Les loulous de la Loue 418

Les loulous de la Loue 418

14 juillet 2021 Randonnée 0

Les loulous de la Loue     418

Dans des dictionnaires de langue française, au mot « Loulou », on voit alignées cinq définitions…

  1. Jeune marginal.
  2. Enfant gracieux et charmant.
  3. Petit chien à poils longs.
  4. Jeune enfant, de deux à cinq ans.
  5. Petit voyou des faubourgs.

A l’occasion d’une petite promenade dans la vallée de la Loue, j’ai rencontré les quatre premiers et je fus jadis le cinquième !
Parti du grand parking supérieur, sagement garé comme tout le monde, je croise le loulou N°1, avec ses affutiaux typiques sur une tenue vestimentaire bien travaillée, à base de jeans déchirés, veste bariolée, chapeau fatigué, grands colliers pendants et la médaille « Love and Peace »…mais je n’ai pas vu la guitare crasseuse des bandes dessinées.
J’oubliais les grands cheveux serrés d’un bandeau sur le front, et la « clope » à moitié « pétardisée »…le tout chaussé de sandales dans le genre moine du XIX ème siècle.
C’était un bon départ, car j’aime bien les marginaux, les originaux, dès lors qu’ils ne créent de préjudice à personne…et je ne m’attendais pas à en re contrer un dans cet endroit peu civilisé, à peine urbanisé de deux ou trois chalets à vocation touristique…et ce jour-là très peu fréquenté, même en haute saison estivale.

 

Je croise aussi un quatuor de motards pas tout jeunes, eux aussi très typés ! Et c’est la descente bétonnée jusqu’au grand pont face à l’immense cirque de la résurgence de la Loue.
J’ai de la chance, car aujourd’hui il fait beau temps après plusieurs jours de pluie intermittente, ce qui m’offre une spectaculaire cascade en éventail, bien large, très écumeuse, surgissant des entrailles de la roche, sous des falaises peuplées de verdure partout où elle a pu pousser !
Cette « source » impressionnante ayant été longtemps utilisée pour des activités humaines montre encore d’importants vestiges de constructions de pierre, et je remarque que depuis quelques années des efforts ont été faits pour éliminer des éléments en ferraille rouillée devenus inutiles ou pour dissimuler des installations plus récentes, de sorte à ne plus dénaturer autant le site naturel…propice aux photographies ! Altitude : 525 m.

Je ne m’attarde pas, et c’est parti pour le sentier de rive droite, qui remonte vers la Départementale.
Un vague arrêté municipal de 2019 en interdit théoriquement l’accès, mais je sens bien, avec mes équipières et équipiers du jour, que ça fait longtemps qu’il n’est plus respecté, et ce d’autant plus que des gens viennent d’en redescendre sans exprimer la moindre réserve auprès de ceux qui montent.
De fait, ce très joli sentier, qui se révèlera absolument sans danger pour quiconque du groupe, et qui serpente en balcon forestier de plus en plus haut perché au-dessus de la rivière, n’a été interdit que pour cause de détériorations mineures avec le temps et les intempéries annuelles, défaut d’entretien, ce dont on pourrait rendre les édiles locaux responsables en cas d’accident.
Un arrêté d’abord et avant tout pondu pour préserver la responsabilité des…responsables !
Mais nous, un bout de papier punaisé, ça nous convient très bien plutôt qu’une interdiction pure et dure appuyée sur des barrières, grillages et barbelés…car là, on passe quand même, sans effraction, et on engage totalement notre responsabilité…en dégageant celle des autres, ceci en étant bien avertis.
On avance donc, bien à l’ombre, avec de jolis points de vue échelonnés, pour atteindre la D67 à une altitude de 590 m. on a parcouru 2400 m.

 

 

C’est une petite route sinueuse très bien protégée par un garde-fou en béton suffisamment haut pour prévenir une chute de piéton, et c’est en file indienne que la troupe va pouvoir y cheminer en sécurité.
Ce passage sur asphalte entre falaise et précipice nous permet d’avoir en permanence un superbe panorama  sur cette vallée très verte !
Nous passons sous un court tunnel doté d’un trottoir protecteur, et rallions le sentier qui va nous mener à la Grotte des Faux-Monnayeurs, après 1900 m sur route ou sur accotements, qui sont passés assez vite sauf pour notre Loulou à nous, bientôt 10 ans, et mignon comme tout…C’est le N°2 !
Nous sommes à 490 m d’altitude…100 m dénivelés !
C’est un bon sentier, large, devenant peu à peu une sente rocailleuse facile, qui conduit rapidement au site précité en à peine 400 m, en dénivelant encore 50 mètres. Il apparaît alors une grande échelle métallique fort pentue, scellée dans la paroi et qui mène à un grand porche ouvert en pleine falaise. C’est la grotte des Faux-Monnayeurs…
On ne pourra pas la visiter bien loin car non équipés de lampes, et parce qu’elle vient de jouer son rôle de déversoir de trop-plein suite aux grosses précipitations récentes, laissant encore de grandes flaques d’eau…
Mais on se dira quand même qu’elle compte environ 1300 mètres humainement pénétrables après pas mal d’efforts de spéléologues pour désobstruer certains passages, et qu’elle a livré de nombreux éléments archéologiques remontant au néolithique (Environ 5000 ans avant J-C).
Par ailleurs, le porche de 7 m x 7 m environ donne une galerie spacieuse presque rectiligne sur 60 mètres puis permet d’accéder à la grotte de la Vieille Roche, totalement fossile, qui repart en arrière et débouche en pleine falaise à 20 m au-dessus du sol.
Bien sûr, cette grotte a été habitée durant des siècles, de façon intermittente, par diverses tribus…
On y a trouvé pas mal de monnaies, notamment gauloises ou « modernes », et une légende parle d’un repaire de faux-monnayeurs…

 

Après avoir observé les marmites de géants près de l’entrée, on repart pour gagner en 300 mètres la superbe source du Pontet, qui, aujourd’hui prend la forme d’une abondante cascade sur 7 m de hauteur et une dizaine de largeur, ronflante, puissante, avec une auréole d’embruns…Nos sommes à 410 mètres d’altitude.
Selon le régime hydrologique, on peut passer de 20 litres/seconde à près de….10 000 litres aux fortes crues ! C’est énorme…
Nous y restons quelques minutes, et la suite du chemin nous amène à une passerelle métallique enjambant le Pontet que l’on côtoie jusqu’à sa confluence avec notre fameuse Loue !
Dès lors, nous allons remonter les Gorges de Nouailles, au fond desquelles la Loue enchaîne cascades déclives et rapides, entre des planiols de courte longueur, car ça dénivelle quand même 130 mètres sur 3500 soit environ 4% en moyenne .


Cet itinéraire sur un bon chemin, en pente douce le plus souvent, est très agréable, avec une nature abondante, très riche, et fait passer de massifs de tufs en cascatelles dont le franchissement a été récemment facilité par des pas métalliques surélevés.
La Loue, ses tourbillons, ses ressauts, ses bouillonnements, est visible la plupart du temps, dans des écrins de verdure et de roches, tandis qu’à main droite les pentes moussues remontent au pied de falaises.
Plusieurs entrées de grottes sont rencontrées, certaines visitables, mais ce ne sera pas pour aujourd’hui !

 

Une petite « tempête » a déraciné quelques arbres, brisé des branches, et c’est dans un de ces passages que je croiserai mon loulou poilu trottinant dans les feuilles arrachées, ce fut mon N°3 !
On remonte, on remonte…
D’anciens poteaux EDF jalonnent le parcours, marqués à la peinture rouge…je repère le 13 et ça finira au 2…le « 1 », pas détecté…
Il y a une sorte d’abri monoplace creusé à même la roche, puis on arrive à la petite centrale EDF avec un barrage à vanne automatique…ce qui rend dangereuse la déambulation en fond de vallée.
Lorsque l’on retrouve la pente bétonnée, un petit gamin blondinet s’amuse à enfiler des cailloux dans les grosses grilles couvrant un large chenal, et je lui trouve un air de loulou de salon bourgeois des romans de Balzac ou de Maupassant…le voici donc le N°4 !!!
Les voitures sont rejointes…la promenade-visite aura duré pas loin de quatre heures pour environ 9 petits kilomètres et à peu près 200 m de dénivelée…un rythme paisible et des efforts modérés donc !
C’est une petite randonnée de sénateurs, qui aura permis de bien profiter des paysages et des curiosités naturelles diverses !
Et de rencontrer ou côtoyer…quatre loulous !

 

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