Le puits du Ventilo 260

Le puits du Ventilo 260

22 décembre 2019 carrières diverses Spéléologie 2

Le puits du Ventilo    260   

La découverte du Puits Ventilo permet de décrire une méthode de recherche bien éprouvée, que Tony a pu mettre en œuvre ce jour-là…

Lors de plusieurs visites d’une carrière de gypse dont on ne donnera ici aucun détails d’identification ou de localisation, un puits particulier avait retenu l’attention en ce qu’il était à la fois un puits d’aérage et de captage d’eau de nappe phréatique, mais aussi parce qu’il n’était pas localisable visuellement à l’extérieur malgré quelques recherches aléatoires.
Par un beau dimanche de décembre, Tony et Kiki décident d’en avoir le cœur net et entreprennent de percer le mystère…

L’affaire (donc la méthode) consiste d’abord à trouver un point de repère bien connu autant sous terre qu’au dessus…en l’occurrence un puits en palier déporté.
Ensuite, rechercher le puits « mystère » ce qui réclame un peu de temps, de mémoire, de patience…et d’observation.
Ce dernier trouvé, il fallut essayer de revenir au repère initial en décrivant un itinéraire à la fois simple et au plus court.
S’ajoute à cette exigence celle de limiter au maximum les obstacles de toute nature, les éboulements avec de fortes pentes, les sols difficiles à arpenter (fangeux notamment…) de sorte que l’arpentage qui va suivre reste aisé et fiable.
Des balises marquant les changement de direction sont alors posées.
Comble de raffinement ce jour-là (bientôt Noël !!!) les changements de cap seront étudiés de manière à former des angles droits, ce qui facilitera les opérations à venir.
Grâce à une certaine expérience, l’équipe réussira à définir un parcours ne réclamant que 6 visées pour un peu moins de 300 mètres à topographier…et toutes quasi-perpendiculaires ! Les azimuts ne seront donc que de deux valeurs, à savoir ici : 210° et 300 °
Il ne reste plus qu’à ressortir et effectuer le « report » des données.

Il y a alors deux options de travail : soit on arpente à l’extérieur à l’identique de l’intérieur, soit on réalise un report sur papier et on en tire une unique direction résultante, la mesure à l’échelle donnant alors la distance résultante.
Compte tenu de la simplicité des relevés d’une part, et de la végétation très épineuse et encombrée d’arbres morts couchés, d’autre part, mais aussi du temps que nécessite le dessin du graphique, le binôme préférera la première  méthode, brute et directe, immédiatement mise en œuvre.
300 pas environ seront à faire dans les ronciers…plus facile l’hiver ! Tony guide à la boussole, Kiki trace les segments à coups de bottes, avec une concentration indispensable pour parvenir à faire des pas à peu près constants malgré toutes les difficultés du terrain.


Et l’on trouvera cette entrée de puits en 20 minutes environ, à…5 mètres près ! Beau travail !
On eut aussi grande raison de se méfier, car la bouche d’entrée était à ras du sol, masquée par un lit de feuillages…de grosses barres espacées, entre lesquelles on pouvait aisément voir s’enfourner simultanément les deux cuisses d’un homme…un véritable piège. Flanquant cela, une tour maçonnée carrée de 2,5 m environ dotée d’une porte sérieusement close marquait une bouche de puits.


Observant par la grille au sol, on reconnut aussitôt être en présence d’un puits à palier avec ses 4 échelons de fer scellés.
Entreprenant l’escalade du mur d’enceinte grâce à un arbre tout proche, on put découvrir un montage de barres de fer croisées qui interdisaient certainement l’intrusion de malfaisants et/ou de voleurs de champignons de couche, complété d’un grillage type « poulailler » destiné à empêcher les feuilles d’arbres de pénétrer ainsi que les oiseaux.
Et peut-être aussi les Chauves-souris (?)


A 3 mètres dessous, Kiki découvre alors un imposant ventilateur…c’est bien un puits d’aérage.
On comprend alors soudainement pourquoi les puits sont en palier…tout simplement parce que l’entretien des ventilateurs pouvait ainsi être réalisé facilement aussi bien par-dessus que par-dessous, sans qu’il soit nécessaire de les démonter, donc de les arrêter longtemps. Moins de temps de travail, moins de perturbation des mycocultures, moindre coût !

Les puits d’aérage étaient donc des puits ouverts et ceints de murs, flanqués de petits puits de maintenance d’accès facile et peu profonds. Ce Puits « mystère » en est un témoin encore intact, les autres ayant été partiellement détruits et pillés.
Il va alors devenir le Puits du Ventilo !
Cette petite aventure avait donc permis à Antony de se livrer à un relevé topographique de recherche avec son application pratique immédiate, avait permis d’élucider le « mystère », avait permis d’avancer dans la connaissance des carrières d’Ile-de-France…


Mais les bénéfices et avantages ne s’arrêtèrent pas là, car une vision subterranologique et sportive vint s’additionner.
Curieusement, un arbre, un vrai, eut l’idée de pousser à l’intérieur du puits…et en vingt ans au moins, son assise et ses mensurations respectables nous le fit apparaître comme un magnifique support de tête de puits…
Le positionnement sur le terrain et l’environnement végétal, l’absence de cheminement marqué pour y aller, le rendent très discret.
Cerise sur le gâteau, ce puits offre un contexte d’étroitures verticales successives, la première entre deux barres parallèles, la seconde entre les pales du ventilateur !!! Avec un palier confortable entre les deux.


La suite de ce puits donne aussi une configuration de puits arrosé (modestement bien sûr), offre des paysages végétaux troglophiles, et des concrétionnements pariétaux. Sa stabilité est satisfaisante, bien qu’au débouché il faille veiller à limiter les chocs contre le soutènement métallique.
Du fait des protections pré-citées, il est fort peu pollué de déchets à sa base.
D’un diamètre de 1,2 m environ, d’une hauteur de 16 m au ras du sol et 19 m en tête de puits sur tronc d’arbre en place, il permettra un accès à caractère spéléologique ludique dans une carrière dont la seule autre issue discrète sans matériel est étroite, tortueuse et boueuse, et dont les autres puits sont très exposés aux regards et visites diverses, dégradés et pollués, moins hauts de 5 à 7 m, et plus complexes à équiper en sécurité.
C’est donc un agréable cadeau de Noël pour le club SJV et dans les bottes de ses adhérents au pied du sapin !!!

Fidèles aux usages et principes de SJV, Tony et Kiki se firent fort de rendre aussi service à la communauté locale en sécurisant le dangereux piège chausse-trappe avec une accumulation de gros branchages dissuasifs et obturateurs…comme quoi les subterranologues, tout comme les urbexeurs, peuvent aussi être utiles à la société…

 

 

2 réponses

  1. Bin encore moi Antony dit :

    Juste pour info des ventillos comme celui la je sais ou il y en a 3 ou 4

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