Gigi s’offre une via hivernale 498

Gigi s’offre une via hivernale 498

2 février 2022 Randonnée Via ferrata 0

Gigi s’offre une via hivernale      498

 

Nombre de vie ferrate sont fermées l’hiver, et celles qui ne le sont pas doivent être pratiquées sous la responsabilité des intéressé(e)s.
Plusieurs difficultés peuvent s’ajouter à celles déjà inhérentes aux parcours dès leur conception .
– passages très enneigés  ne laissant plus le câble visible
– échelons, échelles, palettes, pediglie, barreaux, traverses, poutres, barres…glissants !
– câbles, filets, cordages verglacés, et/ou très froids générant des difficultés de préhension voire des engourdissements majeurs des mains
– Luminosité et albedo intenses, nocives si lunettes de soleil absentes ou trop « faibles »
– Risques de chutes de plaques neigeuses, de plaques de glace, de stalactites
– Difficultés physiologiques diverses, liées au froid comme partout, avec motricité de plus en plus difficile.
– Risque d’hypothermie, aggravé si espace venté, engourdissement généralisé, épuisement
– Survenue de chute de  neige abondante, de pluie verglaçante, visibilité réduite

La liste n’est sans doute pas exhaustive !
Mais en dehors de ces éventualités, quel bonheur quand on peut pratiquer…et quelles beautés nous attendent…
C’est donc toujours un peu exceptionnel pour des franciliens d’avoir l’occasion de se lancer dans une via ferrata hivernale, et c’est ce qui est arrivé à une toute petite équipe, après demande de conseils auprès de personnes localisées tout près.
Mais voilà…

 

Les préparatifs réalisés, matériel spécifique prévu, corde de réchappe en sus, ce qui nous attendait n’était plus hivernal, même à 900 m dans l’Est de la France fin janvier.
Pas bien grave, car via restant ouverte, et donnant plutôt un air printanier à l’environnement.
Via facile au demeurant, en conditions « normales », et que nous allons parcourir aisément, avec le plaisir d’y être absolument seuls, sans bruits parasites hormis quelques véhicules à moteur, épisodiques, et, malheureusement, le vrombissement alternatif d’une tronçonneuse à bois, qui, bien que lointain, fut regrettable…mais que l’on finit pas « oublier » si l’on peut dire.

Nous alignons donc barreaux, palettes et poutres, puis passerelle et pont de singes, pour atteindre un relais pédestre sur une croupe herbeuse où, enfin, on trouve un peu de neige !


Plus loin, la via reprend, en milieu forestier, à nouveau sans neige ni glace, et se parcourt sans aucune difficulté jusqu’à…un bel arbre en travers, tombé là suite à un épisode tempétueux dont on avait eu vent (c’est le cas de le dire !).
Un beau morceau, 70 cm de diamètre environ, et sur lequel  le câble était posé…le tout étant resté solidaire.
Avant cet arbre, la main courante est donc restée intacte, mais après, elle a été sensiblement atteinte bien qu’en bon état apparent.

 

 

 

Cet arbre a en fait basculé, son enracinement à flanc de paroi ayant été insuffisant, et, ce faisant, a exercé une puissante traction sur le câble. Ce dernier ayant une résistance nominale entre 8 et 10 tonnes selon sa qualité n’a pas du tout cédé, d’autant qu’il a pu glisser dans les étriers de serre-câble intégrés aux broches.
Ce glissement s’est produit dans la première broche bien perpendiculaire et en pleine roche massive qui a donc tenu le choc.
La tension transmise dans la seconde broche a arraché cette dernière, qui n’était scellée que de façon marginale dans le schiste, lequel a éclaté.
La tension s’est alors transférée sur le troisième étrier puis sur un quatrième dans lesquels le câble a aussi coulissé .
Cette succession de frottements extrêmes dans les serre-câbles a permis une dissipation de l’énergie de la chute de l’arbre jusqu’à ce qu’il s’écrase sur le sol pentu et s’immobilise.
Il y a alors eu un équilibre entre la gravité appliquée à sa masse et le frottement de l’arbre sur le sol, l’enchevêtrement de ses branches dans d’autres arbres debout en contrebas, la résistance résiduelle de son enracinement partiellement conservé, et…le maintien exercé par le câble dont l’extrémité est une grosse ganse enroulée autour d’un arbre solide, et dotée d’une série de serre-câbles.
C’est donc un obstacle stabilisé.
Néanmoins, une conséquence importante est que la main courante n’est plus utilisable sur 2 mètres car le tronc en empêche l’accès et la manipulation.
On eut donc recours, par précaution, à la technique habituelle de croisement ou dépassement, en considérant qu’on avait là affaire à un très gros monsieur… ce qui nécessite alors d’additionner les longes entre pratiquants pour disposer d’une grande longueur d’embrassement de l’obstacle.
ceci réalisé, nous n’eûmes plus qu’à achever le parcours dont il ne restait qu’à peine 100 mètres.


Après un bon coup à boire et un grignotage symbolique, le redescente au parking  fut des plus agréables, avec un petit manteau neigeux un peu conservé sur un beau chemin forestier.
L’heure passant, la tronçonneuse passa aussi…et un calme olympien revint alors dans la futaie, et le plaisir naturaliste avec !
Mais ce n’était pas fini…
Cette via ferrata devait connaître un prolongement sympathique avec une petite randonnée semi-nocturne, quelques kilomètres à peine et 250 m à déniveler, avec notre matériel de campement un peu amélioré.
A la nuit, nous pûmes bénéficier d’un abri de fortune, faire un feu de bois bien agréable, déjeuner tranquillement et nous glisser dans nos duvets pour une bonne nuitée de…près de 10 heures !
Avec un confort limité quand même…les auto-gonflants n’étant pas des matelas d’hôtels ***** !
Ce fut une belle après-midi…même sans l’hiver tel qu’on l’imaginait, tout de blanc vêtu, à parcourir à raquettes, et à jouer à cache-cache parmi les stalactites géants et les épicéas déguisés en fantômes !

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