TGRLIFRA 1A 766
TGRLIFRA 1A 766
La TGRLIFRA est la Très Grande Randonnée LIttorale FRAnçaise, une promenade pédestre de quelques milliers de kilomètres sur la côte manchoise puis atlantique, avec quelques particularités…
– le parcours suivi est préférentiellement et autant que possible, au plus près du flot, quel que soit le niveau de marée. Bien entendu, il peut arriver que des structures artificielles interdisent tout passage pédestre, que la marée haute rende impossible un franchissement durant des heures, ou qu’un arrêté municipal, préfectoral, voire ministériel déclare un passage illégal.
– le randonneur, la randonneuse, sont autonomes, sont donc indépendants de tout commerce, mais susceptibles de quémander de l’eau potable si aucune source ou fontaine n’est accessible durant leurs étapes. Bivouac systématique.
– L’impact écologique est réduit au maximum, donc pas deux véhicules pour les navettes…ouvertes à l’auto-stop ou transports en commun locaux, selon les cas
– Equipe de 1, 2, 3 ou 4 personnes au maximum.
– étapes calibrées à 25/30 km en moyenne, conditions rustiques, portage minimalisé.
Cette activité ne pouvant être menée en continu (estimation à 100 journées de la Belgique à l’Espagne) car nécessitant une trop importante disponibilité, elle est menée selon un séquençage chiffré, chaque séquence (Ici la première : 1) étant composée d’étapes lettrées…(Ici la première : A )
Les points kilométriques maritimes (PKM) sont comptés depuis la frontière belge, en suivant le trait de côte majeur. Il peut donc y avoir des longueurs non parcourues à pied du fait d’obstacles incontournables.
Les parcours pédestres sont comptabilisés en kilomètres effectifs, (PK) qui diffèrent régulièrement des PKM du fait d’incursions dans les terres ou dans les villes et villages.
1A : De la Belgique à Petit-Fort-Philippe. PKM 00 à PKM 32
Parvenus à Bray-Dunes vers 11 h après 3h30 de route sans aucune difficulté, nous prenons notre premier déjeuner sur un parking de magasin, afin de gagner un peu de masse dans les sacs. Ces derniers seront réduits au strict minimum de matériel.
Vers 12 heures, nous prenons pied sur la Grande digue, à 1500 m de la frontière franco-belge, volontairement laissée à distance pour éviter toute incitation de contrôle vers les autorités, police ou gendarmerie, en ces lieux plus ou moins perturbés par les transits de « migrants » mais aussi de diverses marchandises à la base de trafics, contrefaçons, et autres illégalités.
Près d’un kilomètre d’une rectitude parfaite nous amène sur le sable d’une vaste plage très régulière bordée par la réserve naturelle des Dunes Marchand, dans laquelle nous faisons plusieurs incursions pour circuler entre des blockhaus, pour beaucoup très dégradés, fortement basculés, plusieurs condamnés d’accès par des plaques d’acier soudées, et tous tagués, grafés ou peints, devenus des supports d’art graphique après avoir été des supports de guerre.
Nous passons face à l’imposant centre hospitalier de Zuydcoote et sa chapelle. On est au PK 3.
Poursuivant sur la plage en étant plus ou moins proches des vagues mourant sur le sable, une suite de blockhaus toujours très colorés précède un ensemble de 16 fortifications composant la Batterie de Leffrinckoucke dont nous ne visitons que les plus basses. PK5,5
Au PK 6 nous remontons sur la Digue Europlage de Leffrinckoucke qui entame une très longue promenade rectiligne vers Dunkerque, balisée GR 120.
On va passer ainsi à la Digue Nicolas 2 de Malo-les-Bains où se préparaient des dizaines de véliplanchistes pour une régate sur une mer calme et par petite brise de nord-est. On est en effet à la base nautique de cette ville, avec son école de Char à voile.
De cette base (PK 7,2)commence la Digue du Vent suivie de la Digue de Mer, toutes deux bordées d’imposantes maisons de caractère, aux styles très diversifiés, passant du XVIIIe siècle au XXIe toutes accolées, créant un assemblage plutôt pittoresque mais peu commode pour les photographes !
Des sculptures originales agrémentent cette très longue promenade de digues.
La Digue de Mer aboutit à la grande place du Centenaire et du Casino PK 9,7, et se poursuit avec la Digue des Alliés et le très grand immeuble moderne qui surplombe la courte Digue de l’Opération Dynamo.
Une pensée pour tous ces soldats, français, anglais, américains, et allemands et d’autres nationalités, morts par milliers sur cette côte d’Opale… « pour la France ».
Au PK 10,3, on s’engage sur une passerelle très élancée en l’honneur des aviateurs de la seconde guerre mondiale (Dynamo) tout en supports en V peints de blanc, ensemble fort élégant, qui permet la traversée du canal exutoire des Wateringues.
Restant sur le GR 120, nous rejoignons la berge du canal face à l’imposante architecture de l’Opale puis accédons au parc du Musée d’art contemporain en plein air. On est au PK 11,00 et quelques photos s’imposent devant des créations originales mêlées à un espace vert paysagé.
Notre objectif devenant alors d’opérer la jonction avec la D 601 qui permettra une navette prévue en auto-stop vers Bray-Dunes, nous quitons le tracé GR et optons pour les indications « Toutes directions », un nom de ville universellement connue !
Cela ne demandera que deux kilomètres de parcours urbain, et malgré quelques tentations vers un transport en bus (gratuit, de surcroît !) l’auto-stop est testé…
Placement aux abords d’un restaurant Buffalo-grill , son bison et son totem tout de rouge criard revêtus…difficile à rater !
Après une petite demi-heure sans succès, un jeune couple accepte la prise en charge, fort sympathique, au point de se dérouter pour déposer le stoppeur quasiment devant son véhicule garé près du centre culturel Dany Boom.
Le regroupement se réalisera vers 16 heures. Comme le prévoyait notre organisation, il nous fallut traverser Dunkerque, sa très étendue agglomération et ses zones industrielles côtières, dont Grand-Synthe, tournicoter un bon moment dans un faubourg fourmillant de sens uniques et de rues en travaux pour nous échouer au terminus de la Rue des Mouettes de Petit-Fort-Philippe, après une course de près de 30 kilomètres !
Nous effectuons une rapide reconnaissance en vue de trouver un point de bivouac convenable, ce qui ne prit qu’un quart d’heure, un joli petit espace herbeux quasiment plat et cerné de monticules boisés s’étant révélé quasi-parfait à moins de 100 mètres de la voiture !
Revenus à cette dernière, il n’est encore que 17 heures 30 environ, nous entamons une petite prolongation touristique, et ce sont trois pédestrians qui s’élancent vers la citadelle de Fort-Philippe. (Gravelines)
Nous commençons par longer le célèbre fleuve côtier « Aa » que tous les cruciverbistes français (et autres) connaissent !
En dépit de son nom si bref et alphabétiquement simpliste, son cours affiche 90 km et son débit 10m3/s, ce qui n’est pas rien !
Son chenal est ici assez imposant, et, à la marée basse que nous sommes, présente une vaste étendue brune vaseuse dans laquelle il ne ferait pas bon s’aventurer !
Parvenus à la Citadelle, fortification du XVIe siècle améliorée par deux fois aux XVIIe et XVIIIe siècles, nous errons dans les rues et ruelles, étonnés d’y découvrir nombre d’agences immobilières ! D’anciennes maisons et un beffroi retiennent notre attention.
Une épicerie fournira quelques éléments de confort « alimentaire » à Toto…
Et nous repartons, passons par l’écluse de chasse des marées d’équinoxe (permet de chasser la vase du chenal deux fois par an, aux fortes marées) en poussant jusqu’au phare orné d’une spirale noire et blanche sur ses 39 mètres dominant l’immense plage de Gravelines-Dunkerque. Un petit passage sur la grève puis dans un cheminot résidentiel nous ramène à la Rue de la Chapelle puis celle des Mouettes .
La promenade aura totalisé près de 8 kilomètres, ce qui amène le compteur pédestre du jour à 19 km, soit 20 km avec les petits détours et suppléments.
Nous organisons un pique-nique à la pointe de la rue, triangle vert planté d’un gros pin tortueux, et Pragma se fait un petit dîner chaud avec son réchaud de trekkeur ! Tout cela sous l’oeil rotatif de la caméra de surveillance municipale sur le poteau tout à côté !
Vers 20 heures, nous roulons les deux matelas de mousse (grand luxe) du Jumpy et partons avec nos sacs à dos pour le point de bivouac qui sera soigneusement installé. Il ne fait vraiment pas froid et la lumière ambiante de la ville, en partie renvoyée par la couverture nuageuse rend à peine utile l’usage des lampes frontales !
Ainsi s’achève le tronçon 1A, tronçon inaugural de la TGRLIFRA de SJV, le 1er novembre 2024, jour de Toussaint, placé à cette date par le pape Grégoire IV depuis le VIIIe siècle, en l’honneur de tous les saints du Monde, connus ou inconnus…
Plutôt de bons auspices pour démarrer… en serons-nous dignes ?
Un petit mot de Pragma :
Avec mes deux compagnons de route, nous avons parcouru la côte en 3 étapes mémorables. Chacun de ces lieux nous a laissé des souvenirs incroyables, mais aussi des images fortes.