Les péripéties de Coco, chapitre quatre…241

Les péripéties de Coco, chapitre quatre…241

4 novembre 2019 Spéléologie 0

Les péripéties de Coco, chapitre quatre… (novembre 2019)

Coco s’est engagée pour la première fois dans un séjour de SJV de plus de trois jours…et en automne, dans l’Est de la France.
Pour une « frileuse », c’est quand même un défi, pris d’emblée !
Sur le chemin du retour, elle s’est appliquée à raconter, sobrement, le déroulement de chacun de ces jours, de son point de vue. Les cinq chapitres de son texte sont les sujets de cinq articles, livrés tels quels.

Et voici le 4 ème jour de notre séjour, très « nature » !
La nuit a été confortable malgré la pluie. Heureusement la température reste très supportable.
Il faut dire que comme je suis frileuse j’ai prévu de quoi rester au chaud…. Grâce à des chaufferettes. Avant de raconter cette nouvelle journée je vais faire un point sur l’adaptation du corps au froid et à l’effort. 

[…Comme écrit un peu plus haut je suis d’un tempérament extrêmement frileux avec un refroidissement intense dès que je mange du froid en milieu froid. Aussi ceci est-il difficile à gérer lors de ces séjours « nature » et un peu extrêmes. Pour cette fois nous avons emmené le gaz afin de faire chauffer de l’eau chaude ou de la soupe. Or depuis le début de séjour il n’a pas été possible de vraiment s’en servir et cela m’a permis de constater que c’est possible de s’en passer et de manger froid et finalement presque mieux que de manger chaud. Alors certes la température n’est pas descendue en dessous de 10 degrés mais avec des chaufferettes dans les poches pour chauffer les mains en mangeant et en plus dans les chaussettes pour les pieds, je n’ai pas eu de refroidissement insupportable. Toutefois le choix des aliments avec des composants énergétiques en rapport avec les activités a aussi son importance. J’ai évité au maximum les aliments acides tels que jus d’orange le matin par exemple. En tout cas je suis une fois de plus très impressionnée par les capacités d’adaptation de notre corps tant sur la résistance aux éléments extérieurs, aux contraintes physiques imposées pendant ce séjour que sur la thermorégulation citée ci-dessus…] 

Et maintenant la journée d’aujourd’hui.
Au programme visite de la grotte d’Ouzène, située à quelques kilomètres de notre bivouac. 
Nous nous sommes équipés avant de démarrer car le temps est à la pluie, ce qui nous indiffère puisque nous allons sous terre…mais pas pour nous préparer, vu le déballage immense… Nous garons les voitures et marchons avec tout notre matériel sur environ 850 mètres. Nous sommes dans un bois et arrivons bientôt devant un trou délimité simplement par des bandes de plastique. 

Le Noeud de blocage de Nanou…efficace !

Nanou est chargée d’installer les cordes qui vont nous permettre de descendre dans le 1er puits du jour. Descente avec un fractionnement et une déviation ce qui oblige à des manœuvres avec nos descendeurs au-dessus du vide. 
Heureusement Gigi et moi avons eu quelques « cours de révision » depuis la rentrée. Arrivés en bas sans difficultés, nous commençons notre descendre vers les méandres de la terre. 
Cette grotte m’apparaît comme magnifique sur tout son trajet…ou presque. Une multitude de décors, de stalagmites et stalactites, blanches, ocres,… Des concrétions de champignons blancs, des draperies de toutes les tailles avec des variétés de couleurs allant du blanc au beige en passant par l’ocre et le rose. Nos yeux en sont éblouis et nous progressons lentement pour avoir le temps de tout regarder.


Nous avançons sur une main courante posée de façon fixe et qui nous permet de passer des têtes de puits plus ou moins profonds. L’un d’eux nous offre une vue superbe sur un gour rempli de « diamants de lutins » avec des concrétions tout autour. 
Et arrive le puits que Kiki veut nous faire découvrir. C’est Gigi qui est cette fois chargé de l’installation. 
Car il faut remarquer que, à la SJV, nous ne nous contentons pas simplement de suivre un guide. Nous sommes aussi là pour apprendre et progresser dans la technique, au fil des sorties. Ce qui fait que les balades dans une grotte comme celle-ci nous sont possibles parce que nous savons nous débrouiller en partie « seuls »…et sauront bientôt le faire totalement « seuls ».
Pendant cette pause j’en profite pour sortir mon appareil photo (canon 70 D).
Avoir le temps de prendre des photos est un luxe rare. Cette grotte est tellement riche que je ne sais plus où donner de la tête. 


Avec Nanou nous nous amusons à faire une photo artistique d’une draperie avec une goutte d’eau au bout. 
Il nous faudra un bon quart d’heure pour trouver le bon angle pour l’éclairage et « choper » la goutte d’eau juste au bon moment. 
Et enfin Gigi a fini par venir à bout de son installation, très technique pour un débutant dans ce domaine de l’équipement de voie,  il faut le dire. Nous pouvons continuer jusqu’au fond soit une descente de 7 + 28 mètres. En bas une belle petite salle avec gours et « grillage »de colonnettes.
Nous partons sur la droite en grimpant sur une enfilade de gours et arrivons dans un cul de sac… C’est la pose déjeuner. Dans un réduit à côté il y a un très beau gour qui ferait une parfaite baignoire… Si on aime l’eau froide… Mais qui nous permet surtout une pose physiologique.
En effet, il nous a quand même fallu 3h30 pour venir jusque là et le dernier instant « physiologique » remonte à 6 ou 7 h plus tôt!


Nous déjeunons avec appétit et comme Kiki n’est pas du genre à rester en place trop longtemps, le voilà qui se coule dans un boyau en rampant… Ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme la taupe !!
Il siffle et chante pour nous inciter à le suivre, ce que Nanou et moi faisons… Avec émerveillement à la sortie du boyau. Nous accédons à une salle immense, toute blanche avec des orgues de concrétions fabuleux. Au sol, la trace d’un ancien lac aujourd’hui pratiquement et très souvent à sec. Kiki nous dit qu’il l’a vu rempli il y a 15 ans encore…plus d’un mètre d’eau à l’époque. Sur une paroi, une coulée de peinture ocre.. Œuvre de la roche et de l’eau avec des brillants, comme une écharpe dorée sur le blanc immaculé.
Un énorme pilier est mis en diagonale et forme une voûte avec un autre en face. 
Je suis complètement éblouie par autant de splendeurs ici rassemblées en un lieu unique. 


Nous passons une nouvelle petite « grille » de colonnettes et arrivons dans une salle en forme de couloir. La hauteur de ces salles est d’environ 30 mètres …Sur une draperie nous sommes tous heureux de voir une petite chauve-souris accrochée.
Apparemment la seule visible, mais on ne fait qu’entrer dans la saison froide, et encore…Juste au sol des ossements d’animaux… Étrange !  
Kiki nous dit que nous reviendrons tout à l’heure dans cette salle en passant par un puits. 
Nous repassons donc par le boyau pour retrouver Gigi qui a préféré nous attendre.
Et c’est la remontée dont une pause photo de la petite salle avec le gour et la nouvelle surprise : une grenouille barbottant dans l’eau ! Étonnant, à 60 mètres sous terre, de voir qu’elle peut survivre. 
La remontée se fait assez facilement et Nanou ayant plus d’expérience est chargée de démonter les cordes au fur et à mesure de la progression. Nous voilà de retour au niveau des mains courantes fixes, et là, Kiki m’informe que c’est à mon tour d’installer la descente suivante dans le puits. Autant dire que je ne suis pas du tout rassurée de faire ça dans le vide inconnu de 35 mètres en dessous. 


J’installe ma longe courte et commence par poser 2 plaquettes en les vissant dans la paroi pour y installer une corde avec un nœud à 2 oreilles dit « de Mickey », en sus d’un troisième amarrage en paroi.
Puis il faut que je descende sur cette corde qui sort au fur et à mesure de mon sac accroché à ma ceinture. Kiki ne me laisse tout de même pas seule longtemps car il me rejoint sur une autre corde afin de me guider pour la suite de l’installation. Arrivée sur un palier, je peine un peu pour m’y asseoir quelques instants. 


J’ai le souffle court et vraiment je n’en mène pas large. 
Suite des opérations, il me faut encore mettre 2 plaquettes avec un nouveau nœud de Mickey (ou Bunny, ou Lapin ou ou Huit sur ganse double) pour faire un fractionnement.
Je peine, car même en appui sur 2 plaques pour poser les pieds je n’arrive pas à mettre la corde dans les mousquetons. 
Mais bon, Kiki m’aide en me soulevant un peu. Un peu épique mais je finis par y arriver. 
Et je reprends la descente sur les 25 mètres qui me ramènent dans la grande salle blanche. 
Je suis toute tremblante à l’arrivée mais je dois bien l’avouer assez fière de moi de cette manœuvre technique. 

Mes équipiers me rejoignent et c’est une nouvelle visite avec photos artistiques et moult commentaires sur la beauté de cette salle dont nous ne nous lassons pas. 


Et déjà il faut remonter. La fatigue commence à se faire sentir et la remontée à la pédale est épuisante. Au fractionnement, nouvelle épreuve pour le changement de matériel sur l’autre partie de cordes. 
Arrivée à la main courante je suis HS. 
Je vais me réfugier dans un endroit sur et m’assois par terre… Et je m’endors d’un coup…. Environ 15 minutes le temps que tout le monde me rattrape. Kiki, toujours en forme, s’informe pour savoir si j’en ai profité pour faire des photos…. Il ne manque pas d’humour ce garçon… cela ne m’a pas effleuré vu mon état !
Toutefois cette courte sieste m’a redonné « un peu de jus » et je repars en arrière avec Nanou qui est une assistante parfaite en beaucoup de points et notamment comme éclairagiste artistique pour des photos d’art. 
Et, hop ! Quelques photos… il est temps de prendre le chemin du retour. 
Nous remontons le boyau installé par Gigi puis, descente sur une corde posée en fixe. Un passage en « boîte aux lettres » puis à 4 pattes, un relais d’entraide pour les sacs et les équipiers pour 2 passages à escalader, un puits de 7 ou 8 m à grimper et nous arrivons devant la dernière corde. 
25 mètres à remonter avec une déviation et un fractionnement « plein vide ».


Gigi est devant moi et souffre car il a accroché à sa ceinture un sac plein de cordes. Je l’aide en lui tendant la corde le plus possible afin d’optimiser sa progression.Une fois qu’il a passé le fractionnement, je commence à mon tour la montée, assurée par Kiki. 
C’est long et fatigant. Mais je monte, pas de pédale après pas de pédale…avec…ma pédale !
Les derniers mètres sont crevants car après le fractionnement il n’y a personne pour tendre la corde et il est nécessaire après chaque coup de pédale de tirer sur la corde pour la faire coulisser dans le bloqueur.
J’ai hâte d’apprendre à utiliser un bloqueur de pied…
Et enfin le grand air !!!

Il fait nuit et il pleut. Mais vu notre état boueux on s’en moque. Kiki suit de près et il reste Nanou qui, elle, travaille le plus avec tout à démonter au fur et à mesure. J’admire son endurance, toujours avec le sourire… Ce qui n’est pas toujours le cas me concernant… j’avoue ! Mais je ne désespère pas de suivre son exemple, un jour…


Il est 20h…. Nous avons passé 10 h sous terre. Et les rires, les plaisanteries, parfois grivoises, sont de retour… Faut bien décompresser…
Nous rejoignons les voitures, quittons nos combinaisons mouillées et bien sales, avant de rejoindre notre bivouac, de nuit. 
Un magnifique auvent sur un lieu touristique de sentier karstique très joli et fermé en cette saison. Le lieu a un 2ème luxe… des toilettes sèches, un vrai bonheur… Et oui il en faut peu pour être heureux dans ce genre d’expérience. 


Nous mettons les voitures en partie sous l’auvent pour sortir les lits et tout le barda en restant au sec car il pleut bien. 


La météo est d’ailleurs très sympa avec nous car depuis le début nous avons quasiment réussi à passer au travers des gouttes et faire nos diverses activités au sec.
Et enfin c’est dodo…après un dîner comptant un plat chaud…oui, je dis bien ; un plat chaud !
Je l’aime le lit de camp, ma foi très confortable après des journées aussi belles que fatigantes. 
Il pleut…il pleut…Nous sommes à l’abri !

 

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