Le Morimarnourcq de Duc 801
Le Morimarnourcq de Duc 801
Un Morimarnourcq est un parcours de kayak fluvial de classe 1 (2) combinant diverses situations, et, à ce titre, n’est jamais le même d’une version à l’autre.
La version du jour fut celle de Duc, et elle illustre bien cette inconstance de l’itinéraire…
Revoyons sa structure, à cette occasion, après une petite heure de déplacement automobile, déchargement, équipement, portage, mise à l’eau…
1) 5500 mètres à contre-courant du Canal de l’Ourcq, de Trilbardou au déversoir d’Isles-lès-Villenoy
Sur ce segment, les variantes dépendent :
– du courant, selon les opérations de régulation de niveau des biefs
– du vent qui, en particulier dans les parties non boisées et aux berges sans haies peut changer considérablement la difficulté, selon qu’on l’a de face , de côté ou de derrière, selon qu’il est chaud ou froid, selon qu’il est régulier ou avec bourrasques.
– de la charge du bateau, de 100 à 200 kg selon l’équipage et ses petits bagages
– du franchissement de l’Ecluse de Vignely, impliquant débarquement, roulage ou portage sur 150 m, embarquement, selon l’expérience des équipiers, que la fauche des orties ait été faite ou non, que l’on porte ou roule.
Segment demandant 1 heure et quart en moyenne.
La version « Duc » a échappé aux principales difficultés, avec un courant moyen.
2)Le « Gymkana »
Il s’agit d’un transfert terrestre du Canal à la Marne nécessitant 125 m de portage ou roulage, détaillés comme suit :
– 55 mètres de roulage sur dalle agrémentés de trois crans de descente sub-verticaux de 2 m, 1 m, 50 cm. souvent encombrés de branchages morts. (Vert)
– 25 mètres en tunnel sous-ferroviaire de 1 m de hauteur et 2 m de largeur avec de petits crans de descente, plus ou moiuns encombré de cailloux. (Noir)
– 30 mètres de roulage puis portage-glissé sur mélange de sédiments mou et branchages, souvent chargé de petits arbres tombés et de pierres au sol. (Jaune)
– 12 m de portage-glissé sur une zone sédimentaire où la boue vaseuse peut avoir plus de 50 cm de profondeur et d’où les chaussures ne ressortent pas toujours…et barrée d’un gros arbre couché. (Marron)
Ces 125 mètres peuvent être le lieu d’une chasse d’eau variable selon la nécessité de délester le bief du canal d’un trop-plein ou non. Cette chasse, quand elle est soutenue peut avoir l’avantage de nettoyer le fond. Si elle est très soutenue, elle peut être dangereuse…
Segment réclamant en moyenne 30 minutes.
La version « Duc » n’a échappé à aucune des difficultés, restées à un niveau modéré cependant, et sans chasse.
Beaucoup de boues molles, forçant à passer sur le talus et par-dessus le gros arbre final.
3) L « Indiana Jones »
C’est un passage de petit bras de l’île de la Chappe. Il implique de remonter la Marne sur 400 m par son grand bras puis de la redescendre par le petit bras, considérablement entravé d’arbres et de branches.
Ceci oblige à louvoyer sans cesse et à passer dessous ou dessus, nécessitant régulièrement de devoir descendre du bateau et y remonter, dans des conditions d’équilibre critique, et en limitant au maximum les atteintes à la coque en polyéthylène.
Ce segment n’est jamais égal à lui-même, chaque année apportant ou emportant des obstacles, ou modifiant leur géométrie.
Le niveau de la Marne fait ausi fortement varier les configurations.
Une difficulté supplémentaire peut apparaître avec une profusion de moustiques à certains momlent de l’année ou encore avec de nombreuses araignées ou des fourmis rouges sur les troncs. Les lianes peuvent aussi compliquer les manoeuvres.
Enfin, selon la présence ou non du feuillage, l’anticipation des passages est plus ou moins réalisable.
Beaucoup d’obstacles branchus sont entre-deux eaux ou affleurants, susceptibles de freiner, bloquer ou faire gîter l’embarcation, ce qui rend la progression très lente et énergivore !
Ce segment réclame une demi-heure à 3/4 d’heure en moyenne.
La version Duc en sera exemptée, pour préserver la durée générale prévue ( 7 heures) et pour une économie de fatigue.
4) 3600 m de descente de la Marne
Cette partie ne présente en général que peu de difficulté, encore que le bras mineur de l’ïle du Moulin puisse être trop bas pour une navigation continue, nécessitant un petit portage en pleine eau pour franchir une zone pierreuse.
Les deux îles du Moulin peuvent n’en former qu’une dans les cas d’étiage marqué.
L’île Renard de Condé Sainte Libiaire présente en amont un vestige de bateau réalisé en béton, pas toujours visible.
La rive gauche est bâtie de plusieurs maisons, dont certaines remarquables, et le grand coteau est fréquemment habité de chevaux de centre hippique.
On y rencontre aussi divers oiseaux, dont Bernaches et Hérons cendré
Cette section de navigation est donc quelque peu « touristique », reposante si on ne recherche pas une performance.
Elle demande une bonne demi-heure sans portage, 3/4 d’heure si portage.
Le version « Duc » sera sans portage !
5) 900 m de remontée du Grand Morin
Cette partie n’est pas toujours franchissable au niveau du magnifique pont-canal arché de Condé, soit que le niveau de l’eau (en crue) ne laisse plus assez de tirant d’air sous les arches, soit qu’une monstrueuse accumulation de morceaux de bois et autres déchets flottants vienne barricader les arcades en amont du pont. (balise noire)
Dans ce cas il n’y a généralement pas d’autre alternative que de débarquer en rive gauche du Morin, à l’aval du pont-canal, et de rembarquer à l’amont, nécessitant alors de traverser le Canal de Chalifert où la navigation est interdite !
Ce ne sont que 12 à 20 m, donc très rapidement franchis, risque de verbalisation quasiment nul.
Dans certaines situations, un franchissement est possible sous une des arches à sec de la rive gauche du Morin, très aléatoire, évitant le cas précédent.
Le remise à l’eau à l’amont du pont-canal est inconfortable…boue, orties…
On atteint alors le petit barrage du Morin, qui détermine un bras majeur oriental et un bras mineur septentrional.
Il faut alors débarquer et monter sur ce large édifice, ce qui reste assez facile.
Quand tout va bien, ce segment ne réclame que 15 à 20 minutes.
Ce sera le cas de la version Duc.
Le barrage sera le lieu du pique-nique vers 13 heures…et avec le soleil retrouvé. (Balise mauve)
6) 350 m de descente du bras mineur du Morin
Ce court tronçon s’arrête, le plus souvent, avant le petit pont-canal du Moulin, car lorsque le barrage précédent voit son vannage fermé, il est impossible de passer en dessous.
Il faut alors débarquer en rive gauche, (en noir) passer un talus et remettre le bateau à l’eau pour traverser le Canal de Chalifert, malgré l’interdiction d’y naviguer(en rose) … mais, là encore, avec un risque quasi-nul de verbalisation.
Puis, un petit portage permet de revenir au Morin et de réembarquer en aval du vannage du moulin, en rive droite cette fois.(en noir)
Exceptionnellement, si le vannage du barrage est ouvert, le petit pont-canal est franchissable (c’est bas mais ça passe).(En vert)
Fait suite alors une passe de moulin d 1 m de largeur, dont l’ouverture n’est pas garantie ! (En vert)
Par ailleurs, depuis 2024, deux rangées de gros poteaux ont été implantées en travers de ce petit bras, sans qu’on en connaisse exactement le rôle. (barres rouges)
Il s’agit vraisemblablement de pare-embâcles, visant à empêcher l’accumulation de trop de branches et troncs lors des crues du Morin dans ce petit bras…mais peut-être aussi pour barrer le passage aux canoés de location (???).
Toujours est-il qu’un canoé ou un kayak peuvent passer entre certains de ces poteaux. Pas d’interdiction affichée. (?)
Ce segment, dans sa version classique réclame une bonne demi-heure.
En version exceptionnelle, à peine 10 minutes !
Le version « Duc » aura le bonheur de pouvoir passer ces rangées de poteaux, puis sous les arcades du petit pont-canal puis dans la passe du moulin…beaucoup de temps, de portage et de navigation interdite auront alors été évités !
7) 1900 m de descente du bras mineur du Grand Morin
Ce tronçon peut réserver beaucoup de surprises, car truffé d’obstacles, d’autant plus nombreux que son niveau est bas.
Le cours d’eau est en effet non entretenu depuis des années, et outre des arbres et branches tombés fort nombreux, on trouve beaucoup de ruines de petites constructions de rives plus ou moins anciennes, génératrices de pans entiers de béton, de parpaings, briques, pierres, piquets de fer, tôles, poteaux…et aussi divers objets jetés dans l’eau, qui vont de la machine à laver le linge au vélo, en passant par divers objets en plastique ou en bois, et même en fer…
Tout ceci est bien regrettable car cette petite rivière serait très agréable à canoter.
Du coup, elle devient un parcours d’obstacles, où il faut évoluer avec prudence, et s’attendre à devoir se contorsionner ou à passer par-dessus certains embâcles.
Parcours manoeuvrier où les équipiers doivent bien se coordonner et se compléter.
Ce segment peut réclamer 20 minutes dans le meilleur cas (rarissime !) comme 1 heure voire davantage si les difficultés s’accumulent !
La version « Duc » aura réclamé 50 minutes…
8) Descente finale de la Marne sur 3600 m
On retrouve là une rivière de 50 à 60 m de largeur après en avoir quitté une de 5 à 10 m… !
De nouveau, quelques paramètres viennent influencer la navigation…
– Le vent peut être ici l’élément le plus fort, car peut être canalisé entre les berges s’il vient du Nord, donc puissant en plus d’être froid. Outre être un frein exténuant, il fait sans cesse varier le cap. Raser les berges peut atténuer le phénomène mais fait perdre de la force du courant.
-Le courant, généralement plus fort au milieu de la rivière, a une vitesse évidemment variable, selon saison mais aussi selon la régulation commandée par les barrages en amont (Meaux) voire aval (Trilbardou-usine).
– L’état de fatigue des équipiers et équipières, car on en est à 12 ou 13 km de navigation et quelques portages…
Cette section peut se révéler lassante, les dimensions de la rivière et son paysage peu varié donnent une impression de « ne pas avancer »…le moral peut en pâtir !
En principe, 30 bonnes minutes suffisent.
La version « Duc » aura été dans cette moyenne ! Il y avait un léger vent de face.
Bien que le circuit soit fermé, il reste encore le débarquement, de déséquipement, le rangement, le chargement… encore 20 bonnes minutes ! Et retour automobile…
Total : presque 7 heures, sans l’Indiana Jones et avec le passage exceptionnel du moulin.
Il aurait fallu 8 heures pour la « totale » de ce Morimarnourcq qui ne compte que 18 km + 40 km de route, en tout !
Celui-ci s’est très bien déroulé, aucun incident fâcheux, bonne et belle petite journée d’activité de plein air avec une bonne ambiance d’équipe !