Marcher sur l’estran 769

Marcher sur l’estran 769

8 novembre 2024 Randonnée 0

Marcher sur l’estran         769

l’estran, ou zone intertidale ou zone de balancement des marées ou batture ou espace de marnage, désigne la surface de sol comprise entre les plus hautes marées et les plus basses. Il est donc variable selon le coefficient de marée et l’espace marin en mouvement ( 14 m de dénivelée au coefficient 120 au Mont-Saint-Michel ou 40 cm seulement pour la côte niçoise ! )
Cet espace très particulier est donc récouvert ou découvert par l’eau de mer, à peu près deux fois par jour, une eau qui peut être très calme comme très violente, et avec des courants côtiers.

 

Il est susceptible d’être battu par les vents, submergé par des précipitations (d’eau douce donc), brûlé par le soleil estival ou saisi par le gel hivernal pour ce qui est de la France continentale, c’est donc un ensemble de biotopes très diversifiés qui peuvent s’y développer.
Tout cela fait de l’estran un territoire particulièrement propice à de belles randonnées riches en découvertes, mais aussi un terrain sportif voire aventureux, car marcher sur l’estran ce n’est pas marcher sur les « sentiers de douaniers » ou équivalents,  bien qu’il arrive que ces derniers soient parfois les seuls passages possibles.
Par ailleurs marcher sur l’estran n’interdit pas des incursions ponctuelles  dans les terres et dans les zones urbanisées !
Diverses autorités scientifiques ont établi une sorte de classification des estrans potentiels français (transposables ailleurs) :
Nous la reproduisons à partir d’un article Wikipédia :

  • Eaux marines et milieux à marées
  • Marais et prés-salés atlantiques et continentaux
    • Végétations pionnières à Salicornia et autres espèces annuelles des zones boueuses et sableuses
    • Prés à Spartina
    • Prés salés atlantiques
    • Prés salés intérieurs
  • Marais et prés-salés méditerranéens et thermo-atlantiques
    • Prés salés méditerranéens
    • Fourrés halophiles méditerranéens et thermo-atlantiques
    • Fourrés halo-nitrophiles
  • Steppes intérieures halophiles et gypsophiles
    • Steppes salées méditerranéennes

Pour passer au sujet principal de cet article, nous allons avoir une démarche pragmatique…

1) Si les téléphones permettenr d’obtenir pas mal d’informations utiles, ils ont l’inconvénient de n’avoir qu’un tout petit écran, ce qui limite considérablement leur efficacité lorsqu’il s’agit d’avoir une vue d’ensemble SANS perdre les détails
C’est pourquoi on peut conseiller de préparer des extraits de carte IGN obtenus sur Géoportail par exemple, et d’en faire des tirages « papier » à glisser dans une pochette plastique scotchée. En cadrant bien ça ne fait que peu de feuilles A4 pour des sorties de 100 km.
De plus, en cas de téléphone devenant inapte ( multiples raisons possibles…) surtout en bord de mer, ces documents peuvent sauver la mise.
Enfin, il est beaucoup plus simple et rapide de sortir une pochette pliée en quatre de sa poche avec vision immédiate bien étalée que de pianoter, glissouiller, agrandir, rétrécir…avec un écran souvent difficile à lire (reflets) et difficile à partager du regard avec les autres.
Ajoutons que l’on peut écrire dessus divers petits renseignements avant de mettre sous plastique.
La bonne formule est donc : téléphones + papiers protégés

2) Concernant les chaussures…

Une option consiste à avoir des chaussures de type « sandales » de marche qui peuvent passer un peu partout y compris dans les laisses d’eau de mer.
Il faut apprécier le fait d’avoir les pieds mouillés et/ou à l’air, selon la saison.
Une autre est de porter des baskets plus ou moins performantes et de décider soit de tout faire pour ne pas les mouiller, quitte à se déchausser et marcher pieds nus un certain temps, soit qu’elles seront mouillées etr qu’on marchera pieds mouillés durablement…certain(e)s s’en arrangent sans avoir de problèmes (irritations, ampoules, macération…)
Une troisième est de porter des chaussures de randonnée montantes « imperméables » sur plusieurs centimètres, qui tiennent bien les chevilles, mais généralement asses lourdes. Et très chères !
Il est très agréable d’avoir dans le sac des chaussures très légères et larges pour le repos du soir et être sûr d’avoir les pieds au sec au moins une partie de la journée.

3) La marche sur sable ou… dans le sable !

 

Il y a presque toujours intérêt à économiser temps et énergie, donc à rechercher le sable bien ferme, généralement celui qui a été imprégné d’eau récemment et/ou celui qui est richement coquillier . Se méfier cependant des « bâches » d’encerclement, des trous profonds creusés par des pécheurs pour trouver coquillages, couteaux, gros vers de sable ou pour contruire des châteaux…car lorsque la mer les a récemment recouverts ils forment des fondrières dangereuses pour les chevilles et genoux.

Avec le sable fluide, la marche est plus fatigante et lente, et ce vilain sable a tendance à se glisser insidieusement dans les chaussures.
En cas de grand vent, gare aux yeux ! Et même à la bouche et au nez, le foulard cache-nez peut être utile.
Souvent ce substrat révèle beaucoup de vie hypogée, sa lecture est intéressante et divertissante.
On y rencontre fréquemment des laisses de mer, qui peuvcent être très étendues et très épaisses, riches d’une faune active, il est préférable de les éviter.
Ces zones sont évidemment propices aux baignades, ou d ecertaines pêches à pied, mais il faut respecter la réglementation locale.

4) La marche sur grève
Cette surface est constituée d’une variété minérale qui va du petit gravier aux galets décimétriques, et y marcher peut être très agréable si la surface est à peu près homogène. Dans le cas contraire, il faut être très attentif car les torsions de chevilles y sont fréquentes !
La prudence devient fondamentale si les galets sont couverts de vase ou d’algues, voire de lichens halophiles mouillés, car tout cela les rend très glissants. La tension nerveuse est alors plus soutenue.

5) La marche sur rochers et éboulis

C’est souvent la plus sportive et amusante, mais aussi la plus sujette à incidents voire accidents.
Eviter de sauter si les blocs ne sont pas gros, lourds, stabilisés. Ces zones peuvent être surmontées d’abrupts qui libèrent régulièrement des cailloux voire blocs importants et même un pan entier de roches, il est donc sage de ne pas circuler et encore moins stationner au pied de ces pentes.

Ce qui signifie de donner préférence à la marée basse ou demi-marée, les chances d’être distants des abrupts étant d’autant plus grandes.
Il faut se renseigner quant aux horires et coefficients, et bien regarder la carte pour répérer les points où l’on peut échapper à la mer au cas où on serait pris par la montée des eaux.
Dans les parties rocheuses pérennes, on trouve fréquemment des bassins d’eau de mer, les petits et grands qui ne sont remplis qu’aux marées de hautes eaux subissent une évaporation et révèlent des dépôts salins qui blanchissent les bords.
Les autres, plus ou moins régulièrement baignés d’eau de mer fraîche recèlent une flore et une faune marines généralement très diversifiée.
Ces zones peuvent être exploitées pour la pêche à pied, en respectant les consignes locales

6) La marche dans les prés salés, slikke et shorre

Se renseigner quant à la réglementation locale, car ce sont souvent des zones classées ZNIEFF, des réserves de chasse, des réserves ornithologiques, voire Parc Nationaux, il peut y avoir des interdictions, des horaires à respecter.
Outre ces aspects administratifs et réglementaires, ce sont des espaces où peuvent exister des vasières délicates, des lises parfois profondes, ou, tout simplement, des kilomètres de marche dans la boue en perspective.
Mais on peut y rencontrer beaucoup d’oiseaux, des moutons, des morses, des phoques…

7) La marche dans l’eau
C’est évidemment une possibilité que de marcher pieds nus ou en sandales dans les vaguelettes, plutôt reposante, et les premières minutes passées, le froid (s’il y a lieu) s’estompe plutôt bien. Cela suppose de porter ses chaussures si pas faites pour être mouillées
Rester attentif cependant, on en sait jamais vraiment ce qui peut être à peine enfoui et présenter un risque de piqûre ou coupure soit naturel ( vives, méduses échouées…) soit artificiel ( bouts de métal ou de verre…). Cette marche peut devenir très fatigante si on dépasse quelques centimètres de profondeur…mais ça peut être un choix sportif !
On peut même aller jusqu’à du longe-côte à ras du sac à dos ou en le portant sur la tête…de plus en plus sportif !

8) La marche nocturne
Activité très grisante, surtout par clair de lune bien dégagée, facile sans éclairage sur sable et grève fine, très hasardeux sur grève de galets et éboulis, mieux vaut passer aux frontales ! Les sons deviennent beaucoup plus perceptibles.
Le conseil relatif aux « bâches » (ou baïnes) prennent tout leur sens ici car la visibilité à longue distance n’est plus possible.

 

9) Les passages à nager
On peut choisir de ne pas éviter certains endroits où l’eau est incontournable (chenal, estuaire, petit cap entre plages et grèves…)
Cela suppose des processus pré-étudiés.
Soit de passer à pied quitte à se déshabiller plus ou moins complètement, et porter le sac sur la tête, cela valant pour les passages pas trop profonds, au sol stable, et de courte distance.
Soit de passer à pied en ayant un sac étanche qui peut servir de flotteur, ce qui autorise le franchissement de plus grande profondeur, plus grande longueur, et indépendamment de la nature du sol (grosse vase notamment) mais il faut s’assurer qu’il n’y ait pas un fort courant qui emporterait loin en mer.
Les amateurs et trices de ce genre d’aventure peuvent décider de voyager « léger-légère » et passer tout cela en maillot ou nu(e) pour peu qu’il n’y ait pas de spectateurs-trices trop proches et/ou mineur(e)s. Il suffit de se sécher au final et se rhabiller sans traîner.
Si on ne craint pas quelques hectogrammes à porter, une combinaison néoprène mince genre « Shorty » ou de planche à voile peut rendre l’opération beaucoup plus confortable et durable…mais il faut porter et ça demlande un peu de temps. Compter 0,8 kg la shorty adulte moyenne et 1,2 kg pour une intégrale 3 mm.
En sus du confort thermique, on ajoute la sécurité apportée par la flottabilité !

9) Les contournements

Si l’objectif de la marche d’estran est de rester au plus près de l’eau et d’avoir une grande diversité de supports de marches et de décors, il peut arriver d’en dévier, soit par obligation, soit par choix.
Les contournements forcés constants et principaux sont provoqués par les ports, les sites militaires ou nucléaires ou industriels, mais aussi par les débouchés de fleuves importants plus ou moins canalisés ou chenalisés.

 

Les contournements forcés transitoires sont provoqués par les marées hautes ou mer tempêtueuses à grosses vagues déferlantes, ou certaines organisations sportives ou fêtes importantes (champ de tir d’artifices par exemple)
Les contournements choisis sont déterminés par des centres d’intérêt urbains ou naturels (forêts, réserves naturelles, rivières…) ou architecturaux (châteaux, moulins, fermes marines…) ou tout simplement pour changer un peu de terrain et de vues…on se retouve alors de temps à autre sur des GR ou des PR qui peuvent offrir des facilités et surtout des points de visite remarquables.

 

Il serait prétentieux d’épuiser ici le panel de possibilités que peut offrir la marche d’estran…bien différente de la marche de sentiers côtiers classiques, les deux styles étant complémentaires. Mais le premier est beaucoup moins connu et pratiqué…il faut l’essayer, au risque de l’adopter !

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *