Une ancienne carrière reconquise (3) 311

Une ancienne carrière reconquise (3) 311

2 juillet 2020 carrières diverses Spéléologie 3

Une ancienne carrière reconquise (3)   Galeries, principale et secondaires occidentales      311

Pour des raisons bien connues de toutes et tous, aucune localisation ou dénomination de cette cavité ré-ouverte ne pourra apparaître dans cet article, notamment par souci de sécurité, car il s’agit d’une  carrière présentant de nombreux secteurs très menaçants.
Sa description commentée se fera en plusieurs articles car on compte plus de 2000 m de développement encore visitables et les points d’intérêt ne manquent pas.

Là encore, tout un travail d’étude de documents et de prospection sur le terrain furent nécessaires pour dénicher l’ex-entrée, laquelle, comme pour la quasi-totalité des anciennes exploitations souterraines, a été volontairement fermée, de façon massive, par foudroiement de la galerie d’accès, les puits d’aération comblés ou condamnés par des obstacles indestructibles et indéplaçables sans un engin de chantier.
Un assez long travail de désobstruction a été mené par deux équipes de groupes différents (95 et 77), avec succès, donnant un passage relativement facile vers un superbe tunnel voûté plein cintre en briques pleines rouges.
Ce Grand Tunnel d’une longueur avoisinant 700 m est décrit dans l’article (1) du même titre.

La Galerie des 72 piliers ( GP 1 ) et ses annexes sont décrites dans l’article (2) du même titre, ce qui correspond à l’extension « Est » de la carrière à partir de la Table Carrée.
Dans cet article (2) est aussi décrit le codage des galeries selon les modalités SJV, les lectrices et lecteurs sont invités à s’y reporter, si besoin.
Le présent article traite de l’extension « Ouest » de la carrière en partant aussi de la Table Carrée.

Cette zone est assez différente en ce que la galerie principale est beaucoup plus « tourmentée », le réseau de galeries annexes plus complexe, les coupoles de détente plus nombreuses, laissant à penser que la structure rocheuse était et est encore davantage diaclasée, déformée par des plissements, donc moins homogène et plus fragilisée avant même que les carriers creusent les galeries.

 

 

 


Le creusement de ces dernières est généralement guidé par la qualité de la roche extraite mais aussi la facilité à la fragmenter…car on ne cherche pas à faire du moellon ou du bloc à tailler et/ou sculpter, mais de la pierre à plâtre bonne à cuire !
Donc, si elle est déjà en partie morcelée, elle sera plus facilement extractible.
En contrepartie, les galeries sont plus menaçantes et imposent d’être moins larges, davantage soutenues par des étais et poutres ou piliers à bras (ici très faciles et rapides à monter). Il est possible aussi qu’on les creuse sur moins de longueur, en les multipliant, et qu’on évite de réaliser un quadrillage avec des recoupements qui créent des espaces de ciel beaucoup plus larges donc propices aux effondrements.

A] La Galerie Principale  1.6  (G P 1.6) dite « Galerie Tortueuse ».  Environ 170 mètres.

Cette galerie s’oriente plutôt à l’Ouest pour se courber et finir plein Sud, après quelques coudes.
Elle est régulièrement encombrée de petits effondrements, et présente des ciels de ripple-marks entrecroisées à espace réguliers. Elle passe par un site remarquable dit « Le Panthéon », vaste coupole de décompression remontant bien au-dessus du niveau des fers-de-lance . Une douzaine de galeries en partent.
Elle s’achève sur un effondrement dans lequel on peut détecter un courant d’air…Sous réserve de mieux connaître les altitudes respectives, on pourrait imaginer une liaison avec la Carrière des Chaudronniers (?) car les positionnements et les développements connus le laissent aussi penser.
Cette galerie était bien sûr dotée d’un chemin de fer. Une partie de son parcours comporte une série de piliers bâtis « déversés » pour donner de la largeur au passage des wagonnets, en particulier dans les courbes.

B] Les galeries secondaires (GS) branchées sur la GP 1 . 6

    • 1.6.1, dite « Galerie de la Petite Corinne » 25 m à 172°
      Linéaire, à passage très bas à l’origine, fait pour les êtres minces…désormais plus confortable après passages de taupes fouisseuses moins minces !
    • 1.6.2  dite « Galerie Bison Fûté », 74 m à 34° puis 82° puis 130° et enfin 140°, c’est à dire décrivant un arc de cercle qui la ramène ensuite à la GP 1.6, sorte d’itinéraire de délestage, étant dotée d’un chemin de fer elle aussi , permettant les croisements aussi. On y trouve encore une des rares poutres de soutènement au plafond, peu dégradée pour son âge…
      C’est aussi sur elle que se greffent la galerie 1.4, jonctionnant avec le GT et la Galerie des Flèches Rouges ( 1.6.2.2) d’une longueur de 20 m à 30°..
    • 1.6.1 bis , dite « Moignon Gauche », galerie condamnée
    • 1.6.4 , dite « Moignon Droit », galerie condamnée, face au « moignon gauche ».
    • 1.6.1 ter, dite « Diverticule Mortel », 4m à 170° puis 3 m à 250°, puis 4 m  à 190° puis 10 m à 210 °

Il démarre entre deux gros piliers à bras maçonnés au plâtre, de section carrée au pied de l’éboulis de l’Amphithéâtre et se poursuit par un passage très délabré longeant une hague, elle-même défaillante.

  • 1.6.2,  « Galerie « Bison Fûté » en retour bouclant.
  • 1.6.6,  10 m à 341 °, dite « galerie des Bivalves »
    Il s’y trouve en effet un bout de traverse dont les fixations de rail portent des concrétions ferreuses aux allures de coquilles de Bivalves. Ces concrétions, d’abord vues comme des coquillages d’eau douce, en dépit de l’improbabilité, ont rapidement été identifiées par des connaisseurs consultés à ce sujet, (Michel et Marina du groupe Biospel), comme des concrétions ferreuses cordiformes. La cavité en recèle un peu partout, s’il y a des supports en fer disponibles, passant inaperçues si on n’est pas sensibilisé à leur existence.
  • 1.6.3, dite « Galerie du Chaos » 13 m à 150 °
    Un amas de gros blocs sous un ciel instable mène à une coupole dont le décollement actuel est à la limite de la strate de la marne à Fers-de-Lance, ce qui lui confère un aspect particulier, piqueté de macles. C’est le « Plafond ferré ».
    De cette salle part un couloir accidenté et tortueux, plus dangereux voire très dangereux…dédié à Antony.
  • 1.6.3.1, dit « Couloir Antony », 8 m à 230°, puis 4 m à 235 °, puis 26 m à 146 °
    Il démarre vers l’ouest, dans l’éboulis du « Plafond Ferré », remonte  jusqu’à une fourche pour s’élever bien au-dessus de la couche à Fers-de-lance, dans une vaste coupole où les décollements ont livré d’énormes dalles. L’ensemble est impressionnant mais aussi très instable…
  • 1.6.3.1.1, dit « Corridor des Verres de Marie », 13 m à 250°, puis 10 m à 280 °
    C’est une galerie d’effondrement qui démarre du Couloir d’Antony, à la limite de la marne à Fers-de-Lance, et qui, de ce fait, montre des macles plus ou moins conservées et clivées. Ce clivage peut donner des lames minces translucides, dont on se servait jadis (quand elles étaient grandes) pour vitrer des petites boîtes logeant des statuettes de la Vierge Marie.
    Là aussi, l’instabilité du ciel est très grande…
  • 1.6.5, dite « Galerie de l’Etroiture Nicolas », 17 m à 180°
    Elle se présente comme une grosse diaclase, formant étroiture entre paroi, franchie en « première »par Nicolas, mais devenant rapidement impénétrable, hélas !
  • 1.6.8, dite « Galerie du Cul de Bouteille », 10 m à 43°
    Galerie encombrée, où se trouve un culot creux de bouteille en verre blanc.
  • 1.6.10, dite « Galerie de la Pierre à Jésus », 7 m à 11°
    Quelques morceaux de gypse fibroïde vus comme des statuettes nous ont ramené à l’époque où le plâtre à modeler, extra-fin, servait à mouler des figurines pieuses, dont, fréquemment, celle de Jésus, ce qui  valut au gypse cette appellation populaire.
  • 1.6.7, dit « Couloir du Gant Brun », 8 m à 178° puis 16 m à 280°
    Ce large passage est bouclant car revient sur la Galerie Tortueuse. Il démarre juste avant les Piliers Déversés et finit juste après.Il était peut-être une voie de garage et de croisement. On y a trouvé un vestige de gant (l’autre, qui fait la paire, a été découvert à l’entrée du Diverticule Mortel) .
  • 1.6.7.1, dit Galerie du Raidillon », 16 m à 178°, puis 5 m à 210°, puis 5 m à 170 °
    Elle mène à une coupole à marnes grises et brunes, d’où démarre un petit prolongement qui plonge vers une salle d’effondrement, en passant sous des décollements menaçants…lieu dénommé « Le Bled Perdu « 
  • 1.6.12, dite « Galerie de la Croix 9 »  7 m à 308 °
    Un marquage jaune à la peinture, ancien, que l’on retrouve par endroits, présente une croix chrétienne suivie d’un « 9 ».
  • La Galerie Tortueuse s’achève alors, une trentaine de mètres plus loin, sur l’effondrement du Courant d’Air. Cette galerie est balisée d’un marquage jaune ( trait d’union) que l’on retrouve dans une carrière voisine, et qui est peut-être l’indice d’une communication entre carrières. Il serait illusoire et même suicidaire de tenter le passage en concassant les blocs de gypse qui gênent dans ce Mikado géant de blocs pouvant peser plusieurs quintaux !

L’exploration/balisage de ce secteur Ouest s’est révélée bien plus « physique » que celle de l’Est, et comporte beaucoup plus de zones périlleuses. On n’y trouve pratiquement aucun déchet, quasiment aucune inscription. L’ensemble est très « sec ».

Avec ce troisième article, la présentation détaillée de la structure de cette carrière s’achève.
Des éléments historiques fiables seront peut-être collectés dans les semaines qui viennent qui permettront d’en savoir davantage quant à l’activité, les anecdotes…et peut-être même de retrouver des descendants directs d’anciens carriers qui témoigneront…ou encore d’anciens visiteurs à une époque où les dégradations étaient moins nombreuses et importantes.

3 réponses

  1. nico dit :

    Bonsoir
    Félicitations pour le travail de désobstruction , qui nous aura permis une visite .
    Petite carrière mais intéressante ( petite maintenant du fait des effondrements mais qui a du être assez étendue , raison de ce long tunnel d’entrée et de l’usine plâtrière qui existait en bord de route )

    • Christian dit :

      Bonjour Nico,

      Merci pour le compliment !
      Quelques remarques qui peuvent être utiles, même après coup.
      – on ne sait pas par où vous avez accédé au site, mais le bois tout entier est strictement interdit d’accès par arrêté préfectoral doublé d’arrêtés municipaux.
      Si vous êtes au courant, vous avez risqué le coup, en connaissance de cause, donc OK ! Sinon, vous voilà maintenant avertis, il faut quand même se méfier…des PV !
      – Cette petite carrière totalise actuellement 2500 m de développement environ…donc « petite » est relatif (si ce n’est de par la hauteur des galeries car on est en seconde masse)
      A moins que vous n’ayez pas vu le tout, ou qu’un effondrement récent soit venu la réduire fortement (ce qui n’est pas impossible !)
      – Si on se réfère au projeté du BRGM, ce qui est visitable représente environ 75% de l’existant de l’époque, sur un niveau.
      – La raison du long tunnel est une subtilité technique. En observant bien, o constate que ses 700 m sont en pente régulière faible, et son débouché vers la Marne.
      La raison est que les carriers ont volontairement choisi de creuser un truc en pente en partant de plus bas que la strate voulue, pour faciliter l’acheminement par charrois à bras ou à cheval puis par rail et cheval. Leur tunnel n’a pas été improductif pour autant car quand ils ont creusé dans les marnes, ils s’en sont servi pour produire du ciment(si calcareuse) ou des briques, ou pour amender des sols sableux. Quand c’était du calcaire, ils s’en sont servi pour fabriquer du ciment ou des moellons de construction vulgaire. Puis ils ont franchi des horizons gypseux et ont utilisé les produits soit pour des moellons (beaucoup de bâtisses basses sont construites en gypse massif) soit pour un plâtre grossier de liaison ou d’enduit de protection des moellons bâtis.
      Parvenus au cœur de la strate de seconde masse, ils sont alors passés à l’horizontale ou presque et ont exploité la couche au mieux possible.
      Cette formule de tunnellisation était plus rentable que de forer profond et creuser des puits d’extraction verticaux puis acheminer à la surface selon des chemins trop pentus ou avec nombreux lacets.
      – enfin, en cas de nouvelle visite, se méfier des galeries déjà fort effondrées, plusieurs sont devenues extrêmement dangereuses.
      – et si vous revenez, pensez à refermer avec la vieille lessiveuse pliée (si elle est encore là) recouverte avec un amas croisé de branchages. Merci.

      Bonne soirée,
      Christian;

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