Lianchao découvre la spéléologie 810
Lianchao découvre la spéléologie 810
Il fallait bien que cela lui arrivât un jour, et ce fut le 20 juin, avec l’été naissant…visiter la Malatière, ou du moins son premier kilomètre !
N’étant que sa seconde course souterraine, cette incursion prévue pour environ 5 heures, et comptant une certaine diversité de situations susceptibles d’être rencontrées sous terre, sera représentative.
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La nuitée précédente, comme bien souvent pour les non-habitués à bien se préparer suffisamment à l’avance, n’aura pas été « suffisante », et on sent bien une petite nonchalance !
Mais Lianchao sait coimment puiser dans ses ressources…
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Ce ne sera qu’aux environs de 16 heures 30 que l’action commencera vraiment, tout le monde bien équipé, la première verticale bien en place, d’autant plus facilement qu’il n’y a personne d’autre (on est un vendredi). Le site semble d’ailleurs bien moins fréquenté que certaines années d’affluence !
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L’entrée béante peut rassurer en ce que le jour l’inonde, tout comme inquiéter avec son allure de grande bouche prête à avaler une spéléologue toute crue (pour ce qui est de Lianchao !)
Cette dernière observe les lieux avec une petite appréhension que la descente de Duc va lever en partie.
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Duc, son chevalier servant, se lance donc le premier, sans trop hésiter, puis va attendre Lianchao pour la rassurer, faciliter sa réception et le dégagement de la corde, l’assurance étant par ailleurs réalisée du haut avec la corde volontairement deux fois plus longue que ne le nécessite la hauteur de vide…
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Tout cela se passe avec le sourire, et presque facilement !
Le trio réuni, on entame la petite descente dans le talus boueux-gravillonneux truffé de plaquettes de roche peu stabilisées qui cliquettent entre elles…ça dérape facilement, tout cela !
Débarrassés du matériel de progression sur corde pour la suite des événements, c’est déjà un premier moment d’étonnement, voir d’admiration pour néophytes, tant par la grandeur de l’espace que par le foisonnement du concrétionnement et des nappages de calcite miroitante, très blanche par endroits.
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Mais il faut encore veiller à progresser avec précautions car le calcaire poli et humide est un peu piégeux !
Le premier ressaut est là, doté de sa corde fixe (ce qui n’est pas garanti) et du bon côté ( pas garanti non plus !), une longe d’assurance quand même, et c’est un passage aussi aisé qu’amusant entre les colonnettes.
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Nouveau coup d’oeil, que le projecteur permet dans toute l’étendue des volumes offerts ici. Mais déjà, on devine que l’eau sera rare, les jolies flaques « miroir » d’ordinaire présentes ayant laissé la place à un fond glaiseux.
Ici et pour la suite, le plafond et les hautes parois donnent déjà de quoi se faire plaisir dès qu’on dépasse le niveau de maculation que des milliers de mains et de combinaisons sales ont pu atteindre…soit environ 2,5 mètres au-dessus des prises de pied.
Le second ressaut, un peu plus impressionnant, présente lui aussi sa corde fixe triplée-nouée, en sus d’un brochage, mais qui reste délicat pour les petits gabarits.
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Il est important de s’assurer d’une longe crochetée bien haut sur cette corde elle-même, car en cas de « raté », la surface d’accueil est favorable à une bonne « gamelle », voire un peu de casse, vu sa conformation… Lianchao se lance, et réussit l’escalade sans difficulté notoire…Bravo !
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Le franchissement de cette partie presque verticale, bien lisse et « graissée » d’un film d’argile, nécessite en effet un peu de réflexion, un peu de force dans les bras, et un peu de volonté !
La suite révèle de nouveaux spéléothèmes et des paysages originaux, malheureusement dénaturés par des inscriptions que des imbéciles ont effectuées à la flamme de lampe à carbure, il y a déjà pas mal d’années, ce qui prouve que leur auto-élimination peut être très longue, et que ce type de pollution visuelle et chimique doit être absolument proscrite. Néanmoins, de grandes étendues décorées de fistuleuses donnent encore de jolis tableaux minéraux.
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Nous arrivons alors à la première vire, dont l’équipement n’est pas forcément une obligation pour certaines et certains, mais très fortement conseillé si on veut se prémunir de tout acident…il y a un beau « trou » en-dessous quand même, et la roche est ici aussi pentue et assez patinée !
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On pose donc une courte main courante, en mode « confort », en usant des plaquettes apportées pour cela, des broches en place, et même d’amarrages « naturels » en eux-mêmes rassurants.
Lianchao n’en mène pas large, bien que bien assurée, et finit par sauter le pas…mais sans sauter !
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Petit moment d’appréciation de la technique de franchissement sécuritaire, suivi d’un balayage lumineux en règle de toute la salle de la Cathédrale, avant de franchir le toboggan latéral et de s’engouffrer dans la petite salle adventive (que nous appelons donc Sacristie !).
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Là, apparaît la première chatière, avec un petit vide juste derrière, qui sert un peu de test comportemental pour la suite…qui se révèlerait ici trop mal en point pourrait avoir intérêt à ne pas poursuivre au-delà, dans les boyaux « 4 pattes » ou à ramper ! Lianchao s’y engage en confiance, Duc étant là pour la recevoir.
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En arrière de cette chatière, la petite salle pentue, bien que très dégradée, laisse imaginer ce qu’elle a pu être quand elle n’avait pas encore été saccagée, et c’est assez impressionnant.
Le passage inférieur va offrir au trio son lot de contorsions et de petites douleurs aux genoux, mais on se souviendra qu’il fut beaucoup plus délicat à parcourir par le passé, avant qu’une sévère opération d’élargissement eut été nécessitée pour l’évacuation d’une civière occupée, suite à un accident cardiaque.
La sveltesse et la taille « M » de Lianchao vont lui être ici plutôt avantageuse, facilitant mouvements divers et retournements.
On émerge alors soudainement dans la grande salle du Pilier, où l’écho est bien présent, contrastant vivement avec l’ambiance un peu sourde du boyau terreux que l’on vient de quitter…inévitables photos pour la postérité…
Et c’est reparti dans la galerie basse, voire très basse, entrecoupée de petites salles de repos, si nécessaire !
Duc se familiarise avec le tractage de sac, encore bien plein, en équipe avec un « pousseur-débloqueur », et l’on atteint le Hall de la Rivière, qui forme un carrefour où il vaut mieux ne pas aller à droite en arrivant…bombement glissant amenant un peu trop vite sur une ex-rivière, au fond bourbeux, où certains ont perdu leurs bottes !
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On repart avec la chatière N° 2 au programme, elle aussi élargie pour un passage de civière et qui est donc devenue assez facile, de « sélective » qu’elle était auparavant !
Duc et Lianchao étant des personnes minces vont passer là-dedans comme une lettre à la poste !
En, arrière, une salle et des vasques, qui furent fort jolies avant que divers olibrius n’aient eu les mauvaises idées de casser des stalactites, que d’autres, très nombreux, aient mis leurs mains ou gants sales un peu partout, et d’autres (ou les mêmes ?) encore aient trouvé amusant de bombarder de glaise, et tous azimuts, concrétions et parois…
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Avec un petit effort on peut encore trouver quelques « rescapées » parmi toutes celles dégradées, il faut sortir un peu du cheminement usuel, ce que nous fîmes. Encore des sujets photographiques !
Nous reprenons la progression en nous faufilant entre de grosses stalagmites, pour atteindre la seconde vire, facile à passer mais néanmoins dangereuse en cas de faux pas…Quelques plaquettes, amarrages souples sur Abalakov récemment forés, colonnettes, avec un passage de ressaut très facilité par de grosses marches taillées suivi d’un balconnet, et on atteint le passage en laminoir surélevé.
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Tout ceci est réalisé dans les règles de l’art…avec de bons noeuds !
Le Laminoir en lui-même, n’est guère difficile, ce sont plutôt son accés bombé glissant et sa sortie agrémentée d’une petite vasque bien pleine d’eau, dans laquelle on n’a pas vraiment envie de plonger son corps, qui créent l’inconfort, mais aussi l’intérêt technique !
La galerie basse qui lui fait suite est rapidement franchie, et on débouche alors dans la fameuse galerie du Métro, avec ses dimensions incroyables comparées à celles de ce que l’on a vu précédemment.
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Très remarquable composition de stalagmites, stalagtites, colonnettes et piliers, dès l’entrée, hélas elle aussi martyrisée par de sales pattes et des bombardements de boue. La bêtise ne meurt donc pas sous terre…
S’il n’a encore que peu servi, le projecteur va trouver désormais toute sa raison d’être ici…ses 3000 lumens potentiels vont révéler ce que nos lampes frontales ordinaires ne pourraient éclairer correctement à plusieurs dizaines de mètres.
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On se méfie quand même de glissades promises ici par l’omniprésence d’argile, notamment sur les pentes…
De beautés en beautés, qu’il s’agisse de délicates concrétions ou d’immenses perspectives paysagères, nous atteignons le Lac, ou, du moins, l’endroit où il devrait y avoir un lac…mais la raréfaction notoire des précipitations depuis quelques mois fait qu’en guise de lac on ne trouve plus qu’un tapis boueux !
Dans cette Salle du Lac, coexistent de nombreuses formes de spéléothèmes, des cristallisations de calcite, des vasques et gours à rebords, tous à sec, hélas, et perdant ainsi une part de leur beauté, privant aussi le regard des effets de miroir…
Mais on en profite quand même un peu, après franchissement d’un petit ressaut avec sa corde à noeuds fixe en place.
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Le retour va s’opérer dans de très bonnes conditions, fortement agrémenté par l’usage du projecteur, car dans les hauteurs de cette cavité, il y a pas mal de choses à voir, que les petites lampes trop faibles (il en existe de petites très fortes ! Mais aussi très chères !) ne peuvent offrir aux usagers classiques.
Tous les obstacles sont ainsi tranquillement passés, et l’on retrouve bientôt la lumière du jour qui filtre encore par le gouffre d’entrée car il n’est que 21 heures 30 environ…mais encore une demi-heure d’efforts pour remonter ces 6 mètres…et tout déséquiper.
Lianchao retrouve la végétation avec plaisir et photographie la libération de Duc !
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Grand déshabillage, mini-toilette, rangement…c’est déjà la nuit tombante pour un dîner final !
Il restera encore une bonne heure de route pour gagner un abri forestier nous emmenant plus au sud, et un « certain temps » d’installation…et minuit est déjà passé !
Demain, une belle journée est prévue…
Lianchao va se mesurer à la via ferrata, mais ce ne sera pas sa toute première fois.