Canyonisme en aller et retour… 596

Canyonisme en aller et retour… 596

10 novembre 2022 Canyon 0

Canyonisme en aller et retour… 596

La plupart du temps et pour l’écrasante majorité des équipes, un canyon, ça se descend ! Un point, c’est tout.
Soit on part dans le canyon, du plus haut, et on remonte en marchant sur un chemin après l’avoir descendu, soit on part du bas à pied et on redescend en canyonisme.
Il est très intéressant aussi de pratiquer le canyonisme en aller et retour, sachant que dans ce cas, on descend forcément d’abord, saud s’il ne compte pas de passage(s) nécessitant une corde !!!
Bien sûr il ne faut pas choisir un canyon fréquenté, soit à cause de la pleine saison touristique, soit à cause de son exploitation commerciale par des guides, car le montage A/R est persistant plusieurs heures, ce qui ne plaît pas à tout le monde et peut effectivement gêner les autres en « privatisant » les relais pré-posés.
Sans parler du risque de voir les cordes démontées voire emportées !
Cette délicate attention supposée non effective, on peut se faire doublement plaisir à équiper le canyon en prévision de sa remontée.

 

 

Voyons les particularités qui en découlent…
Les équipements vont être laissés en place, comme en spéléologie quand ce n’est pas une traversée.
Il faut donc prévoir autant de cordes que nécessaire adaptées à chaque cran de descente usuelle.
Il faut rajouter, selon les cas, des cordes pour les parties « toboggan » ou « petit saut » ou « ressaut » qui, d’ordinaire se passent sans corde à la descente, mais qu’on  n’est pas sûr de pouvoir remonter sans une corde !
On doit être doté des matériels nécessaires à une remontée facile (2 bloqueurs à gâchette et une pédale par exemple), autant que possible un ensemble par personne, même s’il est envisageable de s’échanger ces appareils pour n’en avoir besoin que de quelques-uns.
L’équipement des verticales arrosées doit être soigné car il est bien moins facile de remonter avec une douche froide que de descendre…ça dure longtemps, on ne peut que difficilement regarder vers le haut…donc faire en sorte (déviations, fractionnements…) d’éviter ce qui arrose un peu trop.
Penser que les remontées de cascades déclives font poser les pieds contre les parois…si ces dernières supportent une coulée d’eau elle crée des gerbes d’eau remontantes qui arrosent la personne, parfois très fort et jusque dans la figure !
Si les spéléologues veillent scrupuleusement à éviter les frottements de corde, les canyonistes sont plus tolérants et jouent avec de petits débrayages séquentiels pour limiter l’érosion trop longtemps localisée en une même zone de corde.
Ceci reste admissible sur descendeur, avec des réserves bien entendu, notamment quant à l’abrasivité de la roche.

Mais à la remontée aux bloqueurs, les mouvements de frottements sont considérablement accentués et multipliés, il va donc falloir veiller à ce qu’il n’y en ait pas, soit en équipant en conséquence dès la tête de corde, soit en posant des éléments qui protègeront cette corde, déviations, fractionnements, gaines anti-frottement, sac mis en protection, etc.
Il faut aussi intégrer le fait que le temps de pratique va être bien plus long que celui nécessaire à la seule descente, possiblement multiplié par trois et cela d’autant plus que l’équipe est nombreuse. A prévoir donc, selon la météorologie, la tombée de la nuit, la quantité d’eau à boire, la nourriture si l’action sera durable sur 4, 5, 6 heures voire davantage.
Pour cette même raison, il convient de s’assurer que les membres de l’équipe auront les capacités physiques et la volonté d’assurer la remontée, notamment en évitant les canyons de longue distance, de grande dénivelée.
S’il y a déjà des attentes à la descente, il faut bien imaginer qu’il y en aura bien davantage à la remontée, et donc lutter contre le froid si on n’est pas dans une atmosphère « estivale » et dans des biefs où le soleil peut pénétrer, ou encore si on est dans l’eau profonde de façon prolongée.
Il tombe sous le sens que les canyons avec beaucoup d’eau et du courant ne seront pas indiqués si nager ne permet pas de remonter, ou bien il faudra doter ces passages de cordes de traction s’ils ne sont pas contournables…
S’il y a de nombreuses verticales ou pentes raides à équiper de cordes, la multiplication de ces dernières peut réclamer plusieurs sacs et ça peut faire pas mal de masse à porter, ce qui peut créer un handicap…et ralentit encore la progression.

Mais tout ceci bien  réfléchi et maîtrisé, c’est un véritable bonheur que de remonter des canyons, pas toujours bien sûr, mais de temps en temps…
Ça change beaucoup de choses, le regard sur l’environnement, l’effort à produire et doser, l’entraide entre équipiers et équipières, le temps de profiter des lieux, les éclairages naturels, et aussi qu’en remontant on a toujours l’eau propre ce qui est moins évident en descendant quand on a remué les fonds boueux ou sableux, l’eau salie étant toujours devant…ceci particulièrement dans les petits canyons à faible débit.

Le club SJV s’amuse régulièrement à cette variante « spéléocanyoniste », et recommande aux lectrices et lecteurs qui en ignoreraient les bénéfices  d’essayer, à l’occasion…ça peut déboucher sur une adoption !!!
Bonnes courses à venir, en descente ou…en remontée !

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