La Carrière des Concrétions rouges 771

La Carrière des Concrétions rouges 771

14 novembre 2024 Spéléologie 0

 

La Carrière des Concrétions rouges     771

Qui l’eût cru ?
C’est en entrant dans une des nombreuses carrières de calcaire d’île-de-France que nous eûmes la surprise de découvrir un impressionnant panel de concrétions de toutes formes présentant une diversité de couleurs digne d’un nuancier Photoshop dans la gamme « rouge-jaune » !

La copie (gratuite) du modèle ci-contre permettra aux lectrices et lecteurs de constater par elles et eux-mêmes la réalité étonnante des faits !
S’il n’est pas rare de rencontrer des concrétions teintées de jaune, orange, rouge, il est plus surprenant d’en rencontrer autant sur seulement quelques centaines de mètres de galeries diverses, avec une telle gamme chromatique, autant de morphologies, représentant les types essentiels des spéloéothèmes classiques.

 

De la coulée stalagmitique épaisse étendue à la gracieuse et cristalline fistuleuse, draperies naissantes, hélictites, stalagmites massives ou élancées, pétrifications de blocs, « perles » des « cavernes », coralliformes, mini-gours, presque tout y est !

De multiples interprétations scientifiques liées à de multiples causes sont en rapport avec les colorations allant de jaunâtre à rouge-brun.
Longtemps considérés comme leur source pigmentaire, les hydroxydes de fer, sans être relégués au fond d’un tiroir, sont désormais placés en seconde ou troisième ligne derrière les éléments humiques des sols sus-jacents et les « contaminations » par toutes sortes d’éléments chimiques dont ceux issus des argiles et marnes, ces dernières étant elle-mêmes « contaminées ».

 

Il peut aussi s’agir, parfois, d’un lessivage par les eaux pluviales de rejets d’origine anthropique, notamment objets en fer ou en acier qui s’oxydent rapidement dans les sols superficiels, en particulier s’il s’agit de décharges anciennes dans lesquelles la quantité et l’étendue du dépôt de tels objets pouvaient être très importantes. (Electro-ménager, vélos, voitures, tôles et grillages, etc.).

 

Divers composants dont ceux des piles alcalines ou rechargeables et batteries au plomb peuvent, au fil des années voire décennies, se répandre et être entraînés par les eaux circulantes. Les hydrocarbures et divers déchets agricoles, engrais, pesticides, lisiers…peuvent aussi migrer et venir teinter les roches.

 

Enfin, diverses observations depuis 1980 et des études parmi les plus récentes mettent souvent en avant le rôle de bactéries à la fois dans le processus de formation et le processus de coloration des spéléothèmes, aussi bien dans les cavités anthropiques que dans les naturelles.
Peuvent aussi s’ajouter certains champignons dans l’élaboration de certaines concrétions.

En l’occurrence nous ne savons pas précisément quels ont été et sont ici les mécanismes physico-chimiques qui ont permis et permettent l’élaboration de ce que nous avons observé et même admiré, puis photographié avec des appareils « basiques » ne rendant que médiocrement le véritable aspect des sujets, mais notre article n’a que le modeste objectif de présenter une galerie d’images révélatrices de leur existence…colorée !
Ces sujets sont soit épisodiquement parcourus et entretenus par des ruissellements et des stillations, soit continuellement arrosés voire immergés.

 

 

Mais aussi soumis à une hygrométrie très proche de la saturation en vapeur d’eau pouvant créer et entretenir un film d’eau.
Cette diversité de comportements hydriques et celle des supports minéraux amènent une agréable richesse visuelle et même auditive .

 

 

Si beaucoup de sujets sont très aisément accessibles dans de larges galeries, et d’ordre métrique, on en rencontre aussi beaucoup plus discrets et reculés, le plus souvent d’ordre décimétrique ou centimétrique, et qui se méritent…la quadripodie et le rampement vont être nécessaires !
Il faudra aussi s’immerger jusqu’à la taille dans une eau à 12 ou 13 °C avec un plafond bas…

 

Mais la « récompense » peut être à ce prix, et elle est là… !
Bien évidemment, dès que l’on évolue dans ces zones concrétionnées, la prudence et la lenteur des mouvements va s’imposer, tant pour les pieds (gours, coulées inférieures, flaques à cristallisations immergées…) que pour la tête (fistuleuses, draperies crénelées…) sans oublier les grosses mains et bras sales pour les parois !
On est là en présence de créations naturelles âgées de quelques décennies, voire siècles car cette carrière entièrement exploitée de façon manuelle porte des inscriptions qui lui donnent au moins 200 à 300 ans de recul. Le respect et la protection s’imposent !
Ce jour-là, outre la surprise face à une certaine abondance, ce sont surtout les couleurs qui retiendront notre attention et forceront notre admiration.
De ce fait l’investigation des lieux va s’orienter vers une « chasse » aux concrétions jaunes-rouges…au détriment d’autres sujets d’intérêt potentiel, mais nous y reviendrons !
A cette heure, voici  quelques retours imagés…

 

 

Tout cela est fragile et très dépendant des facteurs physiques du milieu qu’il faut respecter au maximum !!!

L’acide fulvique de l’humus tend à teinter de brun-jaune à brun sombre, l’acide humique de brun foncé à noir.
L’oxyde ferrique teinte en rouge ou en jaune selon le degré d’hydratation, l’oxyde ferreux en noir, comme l’oxyde de manganèse.

 

 

 

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