Etroitures des Boyaux du Diable 284

Etroitures des Boyaux du Diable 284

3 mars 2020 Grottes Spéléologie 0

Etroitures des Boyaux du Diable     284

Dans la célèbre forêt de Fontainebleau, le site environnant la Mare aux Sangliers, vaste platière riche en vasques humides et petites mares plus ou moins confluentes, présente des gouffres dit « De Clair-Bois ».
Mais là, attention ! L’appellation « gouffres » pourrait laisser espérer de belles verticales riches de draperies diverses et autres cannelures d’érosion, tandis qu’il ne s’agit que de quelques mètres à peine…ce qui, pour l’endroit reste malgré tout des structures remarquables.


Ces deux formations géologiques naturelles, développées à la faveur de lacunes de grésification, donnent sur un vide de sape de la strate sableuse communément présente sous les tables de grès.
Sur la fin  du XIX ème siècle et au début du XX ème, les Sylvains Dénecourt puis Colinet avaient aménagé une caverne longiligne qui reliait le plus large de ces gouffres entre deux entrées artificielles…circulation assortie d’un diverticule qui reliait ce premier gouffre au second, plus étroit.
Il y avait donc alors 4 accès, 2 verticaux et deux sub-horizontaux moyennant quelques marches à descendre.
Sur l’accès Ouest, une petite salle exista, mais, comme pour la caverne des Brigands, un fort fluage du sable fin a peu à peu rendu la hauteur insuffisante pour d’y tenir debout.

Lors d’un mini-séjour en 1986, une équipe de collégiens aménagea une nouvelle galerie en agrandissant le vide naturel et éliminant de petites plaques de grès « paf », grès de qualité médiocre, aisément fracturable. On ne pouvait qu’y ramper et réservé aux personnes minces !


Lors d’une sortie scolaire, en 2003, un second groupe, de collégiennes cette fois, réaménagea le parcours, le rendant plus aisé et en 2010, une opération de dépollution importante sortit 4 sacs de 100 litres de déchets divers et un demi-mètre cube de bois mort et feuilles décomposées. A cette occasion, un effondrement naturel fut remarqué au nord-est, ce qui créa un accès supplémentaire, en partie vertical et terreux. Ceci engendra une nouvelle galerie dans un vide naturel déjà ample, puis une jonction avec  étroiture extrême.
En 2012, une opération JNSC autorisée par l’ONF, amena à extraire 2 m3 de sable et rendre certaines circulations plus proches de ce qu’elles furent historiquement, mais loin de pouvoir se tenir debout.
Depuis, tous les ans, à 2 ou 3 reprises, ce site souterrain est entretenu par SJV, qui l’a surnommé « Les Boyaux du Diable », comparant le réseau à des intestins grêle ou gros, estomac, œsophage, selon les conformations des galeries et salles.

Il héberge régulièrement des papillons Scoliopterix libatrix (La découpure)et Aglais urticae (La Petite Tortue) ainsi que l’araignée Meta menardi et ses cocons sphériques suspendus.
L’intérêt spéléologique de cet endroit est essentiellement pédagogique. Outre qu’il offre une première petite expérience de visite souterraine très facile propice à l’initiation des enfants qui ont tôt fait d’en faire un espace ludique, il sert aussi d’atelier formateur pour des pratiquants et pratiquantes plus âgé(e)s et plus ou moins initiés.


On y trouve en effet trois passages verticaux, facile pour l’un, un peu moins pour les deux autres ( l’un très pentu et étroit, l’autre vertical et évasé) des galeries  » 4 pattes » d’autres à ramper facilement, et deux beaucoup plus exigeantes.
Les parcourir en rampant selon toutes combinaisons possibles entre les 5 accès, en marche arrière comme en marche avant, sur le dos comme sur le ventre ou sur les flancs représente environ 300 mètres de reptation et plusieurs passages dans les « gouffres » dans les deux sens.
On peut y ajouter l’expérience de parcours sans lumière artificielle puis « dans le noir total » c’est à dire yeux bandés.
On peut y effectuer un petit atelier « topographie »…déjà bien complet en termes de diversité.
Et même y ajouter un petit travail de désensablage d’entretien !
S’exercer à la prise de vue photographique en conditions délicates est aussi un intérêt possible de cette cavité !

BLAISE OLIVIER (Photo d’auteur)

D’où l’intérêt particulier porté à cet ensemble, certes modeste en termes de dimensions, mais où une bonne demi-journée n’est pas de trop pour effectuer l’ensemble des passages proposés, finalement très « physique ».
Rien n’empêche non plus d’y faire un petit repas amical dans les quelques mètres carrés où l’on tient aisément assis…
Par ailleurs ce duo de gouffres a un petit frère un peu plus à l’Est…en plein sur le passage du DC6 variante Mare aux sangliers !
Donc, si vous passez par là, même sans frontale (s’il fait grand jour et en attendant un peu l’accoutumance à la vision crépusculaire) une petite visite souterraine est offerte gratuitement !

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