Petite randonnée nocturne 601

Petite randonnée nocturne 601

2 décembre 2022 Randonnée 0

Petite randonnée nocturne     601

Sous titré : La bande des  cinq s’amuse…!!!

Il est 19 heures, temps maussade de mi-novembre, des gens sont en retard…
Kiki des Cavernes  (KDC) fulmine, donne des coups de pieds rageurs sur les clôtures, et préviens le seul  présent à la bonne heure  que dans une minute, pas davantage, on s’en va sans eux…couvrant ces derniers d’injures tellement horribles et obscènes qu’on ne saurait les transcrire dans cet article de site honnête.
Gigi Toujours Ponctuel  (GTP) tente de calmer le jeu en rendant des caoutchoucs de bottes, bien très précieux, et même en offrant ses « Crocs » grises en offrande réparatrice du péché des retardataires… Notons au passage que cette belle invention québéquoise   en polyéthylène-acétate de vinyle, dont le nom est une abréviation de « crocodile », se marie très bien à SJV car ce reptile est du genre « tout-terrain », sur terre ou dans l’eau !             
Do Bémol Majeur (DBM) arrive sur ces entrefaites, balance sa clope et trépigne dessus pour en faire un jus brun dans le film pluvieux qui glace de bitume d’un reflet vicieux en jurant contre cette connerie de GPS de m….. qui a trop vite assimilé Villep….à Villepinte au lieu de Villeparisis…normal, c’est un GPS du 93 !!!
Reste Mimie Beaux Bleus (MBB) spécialiste des genoux décorés, qui surgit avec mille excuses et explications en cascade, et son sourire à cautériser les plaies auquel KDC ne put résister.
Avec les caoutchoucs, les Crocs et les risettes des mirettes, la pression retomba…
Enfin on put partir, avec 10 minutes de retard, très mauvais signe ça…
Il  pleut, mais KDC est formel, il ne pleuvra plus quand et où il sera dehors, ça fait plusieurs décennies que ça dure… Le pire et le plus incroyable, c’est que c’est (presque) vrai !
On roule…on prévient Léti Mylèno-Farmerophile (LMF) (à ne pas confondre avec MLF) de ce qu’elle devra attendre un peu, mais il est trop tard, déjà partie de chez elle…c’est qu’elle connaît la musique et les paroles de « Jamais en retard » de El Vyn, et a connu 20 ans de conditionnement sous la torture mentale du réveil en fanfare à 7 heures pile…L’avenir étant censé appartenir à ceux qui se lèvent tôt…

Traversée de Meaux relativement rapide à cette heure-là, malgré quelques feux rouges, et KDC sait très bien ce que pensent les GPS-maniacodépendants qu’il transporte…que ça aurait été beaucoup mieux de contourner par le nord ! KDC se marre…car personne ne le dit à haut voix, mais il imagine que  si NTA (Nico Toujours Aimable) était là, il l’aurait dit, lui !!!  Aimablement…
Un petit contretemps vient s’ajouter au lieu de rendez-vous initialement fixé à une station-service, mais devenu entre temps « quelque part pas loin du feu rouge »…avant, après, à droite, à gauche, on ne sait pas…Evidemment ce ne sera pas à droite, c’est-à-dire sur la bonne route après le feu rouge en question !
On en est à 20 minutes de décalage, mais rien de problématique car dans ce genre d’entreprise SJV tout le monde sait qu’on ne sera pas à une heure près !
Le seul petit emplacement sur le bas côté où un véhicule ordinaire puisse se garer sans s’embourber, en plein dans les bois, n’est guère facile à repérer de nuit car il ressemble beaucoup aux emplacements où on s’embourbe dès qu’il a plu durablement ce qui est le cas !
Mais KDC étant déjà passé par-là, en journée, a quand même fixé un petit ouvrage d’art dans sa mémoire, et, ce dernier entraperçu, opère un stationnement d’urgence en règle, à la surprise générale, en faisant une embardée sur 10 m. Garé, parallèle, marge de 40 cm, 1 mètre avant le fossé de drainage de la route…du grand art ! Un passé de braqueur de marchand de muguet, sans doute…
L’équipe débarque, bien prête car s’étant bien préparée, ça fait plaisir.
Distribution de lampes frontales, répartition des sacs à porter, deux gros pour les sherpas habituels du club, et cinq petits…dont deux charitablement pris en compte par les femmes, toujours prêtes à rendre service.
De saintes femmes, oui monsieur, comme il n’en naît plus guère de nos jours sous prétexte de féminisme extrême !
Et c’est le départ, dès les premiers mètres en pente raide, mais c’est très court…et on atteint un chemin de halage.
Peu après se rencontrent des vannes que des panneaux disent être automatiques…donc dangereuses.
On observe bien l’installation puisque l’on est venus pour observer !

De fait, deux bonnes vannes à trappe verticale en bois épais commandent une évacuation latérale d’un canal, destinées soit à la régulation du niveau de l’eau, soit à une purge plus ou moins complète du bief pour diverses interventions techniques nécessitant la mise à sec ou une baisse notoire du niveau.

Cet exutoire de bonnes dimensions, près de 3 mètres de largeur et doublé d’un avaloir longitudinal en rive gauche du même canal, destiné à éviter tout débordement en cas de panne des vannes.
Cet avaloir imposant avec ses cinquante mètres de longueur, soixante-quinze centimètres de profondeur comme de largeur, donne sur une grosse tuyauterie d’un diamètre équivalent, et on constate qu’elle rejoint l’aval de l’exutoire principal.
Curieux, nous longeons la clôture grillagée, flanquée de plusieurs panneaux avertissant d’un risque  permanent de submersion par une vague d’eau susceptible de surgir à tout moment…ça ne donne pas envie d’aller s’y promener !
Nous découvrons alors une sorte de toboggan géant, au moins quinze mètres, en pente bien marquée, qui dévale jusqu’à un pont soutenant une route, celle par laquelle nous sommes arrivés.
L’eau s’y écoule en cascade déclive, couvrant le fond d’un manteau d’écume bouillonnante, qui enveloppe des herbes très verdoyantes tapissant le fond, et qui ondulent gracieusement.
La pente pour piétons est assez glissante, et, malgré quelques vagues bouts de marches, on doit se méfier d’une chute possible.
En contournant le pont, on constate qu’il est aisément visitable, large et haut, et le débit de l’eau n’y crée qu’une lame liquide de quelques centimètres d’épaisseur…
Mais si une vanne s’ouvrait ?
Loin de compter parmi ces abrutis téméraires, désobéissants, nous nous hâtons de faire quelques photos et ressortons immédiatement de cet espace périlleux.
KDC le dit et le redit régulièrement, SJV n’est pas un club de casse-cous ni de délinquants !
Cinq paisibles randonneurs morts noyés, emportés par une vague en Seine-et-Marne, ça ne serait vraiment pas sérieux !

Nous remontons jusqu’au canal, tout étonnés de trouver cette installation et son fonctionnement électrique automatisé…on aurait plutôt pensé y voir de grosses manivelles et des engrenages « Julesverniens » !
On se promène environ deux kilomètres, sans pluie et sans vent, il fait rapidement un peu trop chaud, et quelques-uns ôtent leurs blousons.
Nous passons le pont levant (et on pas levis) de Congis-sur-Thérouanne, qui n’est plus fonctionnel depuis des années déjà, et parvenons au droit du débouché du Canal de la Thérouanne, lieu que nous retrouverons bientôt…
En effet, 200 mètres plus loin, nous allons procéder à un échange entre nos chaussures de marche et nos bottes  en caoutchouc, à haute tige, car nous avons projeté de traverser le Canal de l’Ourcq par en-dessous, grâce au tunnel de la Thérouanne…on sait bien qu’il y a le pont de la D221 à 220 m plus loin, mais c’est moins original !!!
Et moins joli aussi.
L’opération de protection des pieds et des chaussettes étant réalisée, on entame une petite descente un peu raide et glissante, mais il y a beaucoup d’arbres pour se maintenir debout…une première approche révèle un bord d’eau un peu trop profond, car il a plus les jours précédents. Une seconde approche, par un talus très raide que les arbres permettent d’emprunter sans chuter, nous amène à prendre pied sur la margelle aval du tunnel.
DBM dégaine l’appareil photo…il y a de quoi faire, même si ça reste modeste.
Malgré quelques précautions, nous n’échapperons pas à l’oreille fine du chien d’en face et à ses aboiements…
Ce dernier, du milieu du XIXème siècle, est d’une facture remarquable, simple, mais qui a tenu bon depuis, sans fissure, sans fuite notoire des eaux du canal au-dessus.
Environ 20 m de longueur, 3m de largeur et autant de hauteur, les entrées ornées de lierres pendants, les parois largement calcitées, et une dalle pavée en très bon état, sur laquelle s’écoule une eau transparente sur toute la surface, avec de petites vaguelettes qui ondulent et brillent sous le faisceau des lampes.
C’est que cette petite rivière mineure, de 23 kilomètres de cours seulement, reste relativement abondante même l’été, relativement à ses dimensions.
Elle donne 0,6 m3 par seconde, en moyenne…qui finissent dans la Marne 2200 m plus loin.
Ce jour-là, la hauteur d’eau était d’environ 15 cm…mais on lit que certaines crues peuvent presque décupler le débit, ce qui amènerait quand même 1,5 m de profondeur sous le tunnel !!!
LMF tourne sa première vidéoscopie… «Be careful  Thérouannic », avec Jackate, Jack et Kate ayant fusionné…(Gaffe à tes roues Annick, avec Jaquette,  en français)
Nous ressortons de cette rivière mineure – (mais qui a alimenté jusqu’à 11 moulins en son temps…et a aussi donné de l’eau au Canal de l’Ourcq durant plus d‘un siècle)-  pour retrouver la berge droite du Canal de l’Ourcq après une petite côte terreuse où, là encore, les arbres seront nos bienfaiteurs !
Opération inverse, on déchausse les bottes pour remettre les godillots ! GTP  a découvert qu’une de ses bottes connaît une fuite quelque part…faudra réparer !
Il fait un temps plutôt doux, et c’est bien tranquillement que l’on repart en rive droite du Canal jusqu’à retrouver notre fameux Canal latéral à la Thérouanne…qui a bientôt 2 siècles !
Petit pont, petite largeur, petite profondeur, et petite vanne, tout est à proportion…
Nous allons le longer sur 2200 mètres sur un large chemin bordé d’orties en masse ou de Renouées du japon, en frôlant le Pont de la Fesse…dont on n’a pas trouvé l’origine de cette appellation particulière !!!
Ce petit cours d’eau artificiel coule son eau au rythme du pas de sénateur fatigué, et de nuit, sous les branches très basses des arbustes qui ne sont plus souvent taillés, il prend des allures de petite rivière sauvage.
Bientôt, MBB en tête, nous gagnons une partie rectiligne de près de cinq cents mètres formée d’un talus de 20 à 30 mètres d’assise entre la Thérouanne et son canal, et bordé d’un superbe alignement de très grands peupliers, nous longeons la grande propriété du Château du Gué à Tresmes dont seules quelques lumières des dépendances sont visibles au loin.

Parvenus au pont de l’entrée, nous jetons un petit coup d’œil sur la borne explicative touristique, et buvons quelques gorgées d’eau fraîche, pour aborder le tronçon de rase campagne, tout le monde est en forme !
C’est le seul passage qui se fait sur route, six cents mètres à peine…et on n’y sera pas dérangés car l’heure tourne…
Un petit « raté » de cent mètres nous fait dépasser le gros chemin agricole qui nous fera connaître la seule « côte » du parcours, une dénivelée de vingt mètres sur cinq cents…une simple formalité donc !
Néanmoins, malgré ses bâtons de compétition, DBM regrette un peu d’être fumeur, même s’il « tient encore la route »….un petit coup de mou, mais ça repart vite !

On s’approche alors du départ d’un joli sentier en sous-bois, et dans le faisceau de la lampe défilent de petits arbres  naturellement venus là depuis des décennies, ce qui change beaucoup des plantations régulières.
L’automne nous a offert des tapis de feuillages qui nous évitent la boue habituelle, et que les petites pluies récentes ont rendues luisantes dans les tons roux, ambrés et bruns, parfois dorés, du plus bel effet.
LMF est en tête et prend son rythme de marcheuse de compétition, talonnée par MBB, ce qui va étirer un peu l’équipe et ce n‘est pas plus mal.
La bande des cinq louvoie ainsi jusqu’à rejoindre la rive droite du Canal que l’on va suivre sur une sente du même acabit sur mille deux cents mètres, partie très agréable, où seules quelques racines affleurantes peuvent piéger l’étourdi et/ou le trop pressé !
Cette sente plonge brusquement à gauche puis à droite pour donner sur un escalier rudimentaire aboutissant à la Source du Creux du Ru et son mini-canyon, presque toujours à sec.

Elle produit un ruisseau qui s’écoule vers la Marne, et donc doit passer lui aussi sous le Canal par un remarquable tunnel en moellons calcaires soigneusement ajustés…vingt-cinq mètres, deux de largeur et trois de hauteur, superbement pavé et  en caniveau central, ce qui permet de longer à pied sec de chaque côté…eh oui, nous avons alors « tenu le haut du pavé » celui réservé aux dames en robe très longue des temps passés…
C’est là que se termine notre promenade nocturne, à peine 9 kilomètres, très sympathique et piquetée de ces passages souterrains peu courants en Seine-et-Marne.
Une petite randonnée nocturne de temps en temps, ça change et ça fait du bien !

 

 

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