Un Marnourcq spécial pour Célia 731

Un Marnourcq spécial pour Célia 731

27 mars 2024 Canoë 0

Un Marnourcq spécial pour Célia     731

Un « Marnourcq », mot inconnu de tous les dictionnaires du monde, est un parcours en kayak ou en canoë qui forme un circuit en combinant un segment de navigation sur la Canal de l’Ourcq et un autre sur la Marne, impliquant deux jonctions entre ces deux cours d’eau.

Ces jonctions pourraient être nautiques si les rivières qui passent sous le Canal pour aller se jeter dans la Marne étaient navigables. Plusieurs sont soit trop petites, soit entravées de diverses installations difficiles à franchir voire impossibles , soit tellement polluées qu’il n’est pas sanitairement raisonnable d’y exposer un corps humain durablement.
On a donc recours à des transits terrestres, soit en portant les embarcations, si légères et si distance très courte, soit en les déplaçant sur chariot.

Grâce aux méandres importants de la Marne et au tracé du Canal de l’Ourcq, plusieurs de ces Marnourcq ont été reconnus,  chacun avec ses particularités.
Pour Célia, l’option initiale fut le Morimarnourcq, un Marnourcq très original en ce qu’il inclut quelques kilomètres sur le Grand Morin grâce à ses deux bras terminaux reliés au niveau d’un petit barrage.   

Le départ fut fixé à la rampe d’accès au canal de l’Ourcq, à Trilbardou, à la limite nord du parc du château sur le  Quai de La Marne , cette rampe de 90 m dénivelant 10 mètres, le roulage étant appréciable.

 

 

Après être passé sous le pont de pierre du Parc, un des rares ponts du canal à ne pas avoir été détruits durant la seconde guerre mondiale, avec sa voûte parée de lierres, on franchit les ponts de Trilbardou puis de Vignely, pour parvenir à l’Ecluse du même nom, désormais automatisée  sur commande des rares usagers.

 

Il faut bien sûr s’extraire de l’embarcation, grâce à une échelle métallique tordue et à demi-dessoudée, réinstaller le chariot et effectuer un roulage de 200 m pour réembarquer, très facilement du fait de la généreuse hauteur d’eau  du canal en cette période pluvieuse.

 

 

C’est un peu après cet épisode que la pluie est tombée, peu de temps, mais suffisamment pour créer une jolie ambiance avec un crépitement de gouttes serrées sur l’eau et des nuages tourmentés !
On longe les berges sans arbre au niveau de l’aérodrome d’Esbly, puis on arrive au pont de la D5 d’Îsle-lès-Villenoy, au grand viaduc de Meaux, et,
450 m après ce dernier, voilà Célia parvenue aux vannes fermées du déversoir de trop-plein  de Villenoy.
Là, elle sait ce qui l’attend, en théorie…
Sortir le kayak, installer le chariot, et entamer une petite descente raide longeant un escalier pour atteindre la bordure du déversoir.
Ensuite, transférer le kayak dans le déversoir et non pas le longer sur sa berge.

 

 

Et là, franchir un premier ressaut vertical de près de deux mètres, tout en douceur et à la drisse de poupe, puis un second de 1,2 m, et un troisième de 0,6 m.
On peut considérer que cet ensemble d’obstacles est une première « épreuve » pour elle, couronnée de succès.
Mais voici déjà la seconde…passer sous les lignes de chemin de fer, grâce à un tunnel de 20 mètres, large de 1 à 2 m et d’une hauteur variant entre 1 et 1,5 m…et comportant deux petit ressauts décimétriques.
Cela se passe aisément si on ne pense pas aux éventuelles bestioles susceptibles d’y être rencontrées !
Mais voilà que le MoriMarnourcq se présente comme bien spécial pour Célia…

 

 

La Marne est en effet encore bien haute, et, de ce fait, remonte dans le déversoir au point de réduire sensiblement le passage aérien sous un ponceau de pierre à vocation agricole.

 

 

 

Quelques arbres tombés sont à retirer, et il est encore possible de passer, en se couchant sur le bateau, et, là encore, en ignorant insectes et araignées peuplant le creux de voûte, ce qui a corsé un peu cette troisième épreuve…

 

 

Enfin, il reste le franchissement du gros arbre tombé, depuis des années, qui se fait habituellement par en-dessous, mais va devoir l’être par-dessus cette fois ! Encore une particularité pour Célia.

 

 

Cet arbre est englué d’une épaisse couche de sédiments, très meuble et fort glissante, ce qui ne va pas lui faciliter la tâche !
Bon an mal an, le bateau et l’équipage s’en sortent bien.
Voici alors la Marne, qui, en plus d’être haute, arbore un bon courant…qu’il va falloir remonter sur 400 m pour gagner la pointe amont de l’Île de la Chappe, ayant opté pour la version complète du Morimarnourcq.
Mais l’expérience sert à quelque chose un jour ou l’autre, et c’est en rasant la berge où le courant est affaibli que la remontée sera faite sans trop d’efforts.
Cette version ajoute 800 mètres, dont la moitié sur le petit bras de l’île, bras généralement très encombré, et qui offre une séquence « Indiana Jones ». Mais cette fois, le niveau de la rivière va imposer plusieurs franchissements par-dessus et avec des approches branchues délicates.

 

 

Par ailleurs, tout « raté » impliquerait un bain forcé intégral car il y a près de 2 m d’eau là où on n’en trouve que la moitié d’ordinaire.
En plein été, cela passe presque comme une « agréable » mésaventure, mais en mars et avec 10°C, c’est différent !

 

 

Voici donc Célia aux prises avec des branchages et des lianes en tous sens, et plusieurs débarquements/embarquements nécessitant des postures originales, souvent à la limite du déséquilibre.

 

 

Mais, les uns après les autres, ces obstacles complexes sont dépassés, avec un peu d’intelligence et beaucoup de patience !
Voici la Marne retrouvée, avec son sympathique courant, qui mêne d’abord à l’Île du Moulin.

 

 

Elle sera tranquillement franchie grâce au débit de la rivière, là où d’ordinaire il y a un petit portage, puis à l’Île Renard avec sa petite tour en ruine, qui ne pose jamais de difficulté.
C’est alors le débouché du bras majeur du Grand Morin, et force sera de constater qu’il est impossible de passer sous les arches du pont-canal de Condé-Sainte-Libiaire, le niveaiu de l’eau étant bien trop haut, au point de ne plus discerner que l’apex des voûtes internes…le demi-tour s’impose alors, et le Morimarnourcq redevient un Marnourcq !

 

 

 

Le temps passe vite…il reste 6500 m à couvrir.
Célia va d’abord découvrir la fameuse Île de la Marne mise en vente en 2023, seule île à avoir un statut de propriété privée de particulier, et porteuse d’une maison dite « d’architecte », en bois et avec son toit zingué et forme de vague.

 

C’est par le petit bras que cette visite extérieure sera faite, 400 m durant.

Célia découvre alors le pont d’Îsle-lès-Villenoy, et son unique travée de 65 m, plutôt harmonieuse, puis la confluence du bras mineur du Grand Morin, discrète.

A ce niveau, il reste encore 3500 m, et si le courant est bien porteur, un petit vent fripon vient sur la proue, plutôt freineur !
Célia décide donc de se rapprocher des berges convexes et hautes pour se couper des courants d’air, avec un certain bénéfice.

 

Une ligne éléctrique traversière sert de point de mire, et, après elle, arrive bientôt le pont de Trilbardou, lui aussi assez élégant, dans le même style que le précédent.

Les derniers 400 m permettent un regard sur quelques maisons anciennes à colombages, puis sur le Château de Trilbardou dans son style rigoureux mais aux grandes baies vitrées pour en faire une demeure « lumineuse ».
Le petit balcon des pêcheurs sert de débarcadère bien pratique, il ne reste plus qu’à hisser le kayak et le poser sur les barres de toit de la voiture…petit change vestimentaire, rangement des accessoires…et c’est le retour, avec 50 minutes de décalage…

 

 

Mais Célia l’avait prévu…ouf !
En à peine 6 heures, 17 km de navigation dont 7 à contre-courant de canal, 300 m de roulage, une quinzaine d’obstacles franchis dont une écluse, et une heure de route avec déchargement, préparatifs, rangement, chargement.

Une belle et bonne après-midi nautique d’un dimanche d’ouverture du printemps !

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