Exploration de la carrière MLF N°1 645

Exploration de la carrière MLF N°1 645

16 avril 2023 carrières diverses 0

Exploration de la carrière MLF N°1      645

En suite logique d’une opération de prospection ayant porté sur 53 ex-exploitations souterraines, SJV s’est programmé une série d’explorations de chacune d’elles, du moins celles visitables.
Des explorations supplémentaires à celles-ci ou visites guidées par d’autres subterranologues peuvent opportunément venir s’ajouter !

Pour certaines, des autorisations de propriétaires seront requises.

Par exploration, on entend une visite soignée, sachant qu’aucune de ces carrières n’est inconnue, au contraire, c’est-à-dire visant l’observation de divers éléments, notamment :
– Les éléments pétrologiques
– Les éléments stratigraphiques
– Les éléments paléontologiques
– Les éléments cristallins dont concrétions
– Les éléments techniques industriels
– Les éléments techniques agricoles
– Les éléments tectoniques
– Les éléments biologiques (Faune, Flore, Fungi )
– Les éléments de dangerosité
– Les éléments esthétiques et/ou artistiques
– Les éléments historiques
– Les éléments des marques contemporaines
– les éléments patrimoniaux
– Les éléments hydrologiques
– Le potentiel sportif spéléologique
– Et autres, le cas échéant.

L’essentiel des données est capté en jouant sur la photographie et la mémoire humaine, parfois noté et mesuré, puis transcrit sous forme de résumé illustré. Aucune coordonnée  n’est rendue publique, toute incitation à visiter étant exclue, et SJV se dégage de toute responsabilité en cas d’investigation sans son accompagnement.

 

Ces travaux, sans aucune prétention, qui côtoient d’autres publications souvent bien meilleures, ne sont publiés que pour abonder, donner aux lectrices et lecteurs des commentaires et images d’endroits où ils n’iront peut-être jamais, d’une part, mais aussi pour contribuer à la mémoire de ces lieux et de ceux et celles qui y travaillèrent durement tout ou partie de leurs vies, au service de leurs employeurs, de leurs concitoyens, de leurs villages, villes, régions et pays.
Une grande partie du patrimoine immobilier, notamment religieux, de la France leur est en effet dû.

Les sites ne seront pas nommés (quand ils ont un  nom connu et avéré) mais seulement codifié selon un référentiel SJV connu de ses seuls adhérentes et adhérents.    (C…-SJV)
Leur exploration peut être totale (généralement celles à taille « humaine ») ou partielle (Généralement celles ayant un schéma géométrique rationalisé) , ou encore périmétrique seulement (celles qui sont immenses et sans schéma géométrique régulier, d’évolution « anarchique », souvent sur un ou plusieurs siècles !).

 

 

 

Voyons alors la carrière MLF N°1 :

Une heure de route, du siège de S.J.V., est nécessaire pour s’en approcher jusqu’à la limite des voies carrossables autorisées.
Une petite marche d’un kilomètre sur un large chemin agricole mène à une voie ferrée, et permet de repérer des têtes de puits d’aérage coiffées de capots que les céréales cultivées, en pleine croissance d’avril, n’ont pas encore dépassés.
La suite est d’abord assez facile sur un sentier plus ou moins encombré de végétation, puis devient plus aléatoire dans un enchevêtrement de ronces d’orties et de lianes voire à travers un taillis spontané, au travers duquel on finit par discerner une grande bâtisse ruinée et une bouche de cavage béante, sur fond de barre rocheuse calcaire.
Une vieille carcasse automobile marque les lieux !
Cette entrée n’est barrée d’aucun obstacle, et nulle pancarte d’avertissement ou d’interdiction n’est visible.
Au vu du terrain d’accès, très peu de cheminement (voire aucun ?) récent ce qui n’est pas pour nous déplaire.
De fait, dès les premiers décamètres parcourus dans une galerie à section rectangulaire (environ 4 m x 2,5 m) nous découvrons des Rhinolophes en repos, certainement peu souvent dérangés !
On s’autorise quelques photos rapides, sans flash, et nous poursuivons la visite.

Nous adoptons une progression à main droite continue, laquelle nous amène rapidement à un espace ayant abrité quelques artistes graffeurs en herbe dont un ou une au moins quelque peu talentueux-(se). Les lieux ne sont donc pas complètement oubliés, ou bien pas depuis longtemps, mais la fréquentation est visiblement très limitée en nombre comme en fréquence.

 

 

On peut s’interroger quant à la motivation des créateurs graphiques qui les amène à s’exprimer dans un contexte qui prive leurs œuvres de tout public ou presque, si ce n’est, peut-être, qu’elles ont toutes les chances de rester intactes, ni souillées, ni recouvertes, ou encore de trouver là une liberté  totale d’action, sans dérangement de l’inspiration, sans risque de poursuites judiciaires…(???)

Nous poursuivons et sommes très vite amenés à emprunter de petites galeries de cheminement périphérique, à taille humaine, entre paroi rocheuse directe et paroi plus ou moins construite. Ces voies, plus ou moins intermittentes, ont un caractère un peu mystérieux et ludique à la fois, mais surtout offrent régulièrement des paysages esthétiques, des zones concrétionnées selon plusieurs plans.
On finit par y trouver un condensé des concrétionnements les plus fréquents des grottes naturelles, entre coulées calcitiques pariétales, fistuleuses et draperies naissantes plafonnières, dépôts cristallisés en longues traînées au mur de carrière avec un échelonnement de microgours et des développements coralliformes dans les sous-faces des flaques durables.
S’ajoutent à ces spéléothèmes des stalagmites embryonnaires se développant dans les secteurs comportant des éboulis, et des pseudo-pisolithes qui sont en fait des gravillons de calcaire mis à nu et individualisés par une stillation régulière au sol, peu à peu calcités sur la totalité de leur surface libre.
Mais néanmoins agréables à regarder !

Plusieurs hectomètres seront ainsi parcourus, plus ou moins entrecoupés de passage dans les galeries d’exploitation relativement linéaires, mais sans connaître les organisations orthogonales évoluées du XXème siècle.
Ces galeries restent relativement basses, d’une hauteur restant entre 1,5 et 2,5 mètres la plupart du temps.

La strate calcaire exploitée est généreusement fossilifère, et présente souvent des macro-fossiles de bivalves et de gastéropodes notamment cérithes et turritelles…on est dans l’éocène, étage lutétien (- 48 à – 40 MA), un calcaire coquillier très induré.
Il se dit que Gustave Eiffel aurait opté pour le calcaire de ces carrières et proches pour réaliser les blocs fondateurs de sa Tour à Paris…

 

 

Nous ne rencontrerons quasiment aucune trace de l’époque industrieuse sinon des coups de pics et d’escoudes…rien qui témoigne de l’activité hormis quelques inscriptions à caractère comptable, des alcôves à usage d’abri ou de vestiaire (?), quelques patronymes inscrits à la flamme de lampe (Origine exacte ?).
L’ensemble est remarquablement rassurant quant à sa stabilité, hormis les quelques premiers mètres des bouches de cavages…nous en découvrirons trois successivement. Très peu d’éboulements sur plusieurs hectomètres parcourus, malgré de nombreuses diaclases, et les tracés des galeries révèlent soit le choix des carriers d’une qualité de roche déterminée, soit le guidage naturel des diaclases majeures, ce qui amène à constater des tracés bifides.
Trois puits d’aérage ont pu être observés, d’une facture remarquable, 1,2 à 1,5 m de diamètre, d’une hauteur estimée à 10-15 m
Deux d’entre eux correspondent probablement aux têtes couvertes du champ observées précédemment, séparées de 140 m et distantes de 300 à 350 m des entrées. Le troisième n’est pas couvert et n’a pu être localisé, il a servi de dépotoir.

 

 

La galerie dans laquelle il débouche est encombrée de bûches anciennes, et d’une multitude de pneus dont plusieurs de tracteur agricole…hélas !
Au cours du cheminement, on peut découvrir des restes de meules ou de sacs de myciculture ainsi qu’une galerie de stockage d’un fumier-compost tamisé.
Des aires parsemées de guano de chiroptères sont aussi régulièrement observées, et nous découvrirons une petite colonie en essaim d’une quarantaine de Rhinolophes, que nous éviterons de déranger, juste le temps de quelques photos sans s’attarder.

Les lieux sont connus de chiroptérophiles car on trouvera un peu plus loin une carte manuscrite invitant à respecter les lieux et leurs habitants sauvages.
Certains passages proches des bouches d’accès sont déstabilisés, il faut s’en méfier.
Conformément à l’observation d’une grande stabilité des strates, dès le premier décamètre sous terre passé, on ne trouvera que très peu de boisages de confortements, et des piliers à bras essentiellement cantonnés à la périphérie de l’exploitation, dans les zones plus fracturées, et où les infiltrations d’eau sont logiquement facilitées, favorisant aussi le concrétionnement.
Les occupations anthropiques « modernes » sont effectivement rares, marquées par quelques bouteilles et cannettes, et par trois fléchages principaux faits à la bombe à peinture (bleu, rose, mauve) dont la logique de progression reste à établir.

Très peu d’inscriptions, très peu de déchets.

La proximité d’une voie d’eau et d’une ligne de chemin de fer, respectivement distants de 100 et 50 m,  laisse peu de doute quant aux facilités d’acheminement dont ont pu bénéficier les carriers.
Aucun document relatif à cette carrière n’a pu être trouvé à ce jour, on ne sait donc rien des dates de début et de fin d’exploitation.
On n’y trouve aucun vestige d’une électrification .
Tout au long de la visite, nous serons frappés par le fait que de nombreuses galeries ont une voire deux de leurs parois entièrement construites, sur de grandes distances, souvent très bien appareillées, ce qui pourrait expliquer, en plus d’une largeur relativement limitée des galeries, la quasi-inexistence des boisages. (?)
Au final, et bien que l’exploration ait été partielle, cette grande carrière, qui est peut être le résultat d’une confluence de plusieurs petites, offre un potentiel intéressant, mariant les divers centres d’intérêt cités en début d’article, dont des puits praticables permettant des équipements techniques, des traversées horizontales et verticales.
Son éloignement des zones urbanisées, des routes, des chemins courus, et la confidentialité des accès, en plus de sa situation dans un environnement semi-boisé bien agréable, en font un site de sortie de club polyvalente.

 

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