Investigation d’ex-carrière 217

Investigation d’ex-carrière 217

8 juin 2019 Spéléologie 0

Investigation d’ex-carrière

L’investigation en subterranologie comme toute recherche et enquête, commence très souvent par recueillir des informations par plusieurs canaux, dont presse locale, ouvrages historiques, cartes postales anciennes, témoignages directs des habitants, cartes anciennes, plaques de rues…
Mais l’analyse de cartes diverses reste une source à privilégier, surtout en croisant les  cartes spécifiques comme dans l’exemple suivant…

Des « on-dits » laissent entendre qu’il y a eu des carrières sur le territoire communal mais « on » ne sait plus très bien où .
Une recherche Internet vient confirmer, mais toujours sans précision de lieu.
On s’empare alors de Géoportail, et on commence par de l’IGN classique :

Oh ! Que voici un joli petit rond noir qui apparaît sur le territoire de la commune voulue !
Mais peu d’indication, et carte récente…trop récente pour une carrière qui serait fermée depuis un demi-siècle paraît-il…

 

Allons donc regarder une carte plus ancienne…

 

Ah ! Je vois effectivement le petit symbole « oméga »  ( Ω ) qui me confirme qu’il y a une cavité souterraine, et l’indication « carrière » à côté n’autorise plus aucun doute !

Et si j’allais voir dans quelle roche cette  carrière se plonge ?

 

Faisons donc un petit tour chez les géologues !

 

Super !  Le petit symbole est aussi là, et tout comme sur la carte précédente, je vois un petit bâtiment vers l’ouest, et une chemin qui le relie à l’entrée de carrière…Ce qui va me permettre d’y accéder encore plus facilement et plus sûrement.
C’est que cette jolie carrière présumée est installée dans la strate du gypse première masse…je m’attends donc à carrière de gypse évidemment, et, qui plus est à trouver des carrières de haute dimension…10, 12, voire 14 mètres peut-être sous le ciel de carrière ?

Mais peut-être q’une belle photo aérienne m’en dirait encore plus ?

 

Ah oui ! Effectivement,  il y  a 70 ans, il y avait un bâtiment rectangulaire allongé, flanqué d’une grande zone déserte, probablement une aire de stockage, et chargement  des roches extraites…mais surtout le dessin bien clair d’un chemin qui a les mêmes caractéristiques que sur la carte ancienne !

Mais tout cela ne me dit pas grand chose sur ce qui est sous terre à cet endroit…alors un petit plan des prévention des risques …ça serait parlant ?

 

 

Bingo !… Non seulement ce plan récent confirme le positionnement de l’entrée probable, mais, il me dit que j’ai affaire à une galerie d’accès, m’en donne la géométrie, et me précise l’étendue , dimensions, formes de la carrière tout entière !

Je n’ai plus qu’à me rendre sur le terrain…Mais auparavant, il me faudra obtenir l’autorisation d’accès et d’intervention car dans mon bon pays de France, partout où je mets les pieds je suis chez quelqu’un, particulier, entreprise société ou collectivité…Une petite visite sur le plan cadastral suivie d’une demande en règle au propriétaire s’il est identifié…

Bien….! Coup de chance, l’oméga se trouve en plein cœur d’une unique parcelle, ce qui n’est pas toujours évident lorsque les terrains sont divisés en parcelles très petites juxtaposées…parfois difficile à placer avec exactitude.
Reste à se rendre en mairie pour savoir qui en est propriétaire actuellement…on va y aller à deux cette fois.

Bien évidemment, il ne s’agira pas de « fouilles » qui réclameraient des démarches très longues et souvent sans succès, mais d’une simple désobstruction pour accéder à une installation existante connue.

 

La chance nous sourit, car non seulement le service du cadastre est ouvert, mais l’agent communal trouve très rapidement que la parcelle est tombée dans le domaine public…ce qui évitera de devoir retrouver un particulier ou ses descendants, souvent éloignés des lieux. Il reste alors à demander l’autorisation, ce qui demande généralement plusieurs jours ou semaine de patience…Mais, pour cette fois, une convention type de prospection pourra être passée, moyennant la présentation d’une attestation d’assurance couvrant ce type de risque et la déclaration du ou des jours des actions à venir.
Bien que ce soit facultatif, nous informerons aussi la gendarmerie locale…avec immatriculation du véhicule stationné.
On va pouvoir entrer dans le vif du sujet…on s’équipe, on cherche un peu…

 

Et là on trouve…
Sympa ! Superbe porche plein cintre, entièrement maçonné de briques pleines rouges scellées au mortier de ciment, 4 m de largeur et 3 mètres de hauteur…avec  de jolies ferrures de tirant en « S ».
Ça commence bien…

On entre, et…déception, un effondrement apparaît à quelques mètres seulement…

Alors on ressort et on contourne pour voir…

 

 et là, on découvre l’effondrement par-dessus…. 

C’est alors que l’on se dit qu’en creusant à l’opposé de l’effondrement, on retrouverait peut-être le tunnel ?
Sitôt dit sitôt fait, piochons, pelles et truelles sont sortis des sacs et on s’y met…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On creuse, on creuse, on creuse, on trouve de tout… 1 m, 2 m…et on déniche enfin la voûte de briques par dessus cette fois…encore quelques efforts

ON VOIT LES BRIQUES !!!!!!!
20 briques au moins, on est riches !

 

Bon…il va falloir percer le toit du tunnel, ce qui réclame technicité et précautions, car il ne faudrait pas passer à travers et se retrouver sous des décombres…genre de choses qui arrivent plus vite qu’on ne l’imagine !

 

 

Après un certain temps(….), on finit par déboucher sous la belle voûte de brique retrouvée dans les terres éboulées, et on va trouver ceci :

Pas mal, non ?  L’envie est grande de partir immédiatement visiter la suite…mais c’est vite la désillusion car un peu plus loin…rebelote ! Mais cette fois, ce n’est pas 1 mètre de terre qui surplombe le tunnel mais au moins dix car on a progressé dans le tréfonds de la pente raide extérieure…et là, 10 mètres de dénivellation à creuser , c’est très au-dessus de nos petits moyens techniques et musculaires !!!

L’investigation s’arrêtera donc là ! Sur ce bel éboulis ! Pour autant, cette recherche aura été intéressante, enrichissante, car la subterranologie ce n’est pas que de l’agitation de taupes humaines…mais tout un travail (et plaisir)  de recherche en  amont puis, quand c’est fructueux, tout un travail (et plaisir) d’exploration en aval, éventuellement suivi d’un travail (et plaisir) de consignation des trouvailles, de rédaction, présentation, illustration, à donner en partage au plus large des connaissances.

 

 

Oui…parfois des heures d’études, de prospection, d’exploration…finissent sur un obstacle infranchissable !!!
Mais même dans cette situation, tout ce qui a précédé reste un agrément !

 

 

 

 

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