Le Murin de Bechstein…. 409

Le Murin de Bechstein…. 409

14 juin 2021 carrières diverses Spéléologie 0

Le Murin de Bechstein….     409   

Depuis plus de 20 ans, S.J.V. s’intéresse particulièrement aux Chauves-souris des cavités de Seine-et-Marne et proches départements.
Une petite colonie est inventoriée deux fois par an, et plusieurs sites en abritent quelque-unes de façon aléatoire, mais souvent en des endroits où on n’en voyait plus il y a encore quelque années.
La très grande majorité est représentée par des Murins à moustaches et des Grands Rhinolophes.
Le Murin de Bechstein, on ne l’avait jamais vu, ou alors pas eu le temps de l’identifier.
Et voilà qu’un spécimen est apparu à nos yeux ébahis, cependant qu’on recherchait l’existence d’une formation karstique dans une carrière abandonnée…
Par chance Roro était du coup, et avec son téléphone, a pu saisir l’instant délicieux du regard de l’animal, sans qu’il se sente menacé et s’enfuie ce qui n’est pas si fréquent…d’autant qu’il était à hauteur de visage.
On a tenté de faire plus ample connaissance, sans déranger, et voici ce qu’il aurait pu nous dire…(on ne l’interrompt pas !) :

 

« Salut les humains…
Bon…pour une fois j’accepte de témoigner de moi-même en public, mais ne pensez pas que ça se renouvellera si facilement, car on m’a souvent recommandé de ne pas parler avec des inconnus…
Oui, je sais, pas vraiment des inconnus vu que ça fait des mois que vous venez toutes les semaines, et que je commence à vous « calculer » comme vous dites, et que j’ai bien vu que vous n’êtes pas des vilains…mais je reste quand même prudent…les hommes, tous les mêmes, comme le disent vos propres femmes…

Donc vous restez à deux mètres comme pour votre Covid (quand je pense qu’on a accusé mes cousines chinoises d’être les vecteurs assassins de ce virus minable…), pas de lumière dans les yeux s’il vous plaît, pas votre haleine tiède qui me revient, et vous ne parlez pas ni ne riez, car ça me perturbe,
vous ne tapez pas des pieds, bref…vous vous faites discrets et distants, sinon, je m’en vais…à tire d’aile !
Alors, si je m’appelle comme ça, c’est qu’un type allemand (Heinrich Kuhl) m’a étudié et décrit en 1818, et que ce gars-là admirait un certain Bechstein qui était en avance sur son temps car il prônait déjà la défense des Chauves-souris, les mal-aimées que nous étions à l’époque, comme les Corneilles noires, les Crapauds ou les Chouettes !
Donc j’en suis très fier, de mon nom…car j’étais déjà assez rare à l’époque, et suis actuellement menacé au niveau de mon espèce.
Je représente ceux que vos congénères mènent de plus en plus vite à l’extinction…Oui, oui, vous pouvez baisser les yeux et rougir…

Passons…
Je ne suis pas bien gros, environ 5 cm pour 8 à 13 grammes (j’ai un bon IMC, hein ?), et comme vous voyez, mon pelage contrasté brun du dos gris pâle du ventre, avec  un museau bien rose et mes super grandes oreilles (moins que mes copains oreillards, j’en conviens…) suffisent à me caractériser.
Je ne fais pas partie du clan des Murins à museau noir, qui s’amusent à fatiguer les spéléologues dans leurs tentatives d’identification rapide…J’ai du caractère, moi, rien à cacher, on me reconnaît, d’un coup d’un seul, et c’est tout.
Je ne me noie pas dans l’uniformisation communautariste !

 

De façon générale, je vis en solitaire, j’aime les vieilles forêts, je n’aime guère la proximité des villes et des hommes,
Cela dit, 5 grammes oui, mais quand même 25 à 30 cm d’envergure, c’est plus que votre empan d’Homo sapiens sapiens, même pour les « grands ».

En ce moment, les femelles se retrouvent car elles vont nous donner des petits qu’elles élèveront ensemble, plutôt dans des vieux arbres.
Elle sont originales, nos femelles, car elle changent de nurserie plusieurs fois durant l’été…sans doute leur façon d’éviter que les prédateurs les repèrent et transforment nos gîtes en restaurants rapides !
Puisqu’on parle de bouffe, la mienne se compose de délicieux insectes et même d’arachnides, d’autant que je ne crains pas de les récolter au sol.
En effet, si je suis un habile voltigeur, je ne suis pas pour autant un rapide…alors ce qui vole trop vite ce n’est pour moi, mais ce qui se promène tranquillou dans les airs et ce qui trottine au sol , oui !!!

Sinon, quoi vous dire encore…on est plutôt des allemands, donc peu nombreux en France, il paraît qu’on ne nous y a observés en colonie pour la première fois qu’en 2001…

On aime bien les cavités à 4/8 degrés l’hiver, pour hiberner, c’est pourquoi les régions froides d’Europe nous sont préférables.
Si vous me trouvez là, c’est peut-être pour ça, car il y a de vieux arbres dans un rayon d’un ou deux kilomètres (Chênes, Hêtres, Châtaigniers…) et que cette carrière qui m’abrite est grand ouverte d’où un petit intérieur où je peux régler la température moyenne selon mon éloignement des entrées…hé, hé, hé, c’est une forme de climatisation naturelle !
Bon…ça suffit les garçons, vous semblez oublier que j’appartiens à une espèce menacée, classée en liste rouge, qu’il ne faut pas m’importuner, alors il est temps pour vous de me ficher la paix..Oust !


Quoi ? Que me voulez-vous encore ?
Ah, je vois, je vois, même avec ma vue un peu basse…Bon, allez, OK pour quelques photos, mais pas beaucoup, et filez !

Vous pouvez parler de moi, j’aime bien ça, mais ne m’envoyez pas d’admiratrices, ni d’autres photographes, ne dites pas où je suis…car beau et rare je vous rappelle que je suis …menacé, moi, le Murin de Bechstein ! »

Clichés R . Meffre (G) et Wiki-Anjou (D)   

 

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