Ece et Célia explorent le Puits Bouillant 591

Ece et Célia explorent le Puits Bouillant 591

31 octobre 2022 Spéléologie 0

 

Ece et Célia explorent le Puits Bouillant     591

La rivière souterraine du Puits Bouillant de Saint-Aubin-Château-Neuf est une cavité bien connue depuis des décennies par les clubs qui viennent y initier leurs débutants, et même si son accès est moins aisé depuis quelques années pour cause de location de gîte prioritaire, elle reste une cavité aussi utile qu’intéressante.
C’est ce qu’ont pu découvrir Ece et Célia, à la faveur d’un dimanche d’automne avec des conditions météorologiques exceptionnelles !
Après les classiques préparatifs sur un coin d’herbe et à l’ombre, on aborde ce puits de 30 mètres, déjà ouvert et équipé par un groupe qui nous a précédé de deux heures. Comme il n’y a eu qu’une corde placée, nous en installons une seconde, plein vide.
Pour introduire une variété, nous équiperons l’échelle fixe selon un mode « cordo-ferrata », avec un fractionnement court tous les 5 barreaux.

 

 

Cette mise en place fera que les descentes sur les deux cordes seront lentes et séquencées, avec sécurisation.
Elle permettra aussi une remontée simultanée du trio avec assurance de bloqueur sur corde et assurance longée sur main courante d’échelle.
Une petite appréhension s’empare tout de même des équipières au sommet de ce grand cylindre noir du fond duquel s’élèvent les ronflements du cours d’eau qui semble très gros et agité…
Dès les pieds au sol de ce puits creusé en 1850 sur les indications d’un sourcier, on est dans l’ambiance « rivière », avec un assez faible débit cependant, mais en eau claire malgré le passage d’une douzaine de personnes ce matin-là.
La galerie obligeant à se voûter dès le départ peut laisser redouter le pire aux « grands » et « grandes »…mais on peut se relever peu après !

 

 

 

A l’abord de l’ex-barrage du bélier hydraulique de l’ingénieur hydraulicien Aristide Béguine, conçu et installé en 1885/86, on se débarrasse des accessoires devenus inutiles en attendant la remontée, ce qui ne nous laisse plus qu’un petit sac à balader.
Pour des raisons pédagogiques et « expérimentales », on a en effet décidé de déjeuner sous terre.
Ce premier obstacle surmonté aisément, et suivi d’une galerie encore basse puis fort argileuse, nous met dans l’ambiance « spéléo » tout de suite, et tout cela s’arrange progressivement, avec de plus en plus de hauteur, de largeur et d’eau, et de moins en moins de zones molles et glissantes ou collantes !

C’est la découverte du milieu souterrain naturel, avec ses principales caractéristiques !

Pour qui veut bien lever les yeux, il apparaît un vide assez impressionnant, souvent étroit et donc bien noir, avec des concrétions discrètes et diverses figures de corrosion et/ou d’érosion. Cette petite rivière a creusé ça durant des millions d’années…dans une roche de craie dure, elle-même âgée de…près de 100 Ma !
Mais bien vite, on entend des ronflements de cascades, et après avoir croisé le groupe du matin sans aucune gêne pour personne, on aborde cette jolie section de galerie active, ses roches anguleuses, ses marmites dont certaines bien larges mais heureusement pas très profondes…disons moins d’un mètre.

Mais il en faudrait davantage pour impressionner les conquérantes des ténèbres liquides…qui vont s’engager dans le flot sans même hésiter !

Et bien sûr avec les cascatelles vivantes et chantantes, bouillonnantes à souhait, que l’on s’amuse à tenter de franchir en se mouillant le moins possible, à coups d’oppositions bras-jambes, plus ou moins fructueuses !!!
Cette partie plutôt ludique et dynamisante sera facilement franchie, pour continuer dans la galerie où disparaît le « bruit » de l’eau ou presque.
Il n’a pas plu ou presque pas depuis des semaines, et cela se ressent car de nombreuses « cuvettes » et « crevasses » sont totalement vides, et les deux petites arrivées d’eau latérales à main droite sont tarie pour l’une et très réduite pour l’autre…quelques éboulis et une coulée de marnes rappellent que des « choses » peuvent tomber un jour ou l’autre, et qu’il vaut mieux ne pas être là ce jour-là…
Le cheminement se poursuit agréablement jusqu’au siphon amont, où on a la chance d’observer une eau quasi cristalline et son « vert » caractéristique lorsque les lampes Leds l’éclairent, qui laissent bien voir la forme du bassin et le sombre passage noyé de l’eau.
Cette onde vive développe des petits tourbillons en abordant les bouts de rocher qui gisent dans le lit, et ces derniers provoquent la réfraction partielle de la lumière, ce qui se traduit par des ombres portées sur le fond, sombres discoïdales et mobiles, qui suivent le courant, de diverses tailles, créant un effet fascinant dès qu’on se prend à les suivre des yeux…ce à quoi on peut ajouter un effet miroir qui fait se refléter les parois du siphon, comme celles des reliefs élevés dans les lacs de montagne !!!
Ce décor est apprécié à sa juste valeur par Célia et Ece…qui ont un petit peu faim !
Le déjeuner pris sans empressement mais sans traîner non plus, on s’engage dans la galerie fossile, sachant qu’on va y rencontrer une atmosphère peu favorable aux efforts physiques car traditionnellement enrichie en CO2 et appauvrie en O2….Mais les proportions varient selon divers facteurs externes, et il est difficile de savoir à quoi s’attendre, donc nécessite d’être prudent et auto-observateur des effets physiologiques.
La courte grimpette du ressaut bardé de cordes nouées et gansées, suivie du parcours en haute galerie ne laissent pas vraiment observer de phénomène particulier, mais quand il s’est agi de parcourir le boyau argileux, à quatre pattes voire en rampant, l’intensité et l’accélération respiratoires ont vite fait parler d’elles ! Expérience bien révélatrice donc !
On s’arrêtera donc, comme prévu, à la petite salle, où quelques sculptures d’argile nous attendent…

 

 

Nous en ajouterons trois, ce qui implique aussi un temps de repos, et nous repartons, avec  les mêmes observations quant à nos réactions (selon l’autre groupe, l’atmosphère avait une teneur en O2 de 14,5 % environ (au lieu des 21% moyens extérieurs).

Ce taux est dangereux si on s’y expose longtemps. Il correspond à une atmosphère de « zone 3 » définie par l’INRS (entre 13 et 15%), qui considère qu’une exposition y reste possible (sans conséquences notoires) durant deux heures, sans effort soutenu, moyennant d’être en bonne  santé et bien « en forme » bien sûr…on n’était donc pas en danger pour ce quart d’heure d’incursion, même avec quelques minutes d’effort !
Revenus à la rivière, le parcours va sembler plus court, comme bien souvent, vu que l’on descend, que l’on marche dans le sens du courant, que le sac est allégé de deux kilos, et surtout, que de l’assurance a été prise !

De ce fait, les séquences photographiques se multiplient, et on s’amuse bien…
Parvenus aux ouvrages d’Aristide, – qui ont quand même plus de 130 ans et méritent une petite révérence car tout de même ce brave homme faisait monter de l’eau sur 30 mètres sans utiliser la moindre source d’énergie exogène…pas inintéressant par les temps de crise énergétique qui courent -, nous allons nous livrer à une petite activité peu courante : le brossage des combinaisons argileuses !

 

C’est qu’en effet nous disposons de trois jolies brosses dites « à chiendent » qui vont nous permettre de retrouver le rouge de base des combinaisons sous la couche d’ocre dont nous sommes enduits !
Il faudra évidemment passer par un brossage croisé pour les parties dorsales et postérieures, ce qui se fera sans difficulté.
On se dira quand même que par temps pluvieux soutenu la rivière est vite en crue, et que la configuration particulière de l’écoulement aval fait que la galerie s’ennoie totalement dans ses cent derniers mètres au moins ! C’est rassurant…! Ça montre surtout que s’assurer des révisions météorologiques reste une démarche importante, et qu’en cas d’annonces défavorables il faut savoir renoncer à son entreprise sous terre si la cavité est inondable.
Il est alors temps d’amorcer la remontée, et l’utilisation de l’échelle va la faciliter.

 

Le montage cordo-ferrata sera ici formateur du jeu de longes si important voire vital en via-ferrata, et la remontée sera lente, car nul besoin de courir, et la disposition de l’échelle autorise des pauses confortables et reposantes, adossé(e) à la paroi !
Ece et Célia vont grimper cela tranquillement, déjà contentes de ce qu’elle viennent de voir et réaliser pour leur « première ».
Enfin dehors, il ne reste plus qu’à déséquiper, saluer les acteurs du groupe matinal restés là à nous attendre pour refermer ! Grand merci à eux.

La traditionnelle photo prise, et la séance de « déshabillage, rhabillage, rangement du bazar » vécue, il ne nous restera qu’une petite visite à rendre au lavoir du village bien conservé et fleuri, avant d’avaler les 190 km qui nous séparent de notre siège de club.
Belle sortie, très bon déroulement, bonne  équipe…bravo aux aventurières !
Et d’ailleurs, qu’en ont-elles pensé, ces aventurières ?…

Ma première visite dans une rivière souterraine fut une expérience très formatrice sur de nombreux aspects. J’ai eu l’occasion de voir la beauté sauvage de la nature souterraine. 
J’ai également pu mettre en pratique ce que j’ai pu apprendre lors de nos formations à SJV.  C’était un plaisir (et une chance) d’être accompagné par Christian et Célia lors de cette visite.
J’étais entourée de personnes expérimentées et solidaires. Des sites magnifiques, une bonne cohésion de groupe et de belles découvertes ont rendu cette visite inoubliable pour moi !    Ece  Irmak

Après plusieurs sorties avec le luxe et  le privilège d’avoir eu un « coach » personnel  pour acquérir les premières bases de spéléologie, le « jour J » est arrivée pour une « vraie  » sortie spéléo !!!Le mail de Christian permet de s’y préparer en toute sérénité grâce à sa clarté et à ses astuces. L’excitation est là, les petites photos « teaser » du mail promettent une sortie qui sort de l’ordinaire, et je vais découvrir une nouvelle équipière : Ece 🙂 Après 2h heures de route, nous voilà dans un charmant village, à descendre dans le puits, dans le jardin d’un gîte de France, ni plus ni moins! Christian descend le premier et reste tout près pour assurer la sécurité des novices que nous sommes.  La descente de 30m n’est pas vertigineuse puisque l’on ne voit pas le bas, et se fait sans encombre.
On découvre ensuite la rivière souterraine, et le décor extraordinaire qu’elle a sculpté au fil des années. Certains passages demandent quelques contorsions mais l’ensemble est faisable sans trop forcer. A mon tour de passer devant: c’est comme découvrir  de nouveau la cavité, l’eau parfaitement claire et lisse reflète les parois illuminées, même sans concrétion cela me met des étoiles dans les yeux.
Arrivent ensuite le clou du spectacle, les marmites, qui de l’eau, c’est hypnotique.
Le passage vers la « salle des sculptures » corse l’histoire: premier passage dans un boyau pour ramper (je comprends vite que je vais détester les boyaux), et une difficulté de plus en plus marquée à respirer à cause du manque d’oxygène.
Après une petite pause artistique, il est l’heure de ressortir…et c’est à nouveau la jolie rivière mais en descente cette fois !
La remontée à l’échelle semble être une formalité pour Ece qui trace au dessus de moi, tandis que mes bras sont clairement mis à rude épreuve. Une fois dehors, je sens une pointe de soulagement, la fatigue commençait à se faire sentir, mais je suis super contente de la balade faite !!!
                       Célia.
 

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