Subterranologie exposée 373

Subterranologie exposée 373

16 janvier 2021 carrières diverses 0

Subterranologie exposée   373

S ’aventurer dans une carrière abandonnée ne doit jamais être considéré à la légère.
Tant qu’une carrière est en activité, au XXIème siècle, c’est-à-dire que l’exploitation est soumise à de multiples règles sécuritaires, normes d’équipements, surveillance et maintenance, les risques à déambuler dans les galeries sont extrêmement réduits mais jamais nuls.
En revanche, les très anciennes carrières, très loin d’être aussi sécurisées,  les plus récentes abandonnées dont tous les éléments de protection sont peu à peu affectés par le temps ou carrément retirés pour être utilisés ailleurs, deviennent à risque de plus en plus élevé, à quelques exceptions près.
Selon la nature des roches exploitées, les risques d’éboulement, d’ennoiement, d’enlisement, d’intoxication s’ajoutent potentiellement aux risques classiques des visiteurs souterrains que sont l’égarement, la perte d’éclairage et l’accident corporel privant de la mobilité, souvent suivis du refroidissement puis de la faim et la soif, voire de détresse psychologique pouvant mener à des sur-accidents.

Le présent article ne traitera que des risques d’éboulement dans les carrières. Le cas des souterrains est bien plus complexe…

1) Risque en galerie simple confortée


Si elle est confortée, c’est surtout l’état des confortements qui va être révélateur. Car les carriers les auront installés en fonction des faiblesses du ciel de carrière. Ce qu’ils ne faisaient pas sans expérience, ni pour le plaisir…donc, dès qu’un de ces confortements est défaillant, par exemple pilier écroulé, cambré, dévié, éclaté, écaillé, poinçonné…méfiance !
Si ce sont des boisages, la méfiance est quasi-systématique car ils sont très souvent pourris, ou, à tout le moins, très fragilisés.
Si ce sont des éléments métalliques, presque toujours ferreux, l’état d’oxydation et l’épaisseur du métal sont déterminants, mais il est difficile d’apprécier à quel point la résistance de ce matériau est affectée…certaines poutres de type IPN peuvent devenir complètement feuilletées de rouille, et il ne reste presque rien de leur solidité d’origine bien qu’elles paraissent encore massives.
Dès lors que tout ceci paraît défaillant ou susceptible de l’être, on doit considérer la galerie comme brute…non sécurisée.
L’intérêt des confortements, même douteux ou tombés, est de signaler les points les plus faibles au visiteur, le travail de recherche et d’évaluation ayant été fait pas les carriers avant lui !

2) Risque en galerie simple brute
L’observation du ciel ne suffit pas, il faut aussi se préoccuper des parois.


Bien  évidemment, au ciel, on recherche en priorité les fractures majeures puis les secondaires et surtout le réseau qu’elles forment entre elles.
Les plus dangereuses restent celles qui sont dans l’axe de la galerie ou s’en rapprochent.
Viennent ensuite celles qui sont obliques et sécantes entre elles avant la paroi opposée.
Elles dessinent alors un triangle dont une base est une paroi ou proche d’elle, et le sommet opposé marqué avant la paroi d’en face.
Cette forme implique un formidable levier, le triangle ainsi esquissé menaçant de se briser à la base, la planche de ciel basculant alors.


Lorsque les fissures ou fractures composent un réseau, dessinant là encore des triangles, des losanges, des pentagones…formant comme une mosaïque géante au plafond, l’ensemble ne tient que par auto-blocage de ces blocs entre eux, et, bien entendu, si un ou plusieurs cèdent sous la pression des autres tout l’ensemble va s’écrouler.
Ce sont souvent les éléments centraux qui vont lâcher les premiers car soumis à une pression sub-verticale, entraînant une flexion et le sommet du ciel va alors chuter massivement.

Les parois sont aussi sujettes à désordre structurel, il faut surveiller leur écaillage, des pans entiers de roche peuvent s’abattre suite à des diaclases et à une pression forte des couches supérieures…il y a un déséquilibre de forces internes à la roche du fait du vide de la galerie.
Mais le plus menaçant reste le décollement de strate(s), observable sur les tranches, qu’il soit cintré ou baillant.
Le moindre effet de levier ou décalage peut engendrer la chute de tout ou partie du ciel, souvent en volume et masse énormes.

Dans tous ces cas, certains comportements, sans garantir d’être indemnes, peuvent éviter « le pire » ou limiter la « casse » pour les personnes qui décident malgré tout d’aller plus avant dans leur visite souterraine.

3)Précautions de base (rappel) en exploration exposée

  • Si on est seul(e) toujours deux éclairages bien vérifiés avant, et sur soi (pas dans un sac)
  • Si on est plusieurs, jamais trop près les uns des autres dans les parties les plus menaçantes au moins (une victime vaut mieux que plusieurs, et l’éventuel(le)rescapé(e) peut alerter des secouristes.
  • Veiller à ne pas s’égarer dès que le cheminement n’est plus au plus simple. Marques, cairns, photos à reculons, fil d’Ariane à la rigueur ! Etc.
  • Avoir un litre d’eau et une ou deux barres énergétiques.
  • Porter un casque
  • Si on a un plan, se repérer régulièrement dessus
  • Disposer d’un sifflet puissant et d’un petit marteau.)

4)Précautions en galerie menaçante

–  rester très séparés
– si la faiblesse est centrale, raser les parois
– Si la faiblesse est unilatérale (planche de ciel fracturée en triangles) passer  en rasant la paroi opposée
– Si la faiblesse est bilatérale, rester au centre, bien sûr.

– ne pas créer de vibrations fortes ni d’onde de choc
– Ne rien toucher hormis le sol où l’on marche
– passer rapidement
– Ne tenter aucune récolte d’échantillon(s)
– laisser une trace ostensible de l’itinéraire emprunté pour aider les secours à vous retrouver (ficelle, papiers marqués, balises originales…)
– Avoir mis en place une vigie, avec un horaire « limite » pour déclenchement d’un secours.

 

5)Précautions particulières en galerie basse ou très basse.


-Si elle  est étroite et descendante, se méfier du CO2…il s’accumule dans les points bas non ventilés.
-Laisser un guide ostensible partant d’une galerie « banale »…(rubalise par exemple)
– ménager une « coulée » soit en creusant un fossé, soit en disposant de part et d’autre des blocs ou tas de blocs  (ou en cumulant des deux actions) de sorte qu’il reste un espace suffisant pour respirer et de pas être « écrasé » si une plaque de ciel s’abat…cela forme un tunnel de survie.
-Veiller absolument à ne pas toucher le ciel (coups de tête, coups de bottes…)
-Si bloqué, économiser la lumière.
-Si secours approchant (bruits divers) user du sifflet et/ou du marteau en tapant sur une roche dure encaissante…ça porte assez loin !


-Se protéger au maximum du refroidissement
– gérer l’eau et la nourriture avec parcimonie.
– se calmer autant que possible.
-Savoir qu’un secours dans ces conditions peut durer longtemps même si les secouristes ne sont pas loin de la victime…car un éboulement peut en appeler un autre.

 

 

 

 

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