Via ferrata sans absorbeur… 389

Via ferrata sans absorbeur… 389

3 mars 2021 Via ferrata 0

Via ferrata sans absorbeur… 388

De temps en temps un petit article iconoclaste peut faire du bien, au moins  à la personne qui le rédige, pour peu qu’elle sache bien de quoi elle parle et à qui elle s’adresse.


Dès le développement des vie ferrate, il est apparu que des chutes éventuelles dans les parties verticales ou presque feraient subir au matériel d’assurage et au corps humain des efforts et des forces-chocs bien trop importantes, avec le risque de rupture des mousquetons ou des longes et/ou de graves lésions pour l’organisme choqué. Voire pire…
Donc, très vite, il a été de notoriété publique que les longes traditionnelles des grimpeurs ou des spéléologues et canyonistes ne devaient en aucun cas être utilisées en via ferrata, les facteurs de chute pouvant atteindre un niveau 5 pour un matériel prévu pour un niveau 1 (spéléologie) ou 2 (alpinisme), ce qui signifie une destruction quasi-garantie…
La solution fut vite apportée par l’intermédiaire d’un système absorbeur d’énergie, réduisant très sensiblement la force-choc en créant un arrêt moins brutal.

Ces systèmes s’appuient sur des forces de frottement dans une plaquette à trous ou équivalent, ou sur des forces de déchirement progressif pré-étudié de la partie textile du système d’assurage au corps.
Disons-le sans aucune hésitation : si l’on parcourt une via ferrata comme un ferratiste conventionnel, ces longes à absorption sont INDISPENSABLES, sauf si on se croit à l’abri de toute chute quoi qu’il arrive, c’est à dire faire preuve d’inexpérience, d’ignorance, d’imprudence inutile voire d’une profonde bêtise.


Ou bien être très fort, et très chanceux, et alors autant parcourir les vie ferrate sans aucun matériel, ce qui peut très bien se concevoir pour certaines grimpeuses et divers grimpeurs pour lesquelles et lesquels la via ferrata est un jeu pour enfants, et qui considèrent qu’aucun événement imprévisible ne peut survenir.
Donc, hormis pour ces cas irréductibles, les longes à absorption sont obligatoires, répétons-le bien, pour une pratique conventionnelle de via-ferratiste, celle décrite sur les panneaux d’entrée des parcours.

Mais il faut savoir que, pour autant, ne jamais tomber en via ferrata, même très bien assuré, reste très conseillé, car dans les parties verticales, bien que théoriquement réduites à 3 m de câble, tomber fait souvent très mal, entre les chocs sur les barreaux, les membres coincés et brisés dans ces mêmes barreaux, l’éventration et autres déchirures des chairs possibles sur les broches et queues de cochon, les traumatismes violents sur les aspérités des roches…
Les longes, très consciencieusement mousquetonnées sur les câbles ne sont pas des garanties « tous-risques ».
Au mieux sont-elles des assurances-vie et des liens de repos. (en sus de rassurer les via-ferratistes)

Peut-on, pourrait-on se passer de ces longes coûteuses et spécifiques, alors qu’on possède de bonnes vieilles longes en connexion directe ?
Eh bien, OUI ! 
Evidemment, ça met en infraction des règles édictées partout et illustrées sur les panneaux et prospectus divers.
Mais cela met-il en danger ?
Eh bien, NON !
Ce serait même plutôt le contraire, on est bien plus en sécurité avec les longes directes, MAIS à condition de progresser selon un mode spéléologique ou canyoniste. Car les gens de ces activités-là n’ont pas attendu qu’il existe des vie ferrate pour évoluer dans des verticales. Avec une règle claire : pas de facteur de chute à niveau 2 et encore moins au-dessus évidemment.
Partant de là, le ou la via ferratiste iconoclaste vont tout simplement adapter leur pratique à leurs longes habituelles, en se longeant au câble dans tout ce qui est sub-horizontal, et en se longeant aux barreaux et poignées fermées (pédiglia) pour ce qui est sub-vertical.
En moyenne, cela suppose un changement de longe tous les trois barreaux.

Un(e) qui tombe, trois fracassé(e)s !

Oui, c’est un  peu moins rapide, encore que jongler avec les deux grandes longes à absorption qui pendouillent peut prendre du temps et « prendre la tête ».
Mais les parties concernées ne sont pas si nombreuses dans la plupart des voies…
Cette technique ne peut pas être envisagée dans les rares vie ferrate où on ne trouve pas de barreaux mais seulement des « prises rocher » ou des palettes pleines, bien sûr. Elles sont rares…on le redit !
Et si nous disons que c’est moins dangereux, c’est parce que :
– aucune chute de plus de deux longueurs de longe au maximum
– repos possible à chaque crochetage de longe, tous les mètres donc…bien moins de fatigue et de stress si besoin était.
– en cas de chute malgré tout, risque très diminué de traumatismes sérieux tant dans un barreau que sur la roche, et quasi-impossible sur une broche vu l’ excentration de la pose.
– en cas de lâcher de mains, quasiment aucune perte de hauteur, reprise très facile (comparé aux longes élastiques extensibles) bien moins d’énergie « gâchée ».
-Risque de tomber sur l’équipière ou équipier qui suit devenu quasi-improbable
-Progression d’équipe bien plus fluide et régulière.
-Proximité constante des membres de l’équipe si souhaitée.

Moyennant le respect de la règle « toujours longé(e) », cette technique de progression (sauf dans les voies sans barreaux, rarissimes) est en fait de loin préférable, mais il faut la maîtriser et l’appliquer strictement, tout comme celle avec les longes à absorbeur, d’ailleurs.

Pour autant, inutile de provoquer les gestionnaires, inutile de contrarier les consignes pour embêter le monde, mais c’est bon à savoir. A réfléchir. Voire à mettre en pratique si, un jour, on a malheureusement oublié les longes idoines mais qu’on dispose des autres. 

Où à tester, juste pour voir, et s’apercevoir que ce n’est pas si mal, pas inconfortable et guère moins rapide…
Bien maîtriser deux techniques selon deux types d’équipement, ça n’est jamais mauvais ni inutile…
La via ferrata c’est tout une économie, un commerce, et promouvoir un matériel très spécifique « imposé » c’est les faire tourner…
Compte tenu du fait que les vie ferrate sont très majoritairement gratuites d’accès (remarquable !) on peut passer sur cet aspect consumériste sous la bannière de la sécurité prétendue meilleure…
On se montre compréhensif, presque docile, bien qu’iconoclaste…

 

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