Les échelles souples…ça peut servir ! 231

Les échelles souples…ça peut servir ! 231

16 octobre 2019 Spéléologie 0

Les échelles souples, ça peut (encore) servir !

Les échelles souples ont eu leur heure de gloire, puis, comme bien des avancées techniques dans le monde sportif, sont peu à peu tombées en désuétude. Leurs principaux atouts furent et peuvent encore être de remplacer avec beaucoup d’avantage les ex-échelles de corde, très encombrantes, très lourdes, et putrescibles, d’une fiabilité relative avec un vieillissement rapide et insidieux…mais aussi de supporter des frottements dans des passages ou utiliser la seule progression sur corde de polyester se révélerait vite hasardeux ou nécessiterait une collection de fractionnements, déviations, bâches ou gaines anti-frottement et autres artifices protecteurs. On doit leur invention et leur mise au point à Robert De Joly  dans les années 55/60.

On s’en sert aussi  pour franchir de petites hauteurs ou encore dans des ateliers pédagogiques permettant à des novices ou autres pratiquants ne pouvant pas utiliser la progression sur corde seule, surtout s’ils sont nombreux, de franchir des verticales en étant assurés du haut, bien plus rapidement que s’il fallait mettre en place et démettre tout le matériel nécessaire.
Les versions quasi universelles désormais sont les Pierre-Allain (Décédé en 2001) et leurs suivantes, en câbles d’acier zingué ou inoxydable de  3 mm et échelons d’alliage d’aluminium (Duralumin) de 10 ou 12 mm maintenus par des frettes serties tous les 30 cm…sans oublier leurs fameux maillons fendus ‘ »Italiens »destinés à rabouter les échelles entre elles en un clin d’œil !
La résistance à la charge des câbles est de l’ordre de 400 kg, mais celle des maillons italiens ne dépasse pas 300 kg. Les points faibles restent les barreaux, qui ploient au-delà de 100 kg appliqués en leur milieu.
Les deux longueurs standard sont de 5 et 10 m…pour 120 grammes au mètre, à mettre en rapport avec  les 60 ou 70 g au mètre de la corde de 10 mm.

Deux fois plus lourd, et même presque trois fois si on considère qu’une corde (de 9 mm par exemple) doit doubler l’équipement. Il existe encore actuellement des versions de 15 et 20 m commercialisées en câble inox, mais signalons leur prix prohibitif de l’ordre de …350 et 450 euros !
Du fait de leur structure et des matériaux utilisés, on ne peut considérer ces échelles comme suffisamment fiables, même neuves, pour leur confier sa vie, même si les exemples de rupture accidentelle et accidentogène sont extrêmement rares, sauf dans le cas d’éléments très dégradés, câbles détruits en grande partie, barreaux pliés en deux ou d’utilisation extrême et/ou détournée (utilisations à plusieurs par exemple ou traction de gros blocs pour désobstruer…)

Il est donc nécessaire, sauf cas d’urgence incontournable, d’assurer une échelle avec une corde qui la double.
Contrairement à une idée reçue qui a la peau dure, la remontée aux échelles n’est pas plus difficile qu’aux bloqueurs dès lors qu’on en maîtrise l’usage.
L’action peut être bien plus régulière, et le dégagement des bloqueurs facilité vu qu’il y a des appuis confortables pour s’y livrer.

On peut s’assurer de différentes façons, soit en installant un bloqueur sur le côté du cuissard avec un mousqueton embrassant la sangle principale (Attention…surtout pas dans les porte-matériels textiles ou plastiques du cuissard) et un second mousqueton dans le trou supérieur, soit en gardant ce bloqueur en position poitrinaire. Dans ce second cas il faut veiller à ne pas l’accrocher dans les barreaux.
Toute chute sur un bloqueur étant à éviter, surtout s’il n’y a que lui pour assurer, il est recommandé d’ajouter la poignée avec grande longe et un élastique « chambre à air » dans le trou supérieur (ou deux mousquetons), que l’on tient dans le creux du pouce. La poignée monte alors avec la main lorsqu’elle saisit les barreaux successivement.

Les échelles se montent selon plusieurs processus possibles, et s’il y a plusieurs décamètres à grimper ainsi, il est judicieux de mixer ces processus. On peut en effet soit utiliser l’échelle comme une échelle rigide, notamment s’il y a  des appuis pour les pointes des pieds sur une paroi, ou bien monter en la prenant sur le chant, avec les pieds et les mains alternativement de chaque côté, ou encore de face avec un pied devant et le suivant derrière, et le plus souvent en prenant les échelons avec les mains par derrière…ce qui limite fortement la tendance à se déverser vers l’arrière du corps.
Il est notoire que le fait de tendre l’échelle la rend bien sûr « rigide », et qu’en conséquence l’ascension va s’en trouver bien plus commode…tout équipier(e) s’en souviendra au bénéfice de celui ou celle qui le(la) précède !!!


Il suffit de prendre un rythme lent et régulier pour « tenir » longtemps, et, de toute façon, se reposer est très facile soit en se posant sur le bloqueur resté thoracique ou ventral, mais on peut perdre quelques mètres si grande longueur de corde au-dessus, soit en se longeant sur le câble juste au-dessus du barreau supérieur…le repos est même bien plus confortable et récupérateur que sur la corde, car les jambes peuvent rester supportées par l’échelle.
Il y a évidemment d’autres possibilités d’assurage, avec une corde par un équipier du haut, ou par un équipier du bas, ou sur un « shunt »…L’important est de ne pas utiliser d’échelles souples sans une corde d’assurance hormis les cas de passages de faible hauteur où l’échelle n’est qu’un agrès facilitateur.

Il existe actuellement plusieurs autres modèles d’échelles souples, soit sur câbles en acier, soit sur corde en polypropylène armé, soit en sangle, avec des barreaux en corde rigidifiée, en plastique, la plupart étudiées pour des usages professionnels spécifiques, toutes encombrantes et/ou lourdes et surtout très chères !

Les clubs et particuliers qui détiennent ces objets ont intérêt à les conserver et les entretenir, dans certaines situations techniques ou certaines actions formatrices, les échelles souples n’ont pas dit leur dernier mot.

Un mot encore quant au rangement…il faut éviter que se développe des phénomènes de corrosion, autant que possible, donc ranger ces échelles sèches et débarrassées des boues.
Leur enroulement n’est pas forcément aisé, mais s’apprend vite…soit on les roule en partant d’un cylindre initial formé par deux espaces (soit environ 65 cm de circonférence et 20 de diamètre) en veillant à encastrer les câbles à chaque tour, à l’intérieur des précédents tours, soit en commençant serré, et en croisant les câbles tous les deux barreaux toujours dans le même sens.
Dans le premier cas on a un cylindre creux mais large, dans le cœur duquel se loge une bouteille par exemple, mais qui nécessite un sac de portage de bon diamètre.(ci-contre) Dans le second cas, ça tient dans les sacs dits « personnels » mais l’espace vide entre barreaux et câbles est inutilisable.

 

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