Les JNSC 2022 de SJV 583

Les JNSC 2022 de SJV 583

5 octobre 2022 Communication externe Spéléologie 0

  Les JNSC 2022 de SJV       583

Bien que des prévisions météorologiques pessimistes nous aient amenés à renoncer à notre sortie préférée pour les JNSC, nous n’avons pas renoncé à tout pour autant et sommes passés à la formule « bis », plus axée sur la subterranologie, seule ressource proche de cavités souterraines d’envergure dans notre région.
Censés être 13 nous nous retrouvâmes tout de même à 8, le changement de contenu ayant découragé certaines et certains, mais ces derniers ont déclaré que ce n’était que partie remise !

Nous voici donc dans les carrières de Gagny, et après une courte promenade dans les espaces boisés, c’est la grande carrière dans la Haute-masse qui s’offre à nous…après avoir frôlé le vilain effondrement aux bords surplombants, de plusieurs mètres de diamètre et de profondeur…mais qui n’a encore jamais été lié à un accident malgré la fréquence élevée des passages de piétons et vététistes. Tant mieux…

 

On s’équipe de casques et de lampes, et le circuit commence par ces superbes confortements taillés dans le chêne, menuisés, ajustés, avec leurs chevilles, leurs « aiguilles », leurs cales biseautées…du travail d’artiste !
Une petite progression en terrain varié, plus  ou moins ébouleux, puis un court passage en vire exposée, et nous voici dans la galerie des moisissures jaunes et des bois pulvérulents, presque séculaires…
On observe aussi le crevassement important (gare aux chevilles !!!) des boues d’injection, que la sécheresse interne a fait se rétracter, transformant la zone en une sorte de désert américain en miniature.
Nous grimpons une pente ébouleuse pour gagner les derniers fronts de taille et imaginer un peu le travail et la technique ouvrière des carriers il y a déjà plus d’un demi-siècle.
Des vestiges de voie ferrée amovible et une berline aident à comprendre…Alexandra et Ece en sont un peu nostalgiques !!!

On peut aussi admirer, à hauteur des yeux, le travail tout en finesse des assises de poutres de plafond, taillées en biais dans la roche compacte du gypse saccharoïde, et les forages destinés à recevoir les cylindres des chevilles de soutien, elles aussi en chêne.
Un peu plus loin, certaines galeries abandonnées avant d’avoir été soutenues par des boisages, témoignent de ce qui se passe dans ce cas-là…des effondrements de strates jonchent le sol, en superposition ! Mieux valait de ne pas se trouver là à ce moment précis…ce qui rappelle que la visite des carrières non entretenues comporte des risques, le risque étant une des composantes de l’aventure.
La petite  équipe semblant en forme, on s’offre une déambulation permettant d’apprécier davantage de choses, et Amandine nous servira de guide improvisée…ce qui nous conduira à passer près une sortie dérobée que nous n’utiliserons pas, mais nous offrira une famille de gros escargots turcs
( Hélix lucorum) que nous appellerons « de Bourgogne » (pour simplifier)  vu leur forte taille !
Puis nous descendrons au plus bas encore visitable de ces carrières en grande partie remblayées, et l’on peut alors apprécier leur hauteur impressionnante qui avoisine 15 à 16 mètres !

 

 

Dans ces secteurs, les parois sont stabilisées soit avec des rails soit avec des plaques d’acier et boulonnages profonds, techniques ayant succédé aux boisages de charpentiers…lesquels restent quand même en usage sous le toit des galeries ogivales.
La remontée dans la pente sablonneuse à 45° fut un peu sportive tout en restant amusante…On frôlera bientôt un pilier réputé construit par les allemands lorsqu’il s’est agi d’utiliser cette carrière comme cache d’armes en cours de seconde guerre mondiale…il est encore bien droit, on observe à nouveau quelques champignons, dont leur partie reproductrice cotonneuse d’un blanc pur.
On s’abstiendra d’une sortie sauvage très encombrée de ronces, et il sera temps de sortir (Merci à Sébastien, lanceur d’alerte horaire !) car nous avons un rendez-vous au restaurant de la Sélénite avec de plus anciens membres du club…
(Sélénite…autre nom du gypse du fait de sa couleur « lunaire », couleur laiteuse e l’eau où on le dissous, une eau qui empêche le savon de mousser)

 

Les retrouvailles réalisées, nous accédons tous à la seconde carrière, qui se développe en seconde masse…
L’entrée est un peu scabreuse, mais la suite rassure grâce à un superbe tunnel dans lequel subsistent de nombreux éléments de rails, droits, courbes, et même des croisements. On est tout de suite accueillis par les bancs de gypse cristallisé en croûte fibroïde qui tranchent avec les couches du gypse saccharoïde finement ambré.
C’est cette dernière variété qui autorise la création de sculptures patinées…mais on est loin de la finesse de l’albâtre !
Après une section faite de moellons de ce gypse, montés au plâtre, puis une section faite de briques pleines montées au mortier cimenteux, suivie d’une section de parpaings pleins cimentés, l’issue est très menaçante…son toit est fait de rails et traverses, mais la chute de quelques tonnes de roches au-dessus a fait ployer tout ça, et on sent bien que peu de chose suffirait à provoquer un affaissement !

On passe donc rapidement en veillant bien à ne rien agiter de cette structure…le risque est bien là, même s’il est statistiquement très faible.
Suivent ensuite deux autres tunnels de facture plus récente et destinés à protéger le cheminement des ouvriers car le ciel de carrière est constitué des couches de marnes d’entre-deux masses, lesquelles sont ici parcourues d’un réseau de fractures entrecroisées qui délimite de nombreux « pavés » plus ou moins losangiques dont certains se déchaussent et peuvent déclencher un effondrement plus large en affaiblissant la voûte auto-porteuse.

 

 

On atteint alors les galeries plus rassurantes.
On y retrouve notamment les strates de gypse superposées, gypse plus ou moins fibreux formant des « pieds d’alouette », et qui brille un peu partout sous les faisceaux des lampes
A la différence de la carrière précédente, celle-ci a abrité des cultures de champignons de couche, et on en trouve différentes marques…
Meules très écrasées mais encore discernables, réservoirs d’eau de nappe superficielle, conduites d’eau diverses, robinet, cabane de champignonniste…Puits déjà un peu concrétionné…

 

C’est l’heure du déjeuner aux chandelles !
Quelques sièges improvisés à l’aide de blocs de gypse ou de marne dure qui abondent, et chacune/chacun sort de son petit sac tout ce qui est bon à manger…et bavarde…jusqu’à ce que le froid de 10°C commence à gagner les plus « frileux »…il est alors temps de se remettre à bouger !
Quelques-uns partent errer dans les proches galeries dotés d’un projecteur Leds 2600 lumens…lequel met fort bien en valeur les distances et les perspectives. Dans ces galeries beaucoup plus basses qu’en haute-masse, le rapport des longueurs est en effet bien plus perceptible.
Pendant cette promenade, d’autres se chargent de tout ranger et nettoyer de tout déchet, puis le groupe se reforme et part à la recherche des cristaux mâclés.

Ceux-ci se développant dans une strate bien précise de l’entre-deux masses, elle ne peut être accessible qu’aux lieux des descentes de ciel.
Nous en trouvons quelques exemples dont un remarquable a amené la formation d’une cloche tranchant la stratification jusqu’au dessus du niveau des « Fers-de-Lance ». Il en a résulté la chute de nombreux fragments de cette couche si particulière, et on peut facilement observer les « nids de fers » dans la masse de la marne encaissante.

 

 

Au sol, de très nombreux éclats de mâcles permettent à toute personne intéressée de collecter de jolis exemplaires, et de se livrer à leur clivage avec délicatesse pour en tirer des faces nues et vierges, brillantes, ce dont Anthony et Emilie ne se sont pas privés.. Mieux encore, on put obtenir des lames minces translucides, comme celles utilisées jusqu’au XVIIème siècle pour faire de petit vitrages, ou des écrins vitrés de statuettes religieuses…c’était le « Verre de Marie » !
Lorsque chacune et chacun eut réalisé sa petite collection, on retrouva rapidement la sortie, ses trois tunnels…et ses deux zones dangereuses…le tout franchi sans ennui.
Après un petit tour à l’air frais, il s’est agi d’entrer dans la troisième carrière prévue.
Si on ne veut ou peut pas passer par l’un des puits d’aérage qui nécessitent bien sûr des équipements individuels et des cordes, seul un passage en lucarne peut être pratiqué. Récemment élargi, sans être devenu « confortable » il sera assez facilement franchi ainsi que l’étroiture semi-verticale qui lui fait suite.
C’est alors un bel exemple d’exploitation à piliers tournés et quadrillage de galeries qui nous est donné, ainsi que la démonstration du développement des champignonnières à la suite des extractions de roche. Les meules ont été supplantées par la culture en sacs où le mélange savant de craon et de fumier de cheval offrait des rendements supérieurs et limitait les maladies propres aux mycicultures .

On trouvera d’ailleurs de beaux spécimens de moisissures, les fameuses « jaune citron », une grande colonie « coton hydrophile » et une superbe de couleur blanc-crème, croissant au sol en formant une remarquable arborescence !
Plusieurs puits d’aérage, des citernes dont une très grande qui alimentaient des conduites d’eau en tous sens, vers des éviers  .
Plusieurs piliers, murets, portes en bois ou en métal, quelques outils, brouette…et même un VTT !
Un zone aménagée en champ de bataille avec divers panneaux de signalisation de chantier indique un terrain de jeu clandestin…
Cette carrière est balisée par de (trop) grands nombres dessinés à la bombe rose, ce qui autorise une sorte de jeu de piste bien appréciée des plus jeunes à titre ludique et des moins jeunes à titre de guidage pour ressortir !!!
Il nous reste à visiter l’ancien tunnel d’accès des ouvriers, en trois sections qui montrent l’évolution des techniques et des normes…
On passe du tunnel taillé dans la masse rocheuse sans autre appareil de maintien, à des voûtes soutenues par des boisages, puis des voussures simples en rails, puis voussures de rails renforcées par un lacis de traverses, puis construction en blocs de béton auto-bloquants imbriqués comme dans un puzzle…cette dernière section étant la seule à inspirer encore confiance…les autres, plus ou moins dégradées, certaines parties devenues très menaçantes.  Nicolas appréciera encore plus les normes actuelles des tunneliers et leur super-béton super-armé !

 

Et pour la fin, une petite révérence devant un petit camion-plateau Bedford dans lequel beaucoup de visiteurs se sont amusés depuis un demi-siècle !
Quelques photos seront évidemment prises, c’était inévitable !
La sortie réserva encore quelques efforts à produire et un peu de souplesse nécessaire pour s’extraire de cette carrière, avant de retrouver le chemin vers les véhicules…une dernière photo de groupe bien en forme après ces six heures de sortie dont cinq sous terre…un bon début pour des novices !

 

 

 

 

Sortie qui s’est bien déroulée, et semble avoir satisfait tou(te)s les participant(e)s…c’était une JNSC vue par SJV !!!

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