Le Puits Grillagé 486

Le Puits Grillagé 486

13 janvier 2022 carrières diverses Spéléologie 0

Le Puits Grillagé     486

Le Puits Grillagé
(Aucune coordonnée ou indication d’accès  ne seront données, la dangerosité du site interdisant toute incitation à s’y rendre)

Ce puits, rescapé d’un comblement massif d’une ancienne carrière de seconde masse de gypse, a été étudié une première fois par SJV en 2010. Ne donnant plus que sur une courte partie de carrière encore visitable, il n’a pas donné lieu à davantage d’investigations, les chances de parvenir à une suite intéressante par voie de désobstruction  ayant été estimées nulles.
Ce puits est encadré d’une clôture grillagée de 3 m au carré, en bonne partie colonisée par du lierre.

 

A sa proximité, il existe un vaste fontis de 15 m de diamètre et environ 10 m de profondeur, et plusieurs effondrements très importants qui ont colmaté maintes galeries en sus des parties comblées par bourrage et coulis.
Il reste donc un unique accès…un puits maçonné en blocs de gypse montés au plâtre, de 0,8 mètre de diamètre environ et 18 m. de hauteur avant de prendre pied sur un éboulis quelques mètres sous le débouché.
La tête de puits est une ancienne dalle circulaire ( 1,5 m de diamètre) de béton armé, dans laquelle un passage carré  0,6 x 0,6 a été pré-établi. Le tampon carré de fermeture a disparu.

Cette dalle est actuellement décentrée, ce qui ménage des chausse-trappes entre elle et la lèvre du puits…et rend l’équipement vertical à bien travailler, le puits lui-même étant un peu déversé.
Les premiers rangs de pierre sont plus ou moins stabilisés, il est prudent de ne les toucher que le moins possible !
Dès les premiers mètres, le taux d’oxygène s’abaisse de 20,4 en extérieur à 19,5 %.
Vers – 10 m, une zone fortement colorée d’oxydes de fer d’une part et de polluants organiques supposés d’autre part présente un anneau de stalactites, sur un niveau d’infiltration d’eau.

 

 

Ces formations sont du type draperie bourgeonnante, colorées de l’ambre au noir en passant par du rouge brique.
A ce niveau le taux d’oxygène est passé à 18 %
Hormis des diptères nombreux dans les zones les plus humides, on ne voit aucun animal macroscopique.
Ce puits ne présente pas de faiblesses notoires, il débouche au plafond d’une galerie de 7 m de hauteur, dans un éboulis de blocs engoncés dans un talus glaiseux qui s’achève au plancher de carrière.

 

 

 

Il ne reste de cette dernière qu’un angle, formé d’une galerie bordière d’environ 100 mètres  orientée à 220° en croisant une autre de 60 m orientée à 305 °
la grande galerie est doublée de deux autres,  parallèles, d’une largeur voisine de 4 à 5 m
Le plancher est tapissé d’une couche de « bentonite » et de  glaise  terreuse très visqueuse par endroits, craquelée à d’autres, il n’y traîne que très peu d’objets.
Aucune inscription n’est relevée sur les parois.

 

 

Trois  lits de cristaux « pied d’alouette » superposés témoignent sans discussion du niveau de gypse dit de seconde masse.
Le ciel présente plusieurs coupoles de décompression, dont l’une remonte sur plusieurs mètres, mettant en coupe des niveaux de marnes, dont la couche grise lustrée, et celui des fers de lance du gypse, quelques spécimens d’environ 20 cm sont observables !
On se place ici dans le système des marnes d’entre-deux-masses.
Le ciel n’étant qu’à environ 15 m sous la surface cette coupole majeure remonte à  – 10 m seulement, voire moins, et des racines sont effectivement visibles.

 

 

Aux coupoles, le taux d’oxygène varie entre 16 et 16,5%. Hygrométrie mesurée à 92%
Il persiste 2 « brindilles » au ciel, plusieurs autres morceaux de boisage étant tombés et gisant dans les flaques boueuses.
Il ressort tout de même une certaine instabilité de cette exploitation abandonnée depuis 70 ans au moins… Il n’y a toujours aucune trace de vie animale visible.

 

 

 

Au point bas de la carrière, situé à l’extrémité visitable  du sud-ouest, on peut trouver, sans surprise, un petit plan d’eau. Le taux d’oxygène relevé y tombe à 15,3 %. Hygrométrie à 95%.
Parallèlement, la proportion de CO2 qu’on voulait mesurer y dépasse la limite des capteurs de l’appareil utilisé, soit au-dessus de 5000 ppm (0,5%) …on ne saura donc pas le niveau exact de la concentration de ce gaz !

Mathématiquement, il ne peut excéder 5 % dans une atmosphère vaste et brassée, puisque O2 y est encore de 15 % au moins. Ce taux de 5% est la limite considérée comme encore acceptable sur une petite durée d’exposition, pour des sujets sans hypersensibilité au CO2
Petite durée, c’est 15 minutes…
La visite atteignant 30 minutes bientôt, on constate que devoir marcher 100 mètres sur un terrain adhérent aux bottes provoque effectivement un petit essoufflement inhabituel pour un effort aussi limité en intensité comme en durée.
Quelques nouvelles photos prises, il est temps de penser à remonter car personne ne connaît vraiment sa résistance à une petite hypoxie associée à une petite hypercapnie, s’il n’a pas subi des tests appropriés pour cela…et encore cela dépendrait-il de son état de forme au temps « T ».

La remontée sur corde sur 15 m ne présentera aucune difficulté dans la mesure où elle sera effectuée sans précipitation, et où on se rapproche d’une atmosphère de plus en plus normale, mais il faut quand même « souffler un p’tit coup » de temps en temps !
On constatera que, parvenu dehors, il faudra encore quelques minutes pour retrouver une sensation de plein bien-être, avec , en prime, l’aspect subjectif d’une telle appréciation…
Il faut un certain temps pour que le dioxygène chasse le CO2 fixé sur trop d’ hématies !

 

Ainsi donc le Puits Grillagé, bien que modeste accès à une cavité anthropique tout aussi modeste, n’est pas pour autant sans aucun intérêt…Il amène en effet :

  • Une approche d’équipement à double amarrage « en V » à bien centrer pour aller au plus simple.
  • Une petite verticale de 18 m avec contact quasi-permanent des parois
  • Une observation de puits bâti au mortier
  • Un important concrétionnement pariétal décimétrique diversement teinté
  • Un accès à une carrière de seconde masse du gypse de 7 mètres de haut
  • La visualisation en strates du gypse saccharoïde/pied d’alouette/Fer de lance
  • La visualisation de décollements de voûte typique dont découle l’apparition de la séquence des marnes d’entre-deux masses.
  • L’observation par en-dessous d’un coulis inachevé de comblement de cavité
  • L’expérience vécue d’une sous-oxygénation et d’un excès de CO2, dans des proportions restant raisonnables
  • L’usage préventif de détecteurs appropriés à la mesure des gaz les plus susceptibles d’être rencontrés sous terre
    (Co2, H2S, CO, CH4 )
  • Quelques sujets et paysages autorisant de beaux clichés…moyennant le matériel adéquat et la compétence requise…

Par ailleurs, ladite expérience vécue peut amener à se demander pourquoi cette cavité est ainsi  le lieu d’une atmosphère aussi différente de l’extérieur (l’orifice du puits n’étant pas fermé, et aucun déchet n’étant observé dans cette carrière).
Les détecteurs n’ayant mis en évidence aucun autre gaz anormalement représenté que CO2, une réponse à cette question pourrait être apportée ainsi :

D’où provient le gaz carbonique rencontré dans les grottes ?
Selon Ginet et Decou la principale en est l’activité biochimique du sol superficiel.
1)  La respiration des végétaux, les fermentations
humiques, les sécrétions des racines, la décomposition des matières organiques contribuent certainement dans une large mesure à enrichir en CO 2 l’air confiné du sol.
(Ici, on trouve une mince couche d’humus terreux organique sur une grande surface du sol)

 

2) Entraîné par la circulation de l’air et par son propre poids, le dioxyde de carbone emprunte le réseau des fentes et des fissures qui parcourt la roche sous-jacente.
C’est ainsi qu’il parvient dans les salles et les galeries des grottes.
(ici on a un puits de 0,8 m de diamètre)

3)Pour leur part, les eaux d’infiltration se chargent aussi de CO2 qu’elles transportent à l’état dissous (CO2 + H2O CO3 H2). Lors de la précipitation du carbonate de calcium, principalement sous forme de calcite donnant naissance aux stalactites et aux stalagmites, le « gaz carbonique » se dégage dans l’atmosphère des cavernes.
(ici on a des infiltrations notables puisqu’un concrétionnement important se développe dans les parois du puits et dans l’angle Nord-ouest de la carrière)

 Tous ces processus agissent plus ou moins de façon synergique : ils génèrent et régulent

la quantité de CO2 présente dans le milieu souterrain (Ginet et Decou)

La visite de cette cavité résiduelle, bien que courte dans le temps et limitée dans l’espace se solde par des observations, expériences et  réflexions qui ne la font donc pas regretter, toute relativité gardée par ailleurs, bien sûr…

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