Ensevelissement hypogé 387

Ensevelissement hypogé 387

28 février 2021 carrières diverses Spéléologie 0

Ensevelissement hypogé    387

L’ensevelissement, au sens propre,  désigne un état de recouvrement intégral d’un corps par une matière, un matériau, qui peut aller de la toile (linceul) au béton en passant pas le sable ou du grain.
Dans le cadre spéléologique et subterranologique, les cas les plus probables -heureusement fort rares !- sont l’ensevelissement rocheux ou terreux voire sableux.
Etant souterrains, on les qualifie d’hypogés.


Ces trois situations sont graves, voire très graves, et leur évolution vers une issue fatale est à redouter, le plus souvent à court ou très court terme.

Quelques attitudes peuvent cependant augmenter les chances de survie, tant de la part de la (ou des) victime(s) que du ou des sauveteurs potentiels.
Pour alléger le texte, on traite ici des cas concernant une victime « seulement ». On parle au masculin, mais il est évident que tout ce qui concerne les acteurs peut être mis au féminin.

1) cas de l’ensevelissement rocheux
Le matériau est donc de la roche cohérente, en blocs informes ou en plaques, de diverses dimensions. 
Si la victime a été frappée par eux, elle peut être soit inconsciente, soit immobilisée soit les deux.

A] Victime inconsciente, forcément passive donc, le sauveteur restant seul acteur des suites.

S’il estime pouvoir rejoindre la victime sans aggraver la situation en déstabilisant encore plus les blocs voire en leur ajoutant son poids par ses déplacements, il y a intérêt à le faire.
Cela étant réalisé, s’il estime pouvoir dégager tout ou partie du corps pour permettre une respiration correcte voire décompresser ce corps le plus possible, même sans l’extraire des décombres, il y a intérêt à le faire.
Si l’extraction est possible sans créer de suraccident pour la victime comme pour le sauveteur, s’assurer que sa ventilation pulmonaire est restée fonctionnelle, qu’il n’y a pas d’arrêt cardiaque…à défaut agir en conséquence pour tenter de rétablir ces fonctionnalités.
Ensuite, en espérant qu’il n’y a pas ou plus d’arrêt respiratoire , ni cardiaque, tout faire pour limiter le refroidissement selon toutes méthodes possibles. 
La suite dépendra de la mise en œuvre d’un secours et de sa rapidité d’intervention.
Si l’extraction n’est pas possible, que l’intervention  physique du sauveteur le reste, même processus.
Si l’extraction n’est pas possible, et intervention du sauveteur impossible (parfois, glisser des textiles pour limiter le refroidissement est faisable quand même), faire déclencher un secours reste l’urgence absolue.
Si le sauveteur estime ne pas pouvoir rejoindre la victime, ne rien pouvoir faire pour elle, le déclenchement d’urgence s’impose évidemment sans perdre une seconde.

B] Victime consciente, mais immobilisée, le sauveteur n’étant alors plus « seul » acteur.

S’il estime pouvoir rejoindre la victime sans aggraver la situation en déstabilisant encore plus les blocs voire en leur ajoutant son poids par ses déplacements, il y a intérêt à le faire. En cela la victime peut éventuellement donner des informations voire guider la progression de son sauveteur…si la communication orale est possible.
Un dialogue doit être installé et soutenu autant que possible, et le plus calmement. 
Cela étant réalisé, s’il estime pouvoir dégager tout ou partie du corps pour permettre une respiration correcte voire décompresser ce corps le plus possible, même sans l’extraire des décombres, il y a intérêt à le faire, et la victime peut participer en décrivant ses problèmes et en guidant les gestes du sauveteur.
Dialoguer et rendre la victime active dans son sauvetage est essentiel, autant que faire se peut.
Si l’extraction est possible sans créer de suraccident pour la victime comme pour le sauveteur, questionner la victime avant toute action quant à d’éventuelles douleurs fortes affectant la colonne vertébrale ou insensibilité ou perte de toute motricité des membres. Si ces signes sont marqués, bouger la victime peut aggraver son état et avoir des séquelles aussi graves qu’irréversibles, tout comme ôter le casque d’un motard si sa nuque a été touchée.
Ensuite, en espérant qu’il n’y a pas ou plus d’arrêt respiratoire , ni cardiaque, tout faire pour limiter le refroidissement selon toutes méthodes possibles. 


La suite dépendra de la mise en œuvre d’un secours et de sa rapidité d’intervention.
Si l’extraction n’est pas possible, que l’intervention  physique du sauveteur le reste, même processus.
Si l’extraction n’est pas possible, et intervention du sauveteur impossible (parfois, glisser des textiles pour limiter le refroidissement est faisable quand même), faire déclencher un secours reste l’urgence absolue.

Si le sauveteur estime ne pas pouvoir rejoindre la victime, le déclenchement d’urgence s’impose évidemment, mais après avoir dialogué avec la victime et expliqué ce qui va être fait pour elle…si communication réalisable.

C] Si la victime n’a pas été frappée par les roches, ce qui est déjà une grande chance dans sa malchance, elle se trouve alors « seulement » piégée dans une prison minérale. Le plus généralement, ce type d’ensevelissement ne menace pas vraiment d’hypoxie, de l’air pouvant circuler entre les blocs, du moins un certain temps, et l’espace libre entre eux  étant généralement assez grand.
La première réponse va bien sûr être de tenter un dégagement. Cette opération ne doit être envisagée qu’avec  beaucoup de prudence et de technicité, tant par le sauveteur que par la victime, car le risque d’aggravation de la situation est permanent, des blocs récemment chus restant potentiellement en équilibre instable.
Là encore, si une communication orale peut être établie, cela facilitera les choses si toutefois ces choses sont réalisables à la force humaine.

Si l’oralité est compromise, une orientation du sauveteur est réalisable en frappant les roches (avec un mousqueton par exemple, un couteau ou un bout de roche…). Il faut bien sûr veiller à ce que ces coups ne déclenchent pas une déstabilisation dangereuse de l’amas rocheux.
Il est très important que le sauveteur réponde de la même façon, à espaces réguliers et rapprochés de temps.
Ce guidage peut amener à une distance suffisamment réduite  pour un échange verbal voire physique élémentaire, tel que passer une bouteille d’eau, une barre de céréales, ou tout simplement se prendre la main...geste éminemment solidaire et très porteur d’espoir.
Cela peut aussi faciliter l’aération de la « cage » de la victime.
S’il s’avère que cette dernière peut finalement être libérée sans dommage, l’aventure ne sera plus qu’une anecdote assortie de souvenirs plus ou moins agréables…
Dans le cas contraire, si le contact permet l’échange d’objets, donner à la victime tout ce qui peut lui être utile.
Sinon, se contenter d’un échange verbal le plus encourageant et rassurant possible et, dans les deux cas précédents,  déclencher un secours d’urgence.

Il est bien clair, après ce rapide exposé des cas essentiels, que tout faire (ou ne rien faire) qui puisse éviter une telle situation relève du bon sens. 
Cela étant, tout spéléologue et tout subterranologue est susceptible, un jour ou l’autre, de connaître cela soit pour lui-même soit pour d’autres, le risque zéro étant incompatible avec la fréquentation des cavités, naturelles ou non, dès lors que l’on sort des lieux communs.

2) Cas de l’ensevelissement terreux

S’il pourrait sembler moins grave que l’ensevelissement rocheux, dans la mesure où les traumatismes, écrasements, fractures ne sont qu’exceptionnels, l’ensevelissement terreux est beaucoup plus redoutable en ce qu’il enserre tout ou presque du corps, d’une part, et que le risque d’anoxie est très élevé, en plus du refroidissement par contact direct.
La compression des membres et autres parties du corps est extrêmement dangereuse, pour peu qu’elle soit étendue, elle peut tuer même si la respiration restait correcte, en créant de graves troubles circulatoires et des auto-empoisonnements tissulaires notamment, si la compression est durable.
Si donc la victime est visible, la dégager des matériaux qui l’oppressent  est une urgence, quand bien même sa tête et son thorax resteraient libres.
Si elle ne l’est pas, mais localisable, et qu’un dégagement est envisageable, on essaie bien sûr d’atteindre le visage en premier lieu, suivi de la cage thoracique et/ou l’abdomen.
Une ventilation de survie est possible si l’abdomen reste libre en attendant de libérer le thorax.
La victime, de son côté, si elle est restée consciente, ce qui est généralement le cas, a tout intérêt à bouger le moins possible car cela risque fort d’avoir pour conséquence de tasser la terre contre elle, augmentant la compression et réduisant les espaces d’air qui subsistent autour d’elle.


Si les mains sont près du visage, tenter de dégager une petite « sphère » respiratoire autour du visage. Selon la texture et le degré d’humidité, il y aura plus ou moins d’air disponible circulant entre les granules. 
Tasser fortement cette terre autour de soi peut donner une aisance corporelle, mais aussi créer une coque étanche, interdisant tout renouvellement d’air avec celui circulant dans la terre restée meuble.
Dans tous les cas où l’air n’est plus normalement disponible ni renouvelable, il est capital de tout faire pour rester le plus calme possible et s’agiter le moins possible, cela se compte en minutes de survie supplémentaires…
Tenter de s’extraire de cette gangue en sus des efforts du sauveteur va s’avérer quasi-impossible sans la motricité des membres supérieurs si on n’est pas resté debout ou presque ou au moins avec la face ventrale vers la surface du tertre couvrant.


Cette surface n’est pas évidente à situer, selon la survenue de la situation d’ensevelissement.
Survenue latéralement, elle sera plus probablement vers le haut. Survenue verticalement, elle sera plus probablement en oblique à peu près à 45°. Encore faudra-t-il repérer la verticale descendante , et si ce n’est pas évident il faut émettre de la salive et sentir le sens de son écoulement contre le visage.
La lampe, si elle est restée en fonction peut être d’un grand secours pour aménager un peu ce cocon diabolique et d’un certain réconfort moral en attendant mieux…
Si on est sur le dos, situation très périlleuse, outre l’écrasement thoracico-abdominal, la terre écrase le visage et tend à pénétrer les voies respiratoires ainsi que les yeux.
Tourner cette dernière sur le côté, si possible(…), et essayer de ramener au moins une main vers la tête pour repousser un peu la terre…et peut-être une deuxième main…l’objectif étant alors de repousser cette terre au-dessus de soi pour gagner un peu d’espace respirable…tout cela reste théorique, pas  toujours faisable, hélas.
Si on est sur le ventre, un peu « moins » de stress, et plus de force mobilisable pour tenter de repousser la terre avec le dos vers une position à quatre pattes…ce sera impossible si la terre est serrée, dense, et/ou en forte épaisseur au-dessus de soi, mais il faut essayer.


Toute lectrice et tout lecteur de cet article doit savoir qu’un ensevelissement terreux est très rapidement létal si le volume d’air respirable disponible se limite aux alentours directs du corps dans la terre…seuls l’auto-dégagement et/ou le dégagement très rapidement mené par un sauveteur peuvent éviter la mort.
Que dégager la tête puis thorax et/ou abdomen ne suffit pas à survivre bien longtemps, qu’il faut absolument décompresser le reste du corps, au maximum.

 

3) Cas de l’ensevelissement sableux

C’est presque le pire qui puisse survenir. Car cette fois, le sable ou les sédiments sableux vont complètement mouler le corps, et se coller à lui au moindre mouvement supplémentaire.
La quantité d’air renouvelable entre les grains est très faible, la compression est très forte car les sables se comportent comme des fluides.
Bien souvent les plus petites particules envahissent les voies pulmonaires et accélèrent l’asphyxie.
Autant dire que si on ne sort ou n’est pas sorti de là en quelques minutes au maximum, l’issue est inévitablement fatale.
Il y a encore pire, au point qu’on ne le traitera pas spécialement : l’ensevelissement boueux…
Il ne semble pas utile de le décrire…

CONCLUSION qui s’impose, en particulier aux désobstructrices et désobstructeurs de cavités :

Sinon, voici une relativisation du risque…en spéléologie !

Le nombre d’interventions de secours sous terre impliquant des spéléologues s’élève à une vingtaine par an (moyenne 2007-2017 des événements recensés par le SSF). (Dont 2 à3 décès par an pour 150 000 pratiquants recensés…)

Le Spéléo secours français recense 7 ainsi par exemple sur l’ensemble du territoire et durant les quatre années de l’Olympiade 2013-2016, 83 événements ayant fait l’objet d’une interventions de secours en milieu souterrain, toutes causes confondues (soit 20,75 interventions /an) et 39 fausses alertes, le plus souvent pour des retards (soit 9,75 fausses alertes/an). S’y ajoutent durant la même période 48 « auto-secours » (soit 12/an) concernant des événements n’ayant pas donné lieu à une intervention de secours, l’incident ayant été géré par les coéquipiers de la victime.

Les données du SNSOM (Système national d’observation de la sécurité en montagne), recensent, en 2018, 5 accidents 22 liés à la pratique de la spéléologie. Soit une proportion de l’ordre de 0,1 % (un pour mille), rapporté aux 6570 interventions comptabilisée sur « domaine montagne » (c’est-à-dire relatives aux activités de pleine nature se pratiquant en montagne, en dehors du domaine skiable, telle que randonnée, alpinisme, VTT, parapente, raquettes, escalade, via-ferrata, canyon).

 

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