Le Bois de Brou-sur-Chantereine 739

Le Bois de Brou-sur-Chantereine 739

22 avril 2024 Randonnée 0

 

Le Bois de Brou-sur-Chantereine      739

Nous nous sommes intéressés depuis longtemps à cet espace vert boisé, situé à 5 km à vol d’oiseau et 8 km par la route…à compter du siège social de SJV, autant dire, très proche !

 

Mais jusqu’en 2013 on ne pouvait y accéder que clandestinement…puis une soixantaine d’hectares ont été ouverts au public par l’AEV qui l’a acquis, pour enfin voir l’ouverture largement accrue aux 235 ha de forêt en 2019.
Malheureusement, dès lors qu’un accès devient public, une nuée de règlements, de normes, de principes de précaution en tous genres s’abat sur les lieux, ce qui entraîne des « aménagements »… souvent synonymes de destruction violente.

Et de là, beaucoup d’atteintes à l’environnement dans un premier temps, puis une sur-fréquentation du public bruyante, pétinante, roulante, qui ne peuvent que nuire à la biodiversité…à commencer par la création d’une « desserte forestière », une expression derrière laquelle se cache une saignée dévastatrice de 20 m de largeur sur plus de de 2 km, et prometteuse de nombreuses interventions de bûcheronnage en sus des masses piétonnières des week-ends…

 

 

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Malgré tout, et à ce jour, cette grande forêt (pour la couronne francilienne) garde encore un certain intérêt.
Si le décompte officiel des longueurs cumulées des chemins, allées, sentiers, voie verte avoisine 10 km, ce sont plutôt 20 km de parcours possibles que nous avons recensés, en restant sur les traces bien marquées par les marcheurs, les coureurs, les vététistes, les chevaux, voire véhicules à moteur autorisés ou non.

En étudiant plusieurs cartes et plans on peut en repérer l’essentiel, mais il y a beaucoup de sentes non représentées, souvent créées par celles et ceux que les « autoroutes » pédestres ennuient voire désolent, à tel point que des parcours « sauvages » sont tout bonnement parallèles et à peu de distance desdistes « autoroutes »…des « doublons » en quelque sorte !

 

 

Le bois de Brou est une belle forêt, où se rencontrent encore de nombreux et magnifiques chênes, séculaires pour beaucoup, dont un réputé avoir été une « justice » dans les temps où elle était rendue en plein air…les branches dédiées aux pendaisons n’étant pas loin !

 

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Bien entendu, il s’y trouve des enclaves très artificielles de peupleraies ou de parcelles de résineux, susceptibles de favoriser une diversité écologique. Hêtres et charmes sont aussi représentés par de beaux éléments.

Le caractère longtemps privé de ce grand espace de vie naturelle, bien clôturé jusqu’en 2015, l’a certainement sauvegardé, mais, en quelques années seulement, il y a déjà pas mal de « blessures » visibles, en sus du bruit aussi pénible que permanent de l’autoroute A104 très proche, à l’ouest du bois.
On pourrait aussi parler de la pollution lumineuse engendrée par les villes immédiatement riveraines…seul le nord étant encore indemne d’urbanisation. Se promener dans ce bois la nuit en est révélateur, et nos yeux et oreilles d’humains sont loin d’être aussi sensibles que ceux et celles de bien des animaux ici présents, donc plus ou moins dérangés.

Le mot « brou » semble être un dérivé de « breuil », ce dernier vocable ayant désigné des bois marécageux, et, de fait, une bonne partie de cet espace naturel est très humide, voire au sol temporairement immergé en période pluvieuse soutenue.

 

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Notons ici que la partie la plus occidentale, où se situe le château du XVIIème siècle, a été maintenue sous statut privé. Une clôture marque très bien la limite, ainsi que des affichettes « Tir à l’arc – Danger », obstacle physique cà et là complété par des caméras.

 

 

Si la Chantereine, ruisseau permanent, borde la forêt à l’Ouest, elle reste dans cette partie privée.
Sa dénomination serait liée au « chant des rainettes », petites grenouilles arboricoles aux moeurs essentiellement crépusculaires…rares sont les gens qui les ont rencontrées ! Hélas, petit cours d’eau très pollué…

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En revanche, deux autres ruisseaux, orientaux cette fois, peuvent être côtoyés…un peu mieux préservés.
Le Ru de l’Etang, qui commence au bas de la colline de Villevaudé et qui alimente la Mare aux Sangsues du Bois de Brou.

 

 

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Cette « mare » a plutôt une allure et une dimension d’étang, avec 1,6 ha de superficie en eau libre et une île de 3500 m²
Elle portait d’ailleurs le nom d’Etang de la forêt durant une période qui vit un petit château du même nom édifié à sa proximité méridionale, bâtiment totalement détruit.
Le Ru Venante, issu du bas de la colline de Montjay -la-Tour, alimente lui aussi cette « mare » après 1600 m de cours, puis continue sa course grossi par les eaux du Ru de l’Etang, sur 3 km avant de se jeter dans la Marne dont il est affluent direct.
Par fortes pluies, l’écoulement de ces rus devient assez important et empêche de faire le tour de l’étang en deux points, sauf en bottes ou pieds nus si on veut garer ses chaussettes ou chaussures sèches !

 

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Dans ces parages, les sous-bois sont fréquemment inondés, et les sols restent très mous.

L’étang nous a paru plutôt pauvre en oiseaux, au regard de son étendue et de sa couronne forestière.
Pour ce qui est des plus « gros », Canard colvert, Foulque macroule, Oie Bernache, Grand cormoran sont présents mais en très petit nombre, même si nous y avons vu, en 2024, une belle famille d’oies et un grande famille de Colverts !
Le dérangement quotidien répété et quasi-permanent les week-ends ne peut permettre l’établissement et/ou le maintien des espèces les plus craintives et/ou réclamant une tranquillité durable.
Mais, théoriquement, environ 110 espèces d’oiseaux seraient visibles dans le Bois de Brou !

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Il n’est pas anodin de savoir qu’en 2020 de véritables délinquants ont presque asséché ce superbe étang en détériorant la vanne de régulation et creusant un chenal d’évacuation, vraisemblablement pour braconner les grosses carpes et autres poissons.
Ceci a évidemment eu de graves conséquences sur les populations aquatiques, dont la quasi-disparition des moules dulcaquicoles et des oiseaux dépendants de cet écosystème subtil…et, même quatre ans plus tard, on voit que le renouveau est lent à s’installer.

 

 

Du côté des Mammifères, on va du campagnol, (grands espaces agricoles tout près),  au sanglier, en passant par chevreuil, écureuil roux, hérisson, blaireau, taupe, lapin, lèvre, musaraigne, fouine, martre, et peut-être des rats.
Il y a certainement des Chauves-souris, mais n’ont pas fait l’objet de détermination.

La pêche est interdite dans les mares et étangs, celui des Sangsues abritant notamment des carpes.

Le caractère marécageux fait que divers reptiles et batraciens peuvent être rencontrés.
Pour les reptiles, ça se limite à la Couleuvre hélvétique, le Lézard vivipare et l’orvet fragile, repérés à ce jour…
Les amphibiens sont mieux représentés avec 5 espèces de Grenouilles (agile, rousse, verte, rieuse, et hybrides) 4 espèces de Tritons (crêté, ponctué, alpestre et palmé), et le Crapaud commun.

 

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Les Invertébrés sont très bien représentés, il serait ici bien trop long d’en détailler les espèces…plus de 120 espèces parmi les plus connues recensées , Insectes, Arachnides, Myriapodes, Crustacés, Mollusques, Vers…et autres groupements.

 

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Et beaucoup plus d’espèces parmi les moins connues, souvent très petites  !

La flore herbacée printanière est abondante, notamment Ficaires, Renoncules diverses, Muguet, Sceau de Salomon, Herbe-à-Robert, Gléchomes, Véroniques, Bugle, Fraises, Ombellifères (carotte sauvage ?)…
Avril peut livrer de merveilleuses pespectives avec d’immenses tapis de jacinthes puis de stellaires.

Les arbres ne sont pas en reste; comme il se doit dans une forêt, mais ici une forêt qui garde encore une belle diversité ayant échappé à la sylviculture intensive de rendement, d’une part, et à l’abattage immédiatement rentable des grands spécimens.
Néanmoins, une grande vigilance s’impose, les tentations sont fortes de domestiquer un peu trop l’harmonie forestière sous couvert de « sécurisation » du public, d’ « écologie dirigée », de « re-diversification », de « protection des espaces verts »…et autres motifs louables en apparence mais souvent controversés par les scientifiques qui voient les choses avec bien plus de recul, de connaissances approfondies, et sur le (très) long terme…

Pour autant, aller dans cette forêt, de préférence en dehors des jours et heures d’affluence, car elle est ouverte en permanence toute l’année, ne peut qu’être conseillé ! Avec de la discrétion…autant que possible !
Si la visite est nocturne, le silence est préférable, et l’éclairage réduit au maximum voire nul car il est tout à fait possible de déambuler tranquillement sans lumière au moins sur les plus grands chemins.

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Cet espace « naturel » offre un bon moment de paix et de beauté végétale, réserve d’agréables surprises au détour de tel ou tel chemin, permet une détente physique autant que morale.

En conclusion de cet article dont nos lectrices et lecteurs auront bien senti son ton réservé, voire critique, nous saluons l’ouverture au public de cette forêt mais pensons qu’il aurait été louable que son accès fût régulé, et souhaitable qu’il le soit bientôt, avant qu’il ne soit trop tard…
Par exemple en la sanctuarisant durant certains mois, ou n’autorisant l’accès que trois ou quatre jours sur sept , ou encore avec des plages horaires comme on peut le voir dans plusieurs parcs, jardins et forêts.

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Le gardiennage d’une aussi grande forêt n’est pas facile et a un coût, c’est certain, mais mieux protéger un tel site le mériterait.
( Comme pour le Parc de 150 ha à Sevran, 200 ha à Aulnay, ou 800 ha dont la moitié en  jardins versaillais d’accès gratuit…).

Bonne visite !

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