Méritons la Combe ! 219

Méritons la Combe ! 219

20 juin 2019 Spéléologie 0

Méritons la Combe !

Méritons ce que nous « gagnons », reste un adage hérité de plusieurs générations, qui tend peut-être à se perdre…toujours est-il que la sortie de SJV qui marque classiquement une fin de cycle annuel d’apprentissage implique de mériter la réussite, autant que les connaissances techniques et les moyens physiques le permettent…avec la volonté, la motivation, deux éléments indispensables !


Méritons le Gouffre de la Combe-aux-Prêtres, oui, c’est bien ce que se disent les deux recrues de cette année, car après quelques sorties, il s’agit de mettre en oeuvre et à l’épreuve des acquis de 8 mois de pratique…modérée.
Le descriptif qui leur en a été donné, relativement succinct, a plutôt mis en avant l’agréable, l’intéressant, l’esthétique, plutôt que les difficultés à prévoir, pas très nombreuses ni importantes au demeurant.
Méritons la « Combe aux Prêtres », ça ne se suffit pas de franchir des obstacles, il faut aussi maîtriser des appréhensions, un temps sous terre, une distance à couvrir, une entente d’équipe, ce qui fera l’objet d’un article spécifique.
Présentement, Gigi nous parle de cette sortie…

Le 15/06/19 vers 8h30, une joyeuse équipée de 4 spéléologues ( 2 aguerris et 2 amateurs ) entreprennent la découverte ou la redécouverte de la grotte dite ‘ La combe aux prêtres ‘ dans la commune de Francheville.

Ces 4 lurons sont : Kiki ( la taupe ), Mimi ( la fourmi ), Tony ( L’Anguille) et Gigi (la Fouine) ces derniers actuellement au grade d’apprentis-rats : C’est comme au judo, il y a des étapes pour passer grand maître souterrain.

D’ailleurs, avant de commencer le récit, 2 remarques :

– Un grand remerciement à tous les spéléologues qui ont contribué au creusement de la seconde entrée, certes plus technique mais tellement plus « funny », pour notre plaisir et ceux des autres « grotteurs  » et  » grotteuses « .
– Je croyais qu’une combe était une espèce de vallée à ciel ouvert et pas un boyau à plus de 60 mètres de profondeur mais peut-être Kiki nous trouvera-t-il la raison de ce nom de « Combe aux prêtres » ? (NDLR : c’est bien la vallée marquée dans laquelle s’ouvre la grotte qui porte ce nom. La cavité est donc la Grotte ou le Gouffre de la Combe-aux-Prêtres, de son nom complet )



La première partie de notre descente est équipée par Kiki et sera démontée par Mimi : dans certaines cavités plus sympathiques, ceux-ci nous ont entraînés à faire des nœuds et à justifier l’un plutôt qu’un autre, mais là, c’est un autre niveau et il est plus prudent que cela soit un cadre qui prépare vu les puits que nous allons rencontrer.

Le premier commence donc par un vertical de 5 mètres, suivi d’un toboggan bien raide : d’ailleurs, une limace est tombée  ( environ 20 mètres), n’a aucune nourriture et n’a aucune chance de remontée.

Le deuxième, aurait dû être plus difficile car plus étroit dans l’esprit de Kiki mais celui-ci pense que des pratiquants ont agrandi le boyau pour que la progression soit plus facile.



La descente se poursuit par un troisième puits d’ environ 30 mètres qui est maintenant équipé par Mimi et sera démonté par Kiki : La situation est plus délicate et la mise en place plus complexe surtout que Mimi et Kiki ne sont pas forcément d’accord sur la manière de procéder du fait de la nécessité d’un noeud de raccordement juste à la hauteur du palier.

Nous assistons avec Tony à ce débat technique dont malheureusement, nous ne pouvons prendre part car pas assez calés en la matière…et qui s’est conclu par « on équipe comme s’il n’y avait pas ce noeud », tout simplement.

Une fois les problèmes réglés, Mimi reprend la descente de ce même puits, qui, en fait, se décompose en 2 parties pour un cumul d’environ 30 / 35 mètres.



Les protagonistes sont toujours en bonne forme et la progression s’effectue au rythme de l’équipeur, qui, lui, a plus de boulot !


Nous arrivons au dernier puits d’une hauteur de 12 mètres.

Nous sommes enfin sous et sur la terre ferme et pouvons maintenant avancer horizontalement…ou presque !

Certains équipements sont permanents et permettent plus de loisirs : Nous pouvons admirer et Kiki ne se prive pas de faire de nombreuses photos, des draperies multicolores, des fistuleuses translucides, des gours calcaires et de nombreux » choux-fleurs », c’est un émerveillement à chaque pas.

 

 

 

Le seul problème, si cela en est un, est que la grotte n’est pas très active au niveau des flux d’eau, comparée à certaines années et nous ne verrons pas la cascade vrombissante promise ni les murs qui ruissellent, mais cela nous permet d’avancer sans difficultés et d’être un minimum mouillés.

couronne de stalactites !



Nous cheminons tranquillement juste en nous servant quelquefois de nos longes car des cordes à nœuds, des mains-courantes et même un pont de singe sont là pour nous permettre de passer les obstacles sans perdre de temps à équiper.

Nous arrivons à l’heure du déjeuner et décidons, même si l’heure n’est pas très tardive, de le faire maintenant car si nous entreprenons un boyau humide et la rivière avant, nous risquons d’avoir froid pendant que nous mangerons.

L’équipe étant rodée à la spéléo, un seul bidon étanche aura suffi pour transporter la nourriture de 4 personnes, 2 téléphones, 1 clé de voiture et quelques papiers.


Le repas rapidement pris, nous continuons notre exploration : Le Kiki étant joueur, et estimant que nous n’avions pas eu notre content d’eau, nous trouvera pendant une heure plein de petits boyaux plus ou moins mouillés, plus ou moins argileux ou plus ou moins les 2, …que du bonheur !

Si je meurs, même pas peur si je suis réincarné en porc…Ou en Kiki ! (Pauvre France…!)

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Nous faisons même du ramping à la recherche d’un lac qui n’existe pas ou plus vu le manque d’eau, Mimi et Kiki prennent un malin plaisir à nous envoyer Tony et Moi en éclaireurs, sachant très bien que certains boyaux sont sans issue…pour des êtres humains normaux, c’est à dire sans branchies !



Nous nous amusons bien quand même et si au début nous n’osions pas nous mouiller de peur d’avoir froid, nous prenons plaisir à nous jeter dans les marmites : serions-nous, nous aussi, atteints par la folie des profondeur ?
C’est étrange, je pensais que cela ne concernait que les plongeurs…

Il est maintenant l’heure de nous en retourner et profitons jusqu’au bout des différentes formes sculptées avec beaucoup de goût par dame nature et nous moquons éperdument d’éviter les mares et gours initialement passés en équilibre en évitant de se mouiller : la sortie se rapprochant et sentant le goût de l’écurie, je ferai même une ( fausse ) course avec Mimi lors de la traversée du Lac au pont de singe : lui dessus et moi, jusqu’au cou dans l’eau. Cette grotte, méritons-là !



Pour l’histoire, c’est moi qui ai gagné mais Mimi ne savait pas que nous faisions une course !

Lors d’une rencontre avec une profonde marmite, Tony ira même jusqu’à se jeter entièrement dans l’eau mais vu l’état de fatigue et la température ambiante, il aurait dû s’abstenir car lors des différentes remontées de puits, il sera transi à cause des attentes, et aura un peu de mal à se hisser.

Mais qui peut le blâmer ? Car moi, si je savais la sortie plus proche et des affaires sèches pas loin, j’aurai bien suivi son exemple, même si j’étais déjà pas mal mouillé ! L’eau était tellement belle…

Nous continuons notre retour et remontons un à un les puits non sans difficulté mais pour ma part, je m’attendais à être plus gêné : L’entraînement, bien que mensuel porterait-il ses fruits ?

Mimi et Kiki déséquipent chacun à leur tour et n’oublient pas, au passage, de nous encourager.



Nous arrivons enfin au dernier puits et voyons le jour et la pluie annoncée : finalement, sauf si on le fait exprès, on finit par être plus mouillé dehors que dedans ! 

Nous aurons passé 8 heures sous terre et avons vu des paysages grandioses, qui, malheureusement ou heureusement, sont réservés à certaines personnes, surtout si elles décident de passer par la voie difficile.



Comme d’habitude, les abords des grottes étant souvent favorables à la dégradation des véhicules, le nôtre a été prudemment garé par Mimi au centre du village et il nous faudra environ 30 minutes pour le rejoindre, habillés en spéléologues. ( 2400 mètres à marcher et 70 m à déniveler)

Nous nous changerons à même la route avant de repartir d’où l’on est venus.

Pour la petite histoire, vous vous souvenez de la limace du début ?

J’avais décidé depuis que je l’ai rencontrée de la sauver si à notre remontée, elle était toujours là.



N’étant pas le premier de cordée mais le troisième, elle aurait pu se faire écraser mais c’était son jour de chance et après l’avoir mise dans mon sli…pardon, dans ma poche, j’ai entamé la dernière remontée en espérant que je ne l’écraserais pas.

Arrivé en haut, elle était toujours vivante et nous vivons maintenant d’amour et de bave et je l’embrasse pensant voir apparaître une princesse mais pour l’instant, sans succès. (Coco a eu chaud…!)

Non, je déconne, mais elle a bien failli finir mal car à la sortie du puits, je ne pensais plus à elle et elle aurait pu rentrer avec nous et mourir dans une poche d’une combinaison d’un sauveteur qui n’en était finalement pas un !

Heureusement, je m’en suis souvenu à temps et lorsque j’ai annoncé à mes compagnons que j’avais oublié un truc, ils ont cru que c’était dans la grotte et que peut-être, il fallait ré-équiper, au moins le premier puits : vous auriez vu leur tête…Et leur sourire, une fois la limace sortie de ma poche !



Ceci était le dernier récit de la saison ponctué par ma plus belle grotte non touristique, alliant la technique à l’esthétique, exigeante : une grotte qui se mérite !

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