Cortège d’oiseaux sur le Grand Morin 543
Cortège d’oiseaux sur le Grand Morin 543
Par un doux mercredi de mai, nous avions décidé de faire un petit tour en canoë.
Ne disposant que de dix heures, seule une rivière peu éloignée pouvait convenir, sauf à ne rester que peu de temps sur l’eau.
Fidèle à ses lignes fondamentales, SJV est autonome…ce qui a ici l’inconvénient d’impliquer un chargement, un transport, une mise à l’eau improvisée, diverses manutentions, autant de temps et de travail que ceux et celles qui se contentent de louer des embarcations sur place n’ont pas à dépenser.
En revanche, bien évidemment, ils dépensent un peu d’argent (320 euros en 2022 pour la journée et 8 personnes…en deux jours on a déjà dépensé le prix d’un canoë !).
Du fait de ce qui précède, sur 10 heures, il peut rester environ 6 heures à pagayer sur l’eau, ce qui n’est déjà pas mal vu qu’il s’agit d’une rivière à planiols c’est-à-dire nécessitant pas mal de pagayage de progression…donc des bras !
Nous avons dès lors sélectionné un parcours de 20 km piqueté de quelques barrages, déversoirs, et arbres tombés çà et là, à savoir Pommeuse/Crécy-sud sur le Grand Morin.
Nous laisserons donc un véhicule de navette près du pont sur le Grand-Morin, proche du cimetière du quartier « le Faubourg » au sud de Crécy.
Notre accès à Pommeuse sera peu commun, comme souvent, avec une berge très raide dénivelant 4 m qui sera aisément franchie en laissant les bateaux glisser sur la terre, en aval du Pont de la D216, avec un super parking proche de la mairie, à 150 m de là, pour véhicule et remorque.
La navigation s’avère facile, on est le 1er juin, mais le niveau est déjà tout juste pour nos bateaux lourds et chargés…on frise les 250 kg pour deux et un bidon, quand même…
Il est clair que sauf pluies soutenues, les choses seront bien moins agréables dans quelques semaines !
Le débit moyen du Grand Morin étant de 7,5 m3 par seconde, on note en effet qu’il chute de 50% en août et de 75% en septembre (2,5 m3/s)…En revanche, cette rivière est connue pour ses puissantes crues (jusqu’à 150 m3/s soit 20 fois son débit moyen !!!)
Nous observerons d’ailleurs des alluvions perchées dans des branches fixes à 1,5 m au-dessus du niveau actuel…
Une petite dizaine de seuils divers seront passés, allant de la petite vanne aux déversoirs géants par leur étendue, certains aisément franchissables en navigant, d’autres impraticables sans risquer de dégrader voire briser les bateaux ou de sérieux accidents des personnes, non par la violence des eaux mais par leur insuffisance pour franchir l’obstacle en restant dans l’embarcation, ou pour assurer sa réception non traumatisante après le passage.
Nous nous refusons à indiquer où et comment franchir ces obstacles, car ce choix revient à chaque pratiquante ou pratiquant, étant déterminé par nombre de facteurs subjectifs comme objectifs :
– débit de la rivière au temps T , surtout celle-ci où ce débit peut varier très fort !
– nature et gabarit des bateaux, notamment le tirant d’eau selon la charge
– matériau de construction des bateaux…toile, fibre de verre, polyéthylène…la robustesse est capitale !
– technicité des canoéistes
– Capacité musculaire à hisser voire porter les bateaux plusieurs mètres ou décamètres
– Encombrement voire dangerosité des obstacles (Embâcles…)
Car il faut considérer les obstacles prévus (construits et permanents) et les autres, imprévus, notamment gros arbres tombés, amas de rochers et cailloux qui sont changeants… c’est un peu aventureux tout de même si on pratique en dehors de la haute saison estivale car les loueurs n’entretiennent alors pas leurs itinéraires dédiés.
Donc, chacune ou chacun gère ces passages plus ou moins délicats.
Nous conseillerons cependant d’éviter les barrages et déversoirs à sauter quand il y a beaucoup d’eau car ils « rappellent », et de se méfier des zones de réception des franchissements rapides car beaucoup son encombrées de grosses pierres ou de troncs coincés…ce qui fait que ça passe peut-être bien en haut du déversoir, mais très mal en bas !
Reconnaissance de ces obstacles fortement recommandée…
L’ensemble est donc une promenade en canoë, classe de navigation I, avec quelques passages niveau (2) ces passages agrémentant les longs planiols, lesquels offrent des ambiances très agréables, reposantes…pour qui aime la verdure forestière !
La plupart du temps, on navigue en contrebas, avec des berges terreuses de 1 à 2 mètres surmontées d’une végétation haute, ce qui fait qu’il n’y a que peu de paysages « lointains »…c’est parfois dommage, et cela peut justifier quelques pauses permettant d’accéder en haut des rives pour profiter de l’environnement plus largement ouvert.
Les rives comptent nombre de résidences, secondaires ou non, souvent bien valorisées, qui apportent une diversité esthétique, mais qui interdisent d’y poser les pieds durablement sauf nécessité impérieuse…chien(s) ou taureau(x) plus ou moins agressifs étant toujours possiblement présents !
La végétation y est très abondante, riche de fleurs mais aussi de ronces et orties !
Du fait du creusement des berges et d’un lit profondément installé entre elles, de très nombreux arbres (tout particulièrement aulnes et saules) y ont développé des systèmes racinaires remarquables, sculpturaux, impressionnants, en partie mis à nu par le lessivage de l’onde et sur 1 à 2 mètres de hauteur selon leur positionnement dans les crues.
Mais ce qui aura vraiment caractérisé cette sortie de mai, sera une multitude d’oiseaux, omniprésents, qui nous auront accompagnés tout au long du parcours…
Mis à l’honneur, les canards Colvert, toujours aussi remarquables par leurs livrées, femelles incluses, ces dernières régulièrement rencontrées avec leur ribambelle de canetons à la queue-leu-leu.
Cependant nous verrons beaucoup d’autres espèces, dont des oies Bernache, solitaires, en couples ou en troupeau, des Pies (nids dans les peupliers trembles !), Corneilles noires, Merles, Pigeons ramier, Moineaux, Rouge-gorges, Mésanges, et divers passereaux non identifiés voletant et/ou chantant, avec une mention particulière pour la Bergeronnette grise…oiseau joueur et facétieux qui s’amuse à nous escorter en passant de branche en branche jusqu’à se laisser approcher à 2 ou 3 m…
Nous serons aussi charmés par de nombreuses flaques de nénuphars éclos et leur population d’Agrions verts, bleus, gris métallisés, dont beaucoup en accouplement.
Mais nous ne manquerons pas, dans cet article, de parler de la traversée de Crécy-la-Chapelle, parfois surnommée « Venise briarde », appellation certes très emphatique mais qui peut s’accepter lorsque l’on a parcouru le bras médian du Grand Morin qui s’y promène !
Le bras septentrional est navigable mais théoriquement interdit et, de toute façon, achoppe sur un obstacle infranchissable.
Le bras méridional, qui constitue le cours principal, peut être emprunté, et même doit être emprunté si haut niveau d’eau car le bras médian devient alors impraticable, et DANGEREUX, voire à risque mortel du fait de passages trop bas sous obstacles et/ou d’un rappel furieux derrière des vannes en fin de parcours.
Par ailleurs, le bras principal comporte un barrage.
Le bras médian, normalement praticable est donc très conseillé…il déambule entre vieilles maisons ex-lavoirs privés, petits escaliers étroits, passerelles et ponts, le tout en pierre blonde, végétalisée naturellement par des apports de riverains, et même décoré, avec un petit courant porteur et s’achevant par une double vanne ouverte qui se saute moyennant reconnaissance préalable de l’aval…et si le débit du jour ménage suffisamment d’eau au-dessus de la retenue !
C’est un petit bout pittoresque !
Dans notre cas, on trouvera une sortie du cours d’eau au niveau de la confluence avec le bras principal ici rejoint, grâce à un petit escalier de béton discret en rive gauche presque en face, et qui donne accès au grand chemin balisé de la promenade de Crécy .
Une petite barrière en chicane suivie de 30 mètres de portage ramène à proximité du cimetière du quartier « le Faubourg ».
« Coco la rameuse » nous résume alors ses principales impressions…
Journée de semaine, où un repos inopiné permet d’organiser une nouvelle escapade en canoë.




