L’Agent 5-22 se paye le Rupt-du-Puits 655

L’Agent 5-22 se paye le Rupt-du-Puits 655

28 mai 2023 Spéléologie 0

 

L’Agent 5-22 se paye le Rupt-du-Puits      655

Nous retrouvons Miss 5-22 et son chroniqueur attitré Mister 3-18, que nous avions laissés à la fin de l’article 654…
Lever à 8 heures, car on a le temps…
Démarrage tout équipée vers 9 heures.
Premier petit contretemps, les chemins forestiers ont été remaniés et multipliés, ce qui déroute un peu…
Après un petit détour, l’entrée est finalement retrouvée, notamment grâce au chemin karstique et ses potelets avec une salamandre en décor.

 

 

 

5-22 parvient rapidement à ouvrir la porte blindée, retire le couvercle isolant et découvre le puits foré de 85 cm de diamètre, et plus de 40 m… petite bouffée d’air frais remontant, écho sonore, vol de moustiques et autres insectes…
La mise en place de deux cordes de 45 m théoriques est alors effectuée dans les règles en utilisant le très solide portique intégré, avec 4 mousquetons et deux nœuds « Mickey », et une petite main courante d’accès en prime (+1 mousqueton).
C’est un peu du luxe que ces deux cordes parallèles, mais pourquoi s’en priver…?
Gain de temps à l’aller et encore plus au retour, remontée de sacs facilitée puisque divisant la charge par deux, et moins de solitude dans l’effort !!!

Mais, second contretemps, l’équipement en néoprène étant limité à la salopette, il convient de se doter d’une veste « polaire » ou d’un chandail en bonne vieille laine…or ces derniers sont restés dans la voiture !

 

Donc le bon 3-18 se dévoue et fait rapidement l’aller et retour pour pallier cette carence vestimentaire, car il s’agit d’une protection contre le froid mais aussi contre les agressions de la toile de combinaison frottant sur la peau, et celles des mini-chocs et poinçonnements des saillies pariétales et des graviers du sol.
Il faut aussi sécuriser le fameux cadenas, afin d’être sûre de le retrouver au retour, et 5-22 découvre que c’est un cadenas spécial qui nécessite la clé pour être verrouillé !
Le tout rentré dans l’ordre, c’est la descente…presque amusante !

 

Étonnamment constellée d’insectes, principalement des « moustiques » et des « trichoptères », à première vue…mais aussi quelques limaces jusqu’à 30 m de profondeur ! La gaine d’acier se terminant vers  – 10 m, on se frotte ensuite à la roche et il y a encore plus de bestioles !!!

Au sol, les cordes se révèlent largement suffisantes en longueur tant que les masses corporelles sont en charge…mais en déchargeant ces cordes, 5-22 constate que leur élasticité les amènent à « remonter »…elles se raccourcissent ! Elles pourraient bien se retrouver suffisamment haut pour qu’elle ne puisse plus les atteindre dans quelques heures…

 

Grâce à la corde de 10 m prévue pour la suite, ces cordes qui pourraient se révéler farceuses au retour, après plusieurs heures de détente, sont dument raboutées et raccordées à la paire de broches destinées à l’amarrage de la corde suivante, laquelle est fixée par un nœud « Mickey »…elle va servir à assurer la descente sur une petite échelle métallique rigide permanente et mettre le pied dans la rivière.
5-22 constate alors que le manque de précipitations météoriques depuis des mois amène à observer une toute petite rivière réduite à l’état de ruisseau, là où, d’ordinaire, on a le plus souvent un flot de 20 ou 30 cm sur 3 m de largeur !
Le limnimètre repère N°1 n’indique que 20 cm. dans la grande vasque suivante.

Ce faible niveau associé à une eau transparente puisque non troublée par des pluies chargées de particules donne l’avantage à 5-22 de pouvoir observer des poissons sur un banc de sable blond… peut-être des goujons (?)

 

Commence alors la remontée de la rivière sur 600 m, à contre-courant mais rapidement les bottes pleines quand même car il y a des vasques. Quelques concrétions en hauteur sont remarquées.
5-22, après ce petit échauffement, va alors s’engager dans le méandre Marcellin, pour un mode de locomotion bien moins confortable, malgré sa corpulence de gazelle…d’autant que le sac reste à gérer. Même s’il est peu lourd et d’un modèle étroit, un sac reste un sérieux handicap dans les passages étroits.
5-22 progressera ainsi, en position « égyptienne » durant 300 m, parfois très serrée, et avec des saillies de roche accrochantes.

 

Il y a quelques parties concrétionnées qui agrémentent le parcours quelque peu fastidieux, mais qui peut être intéressant si on prend le temps d’observer un peu partout, sans se laisser obnubiler par les nécessités de progression.
Apparaît alors sur sa gauche un talus rocheux-glaiseux de 2 à 3 m, plus ou moins glissant, qui permet d’accéder à la Galerie des Sables.
Cette dernière, finalement peu sableuse, est assez facile à parcourir sur 300 m, plus ou, moins à quatre pattes, avec  un sol relativement lisse et plat. Il s’agit tout de même de se méfier des cailloux ou blocs de roche, car s’abîmer un genou serait facile.
Puis la hauteur se réduit sur 100 m avant que 5-22 ne découvre la zone en eau permanente, très boueuse.

 

La hauteur de plafond ne permettant pas toujours d’être à quatre pattes, même en écartant les jambes, on arrive à se vautrer sur des plages d’argile molle. Là encore, si le contact mou de l’argile du fond est plutôt agréable, il faut se méfier de ce qu’elle contient ou recouvre, ce qui est plus facile pour 5-22 que pour 3-18 qui récolte l’eau très boueuse levée par le passage de son équipière !
5-22 va devoir alors évoluer dans cette galerie basse, semi-aquatique et gluante durant 200 m.
Là encore, le manque de pluie depuis longtemps fait que le niveau de l’eau est environ 10 cm plus bas que d’ordinaire…ce qui va lui faciliter les choses ! Sinon, l’eau arrivait au poitrail !
Les salopettes en néoprène sont donc très appréciées ici !

Sans trop de difficulté, 5-22 parvient à la confluence avec la Galerie des Huîtres…
Dès lors, la boue va laisser place à un petit gravier puis à un sable grossier, mais dans une galerie basse…où les « petits » peuvent encore avancer à quatre pattes, mais les « grands » doivent y ramper, sur le ventre, sur le dos, sur le côté…
5-22 traîne le sac, et si ce dernier glissait aisément sur le sol glaiseux, puis flottait dans les grandes flaques, il est nettement plus freineur sur ce substrat gravillonneux.
Et c’est soudainement le débouché sur l’Affluent des Marmites ! Brutal et bénéfique changement de dimensions et de décor.

C’est aussi la pause grignotage de 5-22 et un petit brin de toilette des gants et des longes.
L’appareil photo de 3-18 a malheureusement été victime d’un petit engluement et il sera difficile d »éliminer l’argile sans frotter l’objectif…seule de l’eau agitée répétitivement y  parviendra, mais sans complètement revenir ensuite à une vitre sèche et nette…ce qui va compromettre la qualité des photos à venir !

 

 

 

 

La pause ne dure guère, car les corps mouillés refroidissent vite malgré l’effort récent développé.
5-22 entame alors la descente de l’Affluent des Marmites qui mérite bien plus d’attention que beaucoup d’autres passages de cette grande cavité qui développe plus de 11 km !
Il y a tout d’abord plusieurs décamètres de paysages concrétionnés en rive droite, avec une diversité de formes et de couleurs  qui inspirent les photographes ! Il faudrait plusieurs heures pour valoriser ces formations à la hauteur de leur esthétisme, à régler les éclairages et les angles de vue.

 

Mais venir là sans passer par ce qui vient d’être écrit !!!
Puis, sur certains rebords du talus droit, des groupes de concrétions coralliformes, ressemblant à de petites forêts.
Puis, c’est la section des marmites, de plus en plus grandes où l’eau chante, où les bulles miroitent, où on s’amuse à passer en évitant les creux alors que l’on est protégés de néoprène et que leur profondeur est inférieure à 1 m !!!
Ce passage chantant et décoré de cascatelles contraste fortement avec les longs et monotones boyaux qui ont précédé…

Cela représentera 440 m depuis le déjeuner…5-22 aurait bien aimé que cela dure davantage !
Elle décide alors de se faire plaisir en allant voir et franchir les cascatelles de l’amont et la Galerie des Macaronis…cela nécessite une rallonge de 1300 m, mais 5-22 est là pour relever des petits défis et ne va pas barguigner avec elle-même pour 1300 malheureux petits mètres !

Il lui faut pour cela remonter le courant et passer par des secteurs plus profonds, et remonter les petites cascades précédées de marmites, certaines assez profondes, dont une où il faut nager 2 mètres !

Tout cela distrait 5-22, même si l’eau froide n’est pas ce qu’elle préfère ! (voir photo ci-contre où le plaisir se lit bien..).

La suite est plus calme, et s’approchant du siphon amont, elle découvre la Galerie des Macaronis à sa gauche.
Cette dernière de mesure que 200 m environ, mais offre la particularité d’un méandre jamais étroit, alternant des passages inférieurs et supérieurs où les franchissements peuvent se faire en opposition.

 

 

 

Et bien sûr de très nombreuses concrétions « fistuleuses », modestes en dimensions, mais…nombreuses !

Plusieurs zones les voient soudées en petites colonnettes bicolores ou réunies en bande formant des ciels tout blancs.
Après une courte pause dans la salle des fistuleuses blanches, c’est le retour…près de 1900 m dont 1700 dans la rivière, sens du courant !

 

 

 

 

Les marmites sont à nouveau franchies avec de nouveaux bains, et toujours le même plaisir de l’eau froide !

Cette marche continuelle dans l’eau plus ou moins profonde fatigue évidemment les cuisses, et ce sera avec un certain soulagement que 5-22 retrouvera l’échelle de la sortie.
Mais ce n’est pas une sortie immédiate…car 5-22 doit aussi apprendre à poser les chevilles auto-foreuses !
La voici armée du tamponnoir garni d’un « Spit » en main gauche et du marteau en main droite, tout cela bien  dragonné, et après avoir rafraîchi et testé la paroi calcaire dure, qui va entamer le creusement…petit cylindre de 30 mm x 12 mm
C’est long, précis, minutieux…il faut dégorger le Spit toutes les minutes, souffler les déchets du trou en se prenant de la poussière plein le visage (car il n’y a pas le petit tuyau de purge), et donner de nombreux coups de marteau…et peu à peu, la foration avance !

 

 

Voilà le Spit à ras de la paroi, il ne reste plus qu’à y engager un cône d’éclatement et frapper…frapper jusqu’à enfoncement maximal.
Le Spit est alors très bien posé, affleurant la roche…

Pour le plaisir du travail efficace 5-22 y visse une plaquette ! Et s’y longe !
Il est alors temps pour elle de ranger tout le matériel et d’ajuster un bloqueur de pied, car pour 40 m à remonter, ça vaut la peine de le mettre !
L’échelle est facilement franchie, les amarrages défaits, les deux sacs lestés arrimés aux cordes…

5-22 entame sa remontée vers le soleil, dans ce long conduit de 85 cm et 30 m dans la roche, puis 10 m dans l’acier, avec  pour compagnie la collection de braves petites bêtes rencontrées à l’aller…et c’est la porte et son gros loquet qui apparaissent.

 

Manœuvres de sortie à réaliser attentivement…démontage soigné…et fermeture après avoir bien recoiffé le busage de son couvercle isolant…après un travail de bagnard à remonter les deux sacs !

 

 

 

Il reste à tout ranger, lover les cordes et envelopper ce qui est sale dans des « couffins SJV »…350 m pour retrouver la voiture.
Au total 5400 m de marche dont 4700 sous terre 45 m de montée et descente verticales, avec 6 heures sous terre.
Une belle expérience pour 5-22 qui a accompli le tout à nouveau en totale autonomie.
Bravo 5- 22 !!!

 

 

Mais ce n’est ps tout à fait fini…
Encore du rangement à la voiture et…3 heures de route !

Retour vers 19h30.
Une bonne sortie pour 5-22, mais aussi pour 3-18 et ses quelque 200 photos dont un bon tiers quasi-inutilisable !!!

 

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