La corde et les bloqueurs 271

La corde et les bloqueurs 271

29 janvier 2020 Spéléologie 0

La corde et les bloqueurs   271

Il était une fois une spéléologue qui voulait remonter sur corde un très grand puits.
La corde était une bonne corde, le puits un bon puits, et elle disposait de son équipement personnel au complet, qui était un bon équipement.
Elle si dit ma foi, ce n’est pas la première fois ni sera la dernière fois que je remonte(rai) un puits aux bloqueurs, et si je mettais à profit cette progression pour réviser et tester certaines choses…?

Bloqueur standard, sans cordonnet…

La voici installant promptement son bloqueur ventro-poitrinaire, le « doré » même s’il en existe d’autres couleurs, ventro-poitrinaire car elle sait qu’il peut aussi bien être directement solidarisé au maillon de ceinture ( et se trouve plutôt ventral) que par l’intermédiaire d’un maillon rapide (et se trouve plutôt poitrinaire). Elle sait que de longues discussions ont déjà été menées à ce propos, et s’en amuse quelque peu, ses expériences passées lui ayant montré que la version avec maillon relève du dicton « Qui peut le plus, peut le moins » et lui a déjà été utile, ainsi qu’à d’autres…
Son bloqueur est, de plus, doté d’un petit cordon à noeud, artisanalement ajouté, et qu’elle apprécie bien lorsque la fatiguée, les doigts froids ou les gants boueux, il s’agit de manipuler la gâchette…bien moins pratique à ses yeux.
Sangle de torse bien tendue dont elle sait qu’il faudra encore la tendre, une fois elle-même suspendue à cet accessoire.

La voilà installant sa poignée-bloqueur, qui, bien que plus lourde et encombrante qu’un bloqueur de poing, lui paraît plus ergonomique, plus efficace et offrant certaines possibilités supplémentaires…là encore « qui peut le plus, peut le moins ».
Une jolie pédale de cordelette suffisamment large pour pouvoir y installer les deux bottes côte à côte est pré-installée sur cette poignée, il ne reste plus qu’à crocheter sa longe longue, celle que SJV marque de bleu, petit détail significatif qu’elle a déjà apprécié plusieurs fois dans ses années de pratique, et pas seulement à ses débuts.
Elle avale alors « le mou », en « pompant », expressions trop souvent reprises par la gent masculine avec des petits rires gloussants allusifs qui ne l’affectent même plus, d’une spiritualité prétendue, aussi banale que médiocre.


Désormais la progression peut commencer.
C’est alors que viennent à elle diverses solutions pour tendre cette corde sous son bloqueur, de sorte à obtenir un rendement maximal à chaque effort. Sa révision mentale lui rappelle que, selon les situations rencontrées :

  • elle peut suspendre un sac lesté de matériel ou de pierres, au moins pour les débuts, quitte à le remonter si l’élasticité de la corde venait à le reposer au sol, quitte à devoir le remonter séquentiellement si fractionnements à démonter, quitte à devoir le remonter pour passer certains obstacles qui gêneraient le halage final de ce sac.
  • elle peut bénéficier de l’aide d’un équipier ou d’une équipière qui tendra sa corde sous elle au moins un certain temps, jusqu’à ce que la rigidité et la masse de corde suffisent à garantir le coulissement spontané dans le bloqueur.
  • elle peut coincer cette corde sur le cou du pied qui pédalera avec  la botte de l’autre pied par-dessus, si elle remonte à  jambe unique, quitte à inverser le rôle des jambes régulièrement.
  • elle peut coincer cette corde entre ses deux pieds placés dans la pédale si elle remonte à deux jambes.
  • elle peut empoigner cette corde juste au-dessous du bloqueur et la tirer fortement vers le bas lors de la poussée sur la pédale, ce qui, en plus de donner un maximum de coulissement allège d’autant la masse à propulser par les jambes…et leur ajoute la force du bras presque autant que s’il exerçait une traction additionnelle sur la poignée. Ce dernier travaillant d’ailleurs en restant sous l’épaule au lieu d’être toujours au-dessus, ce qui favorise considérablement son irrigation sanguine et donc ses conditions de fonctionnement, tout en apportant de la chaleur à la main. Ceci demande une bonne coordination des mouvements des quatre membres et de bien s’équilibrer contre la corde, et peut se révéler plus fatigant, mais elle sait que, selon la conformation du puits et/ou au sortir des fractionnements, c’est une bonne méthode…

 

  • elle peut réaliser des tours morts autour d’un pied, jambe rempliée, durant les premières poussées, méthode fastidieuse mais qui peut être une bonne solution dans certains cas.
  • elle peut faire passer la partie inférieure de la corde sous un pied et la remonter pour la serrer à deux mains sur la partie supérieure  jambe repliée, pour former ainsi une grande boucle dans laquelle prendre appui pour pousser
  • elle peut agir de même, mais, en plus, passer cette corde remontante dans un mousqueton crocheté au bas de sa poignée, l’y maintenir repliée et positionner son pied sans pédale dans la boucle formée. Lors de la poussée simultanée, à deux jambes séparées, la corde bien tendue , le rendement sera idéalisé, au prix de manipulations à reproduire à chaque poussée, jusqu’à retrouver une masse de corde suffisante pour l’auto-coulissement.
  • elle peut utiliser un bloqueur de pied, puisque son équipement est décrit comme complet, avec peut-être quelques manipulations d’aide au coulissement au départ.
  • elle peut utiliser un bloqueur de pied et un bloqueur de genou si son équipement personnel est renforcé de ces ustensiles…

Elle peut évidemment jongler avec ces diverses solutions, ce qui la divertira et variera les efforts corporels !
Avec toutes ces solutions interchangeables, ses bloqueurs, sa pédale, sa corde et elle vécurent heureux et eurent beaucoup de remontées de puits réussies pour enfants !

Et puis elle sait que si son matériel est incomplet ou défaillant, elle aura encore deux solutions…le noeud de cœur pour remplacer le bloqueur « doré », et un Machard ou un Prussik pour remplacer la poignée !

 

Le noeud de cœur     

 

Prussik

 

Machard

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