire pour acquérir les dites méthodes et s’accoutumer au monde souterrain.
Une petite séance de plusieurs heures attachée à un ouvrage souterrain mineur a pu ainsi être développée à l’intention de novices.
– Effectuer une prospection documentaire pour trouver un site à rechercher sur le terrain.
Le résultat retenu fut un aqueduc d’évacuation réalisé en 1810 sous un canal
– Rechercher son emplacement avec la plus grande précision possible, dans des documents archivés, sur Internet ou par le bouche-à-oreille plus ou moins local.
Le résultat obtenu permit de situer l’objet dans un secteur de 100 m x 1500 m, ce qui est beaucoup…pour un objet dont les dimensions de la partie supposée visible sont de l’ordre du mètre., soit 150 000 points possibles pour 1m² observable.

 

– Effectuer une élimination préliminaire des lieux improbables voire impossibles.
Le résultat amena 50% de réduction, ce qui était appréciable.

– S’emparer du matériel minimal pour une prospection : carte, boussole, (ou applications de smartphone adéquates) écritoire, éclairage, casque, gants, vêtements et chaussures adaptés, éléments de sécurité, eau…
– Sur le terrain, opérer un « ratissage » rationnel, avec une grosse potentialité de réduction des zones à prospecter dès lors que l’on voit le terrain, sa morphologie, son occupation végétale, son occupation humaine…
– Après plus d’une heure de recherche, cet aqueduc est déniché, à quelques mètres d’un chemin balisé, très discret en arrière d’une butte terreuse garnie de végétaux abondants, paré de lierre et de mousses…un vrai camouflage !
– Positionnement précis
En l’occurrence, son entrée encore libre est elliptique, environ 22 cm X 60 cm, terreuse.
– Observation de précaution des abords et du départ, les lampes entrant alors en fonction

 

 

 

Un quart d’heure de « jardinage » va suffire à ménager un passage à caractère humain, 30 cm x 70, toujours elliptique.
ceci permet alors une seconde observation de précaution, plus approfondie…

 

 

Résultat : aucun obstacle dangereux, aucun animal susceptible de l’être…mais rien ne dit qu’il en sera de même plus loin…

 

– Dimensions « confortables » de l’ordre du mètre, sol praticable aisément, progression quadrupèdique.
Troisième observation de précaution : rien à signaler.
– Pour cette fois, la fin du voyage arrive rapidement, après une accoutumance à la présence de milliers d’insectes volants, heureusement non piqueurs !
– On passe aux observations, mesures, réflexions, ce qui va donner ce jour-là :

 
  • Cet aqueduc se situe à 890 m en aval du grand, dit « Grand aqueduc » (balise rouge), à 10 m près
  • il débouche à flanc de talus supérieur de rive gauche du canal, talus travaillé à environ  45°

  • ses coordonnées approximatives sont :  X  48.985    Y  2.925    Z : 51,5 m (La rivière proche donnée à 46,5)

  • Largeur originelle  1 m     hauteur originelle  :  0,9 m

  • Longueur actuellement visitable 31 m, les 6 derniers mètres à ramper sur 3 m puis visite visuelle seule possible.

  • Aucun détritus visible ou presque.
  • Pullulation de Tipulidés ( « faux-moustiques »…heureusement !!! 🙂!) Des milliers !!!

  • Autre présence animale visible très réduite, se limitant essentiellement à des Arachnides et des Mollusques, pas d’empreintes de Mammifères ou d’Oiseaux observées au sol, ni poils, ni plumes, ni ossements.

  • Facture en moellons grossiers appareillés au mortier, voûte plein-cintre, entrée et renfort d’arcature interne en pierres taillées, à claveaux et sommiers.

  • Du fait du tassement inéluctable de ce grand talus durant 1 à 2 siècles (selon remaniements techniques successifs), il est apparu plusieurs petites lézardes sub-verticales liées au basculement progressif. Ces désordres structurels n’inspirent aucune crainte d’éboulements, les bâtis restant cohérents.

  • sol dallé de pavés de grès larges, jointifs

  • très peu de dépôts limoneux
  • quelques encombrements terreux et de bois mort dans les derniers mètres d’aval

  • Pas de végétaux ombrophiles repérés, pas de champignons macroscopiques.

  • franchissement initial réduit à 30 cm x 80 cm, lenticulaire, s’élargissant rapidement, aisément façonnable si nécessaire.

  • sol humecté, pas ou très peu parcouru par de l’eau, du moins depuis quelques années

  • fond encombré d’un talus terreux remontant au ciel de voûte
     
  • Cet aqueduc est horizontal sur ses derniers mètres d’aval (par où on entre actuellement) mais bâti en pente régulière remontant vers le sud-ouest, estimée à 5 ou 6 %.
    A 30 m, son ciel se trouverait donc à environ 54 m d’altitude, la berge de contre-halage se situant à peu près à 58 m flanquée d’une zone en léger contrebas à 57 m
  • A 30 m, le débouché potentiel vertical se trouverait à environ 5 ou 6 m du canal, en rive droite bien sûr.
  • A la différence du Grand aqueduc , celui-ci n’a pu avoir une vocation piétonnière.
    Sa présence pourrait s’expliquer soit pour évacuer les eaux météoriques de la grande cuvette de la berge droite, collectant un bassin versant du coteau non négligeable,(évitant ainsi un réservoir d’eau qui exercerait une forte poussée latérale sur la berge) soit pour évacuer des eaux qui inonderaient une carrière souterraine ce qui est le plus probable car il en existait au moins une vers 900 m à compter de celle du grand aqueduc et une autre à 950 m, les deux n’en faisant peut-être qu’une (?), toutes deux décrites comme inondables, et sans entrée « horizontale » connue…il fallait donc bien une évacuation artificielle des eaux remontantes de la rivière en crue lorsque celle dernière passait en décrue…la seule percolation gravitationnelle étant très lente, ce qui aurait neutralisé l’exploitation beaucoup plus longtemps. (Même raisonnement pour les autres aqueducs de carrières)
    Par ailleurs des puits (d’accès, d’aérage ou d’extraction) ont été naguère signalés dans cette section du canal, dont un distant des eaux de 6 mètres seulement, mais tous condamnés depuis des années.
    La connexion historique avec une ancienne carrière est donc très probable.
  • L’accès moderne est très discret, quasiment confidentiel, une gibbosité d’accumulation de délais issus d’une opération de désobstruction ancienne masquant l’ouverture pour des piétons usant du chemin qui longe le talus principal, la végétation aidant, l’ouverture elle-même restant anecdotique dans le couvert.(Balise jaune)
     
  • Cette construction ne présente aucun risque à rester en l’état.

  • Elle se trouve à environ 660 mètres (en aval du canal) de l’ex-entrée d’une carrière, elle aussi totalement condamnée par bétonnage massif.(Balise bleue)

Il ne reste plus qu’à dessiner et rendre compte, topographier et publier si souhaité.
Plus tard, peut-être, revenir et compléter ou…creuser !!!

 

 

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