Pélerinage au Puits Bouillant 736

Pélerinage au Puits Bouillant 736

14 avril 2024 Non classé 0

Pélerinage au Puits Bouillant    736

Si la visite de cette sympathique cavité à moins de 200 km du siège social de SJV est une « classique » généralement réservée aux débutantes et débutants, il peut y avoir des motivations différentes à l’entreprendre.
En ce mois d’avril 2024, deux membres féminines de l’association avaient projeté de revenir ensemble à cette cavité qui fut leur « première », et dont elles ont gardé un bon souvenir…une forme de retour aux sources, un pélerinage !
Dans les deux cas, la trentaine de mètres d’échelle fixe verticale et les passages des cascatelles, ajoutés à la galerie fossile boueuse et « gazée » au CO2 ou au passage du « coeur de pierre » étaient encore bien dans les mémoires !
Mais pour cette édition spéciale, une disposition particulière de l’organisation a été installée…

Il va s’agir pour Célia de piloter l’intégralité de la sortie, en quasi-autonomie d’équipe, et pour Dodo de se retrouver en situation d’équipière en second, ce duo n’étant accompagné que de loin par un troisième élément attaché aux fonctions de photographe, n’intervenant pas sauf si nécessité sécuritaire.
Et ainsi, amener la démontration in situ que ce duo a acquis l’autonomie suffisante pour évoluer seul, au moins dans les cavités sans grande difficulté technique et de dimensions moyennes.

 

 

 

Pour corser l’affaire, il ne s’est pas agi de poser une corde unique à bouche de puits ouverte, mais deux cordes, et de façon à pouvoir intégralement refermer le puits.
Par la suite, une des deux cordes sera installée en mode « via ferrata » sur l’échelle, à raison d’un fractionnement tous les deux mètres environ, à la remontée.

 

 

Après un trajet quelque peu rallongé pour diverses raisons, l’équipe débarque à Saint-Aubin vers midi (au lieu de 11 heures, théoriquement). De ce fait, une collation prévue sous terre est prise en extérieur, avant les opérations technico-sportives

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’entrée des personnes ne se fera donc que vers 13 heures.
Un bel équipement symétrique est réalisé, avec mains courantes d’accès sur noeud de huit gansé tressé et têtes de puits indépendantes sur « Mickey », une boucle sur potence directement mousquetonnée, l’autre boucle sur sangle serrée à tours morts et mousqueton.
Les deux cordes posées à travers la grille de bouche en les faisant défiler, et non pas en sortant peu à peu du sac à la descente.

 

Célia part en premier, censée assurer Dodo du bas, cette dernière n’ayant pas pratiqué depuis pas mal de temps, susceptible de connaître une défaillance. Le troisième n’aura pour rôle que de refermer la grille et… sécuriser la clef !

 

 

Le trio réuni, et une petite facétie d’une des lampes corrigée, on est partis… pour la visite.
Le niveau de l’eau, qui reste très raisonnable après une période pluvieuse récente, est environ 10 centimètres plus haut qu’à l’ordinaire, ce qui promet une ambiance aquatique plus festive dans la zone cascadante !

 

On franchit la petite retenue puis l’ancien barrage du bélier hydraulique de feu Aristide Béguine (il aurait 175 ans cette année !), passage facilité par un empilement de rocs à sa base.
La galerie surbaissée qui suit est aisément franchie, les talus glaiseux bien humectés, et le sol immergé bien glissant car couvert d’une mince couche de dépôt argileux.

 

 

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Puis, c’est la belle galerie, parfois très haute, aux parois de plus en plus « sauvages », hérissée de saillies plus ou moins déchiquetées, et coupée de quelques blocs tombés impliquant des efforts pour se faufiler ou escalader, mais rien de bien exigeant !

 

 

 

 

Même le court franchissement « vertical » du plus gros éboulement ne restera qu’une formalité, car une certaine expérience de pratique de Dodo reste dans sa gestuelle, et confère une assurance en elle.

 

On atteint bientôt les cascatelles, repérables au bruit de ronflement, et c’est l’épreuve choisie de les franchir au-dessus de l’eau, ce qui implique de grands écarts et/ou un peu d’acrobatie, voire un peu de chance !

 

 

 

 

Le flot bouillonnant des marmites attend les bains forcés, mais pas de veine pour lui cette fois-ci, tout le monde passe sans chuter !
On parcourt ici un des plus beaux tronçons de cette rivière, où la boue n’a pas sa place, où tout reluit et chante, et où les parois dessinent de multiples formes dans une galerie spacieuse et haute, à « taille humaine » , presque idéale !

 

 

On franchit la dalle du « Coeur de pierre », qui est suivie d’un passage assez différent, plus rocheux et sans la rivière visible, agrémenté de trois petites arrivées d’eau, aujourd’hui actives du fait de la récente pluviosité.

 

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A plusieurs reprises on aura pu observer le niveau de crue atteint ces dernières semaines, notamment avec des dépôts de mousse de crue situés entre 1 et 3 mètres au-dessus de l’actuel, selon la section de la galerie et son éventuelle obstruction par des blocs tombés.

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C’est dans cette partie que quelques pièges peuvent être redoutés, sous forme de crevasses immergées, et Dodo en fera la démonstration, heureusement sans conséquence pour elle !
C’est bientôt le gros bloc final avec le départ à gauche de la galerie fossile, en hauteur, avec ses cordes fixes glaiseuses, suivis du siphon.

 

 

Une petite pause, à la faveur de laquelle l’absence de la bouteille d’eau sera découverte…fort heureusement, cette visite est suffisamment courte pour que s’hydrater ne soit pas crucial, d’autant que des gorgées d’eau ont été absorbées juste avant d’entrer !

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Le retour ignorera la variante « fossile » mais connaîtra la traditionnelle photo du « Coeur de pierre », en solo ou en duo, et les traversées renouvelées des marmites, là encore sans incident ou fausse manoeuvre… l’expérience ayant du bon ! Et le moral aussi !

 

 

 

 

 

 

Le franchissement du barrage verra un petit farceur réduire le tas de rocs d’aval pour compliquer un peu la tâche à Célia, mais celle-ci en a vu d’autres, et passera l’obstacle comme un rien !
Suivra une séance propre à SJV, « propre » ayant tout son sens car il va s’agir du brossage des combinaisons chacun pour soi d’abord, puis en formation croisée, de sorte à réduire sensiblement leur englaisement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Revenus au pied du puits après cette action rafraîchissante, l’un remonte à l’échelle assuré sur une corde, cependant que Célia remonte de la même façon mais en posant des fractionnements sur ladite échelle, tous les 6 barreaux, pour former une pseudo-via-ferrata que Dodo va emprunter.

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Bien évidemment, ce montage était totalement facultatif, et n’avait qu’un but pédagogique, pour l’installatrice comme pour l’utilisatrice !
L’installatrice a pu maîtriser la technique de pose et multiplier la confection du Noeud de Batelier !!!

 

L’utilisatrice a paufiné sa technique de manipulation des deux longes et la posture de repos en opposition podo-dorsale.
Ce faisant, elle et son équipière ont finalement remonté les 28 mètres de puits à un rythme très lent, avec pauses échelonnées (dans les deux sens du terme !) ce qui leur a paru étrangement facile comparé à une remontée continue aux bloqueurs.

Mais ce n’était pas encore fini pour Célia…

 

 

Il lui a en effet fallu redescendre tout en bas, sur corde, pour tout remonter en détachant une quinzaine de mousquetons aux fins de retirer la corde d’échelle. Le reste du déséquipement fut partagé entre équipiers.

 

 

 

 

 

 

Grille refermée, cadenas remis, une longue pause de rangement, change vestimentaire (il y a même eu une petite douchette gratuite pour chacun(e) et grignotage achevée, il n’y eut plus qu’à repartir pour restituer la clé et dérouler la route du retour…qui verra une arrivée à 20 heures à la pendule !

 

Une petite sortie de 11 heures et demie…dont 4 passées sous terre.
Sans difficulté, en toute sérénité, et attestant que ce duo féminin est tout à fait autonome quant à sa pratique spéléologique en cavité naturelle ne présentant pas de grosses difficultés techniques et n’impliquant pas une grande endurance de par sa configuration, sa grande longueur, son exposition à des facteurs très exigeants (bains multiples, vents froids, dangerosité excessive, étroitures sévères…etc.).
Sortie probante donc, et très agréable du fait d’une bonne entente !

Sur un plan géologique, on a évolué dans un banc de craie cénomanienne, âgée de 90 à 100 millions d’années…
Cette craie est relativement argileuse, 5 à 10%, ce qui fait que sa décomposition par l’attaque d’une eau chargée en CO2  libère cette roche si particulière qu’est l’argile, très avide d’eau quand elle est déshydratée et quasiment étanche à hydratation complète, passant alors d’un état contracté, fissuré, crevassé, très hydrophile,  à un état dilaté, saturé, hydrophobe, presque hydrofuge !

Dans cette grotte, où la saturation hygrométrique est totale, l’argile est partout, sur les parois, au ciel, sur les talus, les blocs éboulés…
L’eau en est chargée, et la sédimentation est intense dès que l’agitation du flot s’affaiblit.
La cavité est donc tour à tour gluante, glissante, collante sauf là où l’eau coule vivement !
On a pu déceler dans un bloc de cette craie un moulage de coquille de Pecten (valve supérieure).

Par ailleurs, la crue récente ayant « nettoyé » les abords immédiats, on a aussi observé de gros nodules protéiformes de calcaire fortement chargé d’oxydes de fer, oxyde ferreux noir et oxyde ferrique rouge, accompagnés de l’oxyde ferrique hydraté ocre-jaune, certains spécimens rocheux présentant ces trois formes associées.
Ces combinaisons minérales entraînent une corrosion-érosion différentielle en leur faveur, ce qui amène la différenciation de ces nodules tortueux.

Lorsque, finalement, ils finissent par être disloqués, ils produisent ces petits blocs et cailloutis noirs ou bruns que l’on trouve çà et là au sol, plus ou moins vite transportés par l’onde…

Mais il est temps de donner la parole à célia et Dodo :

Un peu de nostalgie pour cette sortie accompagnée de Dodo (ainsi surnommée car elle s’endort de temps en temps…)  puisque nous retournons dans la première « vraie » grotte visitée lors de nos premiers pas de spéléologues amatrices, il y a 2 ans pour ma part.

J’en retiens que le trajet en voiture est plus long que dans mes souvenirs, la recherche d’une station de gonflage pour pneu pour la voiture de Dodo pimentant et allongeant un peu le trajet…ainsi que le détour inhabituel pour aller chercher (et rapporter) la clé de la cavité.
Pour la visite du Puits, une nouveauté s’impose car j’ai maintenant plus d’expérience que la fois précédente, je suis donc en charge d’installer les cordes et de gérer la progression, à partir des conseils de Christian : quelques erreurs ou maladresses ici et là, mais globalement je m’en sors plutôt bien ! (NDLR : et même très bien !)
 

Pas de chute à déplorer lors du parcours aquatique, ouf  !😅
Le parcours me paraît globalement plus court que dans mes souvenirs mais nous n’effectuons pas la visite de la galerie argileuse fossile, dont j’ai peu de souvenirs, ce qui raccourcit sensiblement la chose.
Mais les photos de la précédente visite sont là pour me rafraîchir la mémoire sur ce passage !
Revenir à l’air libre est toujours aussi plaisant, encore plus cette fois-ci sous un soleil radieux avec des températures dignes d’un mois de juin, dans un joli décor vert et fleuri !
Merci à la conductrice et à notre guide, comme toujours, pour tous les préparatifs en amont (et rangements en aval)!
 
Célia.
 

 

 

 

Départ à 8h30 sous un beau soleil d’avril, non pas pour aller bronzer à la plage mais plutôt pour aller me balader dans le ténébreux Puits bouillant.

Le Puits bouillant était ma toute première grotte et j’avais envie d’y retourner depuis longtemps afin de savoir si cela allait me provoquer les mêmes émotions que la première fois.

Nous voilà donc partis pour 2h30 de route, et, une fois arrivés, nous avons décidé de manger notre pique-nique avant de commencer la grotte.
Ceci étant fait, nous nous équipons et Celia équipe le puits afin que nous puissions y descendre en toute sécurité, c’est la seconde fois qu’elle équipe toute seule et elle a très bien géré !
Le puits est tout simplement identique à un puits de jardin… difficile d’imaginer tout ce qu’il se passe tout en bas !
Alors on y va, une fois bien équipés, et on descend sur descendeur.
Arrivés en bas la température s’est rafraîchie mais il ne fait pas froid, nous avons directement les pieds dans l’eau.
Nous progressons dans la grotte… un seul chemin possible, la hauteur d’eau est variable suivant les endroits et comme il pleut beaucoup depuis des mois, la grotte est très active par rapport à la première fois où je suis venue et c’est encore plus intéressant.

 


De petites cascades apparaissent sur les parois, les trois principales marmites sont bien remplies, et, pour une d’entre elles, je décide d’aller complètement dedans, donc je suis mouillée jusqu’au ventre, seulement au ventre car on a pied tout de même !
Le sol est argileux, un peu glissant par endroits.
Le bruit de l’eau est quasiment toujours présent, et, suivant les endroits, ça gronde en permanence.

Nous faisons le chemin inverse et remontons tranquillement à la surface de la terre après un brissage énergique des combinaisons, qui donne froid !!!
On se change, et retour à Paris sous toujours un beau soleil de printemps (on en aura quand même profité)

Mes émotions furent les mêmes que la première fois même si j’avais en souvenir une grotte plus compliquée, mais c’est parce que c’était la première … depuis j’en ai fait des biens plus dures !
Dodo

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