Phénomène karstique à Coubron 423

Phénomène karstique à Coubron 423

4 septembre 2021 carrières diverses Spéléologie 0

Phénomène karstique à Coubron          423

Dans l’Est parisien, chacun sait qu’il y a eu une multitude de carrières de gypse, du fait que plusieurs bancs de cette roche y ont été formés, et constituent une formidable richesse minérale, à la base de toute une économie régionale.

Etang Virginie avant juillet 2020

De de fait, le sous-sol fait figure de « gruyère » en nombre d’endroits et peu de communes y échappent !
Mais les carrières ne sont pas les seules créatrices de grands vides souterrains, il y a eu bien avant que  les être humains les creusent (et même existent), des phénomènes naturels de dissolution ayant engendré de véritables réseaux de circulation des eaux.
Deux grands modes de formation ont présidé au développement de longues et très hautes galeries et à celui de grandes salles, exclusivement par corrosion-dissolution puis effondrements plus ou moins intenses.
Le couche de gypse la plus récente, fin de l’étage Ludien ( -38 millions d’années environ) haute de 10 à 18 mètres selon les lieux, est couverte des marnes bleues d’Argenteuil et Blanches de Pantin, plus ou moins représentées, et qui forment une double-strate quasi-imperméable.
Dans ce qui reste de la forêt de Bondy, entre les communes de Clichy-sous-Bois, Coubron et Montfermeil, il y a cinq étangs dont le plus grand (Étang Virginie ) a brusquement « disparu » entre les 20 et 24 juillet 2020.
Ces étangs reposent sur les fameuses strates sus-nommées, elles-mêmes soutenues par la haute masse du gypse, elle-même discontinue à cause des vides que l’eau y a peu à peu formés…par dissolution.
L »une de ces cavités a donc vu son « ciel » connaître une « remontée » de voûte » par effondrement, et les marnes, relativement plastiques, ont cédé sous leur poids et celui de l’eau au-dessus d’elles, créant un fontis sub-aquatique.
Les vides souterrains étant certainement très importants (c’est un réseau ) les 40000  m3 (estimation pour cet étang de 15 000 m²) d’eau se sont rapidement déversés sous terre, à tel point qu’en 3 ou 4 jours l’étang Virginie s’était volatilisé !

Ce constat montre que le karst du gypse peut être très important, car ici, aucune carrière souterraine n’était connue et n’a été détectée par divers sondages de sécurité effectués par l’AEV après une campagne de reconnaissance géotechnique et géophysique menée en 2010 pour vérifier l’absence de grands vides hypogés . Des travaux de forage et d’injection de coulis avaient été menés de 2010 à 2012 dans les cavités détectées…mais celle-ci avait échappé aux experts !
Les 3 étangs supérieurs et l’étang inférieur , quant à eux, sont restés égaux à eux-mêmes…
la zone d’effondrement est située dans la corne est de cet ex-étang (point rouge), et se manifeste actuellement pas un fontis conique classique d’une dizaine de mètres de diamètre et 5 ou 6 de profondeur.
Au creux de ce cratère, on ne distingue pas de vide continu, un amas de roches qui constituaient une digue s’y étant amoncelé…en sus des marnes, boues et vases qui ont colmaté les interstices. (Dommage pour les spéléologues !!! 🙂 ! )
Si on se livre à un petit calcul, 40 000 m3 « avalés » en 120 heures environ (5 jours) on se dit que ce fontis a pu débiter près de 80 litres d’eau par seconde ! Ça peut faire un peu peur, quand même…!

Les observateurs locaux ont tenté de repérer une résurgence de ce flot considérable en contrebas de la colline forestière, sans succès.
On aurait pu s’attendre à noter une réapparition à une altitude de 60 ou 65 m environ, au-dessus de la couche des marnes d’entre-deux masses, par exemple rue de Courtry à Coubron, au niveau de l’Etang du Moulin, ce dernier aurait pu marquer un changement momentané de niveau (?).
Cet étang « urbain » est en effet distant de 1 km, et si on considère la structure géologique tabulaire, 40 000 m3 créeraient une nappe temporaire de 4 ou 5 cm de hauteur environ, soit 1 cm par jour d’écoulement linéaire selon une répartition discoïdale.


De même sur la commune de Livry-gargan où plusieurs pièces d’eau sont à ces altitudes…mais beaucoup plus loin, ce qui ne se serait traduit que par quelques millimètres !
Mais voilà…Dame nature n’est pas réglée comme ce qui sort de la NASA, d’innombrables variations de la géométrie de strates ont pu diriger cette eau un peu partout et très loin …et une fois très étalée, pas de manifestation visible possible en surface du sol.
Précisons pour finir que le site a été circonscrit d’une haute barrière, et que son accès est interdit.
On peut cependant observer au travers des grilles…il ne reste qu’une petite mare !

La Mare…Virginie !  A comparer avec l’Etang, même angle de vue, en début d’article…

 

 

 

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