Coco descend sous terre avec Fifid 527

Coco descend sous terre avec Fifid 527

2 avril 2022 Spéléologie 0

Coco redescend sous terre  avec  Fifid   527

C’est une nouvelle journée d’aventure avec SJV qui s’ouvre…

Expédition dite « de débutants », pour s’initier aux prémices de la spéléologie…dans une jolie cavité agrémentée d’une rivière vive et cristalline.
De cinq prévus au départ, nous sommes finalement trois, ce qui est une formation quasi-idéale pour le néophyte « pur » qu’est Fifid,  accompagné de Coco et Kiki, deux expérimentés, qui, de plus, connaissent déjà les lieux.

Pour moi, Coco, c’est un « retour aux sources » puisque j’ai eu le plaisir d’explorer ce site il y a quatre ans…et j’en avais eu un tel bon souvenir que je me faisais une joie de pouvoir y retourner, désormais bien accoutumée aux conditions d’évolution hypogée des spéléologues.
Départ 8h et arrivée à 11h… Eh oui, c’est un peu loin et entre la circulation routière et une erreur de trajectoire, ça à été un peu plus long que prévu ! Mais rien de grave, justement parce que nous somme trois…on voulait juste éviter de faire attendre Bruno, le détenteur de la clé ! …
Kiki récupère cette fameuse clé pendant que Fifid et moi allons nous boire un café…coup de chance, en dépit de ses seuls six cents habitants à peine, il existe toujours le bar près de l’église, « Au p’tit Bock » de Cyril Georges !

 

 

 

C’est alors l’installation des cordes pour descendre dans le puits…une trentaine de mètres quand même !
Ce puits a été construit au XIXème siècle et aboutit à une rivière souterraine active, lieu  appelé « Puits Bouillant » en raison du bruit que l’on entend de là haut, et qui évoque vraiment un gros chaudron d’eau en ébullition !
On s’habille et je suis contente de voir les automatismes bien ancrés, au point de pouvoir conseiller et surveiller l’équipement de Fifid.. 

Pour lui c’est donc sa première expérience des profondeurs… Il y va « zen », sans a priori. On l’a bien conditionné…

Bien qu’il y ait une échelle fixe qui dévale les trente mètres de ce puits, nous faisons la descente « façon spéléo » sur corde. 
Je descends la première pour guider Fifid et peut-être que ça le rassure un peu, lui qui avait supposé être acrophobe. 
Il est tout content de cette nouvelle expérience…et en fait d’acrophobie, on verra plutôt une acrophilie apparaître derrière son sourire épanoui !

Nous arrivons donc assez vite en bas, puisque comportement sans aucun problème, et attendons Kiki qui installe une corde de sécurité sur les échelons pour la remontée…car elle se fera en mode « via ferrata » pour ce qui est des barreaux, et « via cordata » pour ce qui est de la ligne de vie.
Je suis heureuse de revoir ce cours d’eau qui bouillonne et sillonne dans son couloir, chantant, miroitant, facétieux… 
Nous commençons la progression, ce qui me ravit. 
L’ayant fait en débutante, le refaire aujourd’hui change complètement le ressenti. 
Je suis toujours aussi émerveillée et je chemine avec un réel plaisir, que le conduit soit bas et argileux ou de plus en plus haut, entre falaises sauvages tout de roches anguleuses faites.

Nous arrivons vite devant un mur construit par l’ingénieur Béguine pour essayer, voici bien plus d’un siècle, de faire un bassin de retenue pour un bélier hydraulique, dans l’idée de capter l’eau, de l’apporter en surface, ceci à la création du puits…. Qui n’a jamais été fonctionnel, ou du moins très ou trop peu de temps pour des raisons techniques !
J’imagine la déception des saint-aubinoises et saint-aubinois de cette époque !
Et celle des puisatiers…dame ! Vigt-neuf mètres à piocher dans du bon calcaire crayeux cénomanien (100 millions d’années environ) à creuser sur 1 m de diamètre, selon une verticale quasi parfaite, et tout ça pour des « prunes » !
Quant au sourcier de cette époque, on peut lui tirer notre chapeau à titre posthume, car détecter un cours d’eau à 30 mètres sous ses pieds avec une simple petite fourche de coudrier pour appareil, ça suscite l’admiration, non ?

Nous l’escaladons, ce mur,  et nous reprenons le suivi du cours d’eau.
Le plafond est plus ou moins haut selon les endroits. La géométrie des roches est très belle bien que presque partout recouverte d’argile. 
À certains endroits, c’est l’escalade des rochers écroulés..chacune et chacun cherche son passage instinctivement..Fifid ira jusqu’à ramper dans l’eau pour tenter un franchissement aquatique !!! Mais sans succès…Ses lointains ancêtres devaient être des anguilles…mais pas lui !
Et nous arrivons aux « marmites de géants », une belle succession étagée, ornée de cascatelles rafraîchissantes !
Bassins naturels cette fois, plus ou moins profonds. 
Nous essayons de les passer sans trop nous mouiller au delà des genoux car l’eau est quand même très froide…ce ne sera pas toujours facile, ni réussi ! 

Fifid, passe avec aisance et de beaux jeux de grands écarts. 
Kiki comme à son habitude est souple et à l’aise, mais c’est une apparence seulement…
Étant plus petite de taille, les grands écarts pour moi ne sont pas suffisants… Mais Kiki, toujours chevaleresque, m’aide à passer en s’étant attaché avec une sangle pour m’attraper quasi au vol.
Deux heures… et nous arrivons au bassin final, qui est en fait un siphon infranchissable pour nous . 

 

Mais la balade ne s’arrêtera pas là…
Une paroi de trois mètres,  des cordes bien glissantes invitent à une nouvelle exploration. 
On grimpe du mieux possible sur cette paroi qui fait plus penser à une planche recouverte de savon noir bien glissant qu’à une belle roche polie, ce qu’elle est pourtant, ou plutôt serait si des dizaines ou centaines de bottes crottées n’y passaient pas chaque année.
Nous y ajoutons les nôtres, et, après un premier tronçon à genoux dans des goulottes bourbeuses, débouchons dans un espace où des statues de glaise veillent sur l’endroit. 
Et commence alors une avancée beaucoup moins facile dans des boyaux où le quatre- pattes est la seule option. 
Ça colle, ça glisse, ça salit, ça coince un peu parfois, ça demande des postures inhabituelles, et des efforts certains.. Mais quel bonheur de se sentir comme des enfants dans la gadoue !
Un court toboggan rocheux nous emmène plus en profondeur…on peut se poser quelques questions déjà…

Je sens que je m’essouffle de plus en plus mais je continue. 
Je mets ça sur le compte de la fatigue et/ou de l’âge, ou du manque de technicité !
Fifid et Kiki sont à l’aise…ou du moins le paraissent, car avec ces garçons, l’amour-propre peut faire dissimuler au « public » leurs difficultés réellement ressenties !!!
Fifid met en effet un point d’honneur à se débrouiller seul là où j’apprécie de me sentir, tirée, soulevée, poussée (à coup de pied « modéré » parfois), pour passer des endroits un peu trop ardus.
La progression est lente et fatigante. Je respire comme si j’avais couru un marathon. 
Un peu plus tard Kiki, nous expliquera que cette problématique de respiration était une expérience à connaître… 
Nous étions en fait dans un endroit très chargé en dioxyde de carbone !!!
Je me demandais aussi pourquoi il avait dit à trois reprises : « j’ai un truc à vous expliquer, mais on verra ça plus tard… »
C’est qu’il le savait le brigand ! Il savait que ce boyau est riche en CO2…quand je pense que je lui fais confiance…
Et je comprends aussi pourquoi il a mis bizarrement fin à la progression alors qu’on ne semblait arriver à rien ni sur rien…plus loin, c’était un laminoir inondé !!!

Nous revenons sur nos pas (nos genoux !) et enfin pose déjeuner… Il est 14h45.
Le repas ne dure pas longtemps car l’inconvénient de manger froid est la sensation de refroidissement rapide du corps.
Mais je sais que les physiologistes ont décrit la réalité réactionnelle profonde de l’organisme, que les sensations immédiates nous font méconnaître  En effet, lorsqu’il fait froid, on a tendance à consommer des boissons et aliments chauds pour se « réchauffer ». Un comportement qui nous fait « du bien » à court terme, mais qui s’avère rapidement contre-productif…hélas !
Car, lorsque ces produits sont ingérés, les récepteurs présents sur la langue alertent immédiatement le cerveau, qui va se charger d’ajuster la température interne du corps. L’organisme se met donc à transpirer, de manière à refroidir le corps, ce qui va à l’inverse de l’effet recherché.
A l’inverse, lorsque l’on choisit un aliment froid, le corps doit produire un effort pour maintenir sa température , ce qui le réchauffe naturellement.
Quant aux calories absorbées du fait de la chaleur massique de l’aliment elles sont en quantité ridicule, souvent moindre que celle contenue dans un seul petit morceau de sucre !

Du coup nous reprenons assez vite le chemin du retour, les doigts déjà froids à enfiler dans nos gants mouillés…et très froids aussi si on n’a pas eu la présence d’esprit de les lover contre le corps, sous la combinaison… 
Ayant des besoins naturels et pas les mêmes facilités que ces messieurs, j’opte pour la philosophie du « mouillé pour mouillé » et m’immerge jusqu’à la taille pour repasser les marmites…ça rince bien !!! Et ça réveille bien aussi !
L’avantage c’est que ça va plus vite à franchir…on ne réfléchit plus autant… 

 

Le chemin de retour me semble très court, que nous voici de nouveau devant le mur… 
L’air de rien, nous avons foulé de nos bottes le lit du torrent, un lit de marnes centenaires, mais on parle ici de millions d’années, pas de simples petites années…cent millions d’années…à cette époque apparaissaient sur Terre les premières fourmis ! Pour les Homo il faudra encore attendre 800 000 ans !
Nous repassons donc ce barrage, après une minute de silence humain pour goûter la musique des flots, et avec pose « photo souvenir »… Même si je n’ai pas résisté au plaisir de « mitrailler » un peu à l’aller, sans compter les petites vidéos. 

Là, c’est une autre étape, bien dans le genre SJV qui profite de toute facilité naturelle, sans pour autant nuire à la nature… Le nettoyage des combinaisons recouvertes d’argile bien collante, fait au fil de l’eau, rendant ainsi à la grotte ce qui en vient.
Chacun se frotte, gratte et nettoie le matériel glaiseux et « gras ». 
Puis, à tour de rôle nous « récurons » le dos des coéquipiers…ça prendra un petit quart d’heure !
Et voilà ! Nous sommes de nouveau au pied du puits où vingt-neuf mètres de remontée nous attendent. 
Kiki passe devant pour rassurer et conseiller, voire protéger Fifid qui n’est pas familiarisé à l’exercice… Eh oui, pour lui c’est vraiment la journée des premières… 

Si on lui demande quelle est la dernière chose qu’il ait faite pour la première fois, et quand… Eh bien,… c’est celle d’aujourd’hui (- : !

 

 

Je passe la dernière, car je suis chargée de démonter la corde de sécurité… Et ça c’est ma première fois aussi…vu que d’habitude je suis plutôt photographe. Il en faut pour tout le monde et on peut compter sur Kiki pour ça. 
La remontée se déroule sans aucune difficulté, méthodiquement, et les effets d’éclairage, artificiel par en-dessous, naturel par au-dessus, égayent le parcours dont la ligne de vie est fractionnée tous les sept barreaux, soit environ 2,5 m de chute au maximum, le cas échéant.

Mais ce cas n’échoira pas !
Les coéquipiers arrivent alors l’un après l’autre à la surface, où le vent, la pluie et surtout le froid nous attendent. 
Du coup kiki remonte l’autre corde où est accroché le bidon afin de pouvoir faire se changer Fifid à la voiture pendant que je continue ma progression et mon démontage. 

 

 

 

A peine émergée, je me réfugie vite aussi dans la voiture qu’ils ont fait chauffer ce qui est bien agréable. 
Fifid étant le premier habillé, il va finir de décrocher les cordes et Kiki referme l’accès au puits. 
Nous sommes encore un peu « gelés », mais un petit goûter et la chaleur bienvenue de la voiture nous font du bien. 
Et maintenant il faut encore reprendre la route. 20h30… le retour est là pour 3 aventuriers bien fatigués  mais heureux de cette journée extra-ordinaire, hors du temps et de l’espace.

Merci à SJV…bravo à Fifid !!!

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *